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29 octobre 2009 4 29 /10 /octobre /2009 04:55

LES RAISINS DE LA COLÈRE


USA Affiche raisins de la colere19

États-Unis, début des années1930.


Ce film réaliste raconte, en noir et blanc, l'histoire de la famille Joad, lors de la Grande dépression américaine marquée par les séquelles de la crise économique et le Dust Bowl dans le sud du pays.

Ce chef d'œuvre du cinéma décrit la vie des paysans américains poussés sur les routes et plongés dans la misère pendant la crise économique d'octobre 1929 lorsqu'ils sont chassés de leurs terres par les banques qui prennent possession de leurs biens fonciers.

A la campagne, les agriculteurs sont les plus touchés par la crise.

 

Ce sont d'honnêtes gens, qui ne cherchent ni la richesse, ni la facilité, mais seulement un endroit pour vivre de leur travail et gagner honnêtement leur vie.

Ils incarnent ce peuple américain de pionniers qui doit souvent repartir à zéro pour échapper à la misère, doués d'une grande faculté d'adaptation et aptes à la mobilité.

 
USA-Lange-MigrantMother02.jpg 

 

 

Le thème du film est basé sur la dualité entre, d'une part la perte (matérielle et humaine) et le deuil et, d'autre part, l'espoir et le courage. Une oeuvre aussi courageuse que les personnages qu'elle met en scène, et qui a soulevé de nombreuses controverses à sa sortie.

Car c'est une oeuvre cinématographique de combat qui dénonce les méfaits du capitalisme sauvage, celui des États-Unis d'Amérique, ne l'oublions pas, nation fondée par des hommes soi-disant épris de liberté, de dignité; des protestants fondamentalistes fuyant les persécutions, des Francs-maçons imbibés des idéaux philosophiques du siècle des Lumières des Droits de l'homme...

 

 

 

USA-livre-economie-du-cine-americain-augros.jpg

 

 

 


L'industrie du cinéma américain est, depuis ses débuts, une formidable machine économique à fabriquer du rêve afin de faire oublier, durant quelques courts moments, les dures réalités de "l'american way of life"...

Finalement, ces utopistes auront fondé une nation puissante où règne la loi du dollar, du crédit et de la consommation, du profit rapide et du plus fort, érigée sur les cadavres de millions d'Indiens (cent vingt nations indiennes), l'esclavage des noirs et des lois raciales qui ne disparaîtront qu'à la fin des années 60.

La progression dramatique renvoie clairement à un épisode biblique précis: l'exode vers la Terre Promise du peuple juif qui était tenu en captivité dans l' Égypte des pharaons.

Le film fut diffusé en URSS mais l'impact idéologique se révéla contraire à ce que Staline escomptait: les Russes se demandaient comment des miséreux pouvaient encore posséder une automobile?

Les raisins de la colère  furent amers au goût de la censure communiste et promptement retiré.

Aux États-Unis, il est un des films culte de la gauche américaine.

En 1940, année de sa sortie, les États-Unis sont sur le point de devenir la première puissance économique de la planète grâce à leur entrée en guerre contre le Japon et l'Allemagne après l'attaque de Pearl Harbour.

Le peuple américain qui voulait se tenir tranquillement à l'écart du conflit européen, devra payer un lourd tribut à la lutte contre Hitler qui arriva au pouvoir grâce à la crise économique américaine: partie de New York le 29 octobre 1929, elle atteignit l'Europe en 1931 et frappa de plein fouet l'économie allemande à peine remise sur pied après la cruelle défaite de 1918.

Lorsque le président Hoover décida le retrait immédiat de tous les capitaux américains en Allemagne, cela ruina son économie en quelques mois. Cette décision insensée eut des conséquences dramatiques: chômage, famine, désespoir des classes moyennes:  en 1933, les Allemands votèrent massivement pour le parti d'Adolf  Hitler qui eut de nombreux sympathisants partout en Europe et jusqu'aux aux États Unis.

 

 

Résultat de plusieurs années de folles spéculations, le krach boursier de 1929, puis la crise internationale qui s'en suit, vont contraindre des millions d'américains au chômage, les poussant pour beaucoup,dans les rues des villes qui jusque il y a peu, demeuraient le symbole de la réussite économique et du profit facile.

Dés 1930, le taux de chômage explose aux Etats Unis, pour atteindre en 1932 le chiffre impressionnant de 13 millions de sans emplois. A l'arrivée du nouveau président Roosevelt, en 1933, le taux de chômage atteint 24,9% de la population active et se sont pas moins de 2 millions d'américains qui se retrouvent sans domicile fixe.

Le système d'aide public étant alors inexistant, les populations ruinées n'ont d'autres choix que de s'en remettre aux aides privés de l'Eglise, qui tant bien que mal parviennent à nourrir les nouveaux pauvres.
Dépossédés de touts leurs biens, privés de toit, les victimes de la crise, jetées sur les routes, se sont regroupées au sein de camps d'infortune dont le plus célebre alors, s'établit en plein coeur de New York et porte symboliquement le nom de "Hooverville", triste clin d'oeil à Herbert Hoover, 31eme président des Etats Unis, en fonction lors du début de la crise.

Au travers du pays, le phénomène se répand comme un traînée de poudre, et partout l'on voit pulluler des camps semblables à celui d'Hooverville, véritables ghettos et bidonvilles faits de cartons, de tôles et de toiles.


 

 


Bushville: image d'une Amérique ruinée.


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Photo de Dorothee Lange; 1930.


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La plupart des photos du films se dispensent de commentaires tant elles évoquent la détresse et la colère de ces paysans et ouvriers, déracinés et humiliés par la main invisible de la haute finance et du capitalisme sauvage.



Tom Joad (Henry Fonda) sort de prison après y avoir purgé une peine de quatre ans. Arrivé à la maison de ses parents, il découvre que celle-ci est vide à l'exception d'un malheureux nommé Muley qui lui explique que tous les fermiers de la région ont été chassés par des entrepreneurs.

Tom rejoint alors ses parents qui se sont réfugiés chez leurs propres parents. Expropriée par ces mêmes entrepreneurs, toute la famille Joad décide de quitter l'Oklahoma pour gagner la Californie où, parait-il, on peut encore trouver du travail.


L'Oklahoma est un État essentiellement agricole.

Tous s'entassent dans une vieux camion et le voyage commence.

Les États se succèdent, le Texas, le Nouveau Mexique, l'Arizona puis enfin cette Californie, symbole d'un nouvel espoir. Grampa et Grandma n'ont pas survécu à la dureté du voyage et les Joad découvrent la misère et la désolation.

 

Tom est blessé par un agent de la police après avoir fracassé le crâne d'un policier qui venait de tuer son ami Casey.

Recherché pour ce meurtre, Tom, qui a peur de compromettre les siens, leur dit adieu et leur annonce sa volonté de devenir l'un des chefs du mouvement social qui est en train d'agiter l'Amérique.

 
 

Les raisins de la colère allie un incontestable engagement social avec une parabole sur le motif biblique de la Terre Promise.

A Peter Bogdanovitch qui lui demandait ce qui l'avait attiré dans Les raisins de la colère, Ford répondait avec la plus grande simplicité :

 

"Je l'ai aimé, c'est tout. J'avais lu le livre - c'était une bonne histoire- et Darryl Zanuck en possédait un bon scénario. L'ensemble m'attirait - il s'agissait de gens simples- et l'histoire rassemblait à ce qui s'était passé en Irlande, lorsque l'on a chassé les gens de leurs terres et qu'on les a laissés errer sur les routes jusqu'à ce qu'ils meurent. J'aimais l'idée de cette famille partant et tentant de trouver son chemin dans le monde".

 

 


 

 


Ce parcours s'accompagne d'une volonté plastique constante.

L'expressionnisme se manifeste aussi bien dans la disposition des personnages, par groupes figés dans le cadre, que dans les éclairages, à la bougie ou par les phares des voitures. A l'antipode de ses films apaisés (She wore a yellow ruban, L'homme tranquille…), Ford met bien ici en scène une véritable opposition entre deux mondes.


Un monde disparaît, celui de la famille unie et des traditions séculaires (scène du vieux camion dans lequel monte toute la famille et que quitteront successivement le grand-père, la grand-mère, le gendre puis le fils aîné). Un autre monde peut-être va naître, enfanté dans le désarroi, le doute, la souffrance. Tom Joad qui part à la fin est à la fois le messager et l'artisan de ce nouveau monde en devenir.

 

C'est Zanuck qui décida de porter à l'écran le roman de John Steinbeck tout en sachant que certains, à l'intérieur même de la 20th Century Fox -notamment le Conseil d'administration- risqueraient de désapprouver le projet et même de s'y opposer en raison de son réalisme social. Afin d'éviter les réactions hostiles, Zanuck envoie la seconde équipe, dirigée par Otto Brower et chargée de filmer les plans d'extérieur, au Texas et en Oklahoma sans indiquer le véritable titre du film.

Pour tous, il s'agissait d'une comédie intitulée Highway 66 !

 

Johnson, le scénariste et Ford inventèrent la séquence, qui n'existe pas chez Steinbeck, du café pour routiers. C'est une très belle scène qui montre la pauvreté des Joad, la première attitude du refus des autres, puis la grande solidarité humaine qui finit par unir les protagonistes de la scène.

La fin est également différente de celle du livre, où Rosasharn voit mourir son enfant.

 

Dans le premier scénario, le film se terminait -comme dans la copie définitive- par la déclaration de Ma Joad. Une première version est tournée de manière que le film s'achève - c'est d'ailleurs encore le cas de certaines copies- sur la profession de foi de Tom disant à sa mère :

 

"Je serai partout dans l'ombre. Je serai partout où tu pourras me voir. Là où on se bat pour que des gens qui ont faim puissent manger, je serai là. Là où un policier frappe un type, je serai là. Je serai dans les hurlement de ceux qui crient lorsqu'ils sont fous. Je serai. Je serai dans les rires des enfants lorsqu'ils ont faim et qu'ils découvrent que le repas est prêt. Je serai là lorsque les gens mangent ce qu'ils ont fait pousser et vivent dans les maisons qu'ils ont construites"

 

Tout en reconnaissant la force de cette scène admirable -Henry Fonda y est sublime- Zanuck a demandé à Ford d'ajouter l'autre scène prévue dans la premier scénario, celle où ma Joad dit à son mari :

 

"Nous sommes le peuple qui vit. On ne peut pas nous effacer. On ne peut pas nous battre. Nous irons toujours de l'avant, Pa, parce que nous sommes le peuple".

 

C'est sur ces mots que se termine le film, un film qui rappelle, alors même que Franklin D. Roosevelt vient de bénéficier d'un nouveau mandat présidentiel, que tous les Américains ne vivent pas dans un rêve doré. Face au slogan "There's no way like the Amarican Way", Les raisins de la colère oppose une population de pauvres errant d'un bidonville à l'autre, la spéculation des entreprises et des banques ayant jeté sur les routes des fermiers désormais sans terre.

C'est d'ailleurs en étreignant pour la dernière fois sa terre, cette terre qui fut la sienne, que meurt le vieux grand-père Joad.


Le choix de Henry Fonda a été déterminant pour le succès du film.

Quelque années après J'ai le droit de vivre de Fritz Lang, quelques mois après Jesse James de Henry King, où il combat pour la terre et contre le capitalisme, distribuant aux pauvres ce qu'il prend aux riches, un an surtout après Young Mister Lincoln, Fonda est une fois de plus l'incarnation du courage de l'homme prêt à risquer sa vie contre l'injustice. Ce n'est pas une coïncidence si, en 1982, lors de l'enterrement d'Henry Fonda, on a lu les paroles de sa déclaration finale des Raisins de la colère.

 
 

 

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27 octobre 2009 2 27 /10 /octobre /2009 15:36
GOOD BYE LENIN
-9 novembre 1989: la chute du Mur de Berlin-



Nous sommes en RDA (République démocratique allemande créée le 7 octobre 1949) à la veille de la chute du mur de Berlin où les "valeurs socialistes" sont imposées à  la population depuis quarante longues années.

Ce monde s'écroule le 9 novembre 1989, mais Christiane Kern (Katrin Saß) , Berlinoise-Est n'y a pas participé, ni même assisté. Elle était alors dans le coma suite à un infarctus. Son sommeil forcé lui a sauvegardé ses illusions, ses idéaux communistes, sa vie de membre actif de la communauté et du parti, à qui elle consacrait la moitié de sa vie, l'autre étant destiné à ses deux enfants qu'elle a élevés seule depuis que leur père est parti à l'Ouest.

Huit mois plus tard, elle se réveille... Pour ne pas risquer une nouvelle attaque peut-être fatale à sa mère, Alex (Daniel Brühl), 21 ans, décide de lui cacher la vérité sur les événements du Mur de Berlin, et cela par tous les moyens imaginables et inimaginables.

