26 août 2010
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LES TUDORS
2009: l'Angleterre célèbre le 500e anniversaire du couronnement du fondateur de sa puissance et de sa religion nationale.
Portrait d'un roi de tragédie.
Henry VIII, le fondateur ( 1491-1547): une figure archétypale de ces princes de la "Renaissance" , à l'ego sur-dimensionné, pour ne pas dire maladif, qui mêlaient vie privée et vie publique, souci de la vertu et comportement tyrannique, modernisme et archaïsme.
Tableau de Hans Holbein le Jeune (1536)
Une série TV racontant, à sa façon, une partie du règne du sulfureux Henry VIII, deuxième roi de la dynastie des Tudors et en particulier, sa relation passionnée avec Anne Boleyn qui le conduisit à rompre avec Rome pour l'épouser, et entraîna la naissance de l'Église anglicane.
Les Anglais n'ont pas honte de leurs rois et reines, pourtant, ils le devraient: la Perfide Albion engendra des souverains particulièrement décadents.
Henry VIII reste cependant pour eux une figure majeure de l'histoire britannique. Plusieurs expositions ont commémoré le 500e anniversaire de son couronnement en 2009, tandis que plusieurs articles et ouvrages étaient publiés. En prime, pour le grand public, une série TV, fresque "historique" en plusieurs saisons.
Pourtant, l'évocation de la vie de ce roi, de son oeuvre et de sa personnalité est une tâche ardue, tant les désaccords sont nombreux entre les historiens.
Généalogie de la dynastie des Tudors: Henry VIII et sa fille Élisabeth Ière feront de l'Angleterre une puissance à part entière.
2009: l'Angleterre célèbre le 500e anniversaire du couronnement du fondateur de sa puissance et de sa religion nationale.
Portrait d'un roi de tragédie.
Henry VIII, le fondateur ( 1491-1547): une figure archétypale de ces princes de la "Renaissance" , à l'ego sur-dimensionné, pour ne pas dire maladif, qui mêlaient vie privée et vie publique, souci de la vertu et comportement tyrannique, modernisme et archaïsme.
Tableau de Hans Holbein le Jeune (1536)
Une série TV racontant, à sa façon, une partie du règne du sulfureux Henry VIII, deuxième roi de la dynastie des Tudors et en particulier, sa relation passionnée avec Anne Boleyn qui le conduisit à rompre avec Rome pour l'épouser, et entraîna la naissance de l'Église anglicane.
Les Anglais n'ont pas honte de leurs rois et reines, pourtant, ils le devraient: la Perfide Albion engendra des souverains particulièrement décadents.
Henry VIII reste cependant pour eux une figure majeure de l'histoire britannique. Plusieurs expositions ont commémoré le 500e anniversaire de son couronnement en 2009, tandis que plusieurs articles et ouvrages étaient publiés. En prime, pour le grand public, une série TV, fresque "historique" en plusieurs saisons.
Pourtant, l'évocation de la vie de ce roi, de son oeuvre et de sa personnalité est une tâche ardue, tant les désaccords sont nombreux entre les historiens.
Généalogie de la dynastie des Tudors: Henry VIII et sa fille Élisabeth Ière feront de l'Angleterre une puissance à part entière.
Michel Hirst a choisi de présenter un Henry VIII "New look", très actuel et en même temps très ancré dans ce XVIe siècle qui vit tant de bouleversements, à tous les niveaux; l'époque médiévale est encore présente mais s'estompe, au profit d'une ère nouvelle, pleine de fureur de vivre, avec sensualité, brutalité, cruauté et raffinement... Progrès, grâce au boom économique, et régressions, à cause de la corruption des princes, luttant en un combat sans merci, si bien qu'il conviendrait souvent de remplacer l'appellation "Renaissance" par "Rechute".
Dans cette série TV pour grand public peu soucieux de vérité historique, Henry VIII est présenté comme un roi fondateur d'une Angleterre moderne et impérialiste face à des monarchies du sud de l'Europe, catholiques, bornées et rétrogrades.
La personnalité du roi, son comportement et même son aspect physique ont tellement évolué au cours de son long règne de 38 années que les analyses, commentaires ou jugements deviennent aisément contradictoires.
