Né un 4 Juillet...
D'après le livre de Ron Kovic;
BORN ON the 4TH OF JULY
« Si tu n'avances que les jours de soleil, tu n'atteindras jamais ton but »
Oliver Stone
Le film met en scène l'histoire de Ron Kovic, né un 4 juillet et fervent patriote. Volontaire pour se battre au Viêt Nam, il en reviendra paraplégique et remettra en question ses valeurs
Le valeureux Ron Kovic fut blessé en 1968 à la colonne vertébrale et paralysé à vie. Le film retrace sa terrible épopée pour retrouver un sens à la vie et nous conte vingt années de l'histoire américaine. En quelque sorte la suite de "Platoon" réalisée avec autant de soin et la participation de spécialistes des questions de guerre.
La première victime d'une guerre, c'est l'innocence...
Élevé dans des valeurs patriotiques, Ron Kovic s'engage dans les Marines pour partir au Vietnam. Là bas, il déchante vite devant les atrocités commises au nom de la lutte contre le communisme. Après avoir tué accidentellement un soldat de son escouade, il est gravement blessé au cours d'une opération. Paralysé des deux jambes, il revient aux États-Unis et découvre que les mouvements pacifistes ont gagné le pays. Désespéré, le jeune Ron Kovic mène quelque temps une existence dissolue avant de comprendre qu'il doit se ressaisir.
Ancien marine : "C'est mon pied que je vais te foutre au cul pti con! Tu crois peut-être qu'on va pleurer parce que t'es cloué à vie sur ce fauteuil? Ya pas que toi qui a servis dans les marines. J'étais à Iwo Jima et on a perdu 5000 hommes le premier jour. Alors chiale pas dans ta bière. T'as fait ton devoir, t'as perdu, faut apprendre à vivre avec! Rappelle-toi la devise des marines: "semper fidelis". Personne t'as forcé la main. Alors t'arrêtes de nous baver dans les oreilles s'il te plait!".
Ron Kovic (Tom Cruise) découvre que la guerre en réel est profondément différente des images véhiculées par l'industrie cinématographique américaine depuis 1945, date à laquelle,son pays, les États-Unis dAmérique, sont devenus la première puissance militaire de la planète.Combien de jeunes Américains ont-ils été séduits, dans les années 50 par les héros du cinéma de guerre, les John Waine en tous genres qui suscitèrent des vocations de soldats, prêts à combattre les ennemis de l'Amérique. En particulier,porter la guerre dans les régimes communistes installés dans les ex-empires coloniaux d'une Europe détrônée? Quel fut l'impact de ces films sur tous les Ron Kovic, d'autant plus efficace quand ils étaient d'indéniables chefs-d'oeuvre du 7ème art?
Tom Cruise dans un de ses meilleurs rôles, dirigé par Oliver Stone,vétéran du Viet-Nam.
Ron Kovic (Tom Cruise)avec le regard sidéré d'un homme qui a traversé les enfers, déchaînés par des militaires et des politiciens qui se sont fourvoyés dans une impasse,en envoyant à la casse des jeunes hommes convaincus de défendre les valeurs de la démocratie contre le communisme.L'intention était sans doute bonne, mais c'était oublier toutefois que l'enfer est pavé de bonnes intentions. Rapidement,les responsables politiques et militaires américains se rendront compte qu'il sera difficile de faire plier Hanoï. L'escalade de la terreur conduira l'armée américaine à des actes de barbarie contre des civils qui entacheront sa crédibilité et son honneur. Certes, faire la guerre n'est pas un jeu de rôles dans des studios Hollywood. Dans cette guerre, les Américains ont cru que leur puissance militaire suffirait à écraser en quelques mois un ennemi inférieur en nombre et en équipement, malgré l'aide de la Chine et de l'URSS.
Ils avaient juste oublié que la détermination à vaincre des Nord Vietnamiens étaient
supérieure à la leur.
La guerre américaine: De libérateurs de l'Europe occupée par les nazis, au Vietnam occupé au Nord par
les communistes.
De 1945 à 1965, l'impérialisme des États-Unis changera radicalement de visage.
Village bombardé au napalm
Il ne fait aucun doute qu'il existe une collusion entre les militaires et la puissante industrie américaine de l'armement pour pousser les politiques à la guerre. Gendarme de la planète,l'Empire américain, tout comme l'Empire romain, comme tous les Empires, est condamné à perpétuité à mener des guerres préventives et/ou punitives jusqu'à épuisement. Un monde en paix devient alors un idéal, une utopie, le prétexte à faire la guerre. Un monde en paix est, en fait, contraire aux intérêts américains. Le complexe militaro-industriel des États-Unis a besoin de la guerre pour prospérer en générant des emplois, de la haute technologie, des profits colossaux. Il faut absolument rester les premiers dans la course aux armements. Depuis la Déclaration Monroe en 1823, les États-Unis d'Amérique doivent coûte que coûte défendre leurs "intérêts vitaux". Cela a un coût non seulement financier mais surtout humain, que l'opinion publique américaine a de plus en plus de mal à admettre.Indéniablement,le traumatisme et l'humiliation de la guerre américaine au Vietnam, "la sale guerre", "le bourbier", auront laissé des séquelles.
