Edmund Barry est un gigolo; c'est un arriviste ! Il cherche à s'introduire de force dans une société qui n'est pas la sienne en ignorant ses
codes. Certes, il possède un certain goût pour les arts et tout ce qui est beau ou "belle"; cet homme-là a fui la justice des hommes mais sera rattrapé par celle de Dieu qu'il a tant
méprisé.C'est un tricheur! Le seul amour de cet être faible, calculateur et cynique est son fils ... qui lui sera enlevé...
Il se voit contraint de fuir la justice de son pays après s'être battu en duel. Il s'enrôle alors dans l'armée britannique mais déserte à la première bataille. Les Prussiens le font prisonnier et le contraignent à servir sous leur drapeau.
Apprenant les usages du monde, mais non ses lois codifiées et implacables, Barry s'introduit dans la brillante société européenne. Il devient espion, tricheur, connaît des succès auprès des femmes et chasse de son coeur tout romantisme.
Il assure son avenir en épousant une jeune femme d'une grande beauté, veuve et fort riche : la comtesse de Lyndon.
Ce mariage, qui lui apporte un fils et une fortune considérable, le conduit
cependant à sa perte.
Il trompe sa femme et s'attire l'inimitié de son beau-fils, Lord
Bullingdon.
Après la mort de son propre fils, il s'éloigne de plus en plus de son épouse qui tente de se suicider. Blessé par Bullingdon au cours d'un duel, Barry doit quitter l'Angleterre.
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Pour Stanley Kubrick il est très important d'annoncer très à l'avance les événements importants de l'intrigue. Les anecdotes et
les renversements de situation sont rendus plus inévitables et réduisent le rôle du "Deux ex machina".
On apprend ainsi que le fils de Barry va mourir alors qu'il joue avec lui : cette scène de jeu y gagne une qualité tragique et l'accident ne nous prend pas au dépourvu. Sinon, on se demanderait bien pourquoi, à ce moment de l'histoire, on voit l'homme et l'enfant jouer au croquet.
"...Barry est de plus en plus seul. Les circonstances font qu'au début il a des gens à qui parler. Mais après son mariage d'argent, il s'isole presque totalement de toute personne avec qui il pourrait avoir une relation de sympathie, à l'exception de son fils ( ) C'est une tragédie. Le mélodrame, lui, utilise tous les problèmes et les catastrophes qui frappent les personnages principaux pour montrer que finalement, le monde est un lieu de justice. Mais la tragédie qui essaie de présenter la vie de façon plus honnête et plus proche de la réalité que ne le fait le mélodrame, vous laisse un sentiment de désolation.
Edmund Barry est un homme seul qui retournera d'où il vient: il sera impitoyablement rejeté comme un corps étranger après une greffe.
"J'ai cherché de meilleures représentations de ce tableau sur internet, mais je n'en ai pas trouvé. J'ai perdu assez de temps avec cela, alors voici une image qui est loin de pouvoir faire comprendre pourquoi j'ai ressenti une grande émotion en le revoyant, il y a quelques jours.
Je n'en dirai que quelques mots, mais des mots essentiels.
Qu'on me permette d'être immodeste. Ce que je vais dire ici, personne ne l'a jamais dit, ni écrit, ni entendu, ni lu, ni su, ni vu, ni voulu.
La toile est de William Ashford, et elle date de la fin du XVIIIe siècle. Quand on la voit en vrai, on paie attention à la rivière en contrebas (Liffey), et à la ville, au loin, qui n'est autre que Dublin, et que l'on reconnaît aisément grâce à la forme reconnaissable de quelques bâtiments (tous construits, bien sûr, par les Anglais.) Les arbres, le cerf du premier plan, ne sont là que pour encadrer la ville, lui donner un écrin artistique, européen, "italianesque", civilisé quoi.
Deux choses, pourtant, ont été découvertes par moi seul, et c'est là que je vais être, avec votre permission, un peu immodeste. Premièrement, la vue est topographique mais elle est impossible. Ashford n’a jamais vu ce qu’il a peint. Le visiteur reconnaît tout, et peut nommer tous les éléments du tableau : l’hôpital de Kilmainham, aujourd’hui transformé en musée d’art contemporain, le fort militaire, le barrage de Chapelizod, tout est correct. Mais l’ensemble est pure invention.
En effet, qu’on m’écoute bien : nulle part au monde, aucun endroit de l’univers ne peut offrir ce point de vue. Ashford a créé un point de vue inédit qui lui permet d’inventer Dublin.
Deuxième révélation. Le tableau est structuré sur une ligne d’horizon classique. A l’extrémité droite, le Royal hospital. A l’extrémité gauche, le Magazine Fort. Malheureusement, cette reproduction ne montre pas l'hôpital à l'extrêmité droite. Il faut me croire, voilà tout, ou il faut aller à Dublin, vérifier sur place.
Bref. Nous avons donc deux gros symboles militaires qui encadrent la vue de Dublin. La caserne que l'on peut toujours voir dans le célèbre Phénix Park, et l'hôpital de Kilmainham qui avait pour vocation de soigner les invalides de guerre. (Il se visite aujourd'hui, je le répète, car il est devenu un très beau musée d'art moderne et contemporain.)
A la National Gallery, le cartel parle d’une vue idyllique, de la sérénité des outskirts de la ville. La littérature d’histoire de l’art ne va pas plus loin. Ce n’est pourtant pas difficile de voir ce qui se trame sous la sérénité des outskirts de la ville.
C’est l’armée britannique qui, en encadrant la ville irlando-anglaise, apporte la paix, l’ordre et l’harmonie".
