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2 mars 2013 6 02 /03 /mars /2013 05:18

 

Aff-abeilles.jpg

 

La disparition des abeilles n'est pas un cas isolé: elle s'insère dans le processus de disparition inexorable de millions d'espèces animales et végétales qui conduisent inéluctablement, par voie de conséquence, à la disparition de l'espèce humaine. Cette dernière s'est imposée depuis le XVIe siècle -l'époque qualifiée par certains historiens de "Renaissance" -où l'homme a cru se sauver par l'art, la science et la technique, défiant la seigneurie de Dieu. Autrement dit, quand l'Homme a voulu prendre la place de dieu, répétant la désobéissance d'Adam & Eve; cela s'apelle aussi scientifiquement anthropocentrisme.  

L'Apocalypse de St Jean décrit une fin de ce monde vertigineuse, fulgurante et chaotique. Mais avant, il semble que l'humanité soit condamnée à recevoir des signes:  la mort massive des abeilles en est un.

Le compte à rebours a-t-il commencé?...

 

 

 

 

 

 

Entre 50 et 90% des abeilles ont disparu depuis quinze ans. Cette épidémie, d’une violence et d’une ampleur phénoménale, est en train de se propager de ruche en ruche sur toute la planète. Partout, le même scénario : par milliards, les abeilles quittent leurs ruches pour ne plus y revenir. Aucun cadavre à proximité. Aucun prédateur visible.

Arrivée sur Terre 60 millions d’années avant l’homme, l’Apis mellifera (l’abeille à miel) est aussi indispensable à notre économie qu’à notre survie.

Aujourd’hui, nous avons tous de quoi être préoccupés : 80 % des espèces végétales ont besoin des abeilles pour être fécondées. Sans elles, pas de pollinisation, donc pratiquement plus de fruits, ni légumes.

Il y a soixante ans, Einstein avait déjà insisté sur la relation de dépendance qui lie les butineuses à l’homme : « Si l’abeille disparaissait du globe, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre. »

 

 

 

 

 

 

Même si Markus Imhoof a déjà réalisé plusieurs longs métrages dont Les Raisons du coeur en 1997, Des Abeilles et des Hommes est le second documentaire du réalisateur après Le film du cinéma suisse, projeté dans les salles en 1991.

 

 

 

Des Abeilles et des Hommes s’appuie sur les témoignages d’apiculteurs du monde entier, de l’Arizona à la Chine, et également de scientifiques. Mais les véritables héroïnes du film sont les abeilles, dont le mode de vie reste une particularité de la nature. Pour leur donner de l’importante, Markus Imhoof les a filmées le plus près possible en reprenant les codes du cinéma de fiction, comme les travellings suivis de vues panoramiques.

Le réalisateur raconte comment les abeilles sont ainsi devenues les véritables actrices de son long métrage :

"Je tenais absolument à rendre visible les abeilles pour mieux les faire connaître. Leurs yeux immenses et poilus, leur carapace les font ressembler à des êtres fascinants venus d’une autre planète, je voulais qu’à l’écran elles paraissent aussi grandes, et parfois même plus grandes que les hommes."


 

 

 Une longue, très longue Histoire...

 

Documentaire TV5monde


 

A travers son documentaire, Markus Imhoof cherche à dénoncer l’utilisation abusive de la production des abeilles pour résister à la compétition des marchés. Il précise même :

"Si je ne risquais pas de paraître présomptueux, je pourrais presque dire que ce film, c’est un peu Les Temps modernes de Charles Chaplin, raconté avec des abeilles."


 

Des Abeilles et des Hommes alerte le public sur la situation dangereuse dans laquelle se trouvent les abeilles et par conséquent l’écosystème. L’écologie étant de plus en plus un débat de société, de nombreux documentaires sont ainsi réalisés dans cette optique. En 2012, Jean-Paul Jaud proposait "Tous Cobayes?", sur des essais cliniques étudiant les conséquences de la consommation d’OGM et en 2010, Agnès Fouilleux dressait le portrait de l’agriculture française dans Small Is Beautiful.

 

In Allocine.

 

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Vivre à la charnière des XXe et XXIe siècles est un privilège rare. Avec Auschwitz et Hiroshima, le premier nous a appris jusqu'où peut aller l'homme pour anéantir son prochain. Le second peut être considéré comme le moment où nous avons pris conscience de l'égale capacité de l'homme à détruire ce qui l'entoure et, par voie de conséquence, tout se tenant, à en finir une fois pour toutes avec lui-même.

 

N'abusons pas des exemples, ils sont nombreux : vache folle, dérèglement climatique, continents de plastique à la dérive sur les océans, déchets atomiques, ondes délétères et pesticides cancérigènes, on en passe...