Né le 28 juin 1491, Henry n'était pas destiné à monter sur le trône.Il avait un frère aîné, Arthur, né en 1486. Leur père, Henry VII, fondateur en 1485 de la dynastie des Tudors, pensait faire du cadet un archevêque: dans ce but, on lui donna une excellente éducation intellectuelle qui correspondait bien à sa remarquable intelligence.Peu de princes du XVIe siècle ont été aussi instruits que lui; à sa vivacité d'esprit s'ajoutait de grandes aptitudes physiques, avant qu'il ne devienne à jamais obèse vers les quarante ans...
Son destin a soudain basculé le 2 avril 1502, lorsque son aîné, Arthur, âgé de 16 ans, mourut de la tuberculose.
Il monta sur le trône à moins de 18 ans, le 21 avril 1509, après la mort de son père, Henry VII, un monarque énergique mais prudent, conscient de la fragilité de son pouvoir qu'il avait dû conserver en luttant âprement, héritant d'un pays ruiné par la Guerre des Deux Roses qui prend fin en 1485. Il lui fallait réaffirmer la royauté anglaise, tout en se gardant d'une politique trop ambitieuse.
Mais cette prudence paternelle ne convenait pas à l'ambition fougueuse du fils.
S'appuyant sur le futur évêque puis cardinal Wolsey (1473-1530),l'un des Conseillers de son père, dont il fit son principal ministre, Henry VIII voulait que l'Angleterre jouât un premier rôle dans le concert des nations.
Il rêvait même de relever les ambitions françaises des Plantagenêts et de lancer quelques chevauchées guerrières dans le royaume de France qui était devenu de taille à se défendre: ses premiers succès, à Guinegate et à Tournai, en août 1513, furent de faible ampleur, sauf aux yeux des Anglais.
Mais Henry admirait et enviait François Ier; cela déboucha sur la célèbre rencontre du Drap d'Or, en Flandres, en juin 1520 où les souverains d'Angleterre et de France rivalisèrent d'éclat, c'est-à-dire de "poudre aux yeux". François en fut pour ses frais, Henry prenant, quelques mois suivants, le parti du puissant Charles Quint, l'ennemi de la France. Puis, il opéra une volte-face, quand le Français se trouva diminué par sa défaite de Pavie en Italie: selon les circonstances, Henry joua de l'un ou de l'autre. La perfide Albion confirmait alors tous ses talents...
L'entrevue du Camp du Drap d'Or du 5 au 24 juin 1520: une fanfaronnade de trop...
Aux yeux des Anglais de son temps, Henry VIII apparaît comme le roi qui, après la longue parenthèse ouverte par la défaite de Castillon en 1453, dont la guerre des Deux Roses est venue amplifier les effets, a restauré la puissance du royaume et lui a redonné de l'éclat.
Au prestige personnel du monarque, au caractère brillant de sa cour, à sa nouvelle position en Europe s'ajoutait la volonté de peser sur les mers, ce qui symbolisa le lancement d'un vaisseau de prestige, "le great Harry".
Personne ne devait plus douter que le royaume avait à sa tête un souverain d'exception.
This is the Signed original Oil painting by Cecil Doughty.
The Great Harry or Henry Grace a Dieu 1514 was one of the first ships of war to carry guns that fired through ports along her side. A beautiful painting by Doughty, showing the great ship about to sail.
"The great Harry"
Fleuron de la marine anglaise.
A partir du règne d'Henry VIII puis de sa fille Elizabeth Ière, la marine anglaise se modernise rapidement, grâce à une politique volontariste; déjà le système administratif des finances est plus moderne que celui de la France.
L'acteur Jonathan Rhys-Meyers: un Sexy-Tudor.
Le talentueux et séduisant Henry Cavill est Charles Brandon, l'ami du roi.
Puis, vers l'âge de 30 ans, le comportement du roi changea, tout autant que son apparence physique. Les historiens spécialistes du règne optent pour une série de micro traumatismes psycho-affectifs dus à des contrariétés et frustrations mal gérées, augmentées par un soubassement psychotique: imprévus conjugaux, politiques et religieux qui allaient imprimer de façon décisive un nouveau cours à l'histoire de l'Angleterre...
