LA FIN DU RÊVE AMERICAIN AU CINEMA
11/09/2001
LA PUISSANCE EBRANLEE?
Après le rêve, le cauchemar, debout...
La fin de l’utopie a-t-elle commencée ?
-panique à Wall Street.
-échec en Irak & probablement en Afghanistan.
-basculement ethnique.
-troubles idéologiques.
Une histoire vraie sur "le courage & la survie"...
Les deux vertus d'une nation inquiète?
Mais, pour interpréter le présent, il faut connaître le passé, en invoquant la longue ascension de l’hyper puissance (1945-2011), ô combien ambigüe, édifiée sur le rejet de l’Europe et de sa souveraineté. Puissance aux ambitions mondiales dont les logiques sont opposées à celles de l’Eurasie, surtout depuis le réveil de la Chine et de l’Inde (2000).
Puissance qui, les faits d’actualité internationale nous le rappelle chaque jour, au nom de ses intérêts immédiats, est capable de laisser tomber du jour au lendemain ses alliés d’hier? en leur trouvant tous les défauts du monde : quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. Exception qui confirme cette règle : l’Etat hébreu. Mais jusqu’à quand et jusqu’où, les Américains, pour beaucoup musulmans, accepteront-ils de mourir pour des Juifs ?
Il convient aussi d’analyser la grande crise financière (automne 2008) venue des États-Unis, (comme celle du « jeudi noir » de 1929) et d’en éclairer les causes en pointant les tares d’un capitalisme de casino.
Marines au salut;
will they stay brothers everytime?
Les États-Unis, gendarme du monde ?
Le bilan militaire contre « la terreur » doit, lui aussi être évalué.
L’expert qu’est Xavier Raufer offre des réponses peu optimistes. La grande puissance serait-elle au bord du déclin ? Certains signes le démontrent même s’il ne faut pas vendre les plumes de l’aigle avant de l’avoir plumé…
La fabrication de l’enthousiasme médiatique autour de la personne de Barack Obama constitue un épiphénomène qui ne doit pas gommer les redoutables défis que devront affronter le premier Président noir des Etats-Unis et son équipe. L’enthousiasme momentané des foules téléspectatrices est une chose, la réalité que doit affronter le nouveau président, nonobstant ses indéniables qualités et compétences, en est une autre : le gigantisme de l’hyper-puissance et son implication militaire, économique et politique, dans un monde instable -après la chute de l’URSS (1989-1991) et l’irruption du terrorisme islamique sur le sol américain (11 septembre 2001)- incontrôlable et dangereux, ont atteint un tel niveau, que toute décision entraînera des conséquences en chaîne aussi difficiles à prévoir qu’à maîtriser.
Les Européens nés après 1980 auront vu d’abord la ruine de l’utopie soviétique ; maintenant ils assistent aux prémices d’une déroute de l’utopie américaine. Ces deux utopies étaient pourtant jugées indépassables en leur temps. Précisons aussitôt que les échecs de l’utopie américaine en tant que telle, ne signifient pas la fin immédiate de la puissance américaine en tant que telle, ni bien entendu de l’économie de marché qui peut prendre les formes les plus diverses.
La puissance américaine en quelques chiffres :
Septembre 2008 : le plan Paulson de sauvetage des banques américaines se montait en principe à 700 millions de dollars. C’est l’équivalent du budget militaire américain, soit dix fois celui de la Russie et de la Chine réunies. C’est aussi un peu plus des sommes dépensées en cinq ans par les Etats-Unis pour leur guerre en Irak. Dans ce cas précis, la dépense moyenne est de dix milliards de dollars/mois. Aucune autre puissance ne peut jongler avec de tels chiffres.
Pourtant, cette puissance est ébranlée. Dans le sillage de la crise économique et financière, on a découvert l’état catastrophique de l’industrie automobile, symbole de l’american way of life. Ce mode de vie se révèle désormais plus que précaire. Pis, il représente, un contre-exemple de civilisation, à l’heure où les ressources naturelles de la planète s’amenuisent et que l’Occident postindustriel prend conscience enfin de l’aberration d’une société bâtie sur le gaspillage et le pillage des ressources naturelles. Les Américains continuent de vivre au-dessus de leurs moyens, mais ils découvrent le prix de leurs excès, devenant de plus en plus sensibles à leur environnement économique et écologique.