Profitant de l'alitement provisoire de sa mère, il reconstitue avec acharnement la vie d'avant dans ses moindres détails: du cornichon de Spree (authentique cornichon de la RDA, mais introuvable dans les magasins depuis l'ouverture du marché), aux émissions télés recréées et réactualisées spécialement pour elle.

On rit beaucoup et les acteurs sont excellents.

Mais nous ne devons pas oublier ce que fut l'Allemagne sous le régime communiste et la souffrance de millions d'Allemands durant cette longue période de dictature allant de 1949 à 1990...


 


Un film qui traite avec drôlerie d'un sujet grave et d'une période qui a marqué plusieurs générations d'Allemands à travers la volonté d'un fils cherchant, par amour pour sa mère, à perpétuer artificiellement un cauchemar où celle-ci se trouvait à l'aise... 



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Les provinces de la République démocratique allemande, un État artificiel soumis à un régime totalitaire, inféodé à Moscou. Pendant quarante longues années, le peuple est-allemand sera enfermé et subira pénuries, censure, surveillance policière d'un État prétendant contrôler la vie de chacun, de la naissance à la mort. 
 C'est en particulier de Leipzig que partira la révolte contre la dictature socialiste.
Berlin, l'ancienne capitale, sera coupée en deux en 1961 par un mur construit à la hâte par les communistes: des milliers de familles seront soudainement et cruellement séparées.
Peuplée de 18 millions d'habitants, la République démocratique allemande (RDA) avait perdu  environ 3 millions de concitoyens entre 1949 et 1961.
Quelques semaines avant la construction du Mur, Erich Honecker, chef du Parti de l'unité socialiste (SED), avait nié vouloir édifier une telle muraille. Mais devant la fuite continue-en juillet, trente mille Allemands de l'Est-, Walter Ulbricht, le chef de l'État de la RDA, demanda à Moscou l'autorisation de mettre en place des mesures radicales. En quelques jours, ce sont des milliers de kilomètres de fils barbelés qui vont encercler Berlin-Ouest, coupant la ville en son milieu.




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Timbre de la RDA ou DDR: un dessin vaut mieux qu'un grand discours...



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Blason de la sinistre STASI, police politique aux pouvoirs quasi illimités sur une population durement soumise à la surveillance et à la pénurie .



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16 juin 1953


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Insurrection populaire à Leipzig contre la dictature communiste allemande:
60 000 Allemands sont dans les rues face aux chars soviétiques; la répression sera terrible mais le pouvoir est ébranlé...








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Monument aux morts de l'insurrection du 16 juin 1953




Une partie du Mur de Berlin, "le Mur de la honte".
Les autorités font construire ce mur dans la nuit du 12 au 13 août 1961 pour tenter d'arrêter l'hémorragie qui saigne l'Allemagne communiste: des milliers d'Allemands fuient désespérément vers Berlin Ouest. Ce sont souvent des diplômés, des médecins, des ingénieurs, des professeurs...
L'Occident proteste "énergiquement" mais aucun dirigeant ne veut risquer un conflit avec l'Union soviétique.
Faute de garder ses élites, les communistes les enferment.
De 1961 à 1989 plus de 360 Allemands seront abattus en voulant franchir la série d'obstacles gardés nuit et jour par la police et l'armée est allemandes par des barbelés, miradors, barrières anti-chars et "gazon de Staline" (tapis de pointes acérées).
Le dernier Allemand de l'Est sera tué quelques semaines seulement avant la chute du mur...




Chute-mur.jpg

9 novembre 1989: la chute du Mur.
Sans violences...




La liberté enfin retrouvée!

 

 

 







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14 octobre 2009 3 14 /10 /octobre /2009 15:03

 

"Le Bourgeois Gentilhomme"

est joué pour la première fois devant la Cour, à Chambord, le 14 octobre 1670.


 Bourgeois-gentilhomme.jpg


" Le roy ayant voulu faire un voyage à Chambord pour y prendre le divertissement de la chasse voulut donner à sa cour celui d'un ballet, et comme l'idée des Turcs, qu'on venait de voir à Paris, était encore toute récente, il crut qu'il serait bon de les faire paraître sur la scène".

in Mémoires du chevalier d'Arvieux.


 


Trompettes
 


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Louis XIV (1638-1715) fut, comme la plupart des rois de France, un protecteur des Arts & des Lettres.

Sous son règne, la civilisation française atteignit son apogée.

L'esprit du Roi Soleil brillait sur toute l'Europe.

Traumatisé par la Fronde, il se méfie de la haute noblesse et fait plutôt confiance à l'esprit travailleur et perspicace des bourgeois. Sous son règne, le commerce et la bourgeoisie d'affaires se développeront avec un dynamisme qui inquiètera l'angleterre.

 

France Carrousel 1662

 

 


 

Louis XIV, un homme de théâtre? Il y a de cela, en effet. Il se met en scène; il joue "un rôle". Certes, on peut dire que c'est sa fonction de roi qui l'exige. C'est vrai, bien sûr. Cependant, il ne faut pas oublier le Louis XIV "homme de scène". Il n'a pas joué la tragédie, ni la comédie. Quoique...Le premier rapport du Roi-Soleil avec l'art, ce n'est, en effet, ni la poésie, ni la peinture, ni l'architecture: c'est le théâtre. A double titre.

A peine eût-il pris les rênes du pouvoir, Mazarin (1602-1661), principal ministre qui est aussi son parrain, n'eut qu'une hâte: faire représenter à Paris le premier opéra jamais monté en France: La Finta Pazza, de Francesco Sacrati (1605-1650) . Agé de sept ans, le petit Louis l'a revu plusieurs fois, agrémenté d'ours, d'autruches et de singes, spécialement introduits à son intention. Le second point important, c'est la tradition française du "ballet de Cour", ce spectacle (car c'en était un, à part entière) que la Cour se donnait à elle-même, dans lequel les courtisans dansaient et jouaient. Louis XIV fut un virtuose dans le genre. Il a dansé son premier rôle à treize ans, et s'est arrêté vers trente cinq ans, en vrai professionnel, quand ses capacités techniques commencèrent à faiblir. Il a ainsi interprété plus de soixante rôles différents, comiques (un filou ivre, un bouffon...), héroïques (Alexandre, Apollon, Jupiter, Neptune...). Mieux encore: c'est sur sa demande Molière et Lully  ont créé le genre particulier de la comédie-ballet, où le Roi-Soleil, (imagine-t-on cela?)  dansait face à Molière et à Melle de Brie, comédienne célèbre (1630-1706)...

Louis XIV, homme de théâtre donc. On comprend mieux ce que veut dire Primi Visconti (1648-1713), écrivain italien, chroniqueur de la Cour " se composer  le visage d'un roi de théâtre" devant toute personne qui entre dans sa chambre, c'est en quelque sorte, pour lui, exercer son métier de roi. Nous sommes moins surpris lorsque nous lisons, sous la plume de St Simon (1675-1755),que l'on devine lui-même stupéfait, cette scène étonnante au cours de laquelle le roi, furieux contre le duc de Lauzun (1633-1723) qui le provoque, s'éloigne, jette sa canne par la fenêtre, se retourne vers les courtisans éberlués et leur lance: "Je serais fâché d'avoir à frapper un homme de condition".

C'est la mise ne scène du Roi-Soleil par lui-même.


 

Armoiries France royale

 

 

France Chambord

 

Château royal de Chambord

 

 

 

 

 

 

bourgeois_serrault.jpg 

 

Michel Serrault est Monsieur Jourdain, bourgeois qui veut aussi être gentilhomme.

A cette époque, vers la fin du XVIIe siècle, durant le siècle d'or, sous le règne de Louis XIV et de par la politique menée par Monsieur Colbert, la bourgeoisie d'affaires s'est considérablement enrichie par toutes sortes de négoces florissants, au détriment de la noblesse dont le code d'honneur lui interdit de faire du commerce, acte avillissant réservé au Tiers État. Le noble fait la guerre, le bourgeois des affaires.

 "Le gentilhomme" se distingue du "bourgeois", par son éducation, l'art et la manière d'être et de paraître, un état d'esprit, et surtout par ses quartiers de noblesse.

Nombre de "bourgeois" cherchent alors à s'allier à la noblesse par le biais de l'union matrimoniale: les filles de la haute bourgeoisie sont très recherchées par les nobles pour renflouer les caisses vides de leurs augustes familles.

Ce mouvement de société n'a pas échappé à l'observateur et à la l'esprit caustique de Molière.

 

 

 

Bourgeois.jpg

 

Voici, selon moi, la meilleure version filmée de cette pièce de théâtre de Molière.

Michel Serrault y joue un Monsieur Jourdain d'une façon que Molière aurait sans nul doute appréciée et Rosy Varte, une Madame Jourdain qui incarne la bonne bourgeoise comme on l'entendait à cette époque.

 

C'est un spectacle à part entière, pour petits et grands, avec musique de Lully, ballets, costumes, décors naturels, et cette langue française que de moins en moins de Français savent aujourd'hui, apprécier à sa juste valeur. 

 

 

France costume de prince 1680-1710 Barain

Costume de prince pour le théâtre

XVIIeme siècle.

 

 

 

"Le Bourgeois gentilhomme" n'est certes pas la meilleure pièce de Molière: son action commence au troisième acte, et elle manque d'unité; elle n'a ni la profondeur, ni la résonance humaine des grands chefs-d'œuvre. Pour quelles raisons?

Pour répondre à cette question, il est nécessaire de  dire en même temps ce qu'est le génie de Molière, et pourquoi il a persévéré dans le genre très particulier de la comédie-ballet.

 

France moliere portrait regard

 

France moliere main C.Antoine Corpel

France Moliere Sign

 

Jean-Baptiste Poquelin, plus connu sous le nom de Molière.

(1622-1673)

Il est le fils aîné de Jean Poquelin, marchand tapissier et de Marie Cressé.

Cette famille est l'exemple de la montée en puissance de la bonne bourgeoisie d'affaires et la preuve que "l'ascenseur social" mu par le mérite, fonctionnait mieux qu'on ne le croirait sous la monarchie française.

Molière est investi, de fait, mais non officiellement, du rôle important et dangereux de "bouffon du roi": il peut se moquer, dénoncer, railler mais il le fait toujours avec une élégance inégalée...

Molière est un ami du roi qui le pensionne et le protège; et il en a besoin car beaucoup voudrait le faire occire.

A rire de si bon coeur, on en oublierait que Le Bourgeois gentilhomme comporte une satire sociale.On peut admettre que la discussion entre Cléonte et Monsieur Jourdain (acte III, scène XII) est la preuve des préoccupations que Molière n'a cessé de répandre dans son oeuvre depuis Dom Juan et Le Tartuffe. En refusant de passer pour ce qu'il n'est pas, pour un gentilhomme, Cléonte veut se distinguer de tous ceux qui s'arrogent des titres auxquels ils n'ont pas droit. Cette usurpation de titres, si fréquente alors, soulève un problème plus général et plus grave: celui du recrutement des élites. Un italien, Primi Visconti, écrivait à l'époque:

" Il y a à Paris plus de vingt mille gentilhommes qui n'ont pas un sou et qui subsistent pourtant par le jeu et par les femmes et qui vivent d'industrie. Aujourd'hui, ils vont à pied et le lendemain en carosse".

Ce problème n'a pas été sans préoccuper Colbert (1619-1683); Molière y fait allusion ici, mais c'est Alain-René Lesage, romancier, auteur dramatique (1668-1747), avec son Turcaret (Turcaret ou le Financier est une comédie en cinq actes en prose 

représentée pour la première fois à la Comédie-Française le 14 février 1709) qui l'abordera franchement, aprés que La Bruyère (1645-1696) y aura consacré maintes pages de ses Caractères, notamment dans le chapitre des "Biens de fortune".

Extraits:

1 (I)

Un homme fort riche peut manger des entremets, faire peindre ses lambris et ses alcôves, jouir d'un palais à la campagne et d'un autre à la ville, avoir un grand équipage, mettre un duc dans sa famille, et faire de son fils un grand seigneur : cela est juste et de son ressort ; mais il appartient peut-être à d'autres de vivre contents.

2 (I)

Une grande naissance ou une grande fortune annonce le mérite, et le fait plus tôt remarquer.

3 (IV)

Ce qui disculpe le fat ambitieux de son ambition est le soin que l'on prend, s'il a fait une grande fortune, de lui trouver un mérite qu'il n'a jamais eu, et aussi grand qu'il croit l'avoir.

4 (I)

À mesure que la faveur et les grands biens se retirent d'un homme, ils laissent voir en lui le ridicule qu'ils couvraient, et qui y était sans que personne s'en aperçût.