Le XVIIIe siècle irlandais, dont l’acte de naissance est la signature du traité de Limerick, est en quelque sorte le siècle d’or de la domination protestante coloniale. Les premiers nationalistes parlaient de nation irlandaise protestante. Mais des mécontentements se sont fait sentir, d’autant plus que les colons irlandais ont de moins en moins eu besoin de l’Angleterre pour assurer leur sécurité.
Le premier nationalisme irlandais provient donc des colons protestants qui voulaient à tout prix garder le pouvoir dans l’île.
C’est dès la fin du XVIIe siècle qu’on assiste à un essor du nationalisme protestant avec des personnes comme Molyneux ou Swift. Molyneux (1656-1698), est né à Dublin, il devient haut fonctionnaire, puis député. Bien qu’il soit protestant d’origine anglaise, il défend l’autonomie du parlement Irlandais, en s’appuyant sur les droits hérités du Moyen Âge. L’ouvrage de William Molyneux, The case of island stated, publié en 1698 devient très vite tout au long du XVIIIe siècle une sorte de référence patriotique et connut une réédition en Irlande et aux États-Unis. Enfin Swift a combattu les abus de l’ordre politique en place, et il était un ardent défenseur de l’indépendance législative et constitutionnelle de l’Irlande protestante.
The Irish House of Commons, 1780 by Francis Wheatley
La contestation coloniale s’est incarnée à la Chambre des Communes, dès 1760 avec un petit groupe de protestants libéraux déçus de la politique anglaise en Irlande.
Ce groupe parlementaire se nommait les « patriotes irlandais », et étaient composés d’Henry Flood, et dès 1775, d’Henry Grattan. Ils ont tout d’abord réclamé la liberté commerciale envers l’Angleterre, car la couronne anglaise pratiquait des mesures protectionnistes sur la plupart des marchandises venues d’Irlande comme pour l’agriculture.
Mais c’est surtout dans le domaine industriel que le protectionnisme se ressentait le plus. L’industrie textile était la plus importante des activités exportatrices anglaises. Or l’Irlande possédait un embryon d’industrie textile axée sur la production de laine. La législation tudorienne en interdit l’exportation. On estime que c’est une des raisons qui a provoqué la ruine de l’industrie lainière, ce qui va entraîner par la suite une importante émigration presbytérienne vers le continent américain. Leur deuxième grande réclamation était l’indépendance législative de l’Irlande vis-à-vis de l’Angleterre.
Henry Flood fit Voter en 1768 l’Octennial Act qui limitait à huit ans la durée du mandat parlementaire. La première législature « élue » sous ce régime, était plus sensible aux revendications du groupe des partisans Irlandais.
Les idées des parlementaires partisans avaient eu quelque influence, mais c’est surtout la révolte des colons d’Amérique qui va servir de tremplin à leurs revendications.
Originally entitled Yankee Doodle, this is one of several versions of a scene painted by A.M. Willard in the late nineteenth century that came to be known as The Spirit of '76. Often imitated or parodied, it is one of the most famous images relating to the American Revolutionary War. The life-sized original hangs in Abbot Hall in Marblehead, Massachusetts.
Les répercussions de la guerre d’indépendance américaine:L'Esprit de 1776 ou l'influence de la révolution américaine en Irlande.
Bien que le Parlement irlandais ait affirmé sa loyauté envers la couronne anglaise, la rébellion des colonies américaines échauffait les esprits.
La plupart des colons irlandais se sentaient très proches des insurgés américains. Tout d’abord à cause de la similarité des revendications et aussi à cause de la forte émigration de protestants irlandais en Nouvelle-Angleterre. En raison de ces difficultés militaires, l’Angleterre avait dû retirer une partie de ses troupes stationnées en Irlande pour les envoyer combattre en Amérique. Dans toute l’Irlande, des milices s’organisaient pour prendre la relève des troupes et ainsi assurer la défense des côtes contre une éventuelle invasion franco-espagnole. Patronné par les pairs du royaume, financé par les grands propriétaires, ce mouvement des volontaires, commandé en 1778 par le duc de Leinster, va compter près de 40 000 hommes. En 1780, l’armée des volontaires, forte de 80 000 hommes, fut placée sous les ordres d’un patriote, le compte de Charlemont, un ami de Flood et de Grattan. Les volontaires sont d’abord composés de membres des classes moyennes protestantes, qui sont pour la plupart pro-américains et hostile à toute intervention du parlement anglais dans la vie politique irlandaise. Peu à peu, des bourgeois catholiques y entrent à leur tour. Les Volontaires qui parlent au nom du peuple deviennent le pivot de la lutte constitutionnelle, en menaçant le pouvoir anglais de suivre l’exemple américain.
Dès 1778, des lois émancipatrices en faveur des catholiques sont votées, complétés par une loi de 1782. Elles leur concédaient le droit de détenir de la terre avec des baux de longue durée, abolissaient les dispositions qui permettaient aux fils convertis de spolier leur famille et décidaient que les successions catholiques se feraient selon le droit commun. Ce n’était pas encore l’égalité des droits, mais c’était une première brèche significative dans les lois pénales. Ces nouvelles avancées sont dues en partie aux protestants éclairés, favorables à l’assouplissement des lois pénales.
Henry Grattan se félicite en 1782 de l’abrogation du code pénal au nom de la nécessité d’union nationale. Pour la majorité des protestants d’Irlande, les catholiques ne constituaient plus un réel danger, et il était normal que les protestants contrôlent l’Irlande mais que les catholiques retrouvent leur identité. Ces avancés pour les catholiques sont aussi dues au gouvernement britannique qui tenta de renforcer le pouvoir catholique afin de contrecarrer les trop fortes ambitions de certains colons protestants.
Néanmoins, au cours de la longue guerre d’indépendance américaine, les revendications des patriotes irlandais devinrent plus radicales. Ces derniers, ont maintenant une nouvelle forme de pression grâce aux volontaires...