Algérie 1962-2012: commémoration(s) ...
Cadavre d'un des 14 appelés assassinés dans les gorges de Palestro (Algérie) en 1957: torturé, égorgé.
Embarquement-exode des Pieds-noirs en juillet 62.
Une souffrance sans nom...
Cinquantenaire de la fin de la guerre d'Algérie, l'année 2012 sera scandée par des souvenirs douloureux pour beaucoup de nos compatriotes. Cela a déjà commencé, un exemple: France Culture a émis le vendredi 16 mars, pendant 24 h, depuis Alger, sur le ton sympathisant des "collaborateurs" de crimes contre les Européens d'Algérie, propre à une certaine intelligentsia parisienne de gauche.
L'Algérie moderne fut une création des Européens.
A peine 1OO ans aprés...
Globalement et sauf exceptions qui confirment la règle, l'oeuvre coloniale de la France fut brillante; dans tous les cas, pas plus mauvaise que
celle des Arabes dans les territoires conquis sur les Romains et les Grecs à partir du VIIIème siècle.
Souvenirs d'un monde disparu sous les ruines d'une Algérie construite dans la sueur et le sang depuis 1830.
Souvenirs aussi de crimes de masse dont furent victimes en 1962 les Français d'Algérie et les Harkis -que j'écris avec un H majuscule-. A saluer, la parution du livre passé sous silence de l'historien Jean-Jacques Jordi Un silence d'Etat (éditions Soteca-Belin), consacré aux archives secrètes mais enfin dévoilées sur les enlèvements et massacres d'Européens aprés les Accords d'Evian, avec la complicité implicite des autorités françaises.
Une des rares photos d'arrestations sommaires d'Européens aprés les Accords d'Evian: la plupart ont définitivement disparus. Ceux que l'on a retrouvés furent torturés à mort; beaucoup, femmes, vieillards, enfants et nourrissons, furent ensuite pendus aux crochets dans les abattoirs municipaux d'Alger, Oran, Constantine...
Livres, films, dossiers de presse se multiplieront, d'où la rédaction de cette modeste page, comme pour soulager une conscience malmenée par le politiquement correct.
Et je ne cherche nullement à cacher mes sympathies...
Un grand chemin reste à parcourir en faveur d'une approche de la réalité, comme le prouve le film bouleversant de Charly Cassan et de Marie Havenel, La valise ou le cercueil. Ce documentaire rappelle honnêtement l'histoire des Européens d'Algérie depuis la conquête en 1830 jusqu'aux jours sombres de 1962. A l'inverse perdure largement l'interprétation qui fut celle des "porteurs de valises" du FLN algérien. Pour preuve, le récent Festival "La guerre d'Algérie, images et représentations" organisé par la Mairie de Paris. Cette manifestation, ainsi que l'a observé le général Maurice Faivre, historien scrupuleux des évènements, a présenté en majorité des" films faisant l'apologie du FLN".
C'est dire qu'en France, les braises ne se sont pas éteintes, contrairement à l'Algérie où le régime aux abois, corrompu et incompétent, responsable du gâchis actuel, aprés 60 ans d'indépendance, remue encore le couteau dans la plaie, en essayant de faire passer les Français en Algérie pour des Nazis afin de tenter de détourner les Algériens des vrais problèmes sur la situation dramatique de leur pays. Plus c'est gros, plus ça prend dit-on; et bien non, car la jeunesse algérienne actuelle, sans renier la lutte anti-coloniale de leurs parents et grands-parents n'apprécient pas que leurs dirigeants les prennent pour des imbéciles alors que le chômage et la désespérance les poussent parfois jusqu'au suicide ou à s'embarquer sur des coquilles de noix -harragas- pour fuir leur patrie où l'horizon est bouché...Destination privilégiée: l'Europe,et des Européens qui n'en veulent pas. Rejets multiples donc...
Emeutes de la jeunesse à Alger en 2011; vite réprimées.
Le président algérien Bouteflika; invité à l'Assemblée Nationale il nous accuse ,et en plus, il vient se faire soigner en France.
Aucune dignité.
Sauf de la part des gens de gauche qui en font des immigrés du Maghreb, un fond de commerce : rappelons au passage qu'il y eut une gauche très Indochine puis "Algérie française", incarnée par les hommes politiques de la IIIème et surtout de la IVème République, tous aussi médiocres les uns que les autres mais dont le rôle dans la répression fut terriblement inefficace et dangereuse. Citons d'abord Guy Mollet, président du Conseil, figure emblématique d'une république agonisante et lamentable; Robert Lacoste, ministre-résident et homme à poigne vite neutralisé, Max Lejeune, secrétaire d'Etat à la Défense, sans oublier l'inoubliable retors de ministre de l'Intérieur: François Mitterrand, qui déclarait sans conviction, au lendemain de la terrible Toussaint rouge 1954 que l'Algérie, c'était la France!
A droite, il y eut De Gaulle, qui liquida une Algérie française par trop coûteuse et encombrante alors que, Massu et Salan avaient, sur le terrain, gagné la guerre en 58,comme ils en avaient reçu la mission du gouvernement français, en utilisant des stratégies et des méthodes d'une redoutable efficacité. Mention spéciale pour Jacques Soustelle qui fut remercié et quitta le palais du Gouvernement général d'Alger sous les viva et les pleurs des Algérois. Son départ était de mauvaise augure...
Les fidèles du général De Gaulle se divisèrent alors entre ceux qui étaient déterminés à tenir les engagements passés et ceux qui appliquèrent la politique d'abandon et ce qui restera dans l'Histoire comme l'un des exemples les plus spectaculaires de reniement et de mensonges à l'égard des futures victimes.
Place d'Isly
L'Opéra
d'Alger
L'aéroport international "Maison Blanche".
Alger, quartier Bresson; 1950.
Malgré des zones d'ombre, l'oeuvre des Européens en Algérie, depuis 1830, aboutit à des progrés et à une modernité
surprenants...
Quelques chiffres intéressants: la communauté des rapatriés, toutes générations confondues, compte aujourd'hui 3,2 millions de personnes en âge de voter. Quant à la communauté formée par les Harkis qui ont échappé aux massacres de 62 et leurs descendants, elle représente aujourd'hui un potentiel de 800 000 électeurs. Le président sortant Nicolas Sarkozy en aura besoin lors des prochaines élections...
Nombre d'entre eux ont trop souffert pour parler et, dégoutés jusqu'à la nausée, se détournent de la vie politique; Norbert Multeau l'a fait à leur place dans son talentueux roman Paul et Kader (Editions Télémaque; 2009). Il revient sur le sujet avec une suite, En passant par l'Algérie.Dernière nouvelles du bled ( Atelier Fol'fer).