5 (I)

Si l'on ne le voyait de ses yeux, pourrait-on jamais s'imaginer l'étrange disproportion que le plus ou le moins de pièces de monnaie met entre les hommes ?

Ce plus ou ce moins détermine à l'épée, à la robe ou à l'Église : il n'y a presque point d'autre vocation.

6 (VI)

Deux marchands étaient voisins et faisaient le même commerce, qui ont eu dans la suite une fortune toute différente. Ils avaient chacun une fille unique.

Elles ont été nourries ensemble, et ont vécu dans cette familiarité que donnent un même âge et une même condition : l'une des deux, pour se tirer d'une extrême misère, cherche à se placer ; elle entre au service d'une fort grande dame et l'une des premières de la cour, chez sa compagne.

7 (VII)

Si le financier manque son coup, les courtisans disent de lui : «C'est un bourgeois, un homme de rien, un malotru» ; s'il réussit, ils lui demandent sa fille.

8 (VI)

Quelques-uns ont fait dans leur jeunesse l'apprentissage d'un certain métier, pour en exercer un autre, et fort différent, le reste de leur vie.

9 (I)

Un homme est laid, de petite taille, et a peu d'esprit. L'on me dit à l'oreille : «Il a cinquante mille livres de rente.» Cela le concerne tout seul, et il ne m'en fera jamais ni pis ni mieux ; si je commence à le regarder avec d'autres yeux, et si je ne suis pas maître de faire autrement, quelle sottise !

10 (IV)

Un projet assez vain serait de vouloir tourner un homme fort sot et fort riche en ridicule ; les rieurs sont de son côté.

11 (IV)

N**, avec un portier rustre, farouche, tirant sur le Suisse, avec un vestibule et une antichambre, pour peu qu'il y fasse languir quelqu'un et se morfondre, qu'il paraisse enfin avec une mine grave et une démarche mesurée, qu'il écoute un peu et ne reconduise point : Quelque subalterne qu'il soit d'ailleurs, il fera sentir de lui-même quelque chose qui approche de la considération.

 

L'évolution de la société n'a pas enlevé à Monsieur Jourdain son actualité: le Bourgeois préfigure en effet ceux que l'on a appelés au XXème siècle "les nouveaux riches" ou "parvenus" et, en général, tous ceux qui, comblés d'argent par le hasard ou par des profits plus ou moins honnêtes, rêvent d'éblouir les autres par l'étalage d'un luxe auquel ni leur éducation ni leur goût ne les ont préparés.

La folie du "tape à l'oeil" s'empare d'eux; en outre, ils ménagent à leurs enfants les beaux mariages qui leur permettront de porter des noms à particule. Ils sont même pires que Monsieur Jourdain: celui-ci fait effort pour s'instruire, regrette autant de ne pas avoir appris quand il était jeune que de ne pas avoir quatre quartiers de noblesse. Par dessus-tout, Monsieur Jourdain ne nous semble nullement "perdu"; on sent très bien que, gorgé de vanités, saturé de flatteries et de mondanités, il reviendra, comme un brave et honnête bourgeois qu'il n'a cessé d'être au fond, finir ses jours entre sa femme, sa fille, son gendre et ses petits-enfants...

 


Versailles entree

France ChateauVersailles

 

 

 

Dés son enfance, Molière a les dons de l'acteur comique: art de l'observation, de l'imitation. Il se fait acteur par amour et aussi par vocation. A vingt deux ans, il prend tout naturellement la direction d'une troupe qu'il mène en province durant quatorze ans avant de la "présenter" au roi, un soir d'octobre 1658. A dater de ce jour, il s'attachera à faire rire le peuple et les bourgeois, mais aussi,-exercice périlleux et savant- à satisfaire le roi et la Cour...

Alors, tout naturellement, après des essais sur canevas, des ébauches, après douze farces dont nous ne connaissons que deux, l'acteur et le directeur de troupe vont s'unir pour dicter à l'auteur son œuvre, cette œuvre qui va de l'Etourdi au Malade imaginaire.

Dans cette production abondante et riche, Le Bourgeois gentilhomme n'est pas seulement la dernière oeœuvre parfaitement  comique, gaie et heureuse, elle est aussi une anthologie, où toutes les situations, tous les effets comiques, tous les traits d'observation et de langage se retrouvent, fusent et fusionnent pour l'amusement des jeunes, la détente heureuse des plus grands.

Cette comédie n'est pas "achevée" au sens de "parfaite", tant s'en faut; mais elle fait rire; elle demeure, sans un essoufflement, sans une ride, au travers des siècles, parce qu'elle contient et résume tout Molière: elle est le chef d'œoeuvre de la comédie-ballet!

 

 


 

 

 


 

 

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Monsieur Jourdain vu par Geffroy (1804-1895), comédien et peintre.

 

 

Maître Tailleur: - Tenez, voilà le plus bel habit de la cour et le mieux assorti. C'est un chef d'œuvre que d'avoir inventé un habit sérieux qui ne fut pas noir; et je le donne en six coups aux tailleurs les plus éclairés.

 

Monsieur Jourdain: - Qu'est ce que ceci? Vous m'avez mis les fleurs en enbas.


Maître Tailleur:- Vous ne m'avez point dit que vous les vouliez en enhaut?


Monsieur Jourdain: -Est-ce qu'il faut dire cela?


Maître Tailleur:- Oui, vraiment, toutes les personnes de qualité portent les fleurs en enbas.

 

 

 


Décors & Ballets pour la cérémonie du Grand Turc.


France grandturc

 

Cléonte en Grand Turc

 

Ce que dit aussi le chevalier d'Arvieux en ses Mémoires, c'est que la visite à la Cour de l'envoyé de la Sublime Porte, en novembre 1669, avait laissé un souvenir assez cocasse. Pour impressionner l'homme du sérail, Louis XIV s'était présenté dans plus grand faste: son brocart d'or était tellement couvert de diamants "qu'il semblait environné de lumière"; son chapeau était orné d'un "bouquet de plumes magnifiques". les gentilshommes étaient à l'image du maître, groupés dans la salle d'audience, où un trône d'argent avait été dressé sur une haute estrade. Or, à l'issue de la réception, le Turc, d'un ton froid et cinglant, d'affirmer que "lorsque le Grand Seigneur se montrait au peuple, son cheval était plus richement orné que l'habit qu'il venait de voir".

Laurent d'Arvieux était mieux placé que quiconque pour connaître les impressions du Turc, puisqu'il jouait, dans cette farce vécue, le rôle de l'interprète, du "truchement", et, plus d'une fois sans doute, Louis XIV dut-il, avant Monsieur Jourdain, lui dire:" Où allez-vous donc? Nous ne saurions rien dire sans vous!".

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13 octobre 2009 2 13 /10 /octobre /2009 07:02

 

 

 

Un grand amour de Beethoven

 

« Il est bien davantage que le premier des musiciens. Il est la force la plus héroïque de l’art moderne »

Romain Rolland; écrivain.

(1866-1944)

 

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Le grand amour c'est celui que Beethoven voue à Giulietta Guicciardi, qu'il rencontra en 1801 dans les salons de Vienne, sans comprendre qu'elle ne lui témoignait qu'une grande amitié et beaucoup d'admiration...

Par un soir d'été, Giulietta se confie à lui tandis que Beethoven improvise ce qui sera baptisé "Sonate au clair de lune". Elle va se marier au comte Gallenberg, jeune, beau et mondain. Profondément blessé, Beethoven s'enfuit dans l'orage et prend peu à peu conscience de sa surdité. Il cherche un asile au vieux moulin d'Heiligenstadt où le violoniste Schuppanzigh le retrouve et lui fait promettre de vivre.

 

Beethoven-wedding-scene.jpg

 

 

Quelque temps après, Beethoven rentre à Vienne où il vit coupé du monde. Sa porte ne s'ouvrant que pour une femme douce et aimante : Thérèse de Brunswick, la cousine de Giulietta. Elle, connaissant depuis longtemps Beethoven, l'admirait et avait deviné le drame de l'amour déçu. Au mariage de Giulietta, Beethoven attaque à l'orgue une marche fanèbre qui trouble profondément la cérémonie et bouleverse l'assemblée. Le séduisant Gallenberg se révèle très vite joueur et mufle. Giulietta comprend, enfin, trop tard le désespoir de Beethoven.

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Celui-ci avait semblé trouver l'apaisement auprès de Thérèse et, peu à peu, se rapproche d'elle. Mais, Giulietta, malheureuse veut reconnaître son erreur et se faire pardonner. La surdité de Beethoven l'oblige à écrire cet aveu. Bouleversé, le compositeur commence une lettre, la fameuse lettre à "l'immortelle aimée". Thérèse qui survient lit cette déclaration, se persuade qu'elle s'adresse à elle et Beethoven n'ose la détromper.

 

En mentant il sauve la jeune femme mais ruine définitivement son propre bonheur...

La fine et sensible Thérèse devinera cependant bien des choses, comprendra que "l'Appassionata" est dédiée au souvenir de Giulietta et se résignera à n'être pour Beethoven qu'une amie. Giulietta sans chercher à revoir le grand homme se réfugie dans la musique, et la fin de la vie de Beethoven est tourmentée par l'ingratitude de son neveu Karl. Il meurt alors qu'éclate un orage où se mêlent la neige et la grêle, en présence de Giulietta venue lui donner le dernier adieu. Ce même soir un concert auquel assiste l'amie fidèle Thérèse de Brunswick consacre le génie musical de Beethoven.

 

 

 

"Seuls l'art et la science élèvent l'homme jusqu'à la divinité"

Ludwig van Beethoven

(1770-1827)



Un grand amour de Beethoven - Abel Gance

Affiche du film d'Abel Gance...Abel Gance nous entraîne dans un film d'une très grande sensibilité. Tout n'est qu'atmosphère, et le noir et blanc se prête remarquablement à cette histoire. Ce film est d'un esthétisme sans reproche (mais la qualité du son reste détestable).

L'histoire est symbolique avant tout. Les grands moments de la vie du compositeur sont filmés comme autant de grandes épopées. Un souffle qui anime le film est conduit par le talent du réalisateur, Abel Gance, et de l'interprète principal, Harry Baur (qui joue Beethoven à tout âge avec le même visage et la même allure !).

Les personnages sont tous très machiavéliques : Giulietta est la muse de Beethoven, bonne et attentive ; Thérèse est égoïste, indécise et malheureuse ; Karl est le vaurien trop souvent dépeint ; les amis du compositeur forment une bande de joyeux drilles et de fidèles compagnons ; sa servante lui est dévouée toute sa vie...

"Un grand amour de Beethoven" est sans aucnu doute l'un des meilleurs films sur Beethoven.

La musique est de... Ludwig van Beethoven. Et le "Miserere" final, chanté sur la sonate "Au clair de lune" suscite une émotion formidable.

Un grand amour de Beethoven - Abel Gance

Ludwig von  Beethoven naît le 

17 décembre 1770 à Bonn; sa vie commence tristement: dès l'âge de trois ans, il étudie le clavecin sous la direction brutale et incohérente de son père, qui l'exhibe de concert en concert, cherchant à exploiter sa virtuosité précoce.

Mozart, qui entend le jeune Ludwig de dix-sept ans, prédit:

"Prêtez attention à celui-là, il fera parler de lui dans le monde...".

 



Beethoven-in-english.jpgVoilà un film qui est un grand classique du cinéma d'avant-guerre, un pur chef-d'œoeuvre, le fruit du génie d'Abel Gance et d'Harry Baur.
La scène mémorable où cet acteur trop méconnu, interprète Beethoven découvrant qu'il est devenu sourd est un grand moment d'émotion...!




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  Le père de Ludwig est musicien à la cour du prince électeur.
 
Dès l'âge de onze ans, l'enfant-prodige, comme Mozart, est nommé organiste assistant à la cour et étudie la composition avec Christian Gottlob Neefe.
A treize ans, il est promu claveciniste et récupère certaines des attributions de son père, gravement affecté par l'alcoolisme...
Grâce à une bourse du prince archevêque, en 1787, il se rend à Vienne pour étudier avec Haydn et Mozart mais la mort de sa mère le ramène
à Bonn où il doit se substituer à son père incapable de travailler. Il assume seul l'éducation de ses deux petits frères et compose ses premières œuvres tout en suivant les cours de littérature de l'université.
Haydn en personne, de passage à Bonn, le convainc de le suivre à Vienne et, grâce encore à l'aide du prince électeur, Ludwig, le 2 novembre 1792, quitte définitivement sa ville natale...Il s'installe définitivement dans la capitale autrichienne.
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Ludwig van Beethoven (1770-1827)
 

« Vous me faites l’impression d’un homme qui a plusieurs têtes, plusieurs cœurs, plusieurs âmes » lui dit Haydn vers 1793...
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"Ce qui compte dans l'effort, c'est l'action, plutôt que le résultat".
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Hormis en 1796-avec une tournée de concerts le menant à Berlin, Leipzig, Dresde, Prague et Nüremberg- Vienne demeurera son port d'attache principal, et il y vivra des années d'abord heureuses, admiré pour ses brillants talents de pianiste et d'improvisateur.