C’est ce que les constructeurs économiques automobiles n’avaient pas prévu. A la différence de leurs collègues japonais et européens, les trois « grands », Chrysler, General Motors et Ford n’ont pas anticipé ce changement. Ils ont continué à produire des monstres, comme avant, sans prendre conscience que le monde changeait autour d’eux. Et cette imprévision les a mis en état de faillite ; scénario impensable, aux conséquences immenses pour la défense, l’informatique et l’ingénierie américaines dans leur ensemble.
Mais le nouvel environnement global ne se limite pas à l’économie.
Au cours des dix années qui ont précédé le krach de l’automne 2008, le monde a changé. Les Etats-Unis restent encore une très grande puissance, mais ils ne sont plus seuls. D’autres puissances ont surgi qui sont devenues des acteurs à part entière et ne cesseront de grandir : la Chine, l’Inde, le Japon, la Russie, le Brésil. Il y a par ailleurs, la nébuleuse islamique et amérindienne, de plus en plus rétives à l’encontre des Etats-Unis.
Couvre-feu ou Le Siège (titre Français au Canada) (The Siege) est un film américain réalisé par E.Zwick, sorti en 1998.
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Trois agents des services secrets américains concurrents veulent enquêter et démanteler un réseau de cellules terroristes semant le trouble dans New York pendant que celles-ci prennent de plus en plus d'ampleur et deviennent de plus en plus dangereuses.
- Titre : Couvre-feu ou Le Siège
- Titre québécois : Le Siège
- Titre original : The Siege
- Réalisation : Edward Zwick
- Scénario : Lawrence Wright, Menno Meyjes et Edward Zwick
- Production : Lynda Obst, Edward Zwick, Jonathan Filley, Robin Budd et Peter Schindler
- Société de production : Twentieth Century Fox
- Budget : 70 millions de dollars (53,12 millions d'euros)
- Musique : Graeme Revell
- Photographie : Roger Deakins
- Montage : Steven Rosenblum
- Décors : Lilly Kilvert
- Costumes : Ann Roth
- Pays d'origine : États-Unis
- Box-office États-Unis : 40 981 289 dollars[1]
- Box-office France : 911 303 entrées[2]
- Box-office Mondial : 116 672 912 dollars[1]
- Format : Couleurs - 2,35:1 - Dolby Digital / SDDS - 35 mm
- Genre : Action, thriller
- Durée : 116 minutes
- Dates de sortie : 6 novembre 1998 (États-Unis), 16 décembre 1998 (Belgique, France)
- Le tournage a débuté le 28 janvier1998 et s'est déroulé à New York.
- Le film s'inspire de l'attentat d'Oklahoma City.
- En 1998, le réalisateur Edward Zwick fut accusé de racisme envers les musulmans. L'internement massif des jeunes arabes de Brooklyn décrit dans le film est un des éléments controversés. De même, la manière dont les arabes sont présentés dans le scénario a été jugée (en particulier par l'American-Arab Anti-Discrimination Committee) comme insultante et injurieuse : « Chaque fois qu'un arabe accomplit le rituel de se laver les mains avant la prière, cette image annonce au spectateur qu'il va y avoir de la violence ». Ce à quoi le réalisateur répondit que « certains « méchants » dans le film étaient membres du gouvernement des États-Unis » et « un film n'est pas toujours fait pour divertir les spectateurs mais aussi pour les faire réfléchir ».
- D'après CNN, un certain nombre d'américains auraient payé leur place uniquement pour voir la bande annonce de Star Wars : épisode I - La Menace fantôme projetée en avant première, pour ensuite ressortir de la salle sans même voir le film.
- La réaction des autorités telle que décrite dans le film ressemble à celles qui ont suivi les attentats du 11 septembre 2001.
Pour les pré-visions, heureusement, il y a Nicolas Cage...
Next est un film thriller américain réalisé par Lee Tamahori, sorti le 25 avril 07. C'est une adaptation très libre d'une nouvelle de Philip K. Dick datée de 1954 intitulée L'homme doré.
On y retrouve également de nombreuses références à Stanley Kubrik : Docteur Folamour est diffusé sur une télévision, le héros est attaché à une chaise, les yeux écartelés afin de visionner une scène de violence (on aperçoit d'ailleurs rapidement un scientifique lui mettant des gouttes) comme dans Orange mécanique.
À plusieurs reprises le héros implore la possibilité du libre arbitre, de faire le bien ou le mal selon son choix, thème récurrent chez Kubrick.
