17 septembre 2007
" à mes parents..."
prix/sélections spéciaux
European Film Awards 2008 European Film Academy Prix d'Excellence
Berlinale 2008 En Compétition
Orły - Polish Film Awards 2008 Meilleur Second Rôle Féminin (Danuta Stenka)
Meilleure Photographie
Meilleure Musique
Meilleur Son
Meilleure Scénographie
Meilleurs Costumes
Anna, la femme d'un capitaine d'un régiment des Uhlans, attend le retour de son mari. Elle ne peut se résoudre à l'idée qu'il ait été assassiné par les Russes.
Silence et mensonges brisent le cur d'Agnieszka, la sur d'un pilote qui a connu le même sort.
Armes royales de Pologne
Cavaliers polonais en 1939
1er septembre 1939
La Pologne est attaquée à l'ouest par l'Allemagne nazie.
Les soviétiques attaquent à l'est.
Les villes sont écrasées sous les bombardement des Stukas, les civils fuient désespérément mais ils sont pris en tenaille.
Abandonnée par ses alliés, la Pologne va connaître destructions, massacres et humiliations.
Quelques membres du gouvernement réussissent à se réfugier à Londres d'où ils continueront la lutte.
L'armée polonaise se battit avec une bravoure admirable, en particulier la Cavalerie.
Mais face aux machines de guerre nazies et soviétiques, les armées polonaises furent vaincues en 36 jours.
Tout avait été planifié par l'improbable Pacte germano-soviétique du 23 août 1939
Le Pacte germano soviétique plonge les uns dans l'effroi et suscite chez les autres un lâche soulagement.
En France, les communistes justifient cet accord par une pirouette dont ils ont le secret.
Ordre personnel de Staline: éliminer les élites polonaises!
Entre le 3 avril et le 13 mai 1940, plus de 4 400 prisonniers furent transportés de Kozielsk, dans la forêt de Katyn, prés de Smolensk, située à environ 50 kms de la frontière biélorusse où ils furent abattus d'une balle dans la nuque et ensevelis dans des fosses communes.
Les 3 896 prisonniers de Starobielsk furent assassinés dans les locaux du NKVD à Kharkov et les 6 287 détenus à Ostaszkow tués à Kalinine.
Responsable à Katyn de l'assassinat de 14 700 officiers de l'armée polonaise ainsi que de 11 000 membres de la Résistance polonaise anti-nazie retenus dans les prisons d'Ukraine et de Biélorussie occidentales, le NKVD a laissé en Pologne un profond traumatisme.
Littéralement "Commissariat du peuple aux affaires intérieures", le NKVD était la police politique de l'URSS créée en 1934 à la suite de la Guépéou.
Le rôle de cette police était de contrôler la population et la direction de l'URSS; ses chefs ne rendaient des comptes qu'à Staline.
Le NKVD rassemblait plusieurs milliers d'hommes, allant d'agents de police aux militaires.
Durant la Seconde Guerre mondiale, le NKVD avait ses propres divisions et leur contrôle s'étendait jusqu'à la ligne de front.
Les historiens estime à environ 3,5 millions le nombre des victimes du NKVD qui avait en charge tout le système répressif de l'URSS, goulag compris.
Les fantômes de la forêt de Katyn ne réclament pas vengeance mais veulent que la vérité éclate au grand jour...
Les massacres ont donc concerné au cours de ces seuls trois mois, plus de 14 400 Polonais. Il faut ajouter à cela prés de 7 800 membres de réseaux de résistance et fonctionnaires divers, non mobilisés dans l'armée, qui au titre de la décision du 5 mars 1940, furent fusillés par les OSO (Conseil spécial de la Police).
Le massacre fut découvert et dénoncé par les Allemands puis aussitôt retourné par les Soviétiques en "crime nazi".
L'Occident resta muet pour ménager les communistes devenus des alliés indispensables contre Hitler lorsque ce dernier attaqua l'URSS le 21 juin 1941.
Les nazis ayant perdu la guerre, la vérité fut celle des vainqueurs: " crime nazi"!.
Katyn était devenu un sujet tabou en Pologne et la vérité sur les crimes communistes ne fut connu que beaucoup plus tard.
Ce n'est qu'en 1990, que Mikhail Gorbatchev, désirant assainir les relations avec la Pologne, reconnaissait que le NKVD était responsable du massacre et présenta des excuses officielles au peuple polonais.
Andrzej Wajda
" Katyn est fortement enraciné dans la mémoire des Polonais...
Le régime communiste polonais n'a jamais été disposé à dire la vérité sur Katyn, aucun livre, aucun débat n'était permis sur la question. Son souvenir a constitué un grave obstacle dans les relations entre la Pologne et la Russie...En même temps, l'attitude des alliés a entaché également les relations entre la Pologne et l'Occident.
Leur silence à propos de ces massacres a été perçu comme une trahison. J'ai fait ce film pour qu'un deuil soit porté, qu'une blessure profonde puisse cicatriser, pour mes parents, pour mon père qui fut abattu comme des milliers d'autres officiers polonais ...
La vérité prendra toujours le dessus sur le mensonge"
Andrzej Wajda au quotidien italien La Reppublica
Les lieux d'exécutions
A. Wajda a choisi de placer au début du film une dédicace:
Son père, Jakub Wajda, était capitaine d'un régiment d'infanterie de l'armée polonaise.
Il a été exécuté d'une balle dans la nuque par le NKVD. Comme des centaines d'autres femmes, sa mère a longtemps refusé d'accepter sa mort.
" Ma mère s'est nourrie d'illusions jusqu'à la fin de sa vie, car le nom de mon père figurait avec un autre prénom sur la liste des officiers massacrés".