"Les improvisations de Beethoven m'ont causé, peut-être, mes plus vives émotions musicales"; je puis m'assurer que si on ne l'a pas entendu improviser bien et à son aise, on ne connaît qu'imparfaitement l'immense portée de son talent. Tout d'impulsion et d'actualité, il me disait quelquefois aprés avoir fait quelques accords:" il ne me vient rien, remettons à tel jour". Alors nous causions philosophie, religion, politique, et surtout de shakespeare, son idole, et toujours dans un langage à faire rire les auditeurs, s'il y en avait eu... Lorsqu'il était bien disposé, le jour fixé pour son improvisation, il était sublime. C'était de l'inspiration, de l'entraînement, de beaux chants et une harmonie franche parce-que, dominé par le sentiment musical, il ne songeait pas, comme la plume à la main, à chercher des effets; ils se produisaient d'eux-mêmes sans divagation. Son jeu, comme pianiste, n'était pas correct, et sa manière de doigter était souvent fautive, d'où résultait que la qualité du son était négligée. Mais qui pourrait songer à l'instrumentiste?
On était absorbé par ses pensées, comme ses mains devaient les exprimer de quelque manière que ce fût".

Baron de Trémont
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Le Theater an der Wien, haut lieu de la vie musicale à Vienne au début du XIXe siècle, voit la création de plusieurs œuvres majeures de Beethoven dont Fidelio et la Cinquième symphonie.

" Vous avez beaucoup de talent et vous en acquerrez encore plus, énormément plus. Vous avez une abondance inépuisable d’inspiration, vous aurez des pensées que personne n’a encore eues, vous ne sacrifierez jamais votre pensée à une règle tyrannique, mais vous sacrifierez les règles à vos fantaisies ; car vous me faites l’impression d’un homme qui a plusieurs têtes, plusieurs cœurs, plusieurs âmes"
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Josef Haydn
(1732-1809)

 Ce génie fut le professeur de Beethoven de 1792 à 1794. Malgré une véritable estime réciproque, les relations furent souvent difficiles entre les deux artistes.


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Beethoven, vers 1800; Riedel.
Dès l'année 1794, Beethoven manifeste les premiers symptômes de surdité, lesquels ne cesseront de s'aggraver jusqu'à sa mort à Vienne, le 26 mars 1827.
C'est pourtant à partir de 1799 qu'il met en oeœuvre son corpus symphonique (symphonies et concertos), poussant le genre vers des sommets jamais atteints...
"Prince des orateurs en musique, Beethoven n'est presque jamais rhéteur à l'italienne. Son âme est dans le chant; il ne cherche pas le sublime: le plus souvent il l'a".

André Suarès; poète et écrivain français.
(1868-1948)
Beethoven_Klaviersonate_Nr_30.jpgKlaviersonate nr30
 
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Hymne à l'amour triomphal, la partition de Fidelio exalte la vertu de la fidélité conjugale contre la tyrannie. L'auteur illustre la constance de l'épouse, sa détermination exemplaire contre l'autorité du despote Pizzaro. Si Alceste descend aux enfers pour sauver son époux Admète, Leonore, devenue Fidelio, rejoint son époux Florestan dans la prison pour l'en libérer. L'Opéra de Bordeaux présente dans une nouvelle production le chef d'oeuvre lyrique de Beethoven, créé dans sa version définitive à Vienne, en 1814.

 

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A 32 ans, Beethoven commence l’écriture de son seul opéra, « Fidelio ou l’amour conjugal ». Sujet édifiant qui fait l’apothéose de la fidélité d’une épouse.Tout d’abord inspiré par le livret héroïque d’Emmanuel Shikaneder,

« Vestas Feuer » (Le feu de Vesta), le compositeur se décida finalement pour la pièce en trois actes du secrétaire du théâtre impérial de Vienne, Joseph Ferdinand von Sonnleithner, lui-même s’inspirant de Léonore ou l’amour conjugal du français Jean Nicolas Bouilly(1763-1842).


L’histoire s’inspire d’un fait avéré. Bouilly alors procureur du Tribunal révolutionnaire avait noté le dévouement de la comtesse de Semblançay qui avait permis la libération de son mari en pénétrant dans la prison jacobine où était sequestré son époux, le Comte René. Le texte de Bouilly fut ensuite porté à la scène et mis en musique dans le style de Cherubini, par Pierre Gaveaux, au Théâtre Feydeau, le 19 février 1798. L'heure était au culte des héros, du moins aux manifestations d'un idéalisme exemplaire.

 

 

De 1805 à 1806: les deux première versions

Beethoven couche ses première mesures fin 1803. Il faudra attendre encore deux années avant la première, le 20 novembre 1805. Entre temps, deux autres ouvrages lyriques furent créés sur le sujet, composés à Dresde par Paër (3 octobre 1804), à Padoue par Mayr (1805). Il est probable que Beethoven connut parfaitement la version de Paër. L’accueil dans une Vienne alors occupée par les Français,

- Napoléon règne sur l'Europe-, ne fut pas des plus chaleureux. Les raisons de cette échec restent conjectures. Beethoven sourd qui avait imposé sa décision de diriger « sa Leonore », fut-il un élément fragilisant la création? L'orchestre était-il à la hauteur de ses exigences?

Ainsi qu’il en est pour les œuvres des génies insatisfaits, Beethoven meurtri, demanda dès le lendemain de la première, à Stephan von Breuning, de remanier le texte initial, de passer de trois à deux actes, selon une formule efficace qui avait déjà montrer ses avantages pour la Clemenza di Tito de Mozart en 1791.

 

 

Beethoven remanie aussi la partition, compose une nouvelle ouverture, aujourd’hui connue sous le nom d’ « ouverture Leonore III ». La première n’ayant jamais été jouée du vivant du compositeur, c’est la seconde version qui fut abordée lors de la création de 1805.

Avec l’ouverture Leonore III, son découpage nouveau en deux actes, la nouvelle Leonore de Beethoven fut présentée au public le 29 mars 1806. Succès immédiat mais, obstacles ourdis par un destin contaire, Beethoven en brouille avec l’intendant du théâtre an der Wien qui affichait l’opéra, retira illico son œuvre.

 

 


 

Pour autant, le destin de Leonore n’était pas terminé. Georg Friedrich Treitschke, sous-directeur du même théâtre an der Wien en 1814, proposa à Beethoven de remonter l'ouvrage. Et le compositeur de bonne volonté, accepta de reprendre sa partition pour une troisième nouvelle version. "Cet opéra me vaudra la couronne des martyrs", écrit-il alors. Réduction du texte de Sonnleithner, nouvelle ouverture en mi majeur, dite « Fidelio », nouvelle fin plus éclatante, puisque les protagoniste chantent leur libération non plus dans le cachot mais sur la place du château. L’hymne à la lumière y est d’autant plus explicite que Beethoven réutilise pour l’air final une mélodie tirée de sa cantate composée en 1790 pour la mort de Joseph II. Un style oratoire clame la libération du couple, et au delà, la liberté des hommes tournés vers l'idéal des Lumières.

 

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Si la fidélité est la valeur première célébrée dans l’œuvre, il en est de même pour la chanteuse créatrice de la première Leonore en 1805 : Anna Midler chanta, presque dix ans plus tard, le rôle-titre, lors de la recréation de l’œuvre, le 23 mai 1814. L’opéra suscita enfin un véritable triomphe.

 

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12 octobre 2009 1 12 /10 /octobre /2009 14:46
Warner Bros. France


Amadeus


"Beau mais faux"

 

En 1823, le compositeur Antonio Salieri, reclus dans un asile d'aliénés, s'accuse d'avoir tué Mozart trente deux ans plus tôt...

Ses souvenirs font revivre la vie fulgurante d'un musiciens génial...

Mais est-ce bien celle de Wolfgang Amadeus Mozart? 

Mon cher cousin, voilà un film qui n’'est pas historique, mais plutôt une sorte d’adaptation de la pièce de Monsieur Peter Shaffer, né en 1926, écrivain et dramaturge anglais, qui a brodé sur le mythe d'’un Antonio Salieri  (1750-1825), compositeur italien et... assassin de Mozart.

 Cette oeœuvre cinématographique est encensée par les médias ! Et savez-vous pourquoi ?

Parce qu’elle nous montre un Wolfgang ébouriffé, grossier et même vulgaire,c'’est-à-dire proche de ces faiseurs de modes à penser et à sentir ! Mais ce n’est pas notre sentiment ; hormis quelques instants, ce film est irritant de flagornerie !

 

 

 

Tom Hulce. Warner Bros. France

 

"Je n'aime pas ceux qui ne rient jamais: ce ne sont pas des gens sérieux"

 

Saviez-vous que Mozart avait un rire de benêt?

 

 

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L'ombre du père...

 

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"Pour vous plaire, je vous sacrifierais volontiers mon bonheur, ma santé, ma vie"

Wolfgang à son père Léopold...

 

 

Voyages...

 


 

 

 

France place Louis XV

 

Paris, place Louis XV.

 

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Canaletto; Londres, la Tamise.

 

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Italie

Comedia dell'arte

 

 

 

"Le vrai génie sans coeur est un non-sens. Car ni intelligence élevée, ni imagination, ni toutes deux ensemble ne font le génie.

Amour! Amour! Amour!

Voila l'âme du génie!"

 

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Warner Bros. France

 

Wolfgang Amadeus Mozart fut tout sauf un révolutionnaire ou un être vulgaire. Peut-être succomba t-il à quelques vanités et caprices?

Curieux, ouvert, inventif, son œuvre témoigne d'une grande élégance d'esprit. Mozart demeure le meilleur représentant du style "classique" du XVIIIe siècle et sa manière inimitable, se reconnaît à l'oreille, souvent dès les premières mesures.

Ce touche-à-tout de génie a abordé tous les genres et porté chacun à un niveau de perfection inégalé. Cet aspect du personnage est très bien restitué par Milos Forman.

Passionné par son art, en plein dans son époque où tout est mouvement sous des dehors semble-t-il immuables, Mozart s'inspira de ses illustres prédécesseurs tels que Bach, Händel... mais resta fidèle à lui-même.

 

Joseph Haydn

 

Josef Haydn (1732-1809) qu'il connut, de vingt ans son aîné a écrit:

" Mon cher Léopold, devant Dieu et en toute honnêteté, je vous le dis, votre fils est le plus grand compositeur que je connaisse, en personne ou de nom, il a du goût, et en outre la plus grande science de la composition...".

Mozart lui dédie six quatuors et écrit:

" Lui seul a le secret de me faire rire et de me toucher au plus profond de mon âme...".

 

Haydn lui survit dix-huit ans et se désole:

"Je fus hors de moi à cause de sa mort; je ne pouvais croire que la Providence eut si tôt repris la vie d'un homme aussi indispensable...".

 

Ceux qui lui succédèrent, comme Beethoven, Schubert... ne purent que s'inspirer de l'esprit de ses œuvres tant le génie de Mozart marqua son époque et bien après...

 

 

 

Tom Hulce. Warner Bros. France

 

 

 

 

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Les passages qui nous montrent Mozart à l'œoeuvre sont époustouflants!

 

"A mes débuts, le son de l'orchestre n'était pas celuy que j'avais en moi; je rêvais d'un son et je n'en entendais que... comment dire?...La doublure".

 

 

F.Murray Abraham. Warner Bros. France

 

 

Un Salieri, dans le film, tout simplement diabolique!

Mais en dépit de tous les soupçons, les historiens sont sûrs, aujourd'hui, qu'il ne fut en rien responsable de la mort de celui qu'il admirait, peut-être jusqu'à la jalousie...

 

 

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Mozart par Lange; certainement le portrait le plus ressemblant.

(1756-1791)

 

 

Mozart

 

A Toi quand j’écoutais ton arc—en-ciel d’été:

Le bonheur y commence à mi-hauteur des airs

Les glaives du chagrin

Sont recouverts par mille effusions de nuages et d’oiseaux,

 

Une ancolie dans la prairie pour plaire au jour

A été oubliée par la faux,

Nostalgie délivrée tendresse si amère

Connaissez-vous Salzburg à six heures l’été

Frissonnement plaisir le soleil est couché est bu par un nuage.