Catherine d'Aragon; première épouse d'Henry VIII; pour son plus grand malheur.
Le 11 juin 1509, pour des raisons dynastiques, Henry avait épousé la veuve de son défunt frère, Catherine d'Aragon. Il avait 18 ans, elle en avait 23. Tout indique qu'ils étaient fort épris l'un de l'autre...Mais Catherine ne donna pas à son époux le fils qu'il espérait tant afin d'asseoir la dynastie.
Après plusieurs fausses couches, l'espoir de nouvelles grossesses disparut...Le couple commença à chavirer.Le roi chercha alors des compensations auprès des suivantes de son épouse, ce qui scandalisa la cour et le petit peuple qui aimait leur reine, fervente catholique, très pieuse, vertueuse et très généreuse envers les plus humbles.
Naquit en 1519, un fils naturel, Henry Fitzroy, qui mourut prématurément en 1536; cette naissance portait la preuve que le roi pouvait engendrer un enfant mâle.
François 1er, roi de France de 1515 à 1547; il épuisa le royaume des lys dans les guerres d'Italie.
Au difficultés privées, s'ajoutèrent celles de la politique étrangère. Henry VIII se rapprocha de François 1er, roi diminué, battu à Pavie en 1525 où il fut fait prisonnier puis libéré contre une forte rançon, ses deux fils dont le Dauphin retenus en otage en Espagne.
Simultanément, il entrait en conflit avec le très puissant Charles Quint, neveu de Catherine d'Aragon dont Henry se détournait, au profit de la jeune Anne Boleyn, dame de compagnie d'une reine esseulée et publiquement humiliée...
Anne Boleyn (1507-1536), seconde épouse d'Henry VIII; mère d'Elizabeth Ière.Accusée d'adultère, elle fut décapitée.
Mais la nouvelle favorite refusa de se laisser enfermer dans le rôle de maîtresse officielle.Elle fit si bien que le roi, éperdument amoureux, résolut de l'épouser. Henry pensa trouver des arguments théologiques pouvant justifier une annulation de son mariage...Si son union avec Catherine avait été infructueuse, c'était, selon lui, un châtiment de Dieu, courroucé par ses épousailles avec la femme de son frère. Bien sûr, cet argument ostensiblement fallacieux fut rejeté par le pape Clément VII.
Or, les relations avec la papauté et la Couronne d'Angleterre étaient conflictuelles depuis le milieu du XIVe siècle...
Sur le débat théologico-politique qui s'ensuivit, nous disposons de l'étude de référence de Charles Giry-Deloison: le schisme d'Henry VIII. Rappelons que , sous l'influence de ses principaux conseillers du moment, Thomas Cromwell et Thomas Cranmer, archevêque de Canterbury, le roi, s'indignant de l'opposition du pape à son divorce, prit le risque d'un conflit qui entraîna son excommunication (1533).
Henry s'entêta. Il riposta par l'Acte de Suprématie (1534) qui faisait de lui le chef suprême de l'Église d'Angleterre; agissant ainsi, il exploitait un mécontentement ancien à l'égard de la fiscalité pontificale et de la richesse des ordres monastiques.
Le roi se fit ainsi le fondateur d'une Église nationale; un choix qui entraîna la dévolution des biens de l'Église et le basculement dans le protestantisme qu'Henry VIII n'avait ni vraiment voulu ni réellement envisagé. Mais surtout, en se coupant de la papauté, il coupa son royaume d'un canal de grâces irremplaçable...
Cette politique en partie involontaire, contribua, de façon trompeuse, à restaurer la grandeur de l'Angleterre, tout en modifiant profondément ses institutions.
Sir Thomas More: un homme de dieu avant d'être un homme du roi.
"Être ou ne pas être? Telle est la question".
Dès le début de son règne, Henry VIII avait montré que nul ne pourrait impunément s'opposer à son orgueilleuse volonté. Il avait fait condamner et exécuter les deux principaux conseillers de son père. Plus tard, Thomas More mais également Thomas Cromwell éprouvèrent à leur tour combien il était périlleux de lui résister...Le premier fut exécuté en 1535, le second en 1540.
