Un téléfilm de qualité digne d'une chaîne publique qui invite les téléspectateurs à découvrir ou redécouvrir certains aspects de la société de l'Ancien Régime à travers des enquêtes policières.
Louis le Quinzième, dit "Le Bien-Aimé".
Le roi le plus beau et le plus séduisant d'Europe, certes,
mais en laissant ses "favorites" fomenter des coteries, faire et défaire les ministres, s'acoquiner avec les libres penseurs, il réussit cet exploit rare de terminer son règne totalement
discrédité et d'avoir sapé les fondements de la Monarchie française de Droit divin.
(1710-1774)
Louis XV sur le champ de bataille de Fontenoy le soir du 11 mai 1745
Le château de Versailles, siège de la Cour et "cage dorée" où s'est enfermée la Monarchie.
Place Louis XV (de la Concorde).
La plus belle place royale du monde.
Paris et Versailles, abritent toute la machine administrative du royaume; une des plus moderne d'Europe, avec cependant quelques archaïsmes, de petits grains de sable en
apparence, qui lui seront fatales.
Louis XV entreprit,
avec l'aide de son Chancelier, Maupeou, une profonde réforme de la Justice, afin de la rendre gratuite et égale pour tous. Pour cela, en 1771, Louis XV osa limiter les Parlements (la
noblesse de Robe) qui bloquaient les réformes.
Ils sauront se venger plus
tard en provoquant par leur conservatisme rigide une révolte nobiliaire et parlementaire qui déclenchera la Révolution française.
"Incompris de ses peuples, desservi par les privilégiés, combattu par les cours de Justice, Louis gouverna dans le désordre des controverses et des luttes intestines. La politique de la France ne fut plus qu'un compromis entre les volontés du Roi, les répugnances de la nation et les théories souvent utopistes des faiseurs de plans. Cela suffirait à en expliquer le décousu, les faiblesses et les échecs. Mais la malchance voulut que jamais encore les difficultés ne se fussent présentées en aussi grand nombre à la fois et d'une manière aussi compliquée.
L'unité de vues et de commandement fit défaut à l'heure précise où elle eût été le plus absolue;la Cour à Versailles, les Parlements, les États, le clergé, les Salons, la Finance, la rue, tout le royaume jusqu'à la fin du règne de Louis XV, fut secoué d'intrigues et de révoltes. Les plus graves questions comme les plus complexes furent jetées en pâture sur la place publique à une opinion toujours mouvante et versatile..." .
in le Règne de Louis XV; Pierre Gaxotte. Fayard, 1974.
René Nicolas Charles Augustin de Maupeou.; Chancelier et Garde des Sceaux de France.
(1714-1792)
Maupeou disposait ainsi, dans les matières judiciaires, d'une marge de manœuvre encore
accrue par la confiance de Louis XV.
« Alors âgé de cinquante-quatre ans, écrit Michel Antoine, c'était un homme petit, avec de gros yeux proéminents sous d'épais sourcils noirs, un front assez bas, un nez long et terminé en carré, une grande bouche relevée sur le côté, le teint jaune et bilieux. Il était sévère, pénétré de ses devoirs, infatigable au travail, abattant en se jouant une besogne considérable, capable de conduire une entreprise sans dévier, l'esprit toujours tendu sur les affaires. Ses défauts étaient l'excès de chaleur et la précipitation. »
Le Commissaire Le Floch : un Breton à la tête dure avec lequel les criminels devront désormais compter...
Episode 1
"L'homme au ventre de plomb"
Fraîchement nommé Commissaire de Police au Châtelet, Nicolas Le Floch est chargé d'enquêter sur la mort mystérieuse du vicomte Lionel de Ruissec.
L'autopsie du corps révèle que le jeune homme a été assassiné par ingestion forcée de plomb fondu. Rapidement, la conduite du père de la victime, le vieux comte de Ruissec, semble sujette à caution.