 

Frissonnement — à Salzburg en été

O divine gaîté tu vas mourir captive ô jeunesse inventée

Mais un seul jour encore entoure ces vraies collines,

Il a plu, fin d’orage. O divine gaîté

Apaise ces gens aux yeux fermés dans toutes les salles de concerts du monde.

 

(Pierre Jean Jouve)

 

Un artiste plein de vie, épris d'indépendance, mais aussi angoissé par la mort...

 

" Il est profondément certain que le génie de Mozart est sous le signe de la mort; mais ceci requiert aussitôt explication. La mort est à l'origine  d'une forme merveilleusement  parfaite, d'une "limite" touchée de façon exquise et toujours exactement remplie, jusqu'au bout...Il y a quelque chose d'inhumain , ou de surhumain dans la musique de Mozart.

Probablement ce qu'il propose tient-il du miracle".


Pierre-Jean Jouve ; poète et écrivain français.

(1887-1976)

 

 

 

 

Mozart à beau être nommé compositeur de la Chambre impériale et royale, les problèmes financiers se multiplient, et des difficultés de toutes sortes s'accumulent..."

 


Le 9 mai 1781, Mozart doit affronter son protecteur et maître, le prince archevêque HieronimusColloredo: celui-ci lui ayant interdit de donner des concerts pour son propre compte et le somme de quitter Vienne; Mozart passe outre l'interdiction.

L'archevêque  le traite de "pouilleux" de "crétin" de "débauché" et de "gueux" en lui montrant la porte!

L'affaire se termine par un coup de pied au postérieur asséné par le comte d'Arco, maître des cuisines.

Mozart paiera cher sa liberté: plus aucun prince ne voudra le prendre à son service et il devra terminer sa vie d'artiste libre dans une relative pauvreté car ce génie ne sait pas gérer sa fortune et mène grand train de vie.

 

 

amadeus-hand-up.jpg

 

"Le faux Mozart a été inventé par des hommes légers, sourds aux promesses spirituelles, qui tournèrent les vertus de Mozart contre Mozart lui-même, qui firent de la puissance lumineuse une brillante parure, afin de rendre invisibles les secrets sanglotants(...)

Génie étrange et de proportions fantastiques, il tient son oeuvre dans la dépendance de son bizarre personnage: il est anti-goethéen en ce sens qu'il s'ignore lui-même  et doit demeurer  dans la sainte ignorance. Sa conscience est d'être  tout simplement  tout chant, toute musique; de pouvoir (comme l'annonce fièrement une lette d'Italie) composer dans tous les styles .

Paradoxe génial, qui voulait que Mozart allât en Italie pour y apprendre à être seulement Mozart, à créer un style inimitable dés le premier pas, à faire, à l'aide de la superficielle Italie, ce que l'Italie ne pourrait jamais produire: le monde-Mozart".

 

Pierre-Jean Jouve



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2 octobre 2009 5 02 /10 /octobre /2009 16:49
THÉRÈSE



TF1 International



En Normandie, à la fin du XIXe siècle...

 

Therese-en-civil.jpg


"C'est à vous, ma Mère chérie, à vous qui êtes deux fois ma Mère, que je viens confier l'histoire de mon âme… Le jour où vous m'avez demandé de le faire, il me semblait que cela dissiperait mon cœur en l'occupant de lui-même, mais depuis Jésus m'a fait sentir qu'en obéissant simplement je lui serais agréable ; d'ailleurs je ne vais faire qu'une seule chose : Commencer à chanter ce que je dois redire éternellement :

 “Les Miséricordes du Seigneur !!!”…


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"...Avant de prendre la plume, je me suis agenouillée devant la statue de Marie (elle qui nous a donné tant de preuves des maternelles préférences de la Reine du Ciel pour notre famille), je l'ai suppliée de guider ma main afin que je ne trace pas une seule ligne qui ne lui soit agréable. Ensuite ouvrant le Saint Évangile, mes yeux sont tombés sur ces mots : - “Jésus étant monté sur une montagne, il appela à Lui ceux qu'il lui plut ; et ils vinrent à Lui.”(St Marc, chap.III,v13).


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Toute petite, elle rêvait de parcourir le monde comme missionnaire; elle le fut. Mais sans jamais  bouger de son couvent...

 

 


 



"...Voilà bien le mystère de ma vocation, de ma vie tout entière et surtout le mystère des privilèges de Jésus sur mon âme… Il n'appelle pas ceux qui en sont dignes, mais ceux qu'il lui plaît ou comme dit Saint Paul - :

“Dieu a pitié de qui Il veut et Il fait miséricorde à qui Il veut faire miséricorde. Ce n'est donc pas l'ouvrage de celui qui veut ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde.” (Ep. aux Rom. IX,v.15 et 16).





"...Longtemps je me suis demandé pourquoi le bon Dieu avait des préférences, pourquoi toutes les âmes ne recevaient pas un égal degré de grâces, je m'étonnais en Le voyant prodiguer des faveurs extraordinaires aux Saints qui l'avaient offensé, comme St Paul, St Augustin et qu'Il forçait pour ainsi dire à recevoir ses grâces ou bien en lisant la vie de Saints que Notre Seigneur s'est plu et prévenant ces âmes de telles faveurs qu'elles ne pouvaient ternir l'éclat immaculé de leur robe baptismale, je me demandais pourquoi les pauvres sauvages par exemple mouraient en grand nombre avant d'avoir même entendu prononcer le nom de Dieu… "




"Jésus a daigné m'instruire de ce mystère, Il a mis devant mes yeux le livre de la nature et j'ai compris que toutes les fleurs qu'Il a créées sont belles, que l'éclat de la rose et la blancheur du Lys n'enlèvent pas le parfum de la petite violette ou la simplicité ravissante de la pâquerette…
J'ai compris que si toutes les petites fleurs voulaient être des roses, la nature perdrait sa parure printanière, les champs ne seraient plus émaillés de fleurettes… ".


therese-carmelite.jpg


"Ainsi en est-il dans le monde des âmes qui est le jardin de Jésus. Il a voulu créer les grands saints qui peuvent être comparés au Lys et aux roses mais il en a créé aussi de plus petits et ceux-ci doivent se contenter d'être des pâquerettes ou des violettes destinées à réjouir les regards du Bon Dieu lorsqu'Il les abaisse à ses pieds, la perfection consiste à faire sa volonté, à être ce qu'Il veut que nous soyons…

J'ai compris encore que l'amour de Notre Seigneur se révèle aussi bien dans l'âme la plus simple qui ne résiste en rien à sa grâce que dans l'âme la plus sublime, en effet le propre de l'amour étant de s'abaisser, si toutes les âmes ressemblaient à celles des Saints docteurs qui ont illuminé l'Église  par la clarté de leur doctrine, il semble que le bon Dieu ne descendrait pas assez bas en venant jusqu'à leur cœur, mais Il a créé l'enfant qui ne sait rien et ne fait entendre que de faibles cris, Il a créé le pauvre sauvage n'ayant pour se conduire que la loi naturelle et c'est jusqu'à leur cœur qu'Il daigne s'abaisser,ce sont là ses fleurs des champs dont la simplicité Le ravit…
En descendant ainsi le Bon Dieu montre sa grandeur infinie. De même que le soleil éclaire en même temps les cèdres et chaque petite fleur comme si elle était seule sur terre, de même Notre Seigneur s'occupe aussi particulièrement de chaque âme que si elle n'avait pas de semblables et comme dans la nature, toutes les saisons sont arrangées de manière à faire éclore au jour marqué la plus humble pâquerette, de même tout correspond au bien de chaque âme".

Ste Thérèse de l'Enfant-Jésus









"Au cœoeur de l'Église, ma mère, je serai l'Amour..."





Raconter, par la voie du Septième Art, la vie d'une jeune fille de Normandie, à la fin du XIXe siècle, est déjà une gageure, contraire à la logique commerciale de l'industrie du cinéma .
Mais si en plus, cette jeune fille devient religieuse!
Qui plus est, carmélite! L'ordre le plus fermé et le plus contemplatif qui soit !
Et si cette obscure religieuse, qui voulait rester la plus discrète dans le carmel de Lisieux, se révèle devenir la plus grande sainte des temps modernes...
Pour le réalisateur, Alain Cavalier, c'est une prouesse, une folie!

 


"1986 fut l'année d'Alain Cavalier avec son portrait à part de Thérèse de Lisieux : il remporta le Prix du Jury au Festival de Cannes et, quelques mois plus tard, rafla 6 César dont ceux du Meilleur Réalisateur et Meilleur Scénario.
Mais au delà du succès public et critique, Thérèse appartient à la catégorie du mystère. A l'instar de L'Évangile selon Saint Mathieu de Pier Paolo Pasolini (sans doute le plus beau film sur le Christ), Thérèse est une œuvre grave, épurée, bouleversante, irradiée par la grâce et le sentiment du sacré... alors qu'Alain Cavalier et Catherine Mouchet étaient non-croyants !
Et pourtant ils sont parvenus mieux que quiconque à créer ce magnifique sentiment d'invisible".

L'Internaute.
Prier pour la conversion des pécheurs

Alain Cavalier a choisi de filmer par plans fixes; la caméra se déplace peu, les gros plans sont nombreux.
Ainsi, l'austérité du carmel est restitué avec une grande réalité.





L'actrice Catherine Mouchet: une comédienne de théâtre qui fut révélée dans le rôle du film Thérèse d'Alain Cavalier.


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La Vierge au Sourire




 
"Mon Ciel, je le passerai à faire du bien sur la Terre"

 


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29 septembre 2009 2 29 /09 /septembre /2009 17:18
LE SYNDROME DU TITANIC




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" Time is money!"

USA Etats-Unis aigle rapace
Un documentaire qui tente de faire prendre conscience aux hommes de bonne volonté qu'il est presque trop tard et qu'il est urgent de changer nos modes de vie.
Des images effrayantes qui nous tendent le miroir où se reflètent tous les égoïsmes, l'échec de modèles philosophiques, culturels et économiques anglo-saxons, issus de l'époque des Lumières, de la prise du pouvoir au XIXe siècle des bourgeoisies d'affaires et financières.
De ceux-là même qui promettaient le paradis sur terre et non plus dans le ciel, mais acquis pour certains, rapidement, en piétinant les règles élémentaires de la morale, avec un cynisme repris par le nouvel Empire du Milieu: la Chine communiste.
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Les pays dits "émergents", au lieu d'inventer un nouveau  modèle de civilisation tenant compte de la solidarité et du respect de l'environnement, rêvent du modèle nord-américain basé sur la puissance, le matérialisme, le consumérisme et le gaspillage.

 
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"La pire des catastrophes écologiques est l'apparition de l'Homme sur Terre...".
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Les abeilles disparaissent, le désert avance dans les zones subtropicales, les sols s'érodent, l'eau potable se raréfie...
Les phénomènes météorologiques inhabituels ou violents se multiplient. La croissance économique de la Chine, celle du nombre d'habitants que porte la planète font peser de graves menaces sur les équilibres environnementaux.
Non seulement une catastrophe écologique se dessine à l'horizon, mais celle-ci risque d'être accompagnée de tensions géopolitiques de plus en plus violentes pour l'appropriation des ressources naturelles, notamment le pétrole et l'eau.

Simultanément, la philosophie de l'écologie est devenue une discipline active.
Si la modernité occidentale a longtemps dissocié culture et nature, si la science et l'économie ont progressé depuis le XIX ème siècle et la Révolution industrielle, sans se soucier de la limitation des ressources naturelles, une révolution de ces schémas de pensée est devenue indispensable, soutenue par de nombreux philosophes contemporains.
Car il existe un "catastrophisme éclairé" qui a ses racines dans L'Apocalypse des Évangiles...

 

Mars Distribution


USA 11 sept

 



 

 



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  Faut-il changer nos modes de vies?

 

USA pub auto

 

 

La notion de "mode de vie"est relativement récente, elle a émergé dans les années 50 du siècle précédent et provient directement de la sociologie telle qu'elle s'est développée à l'époque sous l'influence de la philosophie behavioriste. Elle recouvre l'appréhension des comportements quotidiens d'un groupe considéré comme suffisamment homogène de ce point de vue. Pour les économistes, elle repose essentiellement sur l'analyse des modes de consommation et donc sur le "niveau de vie".

Cette notion puise donc son origine dans la philosophie comportementaliste d'origine anglo-saxonne qui avait développé la notion de "style life", dont elle est une traduction hasardeuse. Cette notion est donc une vision matérialiste et moniste de l'homme. Le behaviorisme prétend comprendre l'homme non par l'analyse de ses moteurs internes, mais au contraire en considérant toute psychologie comme une "boîte noire"; il entendait résumer l'enquête à l'analyse des relations "inputs"/"outputs". Il s'ensuit la tentation de modifier les "outputs" (comportements) par une manipulation des "inputs". Ce type de sociologie tire des expériences de Pavlov (1849-1936), médecin et physiologiste russe, sur le conditionnement du comportement, le modèle des dérives de l'ingéniérie sociale qui nous accable aujourd'hui. La publicité et plus largement les médias ont été utilisés pour obtenir des changements quasi automatiques des comportements.