Cris Johnson (Nicolas Cage) est un prestidigidateur qui, sous le pseudonyme de Frank Cadillac, travaille dans une boîte miteuse de Las Vegas.
Pour arrondir les fins de mois, il va également jouer dans les casinos de la ville où il n'affronte que la banque et jamais les autres joueurs. Cris Johnson est en effet un tricheur qui possède le don de voir l'avenir deux minutes à l'avance et de gagner ainsi à coup sûr.
Une vision trouble toutefois Cris Johnson, celle d'une belle jeune femme (Jessica Biel) qui lui apparaît bien au-delà des deux minutes habituelles. Par ailleurs, le FBI qui a repéré les dons particuliers de Cris souhaite s’assurer sa collaboration pour traquer une équipe de terroristes ayant pour but de faire exploser une bombe atomique en Californie. L'agent Callie Ferris (Julianne Moore) décide de contacter Cris pour le convaincre de travailler pour eux.
Le Royaume (The Kingdom) est un film américano-allemand réalisé par Peter Berg, sorti en 2007.
Quatre agents du F.B.I. débarquent à Riyad, en Arabie Saoudite pour retrouver le responsable de deux attentats contre des ressortissants américains. Dans leurs tâches, ils seront aidés d'un policier saoudien.
À Riyad, en Arabie saoudite, lors d'un match de softball, un quartier résidentiel peuplée notamment d'Américains et de leur famille est la cible d'une attaque de terroristes, dont certains se sont fait passer pour des policiers saoudiens. L'attentat a fait plusieurs blessés, mais il s'agit d'un piège pour attirer les autorités américaines en faisant exploser une bombe causant beaucoup de dégâts et plus de 100 morts et 200 blessés. Parmi les victimes, Francis Manner, agent du F.B.I. en poste sur place. Ce dernier était le meilleur ami et collègue de Ronald Fleury, agent fédéral, mais également de la spécialiste en médecine légale de l'agence, Janet Mayes.
En raison de ses excellentes relations avec le royaume du Moyen-Orient, le gouvernement des États-Unis, dont certains ressortissants figurent sur la liste des victimes, hésite à bouger : le Département de la Justice et le Département d'État entravant l'enquête. Qu'à cela ne tienne, Fleury parvient à se rendre sur place après de difficiles tractions et constitue une petite équipe afin de traquer les auteurs de l'attentat ; elle comprend Mayes, mais aussi l'expert en démolition Grant Sykes et l'analyste Adam Leavitt.
À leur arrivée à Riyad, les enquêteurs américains sont accueillis par le colonel Faris Al Ghazi, responsable de l'enquête sur cette tragédie, avec lequel ils vont collaborer. Mais ils comprennent qu'il ne gère pas l'affaire et que leurs homologues saoudiens sont peu enclins à coopérer, les cantonnant à un simple rôle d'observateur.
Mais grâce au professionnalisme d'Al Ghazi, devenu leur interlocuteur et avec lequel une complicité amicale commence à naître, Fleury parvient à gagner la confiance des Saoudiens et réussit à démarrer véritablement cette enquête.
Les agents et Al Ghazi, accompagnés d'un subalterne, Haytham, remontent jusqu'au terroriste Abu Hamza, mais l'enquête est au point mort, lorsque Leavitt est enlevé par des terroristes. Au cours d'une course-poursuite dans les rues de la ville, ses coéquipiers réussissent à retrouver la trace des criminels, à secourir Leavitt et à découvrir la cachette d'Abu Hamza. Le chef terroriste est tué, mais Al Ghazi est gravement blessé au cours de la mission et meurt dans les bras de Fleury. De retour aux États-Unis, Fleury et son équipe sont félicités par leur patron.
Plus tard, le petit-fils d’Abu Hamza se souvient que son grand-père lui a demandé de le venger et de les tuer tous. C’est aussi ce que Fleury avait promis à Janet après la mort de Manner, lorsqu'il avait chuchoté à son oreille lors d'un briefing.
Peter Berg eu l'idée du film une dizaine d'années auparavant, à la suite à l'attentat des tours de Khobar, en Arabie Saoudite, survenu le 25 juin 1996 : la branche armée locale du Hezbollah fit exploser devant les tours un camion plein de fioul, provoquant la mort de dix-neuf américains et en blessant 372 personnes.