Grâce à la collaboration efficace de son second, l'inspecteur Bourdeau, et aux conseils avisés de Monsieur de Noblecourt, ancien magistrat retiré de sa charge, Nicolas Le Floch découvre une grave affaire de corruption et une sombre machination qui menace directement l'entourage et la personne même du roi
Le tout rythmé par l'excellente musique signée Stéphane Moucha.
"Souffrez que je résolve cette énigme..."
Pour mener l'enquête, il faut uniquement se fier aux faits et Le Floch doit se méfier de tout et de tous.
Heureusement, notre jeune Commissaire peut aussi s'appuyer sur des amitiés solides...
Se fier aux apparences devient un piège mortel: il est périlleux pour un jeune novice d'aller jouer dans la cour
des Grands ...même si c'est au nom du Roy.
(1732-1806)
le loquet
Nous disions donc que le séduisant Nicolas Le Floch prend ses ordres de Monsieur de Saint Florentin,Ministre de la Maison du Roy (Ministre de l'Intérieur) puis de Monsieur de Sartine, directeur de la Police de Paris.
La réorganisation de la police de Paris est une des initiatives fructueuses & durables (encore bien vivante aujourd'hui) de Colbert.
Jean-Baptiste Colbert, Principal Ministre de Louis XIV. C'est lui qui va créer le corps de Police.
(1619-1683)
" Majesté, les Magistrats politiques (maires et échevins cooptés, non magistrats de profession), n'ont pour politique que l'absence même de police; il est urgent d'y porter remède".
1665
En 1667, un décret est soumis, par Colbert, au roi (Louis XIV) :
« La police consiste à assurer le repos du public et des particuliers, à protéger la ville de ce qui peut causer des désordres. » Le poste de lieutenant général de police est créé et la première force au sens moderne du terme est mise sur pied. En 1789 disparaîtra la police monarchique - une garde nationale ayant tenté de réprimer la révolution. Dès 1790 seront créés une cinquantaine de commissariats. En 1796, toutes les villes comptant plus de 5 000 habitants comporteront désormais un commissariat.
Le 24 août 1665, le lieutenant criminel Tardieu et sa femme sont assassinés chez eux par des voleurs. Colbert et Louis XIV réagissent en séparant à Paris la police de la justice et en la plaçant sous l'autorité d'un lieutenant de police (édit de 1667). La police était née.
La Reynie fut le premier lieutenant de police, en fait une sorte de gouverneur de Paris. Sa tâche, colossale, était de lutter contre la pègre et de la surveiller, mais aussi de mettre sur pied une véritable administration centralisée. Ses principales missions revenaient à faire respecter les édits, jusque là lettre morte, réglementer le commerce, les manufactures, organiser des secours en cas d'incendie, assurer l'hygiène des rues, l'approvisionnement et la stabilité des prix. Il lui fallait encore veiller à la censure et à l'information du pouvoir. Il augmenta les effectifs du guet et le nombre de rondes de nuit ; il fit raser la Cour des miracles. Les mendiants, vagabonds et autres "gens sans aveu" firent l'objet d'une politique d'enfermement général (décrite par Foucault dans L'Histoire de la folie) à l'Hôpital général.
La Reynie réussit à se faire obéir par les commissaires au Châtelet, dont il augmenta le nombre afin de les répartir dans tous les quartiers de Paris. Mieux payés, ils devaient rendre compte chaque jour de leurs activités.
Lors de la Régence et de la peste de Marseille (1720), des procédures d'identification sont mises en place, de manière concomittante avec l'armée, qui créé en 1684 un "rôle" (ou registre) des déserteurs, perfectionné par une ordonnance de 1716 de Claude Le Blanc, qui siège au Conseil de guerre.