Dans le même temps, tel un Dorian Gray, l'apparence physique du souverain s'était métamorphosée: après 1535, le roi était devenu un quadragénaire à la santé délabrée, en proie à la boulimie, le beau cavalier d'autrefois avait fait place à un personnage monstrueux, émule de Barbe-bleue. Ses jambes atteintes d'ulcères, ne parvenaient plus à soutenir son énorme corpulence.
Un "Barbe-Bleue" aux appétits sexuels insatiables.
Henry était de plus en plus obsédé par la consolidation de sa dynastie que seul, un enfant mâle pouvait lui assurer.N'ayant eu qu'une fille (la future Marie Tudor) de son union avec Catherine d'Aragon, il eut de nouveau une fille (la future Élisabeth Ière) avec Anne Boleyn. Cette dernière, très impopulaire, fut accusée d'adultère et exécutée en 1536. Elle fut remplacée par par sa concurrente, Anne Seymour, qui mourut en couches en 1537, après avoir donné le jour au futur Édouard VI ( qui régna de 1547 à 1553).
Henry prit ensuite pour nouvelle épouse Anne de Clèves en 1540, qu'il répudia la même année. Peu après,, il épousait Catherine Howard, que son inconduite mena à l'échafaud en 1542. Dès 1543, il se remariait avec Catherine Parr, qui lui survécut...
De cette incroyable et dramatique suite conjugale, unique dans les annales des dynasties royales européennes, en pleine "Renaissance" si éprise d'humanisme, dans une monarchie qui n'était pas absolue, a résulté l'image persistante du souverain obèse, tyrannique et sanguinaire, émule de Barbe-Bleue.
Une monarchie appuyée par la petite noblesse.
Au- delà de ses démêlés conjugaux, le roi ne cessa de s'appuyer sur son peuple, recherchant son appui, en particulier celui de la petite et moyenne noblesse, la gentry, largement prédominante aux Communes. Il voulait incarner vraiment le royaume, c'est pourquoi il fit souvent appel au parlement dans des questions fondamentales qui n'étaient pas jusque-là de son ressort: la politique dynastique-divorces et remariages-, le règlement de la succession au trône, la mise en place de nouvelles institutions, ou encore la décision de procéder à des changements fondamentaux comme la création d'une Église nationale.
Le Parlement fut réuni presque chaque année à partir de 1529; son appui tenait aux grands talents de manipulation du roi et de ses principaux conseillers, notamment Thomas Cromwell, à leur maîtrise d'une propagande royale qui assura au souverain l'appui de ses sujets.
Mais ce faisant, en développant les domaines d'intervention du Parlement, il jetait les germes des conflits sanglants du XVIIème siècle entre ses successeurs de la Maison des Stuarts et les Anglais.
Henry VIII façonna pour des siècles le visage de la monarchie anglaise.
Sous l'impulsion de son ministre T.Cromwell, la structure du gouvernement central se modernisa: apparition et développement du Conseil privé, réorganisation des finances royales. En dépit d'un faible personnel administratif, le règne d'Henry VIII connut un net accroissement du pouvoir central. La politique religieuse elle-même s'inscrit dans cette épure; jusqu'à sa réforme, l'Eglise d'Angleterre avait été très indépendante du trône, et beaucoup plus liée à Rome qu'au souverain.
Mais l'Église anglicane, au fil des siècles, généra tant de dérives progressistes (femmes évêques, mariage homosexuel, homoparentalité, euthanasie...) qu'aujourd'hui, de nombreux évêques anglicans cherchent à la quitter pour redevenir catholiques romains.
En restaurant la position du royaume d'Angleterre, Henry a fait de celui-ci un acteur très important des relations inter-européennes; il préparait ainsi le règne de sa fille, Élisabeth Ière, et son choix d'une grande politique maritime, assise de la grandeur du futur empire britannique sur le quel le soleil ne se couchait jamais.
Le château de Hampton Court, en bordure de la Tamise; Henry VIII en fit sa principale résidence.
Le château lugubre de Barbe-Bleue.
Blois
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Les châteaux de la Loire sous le règne de François Ier:
l'architecture heureuse inspirée de l'art italien traduit l'équilibre et le génie de la dynastie capétienne des Valois.
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