Katyn raconte l'histoire tragique de son père, l'un des 22 500 officiers polonais massacrés par les Soviétiques en 1940 à Katyn et d'autres camps.
Wajda prend le parti de raconter l'histoire du point de vue des survivants ( épouses, mères, fils et filles) coupés de la vérité et trompés par la censure.
Ce sont d'abord ces drames individuels qui rendent le film poignant grâce à une mise en scène sans "pathos" et au jeu sobre des acteurs.
La tension dramatique naît de ce que le spectateur sait, attend, redoute...
"Jusqu'en 1950 où elle est décédée, ma mère avait refusé de croire qu'il avait été tué"
Pour assurer la réussite du film, Andrrzej Wajda a confié les images à Pawel Edelman, chef opérateur pour Le Pianiste de Roman Polanski et la musique au compositeur polonais Krzystof Penderecki.
Symboliquement, la première mondiale du film a eu lieu le 17 septembre 2007.
Ce jour-là, en 1939, l'Armée rouge envahissait l'Est de la Pologne pour se partager le pays à l'amiable avec l'Allemagne nazie qui avait commencé son invasion le 1er septembre.
A travers ce film, A.Wajda a cherché à commémorer ce qu'il surnomme une grande blessure polonaise:
"Les gens attendaient ce film. ..Il traite d'une très grande blessure polonaise qui est ressentie par la nation polonaise toute entière; il n'y a pas d'autres moyens pour cicatriser cette blessure".
02/02/2008 - Cineuropa: Katyn restitue une mémoire historique contre un mensonge cruel, toujours diffusé, mais c'est aussi une histoire inspirée par votre propre tragédie familiale – l'attente du père disparu. Etait-il difficile de joindre ces deux perspectives?
Andrzej Wajda: Oui et c'est exactement pour ces raisons que la réalisation du film a pris plusieurs années. Finalement, le film est composé de scènes choisies et de dialogues trouvés dans les journaux intimes, dans les mémoires et les correspondances que les officiers assassinés menèrent avec leurs femmes.
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A qui le film est-il adressé ? Aux familles touchées par le traumatisme de Katyn ou à ceux qui ne sont pas conscients du poids de cet évènement?
Les familles dont l’histoire est liée à Katyn connaissent bien la vérité. J'adresse donc mon film au jeune public polonais pour qui ce sujet est étranger, méconnu. Je l'adresse également au public plus âgé qui, à l'époque de la République Populaire de Pologne, n'entendait que des mensonges à ce sujet.
Quelles sont les réactions du jeune public? Répond-il à ce que vous y attendiez?
Oui, décidément oui. La preuve, c'est le long silence qui suit la fin de la projection du film.
Les personnages du film sont-ils proches de la réalité ou plus fictifs?
Ce sont, en grande majorité, des personnages authentiques – comme la femme du général Smorawinska ou le professeur de l'Université de Cracovie, ainsi que sa femme. Les autres personnages sont des mélanges entre personnes réelles et fictives, comme le commandant soviétique Popov, dont le nom et l'histoire présentés sont véridiques.
Votre conception du film était-elle déterminée dès le début?
Non. La tragédie qui a eu lieu dans la forêt de Katyn peut être présentée de plusieurs façons. Mais j'ai dû sans cesse penser au fait que c'était le premier film consacré à ce sujet.
Quel a été le plus difficile dans la réalisation du film?
Le plus dur était de commencer... De décider de démarrer la réalisation du film sans pourtant avoir un scénario définitif.
En mai ou juin prochain, vous allez commencer le tournage de votre nouveau film – l'adaptation de la nouvelle Tatarak de Jaroslaw Iwaszkiewicz. Ce n'est pas la première fois que vous travaillez sur la prose d’Iwaszkiewicz…
Effectivement. Après Katyn – un film politiquement engagé – je voulais revenir au cinéma psychologique, dont la femme est le sujet. La prose de Jaroslaw Iwaszkiewicz est une excellente matière pour ce type de cinéma.
La question que l'historien pose à son sujet est primordiale.
Pour quelles raisons Katyn a-t-il tardé à sortir en France?
Il devrait, après de nombreuses négociations, être sur les écrans en avril 2009, distribué confidentiellement par une toute petite société, alors qu'il est déjà sorti un peu partout en Europe, en Russie, aux États-Unis, qu'il a eu trois millions de spectateurs en Pologne?
Il a été présenté au Festival de Berlin en présence de la Chancelière Angela Merkel qui s'est dite bouleversée.
Et c'est la scène finale: dans une forêt obscure et glaciale, la tuerie programmée,méthodique, le geste mécanique infiniment répété, une balle dans la nuque...La mort, la fosse et les bulldozers qui recouvrent tout.
Dix minutes sans dialogues, sans musique.
Des images qui disent la vérité, celle des victimes.
Mémorial
Samedi 10 avril 2010, 8h56: une date tragique à retenir dans l'histoire de la Pologne:
Le Président polonais Lech Kaczynski, se rendant en Russie, prés de Smolensk pour assister aux cérémonies de commémoration des massacres de Katyn est tué dans le crash de l'avion présidentiel avec 96 autres personnes dont un grand nombre de membres du gouvernement polonais.
"Charbon des braises ardentes,
Caillou chauffé au rouge.
II faut d'abord serrer les Paroles avec une ceinture
pour les pousser ensuite au rythme de l'Amour absolu
Et créer un poème enflammé/par les cœurs. Lancer à la poursuite les trouveurs,
Qui annoncent à tous les peuples
La Vérité et la Liberté des paroles et des visions."
Poème de Karol Wojtila