Au même moment, vers 1715-1720, un service spécialisé pour les "passeports" est créé au Secrétariat d'Etat aux Affaires étrangères (les "passe-ports" sont alors davantage des passe-droits permettant de circuler librement et d'obtenir la protection du seigneur local; quand ils sont utilisés pour restreindre les déplacements internationaux, c'est davantage pour empêcher l'émigration que l'immigration, la population étant alors, sous l'influence du mercantilisme, assimilée à une richesse pour l'Etat.
La police est chargée de contrôler l'accès aux villes, des certificats sanitaires étant utilisés lors de l'épidémie de peste, tandis que la maréchaussée contrôle dans les campagnes les présumés déserteurs. Ces nouvelles méthodes, qui émergent en temps de crise, sont perfectionnées au fil du siècle, les étrangers à la ville faisant l'objet d'une surveillance accrue.
Ainsi, en 1747-1748, le lieutenant général de police créé un "sixième bureau", chargé de la "sûreté publique", qui assure des fonctions de police moderne8.
Ce nouveau bureau est chargé du contrôle des hôtels, auberges et chambre d'hôtes, à des fins de surveillance des "étrangers". Si, dans la plupart du royaume, la surveillance d'étrangers par la police urbaine signifie celle des étrangers à la ville, et non des non-régnicoles , à Paris, ainsi qu'à Bordeaux, grand port où réside, de façon permanente, une importante communauté venant de pays du Nord (le Royaume-Uni, les pays de la Hanse...), la surveillance des étrangers se focalise en particulier sur celle des sujets de puissances étrangères, et en particulier de puissances ennemies (le Royaume-Uni lors de la guerre de Succession d'Autriche de 1740 à 1748 et pendant la guerre de Sept Ans de 1756 à 1763) 8. L'inspecteur Buhot, qui dépend de ce "sixième bureau", est à la fois sous les ordres du lieutenant général de police et du secrétaire d'Etat des Affaires étrangères.
À la fin de l'Ancien Régime, le lieutenant de police occupe un poste très politique.
Véritable ministre sans le titre, il lui faut naviguer entre la Cour, le Parlement, mais aussi une opinion publique très frondeuse. En 1753, la moitié du budget de la police parisienne servait à rémunérer les indicateurs . Le lieutenant de police d'Argenson fit ficher les personnalités. Leur correspondance transitait par un Cabinet noir. Quant au peuple de Paris, il était exaspéré par les contrôles tatillons et la corruption de la police.
La cour des Miracles, territoire dans Paris échappant au contrôle des autorités, renfermait toute une populace au ban de la société dont quantité d'enfants abandonnés ou enlevés puis mutilés et dressés à la mendicité aux portes des églises mais aussi de faux mendiants infirmes qui retrouvaient, comme par miracle, toute leur capacité une fois rentrés .
"Sortez, Ombres, sortez de la nuit éternelle!
Voyez le jour pour le troubler! "
Vers de Médée dans le Thésée de Quinault et Lully.
Paris; 1739; plan de Turgot.
Après les réformes de Colbert, Paris devient la capitale, non seulement la plus belle mais aussi la plus sûre du monde.
Le Prévôt des marchands (prédécesseur du maire d'aujourd'hui), régnait sur les berges et quais de la Seine, les ports, remparts & boulevards.
La création de la Lieutenance de police de Paris, par l'Édit de mars 1667, fut l'oeuvre de Colbert.
Notre Dame, l'archevêché, le quai des Bernardins en 1775
par Jean Baptiste Lallemand
La Police de Paris rémunère des centaines de "mouches" (les mouchards), adultes et/ ou enfants. Ils se fondent dans la populace et rapportent quotidiennement les faits, gestes et rumeurs de tous et en tous lieux, surtout dans les auberges...
La police doit aussi prévenir les rumeurs et les émotions populaires qui troubleraient le repos & la paix des bons & loyaux Sujets du roi de France...
Démolitions des maisons sur le Pont Notre Dame en 1786.
A la fin du 18ème siècle, Paris est surpeuplé, tant et si bien que l'on construit des
immeubles aux loyers "modérés" en des lieux inimaginables et jusque sur les ponts.