 

 

 

"Pour le monde athée, la modification des modes de vie est un moyen alors que pour les catholiques elle n'est qu'une conséquence de modifications plus profondes; ainsi, la nécessaire réforme de leur mode de vie n'est pas une fin en soi, mais comme l'indicateur de leurs progrés moraux et spirituels".
Philippe Conte

Directeur de l'Institut de Criminologie de Paris, professeur des Universités,

docteur en droit, agrégé des Facultés.

 

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Les catholiques ont peut-être, depuis bien longtemps, la réponse adéquate et il serait intéressant de les écouter sur ce sujet, une fois n'est pas coutume...

Le concept de "niveau de vie"  (style life) a été repris dans la doctrine sociale de l'Eglise. Ainsi, le cardinal Vingt Trois, Archevêque de paris, Président de la Conférence des Evêques de France, déclarait dans son discours d'ouverture à l'Assemblée des évêques de France le 4 novembre 2011:

"Il ne suffit pas d'appeler à de nouveau modes de vie. Il faut que les hommes aient le courage de mettre en oeuvre ces nouveaus modes de vie  et qu'ils apprennent  à donner le signe d'une consommation plus raisonnable et plus équitable".

Sa Sainteté Benoît XVI déclarait pour sa part, lors du discours au Corps diplomatique accrédité prés le Saint Siège le 4 novembre 2011:

" Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, je n'ai évoqué jusqu'ici  que quelques aspects liés à la problématique de l'environnement. Cependant, les racines de la situation  qui est sous les yeux de tous, sont d'ordre moral et la question doit être affrontée dans le cadre d'un grand effort d'éducation, afin de promouvoir un changement effectif des mentalités et d'établir de nouveaux modes de vie. La communauté des croyants peut et veut y participer, mais, pour ce faire, il faut que son rôle public soit reconnu".

 

En première analyse, il semble bien qu'il y ait un lien causal entre le consumérisme et plus largement le modèle économique de nos sociétés et la crise environnementale. Ce fait  est aujourd'hui avéré; cependant il est faux de réduire les causes de cet impact environnemental aux modes de vies! Ceux-ci ne résultent pas simplement de réactions à des stimuli externes qu'il suffirait de modifier pour effacer les effets les plus néfastes. Dans ce paradigme, le conditionnement des comportements deviendrait la solution ultime de la crise environnementale. Le discours distillé par la candidate EELV à l'élection présidentielle, Eva Joly, est un exemple parfait de ces injonctions vexatoires permanentes.

Il y a donc lieu de différencier, d'une part, la conception  matérialiste qui ne vise qu'à une modification des "outputs" sans modification intérieure de la "boîte noire" constituée par les personnes humaines dans leur être profond et, d'autre part, la conception du Magistère de l'Eglise catholique qui indique bien clairement le présupposé moral aux modes de vie inadéquats.

L'enseignement de la doctrine sociale de l'Eglise invite les fidèles à aller plus loin.Lorsque le pape Jean-Paul II (1920-2005) a mis en évidence le concept de structures de péché, il a montré que celles-ci renforcent précisément les comportements moralement inadéquats:

JP II bénissant la foule

" La solidarité doit être saisie avant tout dans sa valeur de principe social ordonnateur des institutions, en vertu duquel les "structures de péché" qui dominent les rapports entre les personnes et les peuples doivent être dépassées et transformées en structures de solidarité, à travers l'élaboration  ou la modification opportune des lois, des règles du marché ou la création d'institutions". (Comendium de la doctrine sociale de l'Eglise, n.193).

 

Pour résumer par une formule cette différence fondamentale, on pourrait dire que, pour le monde athée, la modification des modes de vie est un moyen alors que pour les catholiques elle n'est qu'une conséquence de modifications plus profondes.

En fait, les Chrétiens devraient se souvenir et s'inspirer du modèle établi il y a quelques 1500 ans par les monastères à partir de la règle simple du "Ora et labora" ("Prie et travaille") qui nous montre la pertinence d'une vie tournée vers Dieu. Et une vie tournée vers le Créateur ne peut être néfaste à la création!

A l'inverse, une société fondamentalement antireligieuse, une société qui rejette le Créateur, ne pourra quêtre mortelle pour la création, quelles que soient les modifications comportementales qu'elle tentera d'inculquer de force dans le cerveau de ses membres ou qu'elle imposera par la force de la loi.

L'exemple archétype de ces apories est donné par les "Verts" quant à la contamination de l'environnement et en particulier des cours d'eau par les substances chimiques. Le lobby se déchaîne pour l'adoption du règlement REACh ("Registration Evaluation & Autorisation of Chemicals"; applicable en France depuis le 1er juin 2007). Mais ce même mouvement écologiste incite les femmes à ingurgiter, chaque jour que Dieu fait, leur dose d'hormones qui a pour effet combiné de détruire leur capital santé et de polluer gravement les rivières par les rejets des eaux usées.

L'exemple du modèle des monastères, qui devrait donner lieu à une étude approfondie, nous permet d'ores et déjà de noter qu'il repose avant tout sur une économie domestique qui ne vise pas à l'autarcie, mais qui encourage systématiquement à  l'autoproduction et l'autolimitation des besoins. Voilà une piste contradictoire avec la génération du salariat qui marque nos sociétés depuis les années soixante!

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12 septembre 2009 6 12 /09 /septembre /2009 04:16
WORLD TRADE CENTER

 

 

Michael Pena. United International Pictures (UIP)

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11 septembre 2001 :
Une chaleur étouffante règne dès le lever du jour dans les rues de New York. Will Jimeno, du Port Authority Police Department (PAPD) qui gère les opérations de police et de sécurité sur la zone portuaire du New jersey et de la ville de New York, se demande s'il ne va pas prendre un jour de congé pour s'adonner à la chasse à l'arc.

 Il choisit finalement de se rendre au travail et rejoint le sergent John McLoughlin, alors que celui-ci et ses collègues du PAPD commencent leur tournée quotidienne dans les rues de Manhattan. Une journée banale qui commence comme tant d'autres...
Puis soudain, le cauchemar. 

 

Affiche teaser américaine. United International Pictures (UIP)

 
Sitôt l'alerte donnée, cinq policiers, dont McLoughlin et Jimeno, se rendent au World Trade Center et s'introduisent dans les Tours Jumelles.
 
Frank Whaley. United International Pictures (UIP)
 
 McLoughlin et Jimeno survivent par miracle à l'effondrement des gratte-ciel. Ils se retrouvent piégés sous plusieurs tonnes de béton, de charpentes métalliques tordues, de verre et de gravats.
À défaut de contact visuel, ils peuvent s'entendre, et pendant douze heures, se soutiennent l'un l'autre sans relâche, en dialoguant sur tout ce qui donne un sens à leur vie et peut les aider à traverser cette épreuve : leurs familles, leurs carrières, leurs espoirs...



Nicolas Cage incarne un héros des temps modernes; un pompier ordinaire prêt à remplir son devoir jusqu'au prix de sa vie.

 

 

Donna Murphy et Maria Bello. United International Pictures (UIP)

Maggie Gyllenhaal. United International Pictures (UIP)

 

 

 


Michael Pena et Maggie Gyllenhaal. United International Pictures (UIP)


C'est leur histoire que raconte World Trade Center, ainsi que celle de leurs épouses, Donna et Allison, de leurs enfants et parents.
Le film relate aussi l'improbable quête de l'ex-Marine Dave Karnes, qui découvre les deux hommes dans les ruines et parvient à les sauver douze heures plus tard, avec le concours de dizaines de pompiers, policiers et infirmiers new-yorkais...


 

 

William Mapother et Michael Shannon. United International Pictures (UIP)

Peter McRobbie et Maggie Gyllenhaal. United International Pictures (UIP)


La puissante Amérique restera à jamais traumatisée par ce qu'elle ne pouvait imaginer, même après l'attaque de Pearl Harbour le 7 décembre 1941, c'est-à-dire une attaque de grande ampleur au coeur de sa capitale économique, qui plus est par une organisation terroriste.



Plus prompt à dénoncer les travers de ses compatriotes, Oliver Stone a réalisé un très beau film sur une catastrophe qui tourne une page de l'histoire, non seulement des États-Unis qui ne sont plus un sanctuaire, mais aussi du monde entier.
Oliver Stone réussit la prouesse de nous bouleverser, à travers une aventure humaine intimiste, d'hommes et de femmes "ordinaires", des citoyens américains doués d'un courage héroïque et d'une faculté surprenante à se relever et à ne pas désespérer.



N'en déplaise aux Français bien-pensants, il s'agit d'un film magnifique à la gloire de l'Amérique et des Américains.
 Ces derniers sauront-ils cependant prendre conscience des erreurs de leurs dirigeants: les politiciens manipulateurs,toutes tendances politiques confondues, qui ont cru, avec le plus grand cynisme, utiliser les réseaux islamistes d'
Al Quaïda avant que ces derniers ne se retournent contre leurs anciens alliés.
La politique étrangère des Etats-Unis qui surfe au grés de leurs intérêts peut s'avérer un piège redoutable et se retourner contre les Américains comme un boomerang.
 
 
 
 
 
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2 mai 2011: Le président Obama annonce qu'Oussama Ben Laden, cerveau de l'attentat du 11 septembre 2001 a été repéré et abattu par un commando américain opérant en pleine nuit, dans une résidence prés d'Islamabad (Pakistan).
 
Aprés dix années de traque, comme l'avait promis le président G.W.Bush, l'ennemi N°1 du monde libre aurait été éliminé.
Il fut au service des Américains durant l'occupation soviétique de l'Afghanistan (1979-1989) puis se retourna contre eux lors de l'invasion de l'Irak.

 
 
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Michael Pena. United International Pictures (UIP)
 
 
 
 

 

 

 

 





 



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11 septembre 2009 5 11 /09 /septembre /2009 13:41

LES REINES DE FRANCE AU CINÉMA

 
 
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Le fameux "collier de la reine".

 
La façon dont le cinéma fabrique l'image des reines est révélateur de l'image que les sociétés modernes s'en font, selon les époques, les pays, l'idéologie qui guident obligatoirement  le cinéaste...
Les reines et en particulier les reines de France ne sont jamais portées aux nues; en revanche, elles sont le plus souvent dénudées et en cela, traitées pour la plupart davantage comme des dévergondées, des perverses polymorphes, que comme des princesses de contes de fées ou plus historiquement, comme des pions sur un échiquier politique ou plus simplement des femmes dont le destin sacré était d'assurer l'avenir de la dynastie en donnant naissance à un enfant mâle.



 France Marie Antoinette Vigée
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La reine Marie-Antoinette (1755-1793) occupe une place privilégiée au cinéma qui s'en est emparée pour la cuisiner à toutes les sauces; sans doute à cause de sa fin tragique qui laisse un vague et mauvais goût de culpabilité dans la mémoire collective de nombreux Français.
Versailles entree
Le mariage de Louis XVI et Marie-Antoinette devait sceller la paix entre la France et l'Empire des Habsbourg; cela commença comme un conte de fée et se termina en cauchemar.



Jamais reine de France ne fut aussi calomniée: à travers elle, les révolutionnaires les plus extrémistes mais aussi certains membres de la Cour voulaient atteindre le roi; en atteignant le roi, ils affaiblissaient une des plus anciennes et des plus prestigieuses monarchies d'Europe.





Michèle Morgan (1954) fut sans doute, par son élégance naturelle, la meilleure actrice pour interpréter le rôle de cette infortunée reine.






Un chef d'oeœuvre signé Delannoy.


Kirsten Dunst. Sony Pictures Entertainment


Et Kirsten Dunst, ...dans le Marie-Antoinette de Sofia Coppola (2006): portrait rose pop d'une jeune étrangère égarée dans la Cour très guindée de Versailles.
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Kirsten Dunst. Sony Pictures Entertainment

Sofia Coppola a bien souligné le caractère insouciant, espiègle et presque "non-conformiste" de la jeune reine de France qui fera souffler sur la Cour vieillissante de Versailles une brise fraîche de sa  jeunesse et de sa beauté...

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Charlotte de Turkheim dans le rôle d'une Marie-Antoinette à laquelle la maturité et les nuages gris qui s'amoncellent sur la France, donnent une beauté grave et altière dans "Jefferson à Paris" (1995).
Un faux air de famille entre l'actrice d'origine aristocratique et celle que les Parisiens de l'époque appelaient avec mépris "l'Autrichienne".