 

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Un mal amenant parfois un bien, une conscience écologique nouvelle naît de ces maux. L'hypothèse que l'apocalypse, par notre faute, n'est plus invraisemblable, le sentiment de culpabilité qui en découle, la démonétisation d'une raison dont l'homme a le risible apanage : tout cela tend à modifier la place du plus fameux des bipèdes dans l'ordre et la hiérarchie de la nature. On se dit, par exemple, qu'on devrait peut-être en rabattre et considérer avec un peu moins de supériorité nos amies les bêtes, avec lesquelles nous avons rompu depuis belle lurette nos relations de parenté.

 

Un bien amenant parfois un mal, il s'est ensuivi, dans les sciences et les arts, un tsunami d'empathie à l'égard de nos cousins plus ou moins proches, lequel débouche, trop souvent, sur un franc abêtissement.

 

Le domaine le plus touché est évidemment celui du cinéma, art populaire, donc plus aisément galvaudé. Réservée jusqu'alors au charme enfantin du dessin animé ou à l'aura de la légende cinématographiée, la prise de parole animalière affecte dorénavant le documentaire, où ne se perd aucune occasion de rabattre sur l'animal des scénarios, des comportements, des croyances spécifiquement humains. A ce degré de brouillage, il ne s'agit plus d'anthropomorphisme, position fondée somme toute sur la distinction pérenne entre l'animal et l'homme, mais d'un gloubi-boulga écologico-commercial destiné à un public dont l'entendement est supposé ne pas dépasser le stade de "L'Ile aux enfants".

 

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Depuis leurs débuts, les films signés par Disney ont rapproché les animaux et les hommes (et vice versa); il faut avoir conservé un esprit d'enfance pour ne pas railler ces oeuvres cinématographiques.

 

 

Une affiche du film documentaire américain de Mark Linfield et Alastair Fothergill, "Chimpanzés" ("Chimpanzee").

Vous avez dit "anthropomorphisme"?

 

 

 

Deux types de documentaires animaliers se dessinent donc aujourd'hui. Ceux qui cèdent aux sirènes de l'éco-zoologie à grand spectacle, avec prouesses technologiques annoncées et story-telling pathétique, et ceux qui entreprennent d'informer, sans renoncer à séduire pour autant, des spectateurs considérés a priori comme des adultes. Un exemplaire de chaque genre sort mercredi 20 février en salles. Le plus lourd se nomme "Chimpanzés". C'est le petit dernier du département Disney Nature, par lequel le groupe a relancé en 2008 sa production de documentaires animaliers, qui compte "Les Ailes pourpres" (2008), "Océans" (2009) et "Félins" (2011).

 

 

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Deux routiers de la BBC, Alastair Fothergill et Mark Linfield, en signent la réalisation. Trois ans de tournage dans une forêt profonde de Côte d'Ivoire. La collaboration et la caution de scientifiques irréprochables. Une partie des recettes reversée à la Wild Chimpanzee Foundation. Le coup de chance enfin d'un comportement rarissime : l'adoption d'un jeune chimpanzé par le mâle dominant du groupe après que la mère du petit eut été tuée au cours d'un combat territorial.

 

Le Français Jean-François Camilleri, patron de Disney Nature, aurait toutes les raisons de considérer Chimpanzés comme "un film étendard" pour sa société, si le résultat ne s'avérait un tel gâchis. Ce n'était sans doute pas assez qu'on insulte ces pauvres bêtes en nommant le petit Oscar et le vieux Freddy, qu'une voix off omniprésente prétende nous livrer le flux de conscience furieusement décalé d'Oscar, que le mâle dominant du groupe rival soit décrit comme un infâme salaud. Non, il fallait encore qu'un commentaire déplorable écrase tout ce que pouvait avoir de singulier le matériau originel pour le naturaliser dans la veine Disney 1940, et nous resservir Bambi, la grâce et la beauté en moins, avec des chimpanzés vivants.

 

Or, la vraie vie ne se prête pas toujours à ce que l'on veut lui faire dire, et le forçage constant du scénario (suspense fabriqué sur l'attaque des adversaires, illisibilité des scènes, notamment de bataille, hiatus entre les sentiments prêtés aux animaux et leur conduite...) confine au grotesque. Pour le dire d'un mot, il y a ici un gouffre entre les déclarations d'intention (Disney au service de la nature) et la réalité du film (la nature au service de Disney).

 

 

 

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Une image du film documentaire suisse de Markus Imhoof, "Des abeilles et des hommes" ("More than Honey").

 

Tout autres sont le propos et la manière de "Des abeilles et des hommes", réalisé, de manière plus classique, par le Suisse Markus Imhoof.


