Le réalisateur s’est inspiré d’une histoire vraie, celle que relate Garrard Conley dans ses mémoires. Dans Boy Erased, le héros est un jeune homme réservé, Jared(Lucas Hedges), qui a grandi dans une famille aimante auprès d’un père pasteur et d’une mère bienveillante mais quelque peu effacée (Nancy, jouée par Nicole Kidman).
Un jour, le père de Jared, Marshall (interprété par Russell Crowe), entend dire que son fils aurait montré des tendances homosexuelles. À ses yeux, cela ne pose aucun dilemme moral : l’homosexualité est un péché, il estime que sa religion la condamne et la considère comme une manifestation de Satan. Mais Marshall aime son fils.
Parce qu’il l’aime, et parce qu’il estime faire face à un « problème », il estime aussi devoir proposer une solution et celle qu’il a trouvée est d’envoyer Jared suivre une thérapie onéreuse qui peut apparemment guérir l’homosexualité.
À vrai dire, le jeune homme y entre sans être vraiment hostile à l’idée, affichant même un certain enthousiasme. La thérapie de conversion semble en effet lui offrir une porte de sortie appréciable : préserver la qualité de sa relation avec ses parents, mettre fin aux dilemmes qui l’habitent et l’ont poussé à rompre avec sa petite amie par le passé…
L’homosexualité, lui annonce-t-on, est un choix, au même titre que pratiquer une activité sportive. Et comme tout choix, on peut y renoncer moyennant un peu de force mentale et surtout, la volonté de « se redonner à Dieu ». Très croyant, Jared accueille au départ avec attention cette idée que l’homosexualité vient combler un vide dans sa vie, vide où il faut replacer Dieu.
Mais peu à peu, les méthodes employées lors de la thérapie de conversion vont commencer à faire naître chez lui un sentiment de malaise.
C’est un étrange mélange entre une approche psychologique où on lui demande d’explorer son arbre généalogique pour identifier des tares qui pourraient expliquer sa propre homosexualité, une approche comportementale où on essaie de lui apprendre à se conduire de manière virile (ce qui inclut des cours de posture, du sport, etc)… sur fond de religion à la limite du sectaire, avec une scène qui s’apparente à un exorcisme.
Jared, logé avec sa mère, a l’interdiction formelle de lui confier ce qu’il vit dans la journée… et au Centre, le moindre de ses gestes et de ses conversations est scruté et susceptible de prolonger la thérapie si l’on estime qu’il n’est pas guéri.
C’est un film d’une dureté sans nom, qui l’est encore plus quand on apprend que 36 États américains autorisent encore ce genre de thérapie de réorientation sexuelle sur des mineurs et que plus de 700 000 Américains en ont fait les frais.
Il rappelle que dans de nombreuses familles, l’annonce ou la découverte fortuite de l’homosexualité d’un enfant se termine par des drames. Et que l’annonce elle-même constitue souvent un drame, tant elle résulte de mois voire d’années d’angoisse avant d’oser exprimer au grand jour ce que l’on ressent au plus profond de soi.