Dien Bien Phu;1954: fin de l'Indochine française.
Les Américains, trop sûrs de leur puissance militaire, n'ont pas su tirer les leçons de la défaite française.
Les guerres du Vietnam furent un désastre; sur tous les plans.
Dés 1954, fin de l'Indochine française, l'Amérique s'intéresse au Vietnam du Sud. Elle sera rapidement contrainte d'intervenir toujours plus directement.Entamé dés 1959, l'engagement américain augmenta avec J.F.Kennedy qui envoie 15000 "conseillers".
Après l'assassinat du président du Sud-Vietnam, Ngo Dinh Diem, fomenté par la CIA, en novembre 1963, le président Lyndon Johnson déclenche,suite à "l'incident naval" du golfe du Tonkin, les premiers bombardements sur le Nord Vietnam qui recevra, en cinq années, trois fois plus de bombes que l'Allemagne nazie.Ils vont placer les dirigeants américains en position d'accusés.
A partir d'avril 1965, des troupes américaines participent directement aux combats terrestres au Sud-Vietnam. Leurs effectifs atteignent 580 000 hommes en décembre 1968.
Soutenu par l'URSS et la Chine, le Nord-Vietnam renforce sa propre intervention au sud, en s'appuyant sur des réseaux d'infiltrés et de sympathisants qui savent se fondre dans les campagnes et la fourmilière des populations urbaines augmentées par l'afflux de réfugiés.Dés lors, les américains devront livrer de très durs combats, notamment à Khe Sanh ou Da Nang.Lors de la grande offensive de la fête du Têt(festivités du Nouvel An vietnamien)en février 1968, les assaillants prennent certains faubourg de Saïgon, capitale du Sud-Vietnam, et la citadelle de Hué, ancienne capitale des Empereurs d'Annam. La reconquête sera difficile.
Bombardiers B52: toute la technologie militaire, la plus moderne des industries de guerre américaines, ne viennent pas à bout d'un petit peuple de "macaques rouge".
Manifestations de jeunes contre la guerre au Vietnam; Chicago, 1968; R.Depardon.
Ces jeunes, sincèrement pacifistes,seront pour certains, vingt cinq ans plus tard, au pouvoir. Comme parmi d'autres, les Clinton,ils poursuivront la politique impérialiste des Kennedy , Johnson, Nixon, mais sous d'autres latitudes, tout en adoptant une autre politique de la communication. Il ne faut pas heurter, autant que possible, les opinions publiques... Les nouvelles technologies permettront alors, l'illusion d'une guerre "propre", avec des frappes "chirurgicales"...
Face aux réactions hostiles de son opinion, le président Johnson ne peut envisager une escalade indéfinie. Les maquis vietcongs (communistes)qui comptent quelques 300 000 hommes et femmes, ne sont nullement anéantis, malgré les bombardements massifs, l'emploi du napalm et des défoliants(interdits par les Accords de Genève).
En mai 1968,une conférence s'ouvre à Paris;élu en 1968, le président Nixon entend "vietnamiser" la guerre en n'apportant plus qu'un soutien logistique et aérien à une armée sud-vietnamienne qui passe de 700 000 à 1 200 000 hommes entre 1968 et 1972.L'intervention des forces américaines et sud-vietnamiennes au Cambodge en 1970 a surtout pour conséquence de légitimer la résistance des Kmehrs rouges. Après l'échec de son offensive du printemps 1972, le gouvernement nord-vietnamien signe à Paris les accords éphémères du 27 janvier 1973.
La lutte, encore plus âpre, reprend en 1975: les communistes mènent en deux mois une campagne victorieuse qui les conduit à Saïgon que les Américains évacuent en urgence et qui tombe le 30 avril dans un chaos indescriptible.
La chute de Pnom Penh survient quelques jours après...
Le scénario coréen, c'est-à-dire l'installation d'un bastion anticommuniste solide au sud, n'a pu être réalisé au Vietnam.
Le bilan est extrêmement lourd: prés de 1 700 000 tués dont un million de Nord-Vietnamiens, 606 000 Sud-Vietnamiens et 56 OOO Américains dont environ 10 000 accidentellement.
Evacuation dans l'urgence de l'Ambassade des Etats-Unis à Saïgon qui tombe aux mains des communistes le 29 avril 1975. La guerre du Vietnam est terminée.
Sa¨gon, 29 avril 1975 .Entrée des chars de "l'armée de libération" dans l'enceinte du Palais présidentiel. Les membres du gouvernement de la République nationaliste du Sud Vietnam se rendront sans opposer de résistance.
Panique en ville: des milliers de Saïgonais tentent de se réfugier dans les Embassades occidentales.
Pour les vétérans du Vietnam, l'heure du témoignage est arrivé...