« Cet acte terroriste constitua l'une des attaques antiaméricaines les plus violentes jamais perpétrées dans la région. Il porta aussi un coup très dur aux Saoudiens, et amena le FBI à collaborer, pour la première fois, avec les autorités locales en vue d'identifier les coupables. L'enquête se révéla délicate et laborieuse. J'ai pensé qu'il serait fascinant d'illustrer cette rencontre entre Américains et Arabes, de montrer les efforts de rapprochements de deux cultures sui ont un intérêt commun à lutter contre l'extrémisme religieux et ses violences »
— Peter Berg, réalisateur du film.
C'est durant le tournage de Miami Vice : Deux flics à Miami, réalisé par Michael Mann, que Jamie Foxx reçut le scénario du Royaume par ce dernier, qui est le producteur du film, auquel l'acteur accrocha immédiatement au personnage de l'agent fédéral Ronald Fleury.
« Fleury se faisait une idée assez abstraite de la lutte antiterroriste, mais depuis la mort de son vieil ami, il se sent personnellement impliqué dans ce combat qu'il est bien décidé à mener à terme. »
— Jamie Foxx, interprète de Ronald Fleury.
De plus, Mann ajoute que Foxx « a le don de s'investir totalement dans des personnages de styles très divers » et qu'il lui « paraît on ne peut plus crédible en homme du FBI, de par l'intensité et le sérieux qu'il dégage», avis partagé par l'autre producteur du film, Scott Stuber, avec lequel il avait travaillé avec l'acteur sur Ray, Jarhead et Miami Vice, qui est convaincu qu'il est l'homme de la situation, il le pressa d'accepter de l'incarner.
Pour incarner le seul personnage principal féminin du groupe, Janet Mayes, le réalisateur Peter Berg choisit de confier le rôle à Jennifer Garner, amie de longue date ayant joués dans quelques épisodes de la série Alias, dans lequel elle tenait le rôle principal (ce dernier avait également tourné avec le mari de l'actrice, Ben Affleck, dans Mi$e à prix). Cette dernière fut fascinée et terrifié par le script et s'immergea rapidement dans l'univers de son personnage, expert en linguistique formée aux méthodes de la police scientifique. Elle ajoute concernant Janet :
« L'un de ses meilleures amis de Quantico, Fran Manners, est mort dans l'attentat, et Janet ne supporterait pas d'être écartée de l'enquête pour de vagues raisons diplomatiques. »
— Jennifer Garner, interprète de Janet Mayes.
Le rôle de Sykes, expert en démolitions et le vétéran de l'équipe, est confié à l'acteur Chris Cooper, qui ne fut pas seulement séduit par l'aspect thriller politique, mais par « les informations solides qu'il nous livre sur les relations des États-Unis et de l'Arabie Saoudite. »
« Lorsque je tombe sur un projet aussi actuel et informatif, je n'ai qu'une envie : y apporter ma pierre. »
— Chris Cooper, interprète de Grant Sykes.
Le personnage de l'analyste Adam Levitt, spécialiste du renseignement auquel le scénariste a prêté l'humour narquois d'un ami de Washington, est confié à l'acteur Jason Bateman, davantage connu pour ses rôles humoristiques (Dodgeball ! Même pas mal !, Arrested Development) et qui avait donné la réplique à Peter Berg dans Mi$e à prix.
« "Le script est suffisamment riche pour laisser chacun libre d'interpréter à sa guise son message politique [...] Pour moi, ce film souligne avant tout la futilité de la vengeance. Par ailleurs il regorge d'intrigues et de dangers, le tout traité de façon très excitante sur le mode d'un super film d'action. »
— Jason Bateman, interprète d'Adam Levitt.
Parmi les autres rôles, ceux des policiers saoudiens Al-Ghazi et Haytham, qui aident l'équipe, ils sont confiés respectivement aux acteurs Ashraf Barhom (en) et Ali Suliman (en), vus dans le long-métrage Paradise Now, sur le terrorisme palestinien.
Le tournage du Royaume débuta le 10 juillet 2006, dans la région de Phoenix, en Arizona, où l'équipe travailla une dizaine de semaines. Outre Sun Valley, les principaux extérieurs américains furent réalisés à Mesa, sur le campus de l'Université Polytechnique d'Arizona ainsi qu'au Ministère de la Justice et au mémorial de la Deuxième Guerre de Washington, D.C..