Sans doute son sujet et ses actrices se prêtent-ils moins à ce type de dérive, tant il y a loin des abeilles aux hommes. En fait, pas si loin que cela, c'est une des vertus du film de le montrer. D'abord, parce que l'insecte pollinisateur est essentiel à la reproduction des espèces végétales, et partant au maintien de la vie sur Terre. Ensuite, parce que les abeilles ont été presque intégralement domestiquées par l'homme pour le miel qu'elles fabriquent.

 

C'est aussi bien l'interaction de l'homme et de l'animal qui intéresse ce film, fondé sur un constat inquiétant : la raréfaction de l'insecte (estimée entre 50 % et 90 % depuis quinze ans), victime d'un mal qu'on n'explique pas complètement mais dont l'origine tient dans les modifications exercées par l'homme sur la nature, notamment la pulvérisation de fongicides. Un biais qui permet au film d'en dire long sur les abeilles (leur organisation sociale, leur manière de réagir à l'environnement, leur physionomie rendue par des prises de vues assez extraordinaires) et encore plus long sur les hommes, dont la culture transparaît à travers la manière dont les personnages du film traitent les abeilles.

 

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Capitalisme débridé et productivité intensive pour le businessman californien John Miller, eugénisme assumé pour l'artisan helvète jaloux de la pureté de la race alpine, ou pollinisation des fleurs à la main pour la Chinoise Zhang Zhao, vu que les abeilles ont disparu de son pays après que le Grand Timonier eut décidé l'extermination des oiseaux, qui entraîna le développement de la vermine, qui nécessita l'emploi massif de pesticides, qui aboutit à l'éradication susdite.

 

Bizarrement monté, sautant du coq à l'âne, fondé sur une histoire personnelle (les ruches de la famille Imhoof) qu'on aurait aimé voir développée, "Des abeilles et des hommes" n'en reste pas moins un documentaire profondément humaniste, qui remplit honnêtement et intelligemment son office pédagogique, sans tenter de nous faire prendre des vessies pour des lanternes.

C'était déjà le cas voici trente ans, lorsque Markus Imhoof signait "La barque est pleine" (1980), un film cuisant sur l'attitude de la Suisse à l'égard des réfugiés juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Des juifs aux abeilles, rien de semblable évidemment, si ce n'est une certaine conception de la vocation et de la morale cinématographiques.

 

in Le Monde.net

LE MONDE | 19.02.2013 à 13h21 Par Jacques Mandelbaum

 

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Présenté au festival du film de Locarno l’été dernier, projeté le 19 février 2013 en ouverture du festival international du film d’environnement de Paris, Des Abeilles et des hommes, de Markus Imhoof, est une œuvre ambitieuse qui jette un regard neuf sur l’univers vibrionnant et méticuleux de la ruche, mais aussi sur le monde beaucoup plus fou des hommes.

 

Expliquer à quoi ressemble cette œuvre très documentée revient d’abord à dire ce qu’elle n’est pas : ni un film élégiaque célébrant béatement les beautés de la nature et l’intelligence collective d’insectes travailleurs ; ni une description alarmiste des effets nocifs de la chimie humaine s’immisçant dans les équilibres les plus fragiles de la nature.

 

Comment notre espèce « soumet » la planète:

 

Si ces deux dimensions sont bien présentes dans "Des Abeilles et des hommes", Markus Imhoff organise son propos à partir d’un autre point de vue, de plain-pied dans une époque d’échanges globalisés, de production et de consommation de masse. Pourvu d’un confortable budget (pour un documentaire) de 2 millions d’euros, le cinéaste s’est rendu sur tous les continents, à la rencontre d’apiculteurs et de spécialistes des abeilles, qui offrent un étonnant panorama des comportements humains et de la manière dont notre espèce « soumet » la planète.

 

On passe ainsi de la montagne autrichienne où Fred Jaggi, apiculteur à l’ancienne, punit d’un coup d’ongle la reine traîtresse s’en étant allée batifoler un peu trop loin avec de faux bourdons, aux grandes monocultures californiennes où l’entrepreneur John Miller transporte ses milliers de ruches à coups de camions, au milieu des traitements intensifs de pesticides…

 

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Des images rarissimes

 

« Je ne voulais pas donner de réponses, mais faire en sorte d’alimenter la réflexion des spectateurs »,

note Markus Imhoff, persuadé qu’en toutes choses « l’étonnement » précède la pensée et le débat. Des Abeilles et des hommes peut ainsi être vu comme un film de vulgarisation scientifique passionnant, comme un documentaire socio-économique, mais aussi comme un essai politique où, à travers le mode de relations que les hommes entretiennent avec les abeilles qu’ils exploitent, transparaît leur rapport aux autres hommes.