Madame Anne Henriette; une des filles du roi Louis XV.
Jeanne Antoinette Poisson, puis marquise de Pompadour.Un poison mortel pour la monarchie...
(1721-1764)
Favorite de Louis XV, protectrice des Arts et des philosophes, elle participa, peut-être sans s'en rendre compte, à la propagation des idées nouvelles et au travail de sape de la monarchie.
Elle mourut détestée par la famille royale et en particulier par les filles du roi Louis XV.
Repas chez le prince de Salm.
Paris est la capitale de la gastronomie, des fêtes et des réunions galantes, des Salons, des intrigues & des rumeurs....
Monsieur de Sartine par Joseph Boze; 1787
Il devint ensuite Ministre de la Marine royale qu'il modernisa profondément; il émigra lors de la Révolution.
Prenez garde Commissaire Le Floch, les femmes aux visages les plus agréables peuvent masquer les souffrances et les vengeances les plus terribles!...
3 Décembre 2010
Le Commissaire Nicolas Le Floch revient:
"La larme de Varsovie"
Et pour lui rendre son éclat terni, le roi la confie au savoir-faire d'un alchimiste, que d'autres suspectent de malversations.
La conspiration s'organise, redoutable, et les crimes se succèdent. Mais, perspicace et avisé, Le Floch mène l'enquête rondement et finement, en gardant la tête froide ainsi qu'en ayant soin de raison garder, comme il sied à un homme moderne, au milieu des chevauchées épiques et des secrets ésotériques de l'Ordre de la Rose-Croix qui cherche à discréditer le Pouvoir royal et à saper les bases de l'État...
Nicolas est un fin limier, aussi bien homme d'analyse et de réflexion que d'action...
Décors somptueux, scénario bien rythmé, comédiens de talent, ce nouvel épisode ne déçoit pas, hormis quelques duels un peu lourdauds...
Monsieur de Sartine et Le Floch: un couple au service de la justice du roi.
"Le grand Veneur"
Convoqué par le roi à Versailles, ce dernier confie à son policier préféré une mission des plus délicates à la suite du "décès obscur" du jeune Louis-Charles d'Allas, fils cadet d'un ami personnel de la famille royale.
Nicolas Le Floch est envoyé en mission sur les lointaines terres d'Aquitaine pour élucider le mystère d'un meurtre particulièrement abject, qui s'avère ne pas être le premier, où les victimes sont retrouvées affreusement mutilées...
Notre fin limier est prévenu par le roi que son enquête risque d'être "entravée" par ces Messieurs du Parlement de Bordeaux qui ont été "dispersés" sur ordre royal à cause de l'opposition où ils s'entêtaient concernant une série d'ordonnances afin de moderniser et harmoniser la Justice du roi sur toute l'étendue du royaume.
Sur place, accompagné par sa jeune et sémillante collaboratrice, La Satin, et son ami chirurgien, Le Floch s'aperçoit que les gens de la région, plongés dans la terreur, mettent ces évènements sur le compte de "la bête" de la forêt et décident avec les nobles locaux, d'organiser une battue...
1765; "la Bête du Gévaudan" terrorise toute la population du Sud ouest du royaume de France.
Cependant, dans de nombreuses campagnes encore et en l'occurrence, l'ignorance et la peur empêchent les gens de voir clair dans les manigances des uns et des autres, précisément de certains seigneurs, avilis par des perversions indignes de leur rang et du rôle social qui leur sont assignés, au nom du roi et du bien commun. La brutalité vicieuse et perfide sont, dans cette épisode, particulièrement bien mises en scène.
Dans ce sinistre contexte, le personnage du curé bon vivant et savant, précieux allié du célèbre policier en costume, fait une bonne et sympathique figure!
La fin de cet épisode nous apprend que La Satin attend un heureux évènement auquel notre séduisant policier ne serait pas étranger...