France-Autrichienne-affiche.jpgUn chef d'oeuvre!
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Un chef-d'œoeuvre signé Pierre Granier-Deferre: L'Autrichienne (1990) superbement interprétée par Ute Lemper qui nous restitue toute la majesté dans la douleur d'une reine prête à affronter son terrible destin...
"La veuve Capet", ainsi nommée par le Tribunal révolutionnaire, demeure, contre vents et marées "Maria Antonia von Habsburg, archiduchesse d'Autriche & de Lorraine, reine de France & de Navarre".
Même la bêtise et la méchanceté ne peuvent diminuer la noblesse d'une âme.
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Benoît Jacquot nous montre dans Les Adieux à la Reine (20011) une reine Marie-Antoinette plus intimiste mais toujours, selon le préjugé tenace, déconnectée et futile.
Or, en 1789, Marie-Antoinette est une femme d'âge mûr, mère dévouée, qui s'est retirée, avec une poignée de personnes fidèles, dans le Hameau pour fuir les clans de la Cour qui lui sont hostiles. Par ailleurs, son intimité avec sa supposée "lectrice" est totalement
anachronique...un fantasme.


LA REINE MARGOT
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Jeanne Moreau dans "La reine Margot" (1954).
Le premier grand rôle pour cette actrice qui joua Marguerite de Valois (1553-1615), fille d'Henry II et de Catherine de Medicis, la première épouse d'Henry IV (1553-1610) symbole de la reine encombrante et nuisible: le bon roi Henry dut s'en débarrasser au plus vite tant elle devenait, par ses frasques, un danger pour la toute nouvelle dynastie des Bourbons...
 

France Catherine Medicis

Dans le même film, la grande Françoise Rosay joue le rôle de la reine-mère Catherine de Médicis (1519-1589), épouse du roi Henry II (1519-1559) : italienne, riche, superstitieuse, rusée, elle réussit la prouesse rare d'assurer l'avenir de la dynastie des Valois en donnant naissance à plusieurs rois de France tous aussi déséquilibrés que leur soeœur Margot, et en même temps, d'en précipiter la chute...
Mais avant, elle introduisit à la Cour de France l'art de se servir d'une fourchette...


Isabelle Adjani. Collection Christophe L.

La reine Margot de Patrice Chéreau (1995).
La Maison de Valois vue comme une mafia...

Isabelle Adjani trouva là un rôle taillé sur mesure...


Armoiries France royale
Historiquement, le rôle de la reine de France est simple: elle doit assurer la descendance du roi et l'avenir de la dynastie en donnant un héritier légitime mâle au roi.
Son rôle politique est variable selon sa personnalité et celle du roi, mais officiellement, la reine n'a aucun pouvoir  et celles qui ont essayé d'en avoir, du vivant de leur royal époux, se rendait immédiatement suspectes aux yeux des grands officiers de la Couronne et surtout du peuple. 
Le choix de la future reine implique obligatoirement un intérêt diplomatique et/ou financier : dans le cas du mariage du futur Louis XVI avec Marie-Antoinette, il s'agit de mettre fin aux longues guerres entre la Maison d'Autriche et la Maison de France et de sceller une alliance durable. Certes, le calcul s'avèrera catastrophique du fait de l'impopularité croissante de cette reine infortunée qui sera traitée de "sale Autrichienne" par la populace. En revanche, le précédent mariage entre Louis XIV et Marie-Thérèse d'Espagne fut un succés diplomatique même si cette reine de France eût à supporter en silence les nombreuses "favorites" de son royal Epoux... En général, il est préférable pour la reine de France d'être effacée, pieuse, et très fertile... Marie-Antoinette n'eut aucune de ces "vertus", ce qui participa à sa chute entraînant, en même temps, celle du Trône.
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Contre toute attente, l'exemple de la "bonne" reine est Marie Leszcynska, reine de France de 1728 à 1765.

Quand Louis XV à peine âgé de 15 ans, tombe une énième fois malade en février 1725, le duc de Bourbon craint pour son avenir personnel que le duc d'Orléans, fils du défunt régent et son rival ne monte sur le trône. Pour éviter qu'une telle chose se produise, il faudrait que Louis XV ait, au plus vite, une descendance. C'est pourquoi, après avoir dressé une liste des 99 princesses d'Europe à marier, on choisit Marie Leszczyńska qui est en âge d'avoir des enfants, contrairement à la jeune fiancée du roi, l'Infante-reine Marie-Anne-Victoire d'Espagne, que l'on renvoie.

 

Le roi, orphelin, et son précepteur, l'abbé de Fleury, rival du duc de Bourbon, acceptent cette alliance sans avantage avec cette princesse quasiment vieille fille qui compte déjà vingt deux ans —- soit sept de plus que son futur mari.

 

Le 2 avril, M. le Duc demande à Stanislas sa fille en mariage au nom de Louis XV.

Annonce du mariage

 

L'annonce du mariage n'est pas très bien accueillie à la Cour et à l'étranger, où l'on se récrie sur les origines de la famille Leszczyński et sur sa nationalité polonaise. Élisabeth-Charlotte, duchesse de Lorraine et de Bar, sœur du défunt régent et qui pensait asseoir sa fille aînée sur le trône des lys écrit ainsi :

 

« J'avoue que pour le Roi, dont le sang était resté le seul pur en France, il est surprenant que l'on lui fasse faire une pareille mésalliance et épouser une simple demoiselle polonaise, car (…) elle n'est pas davantage, et son père n'a été roi que vingt-quatre heures. »

 

Des rumeurs vont même jusqu'à annoncer que la future reine est laide, scrofuleuse, épileptique, ou stérile.

 

Néanmoins, le 15 août 1725, le duc d'Orléans, premier prince du sang, épouse Marie par procuration dans la cathédrale de Strasbourg, devant le cardinal de Rohan, grand aumônier de France. Pendant son repas, elle est servie par Mademoiselle de Clermont, sœur du duc de Bourbon, un membre de la famille royale. Il faut à Marie un solide bon sens et de la simplicité pour ne pas se laisser étourdir par le destin qui lui échoit.

 

 

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Marie Leszcynska, reine de France de 1725 à 1768; elle eut toutes les "vertus" d'une reine de France: elle mit au monde dix enfants, fut pieuse, discrète et supporta en silence les différentes "favorites" de son royal Époux.


 
Versailles-galerie-des-glaces-Bal-des_Ifs.jpgBal du Mardi Gras dans la Galerie des Glaces à Versailles, les 25 et 26 février 1745.


En revanche, la reine avait le devoir d'animer la Cour, le plus souvent par des bals. La reine étant  toujours issue d'un milieu princier, sait danser, jouer d'un instrument, comme Marie-Antoinette (1755-1793) qui, bien que peu intellectuellement instruite, jouait fort bien  de la harpe ou du clavecin et aussi la comédie théatrale.
Exceptionnellement, la reine devient Régente lors du décés du roi et lorsque le Dauphin n'a pas atteint sa majorité légale pour régner (12 ans). Cette période trés délicate et dangereuse, déplaît au peuple car elle est propice aux luttes intestines qui entraînent au fléau de la guerre civile suivie de peu par la guerre étrangère.
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Marie de Médicis par Rubens
Marie de Médicis, en italien Maria de' Medici, née le 26 avril 1575 à Florence et morte le 3 juillet 1642 à Cologne, est une reine de France de 1600 à 1610 par son mariage avec Henri IV. Devenue veuve en 1610, elle assure la Régence au nom de son fils, Louis XIII, jusqu'en 1614. Elle devient alors chef du Conseil du Roi à la suite du lit de justice du 2 octobre 1614, et ce jusqu'en 1617, date de la prise de pouvoir de son fils.

Lorsque Henri IV meurt assassiné le 14 mai 1610, Marie de Médicis assure la régence au nom de son fils, Louis XIII, âgé de seulement 9 ans et beaucoup trop jeune pour régner par lui-même. Marie commence par garder les conseillers de son époux. Par la suite, elle s'en sépare. Régente, elle est en position de faiblesse à l'égard de la noblesse du royaume et des voisins européens. En 1615, elle se rapproche de l'Espagne, rapprochement qui se concrétise par un double mariage franco-espagnol. Sa fille, Élisabeth, épouse l'infant Philippe IV d'Espagne et son fils, le roi Louis XIII, épouse Anne, infante d'Espagne.

 

La politique de la reine provoque néanmoins des mécontentements.

D'une part, les protestants s'inquiètent du rapprochement de Marie avec Sa Majesté Très Catholique, le roi d'Espagne, Philippe III. D'autre part, Marie de Médicis tente de renforcer le pouvoir monarchique à l'aide de dames d'atours comme Leonora Galigaï, sa compagne de jeux d'autrefois, et d'hommes comme Concino Concini, l'époux de celle-ci, ce qui déplaît profondément à une certaine partie de la noblesse française. Penchant pour la xénophobie, la noblesse désigne comme responsables les immigrés italiens supposés entourer Marie de Médicis et nuire au royaume de France. Ils s'enrichissent, dit-elle, à ses dépens. Profitant de la faiblesse causée par la régence, des nobles de grandes familles, avec le prince de Condé à leur tête, se révoltent contre Marie de Médicis pour obtenir eux aussi des compensations financières.

 

En application du traité de Sainte-Ménehould (15 mai 1614), la reine convoque les États Généraux à Paris. Le prince de Condé ne parvient pas à structurer son opposition au pouvoir royal. Cependant, Marie de Médicis s'engage à concrétiser l'alliance avec l'Espagne et à faire respecter les thèses du concile de Trente. Les réformes fiscales de la Paulette et de la taille restent lettre morte. Le clergé joue le rôle d'arbitre entre le Tiers État et la noblesse qui ne parvenaient pas à s'entendre. Le lieutenant civil Henri de Mesmes déclara ainsi que les ordres étaient frères et enfants d'une mère commune, la France. Un des représentants de la noblesse lui répondit qu'il se refusait à être le frère d'un enfant de cordonnier ou de savetier. Cet antagonisme profita à la Cour qui prononça bientôt leur clôture. La régence est officiellement close à la suite du lit de justice du 2 octobre 1614, mais Marie de Médicis devient alors chef du Conseil du roi de France, et dans les faits garde tout son pouvoir.

 

Une période de calme relatif suit les cérémonies du mariage de Louis XIII avec Anne d'Autriche le 21 novembre 1615 à Bordeaux.

 

Un an après la fin des États Généraux, une nouvelle rébellion de Condé permet son entrée au Conseil du roi par le traité de Loudun du 3 mai 1616, qui lui accorde également la somme d'un million et demi de livres et le gouvernement de la Guyenne.

 

Parallèlement, les protestants obtiennent un sursis de six ans à la remise de leurs places de sûreté au pouvoir royal.

 

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Marie de Médicis en costume de Reine, aprés son sâcre à St Denis,par Pourbus (1610)

 

En 1616, les exigences de Condé deviennent tellement importantes qu'il est finalement arrêté sur ordre de Marie le 1er septembre et conduit à la Bastille. Le duc de Nevers prend la tête de la noblesse en révolte. Le 25 novembre 1616 , Richelieu est nommé secrétaire d'État pour la guerre et les Affaires étrangères.

 

C'est bien des années après, lorsque Marie de Médicis est exilée par son fils, que naît lentement la légende noire de Marie de Médicis : on parle alors de montée en puissance de ses favoris italiens, du gaspillage financier causé par l'appétit financier de la reine et de son entourage, de la maladresse et de la corruption de sa politique qui auraient dominé sous son gouvernement.

Par ailleurs, la reine et le roi son fils s'entendent mal. Se sentant humilié par la conduite de sa mère, qui monopolise le pouvoir, le 24 avril 1617, Louis XIII organise un coup d'État (appelé « un coup de majesté ») en faisant assassiner Concino Concini par le marquis de Vitry.

Prenant le pouvoir, il exile la reine-mère au château de Blois.

 


France Chateau de Blois escalier monumental

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24 août 2009 1 24 /08 /août /2009 18:45
LA REINE MARGOT
24 août 1572
fête de  St Barthélémy


Isabelle Adjani. Collection Christophe L.

Isabelle Adjani est la
la reine Margot


Paris, août 1572; dans l'atmosphère d'un été étouffant, la dynastie décadente des Valois brille de ses derniers feux pour marier la princesse Marguerite (catholique) à Henry de Bourbon, roi de Navarre (protestant) qui devrait enfin sceller la paix entre huguenots et catholiques.

Cependant, dans quelques heures,  sera ordonné le massacre des chefs protestants...



D'après le roman de Dumas.

Collection Christophe L.

La Famille des derniers Valois vue comme une mafia.