Les scènes de désert furent tournées en Arizona :
« Nous devions trouver un endroit aux Etats-Unis qui reflète le plus fidèlement possible le désert d'Arabie Saoudite. Et vous n'avez que deux options : soit la région du Sud-Ouest, c'est-à-dire l'Arizona, soit la Californie. La topographie des alentours de Phoenix, la texture de son désert était selon nous le plus proche et précis possible du désert d'Arabie Saoudite. »
— Scott Stuber (en), producteur du film.
Mais le tournage est émaillé par un accident : à Mesa, Peter Berg est impliqué dans un accident entraînant la mort de l’accessoiriste Nick Papac. Le SUV qu'il conduisait à percuté le quad conduit pat Papac, qui décèdera trois heures plus tard. Le tournage a repris un jour après l'accident.
Le film fut également tourné à Abou Dabi, aux Émirats arabes unis durant deux semaines à la mi-septembre[4] et également à l'Emirates Palace, hotel de luxe de la ville d'Abou Dabi . Soucieuse de ne pas heurter la population locale, la production a fait distribuer à l'ensemble des acteurs et des techniciens un mémo de dix-sept pages, fournissant de précieuses indications en matière de protocole, de comportements, d'habillement, de respect des traditions et des coutumes locales.
Professeur Fukuyama, les attentats du 11 septembre 2001 hantent-ils toujours les Etats-Unis ?
Francis Fukuyama : Les attaques ont marqué le début de la fin de l'hégémonie des Etats-Unis sur le monde de l'après-guerre froide. Lorsque George W. Bush entra à la Maison Blanche quelques mois avant les attentats, rien ne semblait pouvoir entraver la puissance de l'Amérique. En politique étrangère, elle n'avait aucun rival sérieux. La bulle Internet venait à peine d'éclater et ne semblait pas devoir perturber durablement l'économie américaine qui sortait d'une décennie de croissance exceptionnelle marquée par de formidables innovations technologiques. Le Y2K, le bogue de l'an 2000, n'avait pas eu lieu et son unique conséquence, positive, fut le remplacement des vieux ordinateurs par de nouvelles machines.
Les attaques du 11 septembre 2001 ont porté un coup d'arrêt dramatique à cette période. Elles ont ouvert une décennie catastrophique pour l'Amérique, sur tous les plans : diplomatique, militaire et économique. La guerre en Irak a montré que l'Amérique n'avait pas les moyens de régler unilatéralement les problèmes du Moyen-Orient. L'Amérique a inconsidérément usé de son "hard power" et sous-estimé les difficultés financières que pouvaient engendrer ses actions militaires ainsi que la montée d'un très fort anti-américanisme dans le monde entier. Economiquement, non seulement les rivaux des Etats-Unis se sont considérablement renforcés ces dernières années mais le modèle américain néo-libéral est officiellement en crise depuis 2008.
L'Amérique est devenue vulnérable depuis le 11-Septembre ?
Depuis dix ans, elle a perdu de sa superbe. Ses choix de politique étrangère et de politique économique se sont révélés erronés. Le modèle de croissance américain s'est avéré très fragile et les attaques terroristes ont servi de révélateur à la vulnérabilité du pays. Cependant, le malaise américain ne remonte pas au 11 septembre 2001. Il date d'au moins un quart de siècle, depuis que le pays a commencé à vivre au-dessus de ses moyens. Depuis une génération, les Américains vivent à crédit grâce à un dollar faible et parce que les autres nations ont accepté de leur prêter de l'argent.
Quelles traces ont laissées les attaques dans la psyché des Américains ?
Une certaine islamophobie s'est développée au sein d'une partie de la droite américaine. C'est un sentiment latent chez certains Américains qui peut aisément être exploité par les politiciens car le thème demeure mobilisateur. Plus généralement, je dirais qu'à présent que les Etats-Unis retirent leurs troupes d'Irak et d'Afghanistan, deux guerres en relation directe avec les attentats du 11-Septembre, cette date va devenir au fil des ans un jour de commémoration des victimes américaines et plus encore de l'Amérique comme victime. Mais dans la psyché américaine contemporaine, il me semble que la peur du terrorisme, très présente au cours des années qui ont suivi les attaques, a cédé la place à des préoccupations plus terre à terre et plus tangibles : le chômage, le déficit, la précarité de l'économie et des finances de chaque foyer et du pays tout entier.
