Un enfant de 5 ans devient l'Empereur d'un immense Empire finissant...
Pu Yi (ou P'ou-Yi), le dernier Empereur de Chine.
Automne 2010: le Président de la République populaire de Chine visite plusieurs capitales européennes dont Paris, où il a signé de nombreux et importants contrats commerciaux. Le Président Hu Jintao (et son épouse Liu Yongqing), est accueilli, pour une visite d'Etat de 3 jours, le jeudi 4 novembre, comme un sauveur, avec tous les honneurs & en grand faste par une République française en butte à de graves problèmes politiques et économiques. La patrie des Droits de l'Homme" oublie vite les grands discours moralisateurs...
En revanche, les Chinois, après avoir été humiliés, exploités, martyrisés pendant des siècles, par les puissances occidentales, traversent depuis une bonne décennie une période d'hyperconfiance avec une croissance économique qui frôle les 10%...
L'Histoire des peuples connait des réalités qui dépassent les fictions...
Portrait officiel de l'Impératrice Cixi (ou Tseu-Hi)
Nous avons beau savoir que tout a une fin, l'effondrement de l'Empire du Milieu, fondé deux siècles avant J-C, laisse songeur même si, de façon scientifique il est possible d'en établir certaines causes...
Elle finira, après sa mort, par précipiter la Chine dans le chaos... La légende de la malédiction lancée par son clan contre la dynastie Qing est-elle vraie?
Ainsi débute l'incroyable destin de PU YI; il restera à jamais dans l'Histoire comme le dernier Empereur d'une Chine qui agonise depuis deux siècles, sous les coups répétés des pays Occidentaux, en particulier de la Grande-Bretagne et de la France.
Pour quelles raisons le pouvoir impérial chinois n'a-t-il pas trouvé l'énergie vitale pour se régénérer, contrairement à l'Empire nippon?
Pu-Yi le soir de ses noces avec son Epouse Première: elle est jolie et très coquine, de quoi se laisser faire...
Pourquoi avoir ainsi livrer les rênes d'un pouvoir déjà chancelant à la caste prédatrice des eunuques, des intrigues d'une Cour corrompue et de luttes intestines, propices aux appétits féroces des puissances occidentales?
Puyi " Empereur Fantoche " de l'éphémère Manchouko
La Cité Interdite
Le 1er octobre 1949, à Pékin, du balcon de la Cité Interdite des anciens empereurs, Mao Zedong proclame l'avènement de la République populaire de Chine. Tout un symbole. Le 1er octobre est depuis lors devenu fête nationale en Chine populaire.
La prise de pouvoir des communistes et de leur chef Mao Zedong (Mao Tsé-toung dans l'ancienne graphie chinoise) met fin à une longue guerre civile, ponctuée par la Longue Marche et la terrible invasion japonaise.
Le 4 décembre 1959, les portes de la prison chinoise de Fushun s'ouvrent sur 33 prisonniers de marque. Des "politiques". Les autorités de la Chine populaire ont estimé que ceux-ci avaient été suffisamment " rééduqués" pour mériter cette libération. Parmi eux se trouve un prisonnier peu ordinaire; pourtant il ne paie pas de mine: il est mince, porte des lunettes, il a 44 ans. En 1950, quand les Soviétiques l'ont remis au gouvernement communiste chinois, ils ont emporté une décharge libellée comme s'il s'agissait d'un paquet: "Reçu un criminel de guerre; son nom est P'ou-Yi".
Or, P'ou-Yi n'est autre que le dernier Empereur de Chine. Lui, un criminel de guerre!
En 1950, il pensait que le peloton d'exécution l'attendait. Il se trompait. Maintenant, il est libre. Perdu dans un monde nouveau qui l'ignore et dont il ignore tout. C'est à Pékin qu'il va se rendre. Pékin où il est né, Pékin où il a régné...
Quand P'ou-Yi vient au monde, le 6 février 1906, une femme règne sur l'Empire céleste. Son nom est Tseu-Hi mais, en secret, ses sujets la désignent, dans un mélange de respect et de crainte, comme "Le vieux Bouddha". Elle est maîtresse absolue de la Chine. Simple concubine de l'Empereur Hien-Fong, elle s'est emparée du pouvoir suprême par la ruse, les intrigues et le meurtre. Elle l'a conservé pendant quarante sept ans. Plusieurs Empereurs se sont succédés. Toujours, elle a su conserver la réalité du pouvoir; et ce pouvoir était absolu.
Le 14 novembre 1908, Kouang-Siu, Empereur fantoche, meurt à l'âge de 38 ans. Tseu-Hi choisit elle même le nouvel Empereur: ce sera son petit-neveu, P'ou-Yi. Il a deux ans et demi. Ce choix se révèlera lourd de conséquences à un moment où la Chine aurait besoin d'un Empereur sachant gouverner cet Empire à l'agonie et mener à bien les réformes indispensables...
Aussitôt, un cortège quitte la Cité Interdite: des hommes à pied et des cavaliers entourent un palanquin porté par deux eunuques. Tout autour, une escorte de gardes impériaux, de chambellans et de dignitaires à cheval. Direction: la Demeure du Nord, à une demi-heure de là, au bord du lac, où réside le prince Tch'ouen, père de P'ou-Yi. Pour lors, le petit garçon joue avec sa nourrice. Stupéfait, il voit paraître cette foule en armes, vêtue de somptueux costumes. Il entend le Premier Chambellan hurler un ordre: "Que l'on prépare le petit Prince!".
Terrorisé, l'enfant court se cacher dans un placard. Quand on veut s'emparer de lui, il se défend comme un petit diable à coups de griffes et de pieds. Fafalement, il aura le dessous. Hissé dans son palanquin, serré contre sa nourrice, il gagne le Palais Impérial. Il fait frois, très froid. On le conduit auprés de l'Impératrice qui se meurt. Il écrira plus tard: " Le choc s'est profondément gravé dans mon esprit; je me rappelle m'être trouvé soudain tout seul au milieu d'inconnus, tandis que devant moi pendait un rideau terne à travers lequel j'apercevais un visage émacié, d'une hideur terrifiante. C'était Tseu-Hi. On dit que je me suis mis à hurler en la voyant et que j'ai été pris de tremblements incoercibles".
Le 2 décembre, on hisse P'ou-Yi sur un trône qui, par rapport à sa taille, se situe à une taille incroyable. L'épouvante le saisit.
"Je trouvais tout cela bien long et bien ennuyeux. Il faisait si froid que je n'ai pas pu me contenir davantage. Mon père qui me soutenait, agenouillé prés du trône, m'a dit de ne pas m'agiter comme ça. Mais j'ai crié et me suis débattu:" Je n'aime pas être ici ; je veux rentrer à la maison!" Mon père s'est efforcé de m'apaiser en disant: " Ne pleure pas, ce sera bientôt fini." Ces paroles destinées à me calmer ont eu un effet déplorable sur les fonctionnaires du Palais qui, superticieux comme tous les gens de cette époque, ont cru y voir "un présage sinistre et prophétique".
(à suivre...)