Marguerite de Valois surnommée la reine Margot
( St Germain en Laye 1553- Paris 1615) : une Fille de France doit être au service de la politique de paix de la royauté. Marguerite fut tout le contraire: intrigante, nymphomane, toujours prête à trahir les intérêts vitaux du royaume.



CLOUET MARGUERITE DE VALOIS




La reine Margot.
Déséquilibrée, comme les derniers Valois; il faudra qu'elle soit répudiée par Henry de Navarre afin qu'il puisse assurer la pérennité de la nouvelle dynastie royale des Bourbons.



Collection Christophe L.


"Par amour de la paix,  la reine-mère Catherine de Médicis, marie la haine calviniste au dégoût de sa fille".

France Catherine Medicis

Catherine de Médicis (Florence 1519- Blois 1589).

Détestée par les Français à cause de ses origines italiennes, entourée de conseillers italiens et d'astrologues, elle donna à la dynastie des Valois une descendance de dégénérés.
En organisant l'élimination des chefs protestants, elle fut responsable du massacre de la St Barthélémy et voulant sauver le trône de France, elle réussit à programmer sa fin...

Veuve inconsolable d'Henry II, Régente puis Reine-mère.
Sa politique tient en une seule formule:
protéger le trône de France, préserver la paix;
négocier, tergiverser, mais s'il le faut user du droit régalien de supprimer...





"Paris se préparait à fêter les noces de Marguerite de Valois et d'Henry de Navarre. En d'autres circonstances, on aurait peut-être retardé cette union contre-nature et les festivités qui allaient l'accompagner, en raison du deuil qui venait de frapper le roi de Navarre: sa mère Jeanne d'Albret, était morte le 3 juin, d'un accés de fièvre.
L'autopsie décela une pneumonie. Bien sûr, les protestants clamèrent qu'elle avait été empoisonnée par la Médicis.
Bref, le deuil de la cour fut réduit et la noce préparée en toute hâte...".

Daniel Auteuil. Collection Christophe L.

Le trés talentueux Daniel Auteuil est Henry de Navarre qui sera en 1589 Henry IV, Roy de France & de Navarre, le premier de la dynastie des Bourbons à monter sur le trône de France après s'être converti à la religion catholique.
Sa politique reposera sur la volonté de  réconcilier protestants et catholiques: son Édit de Tolérance demeure un exemple de souplesse et de fermeté afin de rétablir la paix dans un pays épuisé par des décennies de guerre civile.

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Henry de Navarre et Marguerite de Valois; Livre d'Heures de Catherine de Medicis.

Henry de Navarre, futur Henry IV (Pau 1553- Paris 1610). Fils d'Antoine de Bourbon et de Jeanne d'Albret, reine de Navarre; il fut élevé par sa mère dans un protestantisme des plus rigides, heureusement équilibré par l'indifférence de son père. Il devint très tôt le chef du parti calviniste, sous la tutelle de Coligny.
 
"...Henry de Navarre fit son entrée dans Paris à la tête de huit cents cavaliers noirs armés jusqu'aux dents.
La capitale,d'ailleurs, assistait avec inquiétude à l'arrivée par petits groupes de nombreux gentilshommes calvinistes, gascons pour la plupart. Les tavernes, les rues étaient pleines de leurs fanfaronnades, de leurs éclats de voix, de leurs insolences et de leurs rixes. Ils exaspéraient les Parisiens, majoritairement catholiques.

Le roi, Charles IX, était le plus discret, trop sans doute, mais Coligny, chef des protestants, et sa suite se comportaient depuis longtemps en maîtres: ils traitaient le roi comme un sujet et Paris comme une ville papiste en passe d'être conquise...

La colère grondait, sourdement...Surtout dans le menu peuple, non seulement contre les occupants mais contre le roi, la reine mère, le duc d'Anjou, ses mascarades et ses mignons. A cause d'eux, de leur pleutrerie, la capitale était livrée aux hérétiques, aux suppôts de Satan...".

France Henri III

Le frère du roi et de Marguerite, Henry, duc d'Anjou,( Fontainebleau 1551- St Cloud 1589) futur Henry III, roi de France.

Le préféré de sa mère Catherine de Médicis.
Beau,  parfois intelligent, souvent impulsif, raffiné et comme tous les seigneurs de son temps un redoutable homme d'épée.
Amant de sa sœur, il pouvait aisément passer du lit douillet d'une courtisane à celui, plus rustique d'un de ses compagnons d'armes; en cela, il est typiquement de son temps...

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Wedding ball of the Duke of Joyeuse (1560-1587), 1581. The painting depicts the wedding ball of the Duke of Joyeuse and Marguerite of Lorraine, in Paris on 24 September 1581. Joyeuse was the favourite of King Henry III of France, and Marguerite was the sister of Henry's wife, Queen Louise of Lorraine. According to the description of this picture in the 1988 catalogue of the Armada Exhibition at the National Maritime Museum, Greenwich, London, the newlyweds are depicted in the centre; to the left sits Henry III beside Catherine de' Medici and his wife, Queen Louise; behind them stand the dukes of Guise, Mayenne, and d' Epernon (Armada, London: Penguin, 1988, ISBN 0140103015).

Date vers 1581


 
 
genealogie-valois-01.jpg




Généalogie simplifiée de la dynastie des Valois.


"Dans la chaleur orageuse, qui ne tenait pas seulement à la canicule de ce mois d'août, comment allaient se dérouler les noces les plus impopulaires du siècle ?

La Cour organisait ses bals, ses banquets; Coligny le comploteur assemblait trois mille soldats à la frontière des Flandres...Il annonçait à Guillaume de Nassau qu'il le rejoindrait avec douze mille arquebusiers et trois mille cavaliers: une force militaire terrifiante. Voilà la paix, qui selon lui, allait couronner le mariage du premier prince calviniste et de la sœur du roi. Pour l'amiral, cette guerre était le seul moyen d'éviter la guerre civile -c'était aussi et surtout, le meilleur moyen de s'emparer du roi".

France Charles IX
Charles IX (St Germain en Laye 1550 - Vincennes 1574).
Instable, colérique, dangereux...
 


Second fils d'Henry II et de Catherine de Médicis; il succéda à son frère François II et sa mère, après avoir exercé la régence, garda sur lui une influence maladive. Il fit d'abord une tentative de conciliation envers le parti huguenot (paix de St Germain) au cours de laquelle il laissa Coligny gouverner. Puis, il se ravisa et ordonna,  dans un climat de peur générale, les meurtres de la St Barthélémy. Ces derniers, qui ne visaient qu'à éliminer une vingtaine de chefs protestants, furent organisés à la hâte et dégénérèrent en massacres à Paris, Toulouse et Bordeaux.


Jean-Hugues Anglade. Collection Christophe L.

L'excellent acteur Jean-Hugues Anglade est Charles IX.

Gaspard-II-de-coligny.jpg

L'amiral de France Gaspard de Châtillon, Sire de Coligny.
Amiral de France.
(Châtillon sur Loing 1519 - Paris 1572).
Un chef protestant d'une ambition démesurée...

Ne pouvant plus être ni raisonné ni maîtrisé, il devait
être éliminé.



"A Paris, l'air des rues était irrespirable. La ville était surpeuplée non seulement par l'afflux inquiétant des protestants mais par de nombreux visiteurs attirés par les fêtes somptueuses du mariage. En outre, la disette qui régnait dans les campagnes environnantes avait fait refluer vers Paris d'innombrables affamés. Certains étaient hébergés comme de coutume dans les couvents, les abbayes et les églises, beaucoup d'autres croupissaient dans les rues, vivant d'aumônes et de larcins. C'était un grouillement insensé d'une population incontrôlable parmi laquelle circulaient les rumeurs les plus affolantes.
La haine était partout contre les protestants, contre la famille royale...".




Isabelle Adjani et Dominique Blanc. Collection Christophe L.

Le petit peuple est exigeant: il ne pardonne pas facilement les moeœurs dépravés des membres de la famille royale.

"La colère était entretenue par des prédicateurs populaires d'une violence et d'un fanatisme criminels, appelant au meurtre, soulevant la vindicte non seulement des masses populaires mais de la petite et moyenne bourgeoisie exaspérées et se sentant, avec raison, outragées dans leur religion, dans leur commerce, dans leurs droits de cité.
Les chroniqueurs du temps ont souvent signalé cette exaspération populaire voire populacière et les historiens ont peut-être négligé ces réactions viscérales de la foule au profit des considérations politiques et religieuses dont dissertaient les notables alors que la rue réagissait selon des impulsions irraisonnées et violentes. 
C'est dans cette fièvre que s'est développé, sans contrôle, l'instinct du meurtre pour le meurtre".


Or, dans ce bouillonnement désespéré, brillait parmi le peuple de Paris, une lueur d'espoir, la figure d'un homme providentiel: Henry duc de Guise.

Henry-Guise-49-88-balafre.jpg

Henry, troisième duc de Guise (1549-1588), sire de Châtillon dit "le Balafré".
Un grand seigneur appartenant à l'auguste Maison de Lorraine.

Beau, intelligent, redoutable au combat, chef de la Ligue catholique, amant fougueux de Marguerite de Valois.

Armoiries blason de lorraine

Armes de la Maison de Lorraine.


"...Henry de Guise était pour beaucoup de Parisiens le seul des grands qui défendait la vraie foi, qui défendait la capitale, le seul qui entraînait avec lui le peuple de Paris pour tenir tête à l'hérésie, pour se dresser contre une monarchie dépravée et aux abois, contre l'impopulaire guerre d'Espagne dont personne ne voulait, ni au Conseil du Roi, ni dans les rues de la Ville.
Transfiguré par une popularité idolâtre, Henry de Guise apparaissait dans sa beauté et son courage comme l'archange vengeur de l'injustice et de la corruption.
L'archange allait bientôt piétiner dans le sang...".


Pascal Greggory. Collection Christophe L.

"En ce mois d'août 1572, chaque jour était lourd de malheur.
Catherine voulait à tout prix expédier ce mariage et proclamer la réconciliation des calvinistes et de la famille royale catholique. Elle pourvut à ces noces avec tout le faste habituel, mais elle tremblait car elle n'ignorait pas que cette union, qu'elle était seule à vouloir, allait être célébrée dans une atmosphère empoisonnée, le 18 août à Notre-Dame.
Erreur d'avoir choisi Notre-Dame, en plein paris en effervescence. Cependant elle réussit, une fois encore, à fasciner et à neutraliser la foule par le décorum éblouissant de la cérémonie-pour la journée seulement".

France Catherine Medicis

"La reine noire" ne chercha pas à éliminer les chefs protestants pour des raisons strictement religieuses mais politiques: ils représentaient désormais un État dans l'État en menaçant l'unité du royaume.
Facteur aggravant, ils s'étaient alliés à des puissances ennemies pour arriver à leurs fins et dépecer le royaume des lys ;ils complotaient pour usurper le trône. Sur tout cela,  les rapports des ambassadeurs étrangers étaient plus informés que le roi lui-même...


Collection Christophe L.


"Ce mariage n'était même pas régulier, le pape n'avait pas envoyé les dispenses nécessaires en raison du degré de parenté rapprochée des deux conjoints: Henry était le petit-fils de Marguerite, sœoeur de François Ier, et sa femme, petite-fille de François Ier. Dispense deux fois nécessaire en raison de la religion d'Henry de Navarre, calviniste. Catherine passa outre. Elle recommanda même qu'on arrêtât à Lyon le messager du pape porteur des dispenses au cas où le saint Père eût envoyé un refus. C'est dire le cas qu'elle faisait de l'autorité pontificale. Sa politique d'apaisement passait avant tout. Bien que nombre de protestants honnissent cette union, et tout autant que les catholiques, elle la voulait comme symbole de l'union autour du roi de France et de tous les Français...".



"... Curieuse cérémonie: seule Marguerite et sa famille catholique entrèrent dans la cathédrale. Les protestants, Coligny et le nouveau marié restèrent sur le parvis pendant la bénédiction.
Le marié était donc absent de la cérémonie, il n'entendit même pas le "oui" sacramentel de son épouse. D'ailleurs, personne ne l'entendit parce que, lorsqu'on demanda à Marguerite si elle acceptait d'épouser Henry de Navarre, elle regardait si intensément son amant, le bel Henry de Guise, qu'elle ne répondit pas. Ce que voyant, son frère le roi, impatienté et brutal, lui donna un coup de poing sur la nuque. Elle baissa brusquement la tête et on se contenta de ce signe d'acceptation. Elle était dés lors reine de Navarre.
L'Histoire, plus tard, en fit simplement la reine Margot...".

in Catherine de Médicis ou la reine noire; Jean Orieux, éditions Flammarion, 1998.




 




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