Au lendemain de la chute du mur de Berlin, vous avez écrit un article fameux – puis un livre – sur "la fin de l'histoire", à savoir le couronnement a priori définitif de la démocratie libérale de marché après la chute des régimes communistes. L'histoire s'est-elle remise en marche depuis les attaques du 11 septembre 2001 ? N'avez-vous pas péché par optimisme ?
Je ne le crois pas : aujourd'hui comme il y a vingt ans, il n'y a pas meilleur modèle d'organisation politique que la démocratie libérale dans le cadre d'une économie de marché. Personne n'a envie de copier les modèles d'organisation politique iranien ou afghan. Le modèle chinois, dynamique économiquement, pourrait constituer une alternative mais politiquement, je ne pense pas qu'on puisse imiter ce système, fruit d'une histoire plurimillénaire. Par conséquent, je considère toujours qu'il n'y a pas d'alternative à la démocratie libérale de marché. Néanmoins, le plus grand défi n'est pas de proclamer la démocratie mais de constituer des institutions démocratiques pouvant fonctionner sur le long terme. Or, au fil du temps, le bon agencement des institutions peut s'enrayer et paralyser une démocratie.
C'est le cas des Etats-Unis aujourd'hui ?
Je le crains. Au-delà de la crise économique actuelle ou d'une éventuelle nouvelle attaque terroriste, je crois que l'Amérique traverse une crise de gouvernance très grave. Le gouvernement est censé fonctionner grâce au système des "checks and balances" (des contrôles et contrepoids), or, aujourd'hui, les contrepoids sont trop nombreux et trop puissants. Aussi, le pouvoir est morcelé, le gouvernement ne peut plus agir, le pays est paralysé et la démocratie balbutie.
Pour quelles raisons ?
A cause de la polarisation extrême de la classe politique américaine, polarisation considérablement renforcée ces dernières années par la blogosphère et la montée en puissance des chaînes du câble partisanes comme Fox News. L'incivilité augmente ainsi que la pression sur les élus au point que la classe politique américaine est plus divisée que jamais, dans un climat proche de l'hystérie. De fait, elle n'est pas à la hauteur des défis actuels du pays. C'est sans doute l'élément le plus inquiétant de la crise actuelle.
La population ressent-elle les choses ainsi ?
Les Américains ont conscience de leur fragilité. Ils perçoivent que la reprise est très lente, que le chômage demeure fort, que l'économie stagnera ces prochaines années, d'autant que le marché immobilier se porte toujours mal et qu'il faudra au moins dix ans encore avant qu'il ne retrouve ses niveaux d'avant la crise. Beaucoup de gens ont perdu leur maison, beaucoup s'inquiètent pour leur retraite et constatent la baisse de leur niveau de vie, une précarité grandissante, notamment parmi la génération des baby-boomers. Ils ont perdu leurs illusions. Et pendant ce temps-là, les politiciens se disputent à Washington et les banquiers engrangent à nouveau des fortunes ! Tout cela alimente le pessimisme…
Le pessimisme ou la colère, notamment chez les partisans des Tea Party ?
Les deux. Les Américains se sentent floués par leurs élites de Washington et de Wall Street qui n'ont jamais été si mal perçues dans l'opinion publique. Les institutions sont bloquées. Elles n'ont pas seulement échoué à prévenir puis à enrayer la crise. Elles étaient directement impliquées dans la bulle financière et dans la crise qui a suivi son éclatement. Les institutions ont laissé faire et certains à leur tête se sont même considérablement enrichis sur le dos de l'Américain moyen. Puis elles ont renfloué les responsables de la catastrophe financière. Le populisme et la colère croissent, non seulement parce que le chômage ne baisse pas mais parce qu'un sentiment d'impuissance et d'abandon gagne une majorité de la population.
Diriez-vous que, dix ans après les attaques du 11-Septembre, les Américains considèrent que leur pays n'est plus exceptionnel ?
Je ne le crois pas. Ils sont toujours persuadés d'appartenir à une nation exceptionnelle, détentrice d'une mission universelle. "L'exceptionnalisme" américain ne signifie pas un taux de croissance remarquable ou un niveau de richesse plus élevé que celui des autres pays. Il est plus lié à nos institutions, au niveau de liberté dont tous les citoyens devraient bénéficier et aux possibilités offertes à chacun dans ce pays. Seulement, les Américains ont le sentiment que les élites ont fait main basse sur "l'exceptionnalisme" de leur nation.
En filigrane de notre conversation transparaît l'échec de la présidence de Barack Obama. A vous écouter, il ne serait pas parvenu à rassurer les Américains…
L'élection de Barack Obama fut le fruit de circonstances particulières, notamment de la faillite de la banque d'investissement Lehman Brothers à quelques semaines de l'élection présidentielle et du dégoût de l'électorat centriste pour George W. Bush et les républicains. Cependant, son élection n'a pas ouvert une nouvelle ère de domination démocrate, elle n'a pas constitué une élection de réalignement, c'est-à-dire une période où, pendant une génération, un parti domine la scène politique comme les démocrates après l'élection de Roosevelt en 1932.
Or je crois qu'Obama et son entourage ont interprété son élection ainsi, d'autant qu'elle a eu lieu dans des circonstances assez proches de celles de l'avènement de Roosevelt. C'était une erreur de croire que le conservatisme américain était mort pour longtemps après les errements des deux présidences Bush parachevées par la pire crise financière depuis la Grande Dépression. En réalité, les Américains ont d'abord voté contre les républicains en 2008. Ils n'ont pas voté pour un programme de gauche. Or Obama a cru qu'il disposait d'un tel mandat et qu'il avait du temps devant lui : au lieu de se concentrer sur la crise financière et le chômage, il a lancé sa grande réforme de l'assurance maladie. Immédiatement après, dès le début de sa présidence en fait, ses ennuis ont commencé.
Vous aussi êtes déçu de sa présidence jusqu'à présent ?
Oui ! Il n'a pas fait preuve d'un grand leadership, notamment à l'occasion des deux actions les plus importantes de son mandat : sa politique de relance et sa réforme du système de santé. Il a donné trop de latitude et de pouvoir au Congrès et n'a pas assez porté personnellement ses deux réformes : il n'en fut pas le moteur. Pour sa politique de relance, il n'aurait jamais dû confier tant de responsabilités à Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre des représentants de l'époque. Fondamentalement, je ne le trouve pas très bon politique. Il est beaucoup moins charismatique à la Maison Blanche que lorsqu'il était candidat.
Il a aussi commis des erreurs : il a attendu deux ans et demi pour rencontrer en tête-à-tête John Boehner, le chef de la minorité républicaine à la Chambre des représentants, devenu son président depuis les élections de novembre dernier. Ronald Reagan l'aurait fait ! Bill Clinton aussi. A la différence de ses deux prédécesseurs, Obama est trop froid, trop intellectuel et trop réfléchi. De par son éducation élitiste, à Columbia et à Harvard, et son enfance à Hawaï, à la marge du pays, il semble déconnecté de la société, des petites villes du Middle West par exemple. Il ne comprend pas les gens des Tea Party, ils lui sont étrangers. Bill Clinton avait étudié à Georgetown mais était ensuite retourné en Arkansas. Il était plus attentif à l'Amérique profonde car il la connaissait mieux.
Vous n'êtes pas tendre avec le président Obama…
En effet. Plus fondamentalement, je lui reproche d'avoir raté une chance historique : la réforme de l'industrie financière. En 2009, les démocrates contrôlaient les deux Chambres du Congrès et les Américains auraient suivi Obama dans le sillage de son élection et de la crise financière. L'arrogance des Etats-Unis de l'après-guerre froide a été incarnée dans les années 1990 par Larry Summers, chantre – avec Robert Rubin – de la dérégulation financière sous Bill Clinton, puis dans les années post-11-Septembre par Paul Wolfowitz, le théoricien néo-conservateur et cerveau de la guerre en Irak. Wolfowitz a été puni par l'histoire mais Summers a été choisi par Obama pour diriger son conseil économique national jusqu'à son départ en novembre 2010 ! Or Larry Summers, lorsqu'il était secrétaire au Trésor à la fin des années 1990, a fait adopter le Gramm-Leach-Bliley Act qui mit fin aux principales mesures de la législation Class-Steagall Act du New Deal qui séparait les activités de banques commerciales et d'investissements. C'est lui aussi qui a présidé à la libéralisation du marché des contrats dérivés. Et c'est par ces deux biais que la crise financière est arrivée.
Pourquoi Obama a-t-il choisi Summers ?
Je ne sais pas. Larry Summers a une aura de gourou et il a longtemps présenté l'économie comme une science vaudou, c'est-à-dire non rationnelle. Il faut être culotté et très sûr de soi pour affirmer à quelqu'un d'aussi intelligent et roué que Summers que sa vision de la finance est fausse. Par ailleurs, Thimothy Geithner, le secrétaire au Trésor, était aussi un protégé de Larry Summers dans l'administration Clinton. Il présidait la Réserve fédérale (Fed) de New York lorsque la crise a éclaté. Or la Fed de New York est historiquement très proche de Wall Street. En somme, pour sauver l'économie américaine et réformer son système financier, Obama a choisi deux hommes adorés par Wall Street et impliqués dans les réformes et la politique qui ont permis ses abus puis provoqué sa chute.
Comment expliquez-vous alors que Barack Obama soit traité de socialiste et même de marxiste ou de communiste par ses détracteurs de droite ?
C'est paradoxal en effet mais l'opposition est stupide et opportuniste. Pour disqualifier Obama, elle est prête à lui reprocher tout et son contraire. Pourtant Geithner et Summers n'ont jamais songé à revenir au Class-Steagall Act ! Ils ont préféré assumer les pertes de l'assureur AIG afin qu'il puisse payer ses créanciers. Pourquoi le gouvernement a-t-il fait cela ? Ses créanciers étaient Goldmann Sachs et d'autres investisseurs du même type. Il eut été sensé de leur dire : "Ecoutez les gars, vous avez acheté ces créances douteuses et risquées alors assumez !" S'il avait démantelé les grands conglomérats financiers "trop gros pour disparaître", Obama aurait au moins fait taire certains de ses détracteurs qui accusent son département du Trésor d'être trop favorable à Wall Street. Mais je crois que son administration ne voulait pas le faire.
Wall Street est intouchable ?
Il y a la nouvelle législation Dodd-Frank qui prévoit notamment une meilleure protection des consommateurs de crédit mais au fil des mois ses prérogatives et ses moyens sont rognés. Wall Street a constitué un lobby très efficace et très bien organisé. Le secteur financier en a les moyens : 1 % de la population détient 24 % des richesses nationales – contre 7 % en 1970 – et parmi ce 1 %, à l'exception de quelques génies de la Sillicon Valley, beaucoup appartiennent au monde de la finance. Mais plus globalement, qu'il s'agisse des syndicats, des médecins ou des agriculteurs, toutes les corporations disposent quasiment d'un droit de veto sur les législations les concernant et toutes font prévaloir leurs seuls intérêts. C'est l'une des raisons pour laquelle le système politique américain ne fonctionne plus correctement.
Je vous sens inquiet, presque désemparé. Vous êtes à ce point pessimiste quant à l'avenir des Etats-Unis ?
Si vous ne soignez pas une maladie, elle empire et quand elle se manifeste une seconde fois, ses effets sont plus dramatiques encore. Jusqu'à ce que le patient n'en puisse plus et décide de se traiter s'il n'est pas trop tard. Je pensais que la crise de 2008 aurait un impact favorable sur les républicains et qu'ils changeraient d'opinion quant à la nécessité de mieux réguler le marché financier et encadrer ses risques. Or les républicains sont plus fondamentalistes que jamais ! Pour quelles raisons ? F.F. | Il faut croire que la crise n'a pas été assez sérieuse à leurs yeux. L'action du gouvernement américain et des autres nations a empêché une nouvelle grande dépression. Alors, les choses peuvent continuer comme avant. Mais je pense au contraire que nous nous enfonçons dans un marasme de plus en plus profond. Peut-être faudra-t-il une nouvelle crise, extérieure cette fois, comme le crash du dollar, ou une autre récession pour que les choses changent. Et encore, ce n'est pas sûr : le Japon est en crise depuis vingt ans mais faute de leadership et de volonté politique, il n'en est jamais véritablement sorti.
PARCOURS
1952 : Francis Fukuyama naît le 27 octobre à Chicago (Illinois).
1992 : Parution de La Fin de l'histoire et le dernier homme.
2004 : Il intègre le Conseil présidentiel de bioéthique.
2005 : Il est professeur d'économie politique internationale à l'université Johns Hopkins de Washington.
2010 : Il rejoint l'Institut Freeman Spogli pour les études internationales.
La Une du "Monde Magazine" daté du 10 septembre 2011.DR
Propos recueillis par Olivier Guez