 

Riche d’images très rares obtenues avec le concours de l’universitaire allemand Randolf Menzel, surnommé « l’homme qui murmure à l’oreille des abeilles », le film dresse un constat au final assez glaçant et laisse le spectateur aux prises avec des questions essentielles, liées aux antagonismes de plus en plus criants entre l’homme et la nature.

 

ARNAUD SCHWARTZ in La Croix; 20/02/13

 

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« Si l’abeille disparaissait du globe, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre. »

La phrase attribuée à Einstein est probablement apocryphe mais éloquente, car l’abeille assure la pollinisation de 80 % des espèces cultivées.

 

Cette phrase guide le film, qui fait un tour du monde de l’élevage des abeilles. Depuis les ruchers des paisibles alpages suisses jusqu’à la pollinisation quasi industrielle des immenses vergers d’amandiers californiens, il rencontre les visages les plus variés de l’apiculture, cherchant les raisons de la disparition des abeilles. L’image des Chinois pollinisant à la main, faute d’abeilles, est le pendant de celle de l’apiculteur américain qui transporte en camion ses ruchers pour polliniser des champs à l’autre bout des États-Unis.

 

Tous les personnages du film, même quand ils sont âpres au gain, sont montrés sous un jour sympathique. Belle leçon de savoir-vivre. Qui se double d’un grand savoir-faire cinématographique, révélant les abeilles au travail dans des images merveilleuses.

 

Édouard Huber in Famille chrétienne.fr

 

 

 

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Pourquoi pars-tu petite sœur abeille?

 

Divine ouvrière infatigable

 

Qui crée cet équilibre indispensable...

 

 

 

Hommage à toi!

 

 

 Enigmatique créature,

 

Alchimiste de la nature.

 

 

 

Hommage à toi!

 

 

 Donatrice mystérieuse,

 

Petite précieuse.

 

 

 

Hommage toi!

 

 

 Admirable artiste,

 

Savante perfectionniste.

 

 

 Hommage à toi!

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31 janvier 2013 4 31 /01 /janvier /2013 16:00

 

 

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Comment Lincoln imposa l’amendement abolissant l’esclavage. Un film de Steven Spielberg, avec un Daniel Day-Lewis impressionnant.

 

1864.

 

 


Réélu pour un second mandat, Abraham Lincoln (Daniel Day-Lewis, photo) consacre la plus grande part de son énergie, plus encore qu’à finir le conflit avec les États du Sud, à faire adopter l’amendement qui abolira l’esclavage.

Afin de réunir une majorité de députés, tous les moyens sont bons, de la pression amicale jusqu’à la corruption… Pendant ce temps, Lincoln doit se battre sur un troisième front : arbitrer entre son fils ( Joseph Gordon-Levitt), qui veut aller se battre, et son épouse (Sally Field), femme intelligente mais nerveusement fragile, qui ne veut pas le laisser partir.

 

Un Spielberg sérieux, sans les habituelles facilités d’usage. Même si tout cela est très bavard, même si le film épouse le point de vue nordiste sans trop de recul, même si l’on s’irrite d’entendre dire qu’une fois de plus l’Amérique montre la voie au monde, alors qu’en la matière elle avait quelques décennies de retard sur la France et l’Angleterre, on suit avec intérêt cette guerre de tranchées pour faire adopter une réforme à laquelle Lincoln sacrifia une issue plus rapide de la guerre de Sécession. Le plus intéressant du film étant de montrer comment ce but idéaliste emprunta des moyens qui ne le furent guère. L’interprétation, sans faille, est évidemment dominée par un Daniel Day-Lewis impressionnant de charisme, de nuances et de vérité.

Laurent Dandrieu in Valeurs Actuelles.

 

 

 

 

Au commencement était un livre...
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Lincoln est basé sur le livre de Doris Kearns Goodwin, "Team of Rivals". Steven Spielberg était déjà en train de travailler sur le biopic du célèbre président quand il a rencontré l'auteur. Le cinéaste lui a confié être en train de travailler sur Lincoln quand Doris lui a annoncé qu'elle venait juste de terminer son livre. Spielberg en reçut une copie. Après avoir lu l'ouvrage, il décida de l'utiliser comme fondement de son film.


Steven Spielberg, comme à son habitude, s'est entouré d'une troupe d'artistes chevronnés, qu'il connait bien pour réaliser ce Lincoln. Ainsi, on retrouve Janusz Kaminski à la photographie, Michael Kahn au montage, Rick Carter pour les décors, Joanna Johnston pour les costumes et l'inévitable John Williams à la composition de la musique.


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Depuis l'âge de sept ans, Steven Spielberg a toujours nourri une fascination pour le personnage d'Abraham Lincoln, bien décidé à lui consacrer un film.

C’est en 1999 que le cinéaste a découvert "Team of Rivals", un livre biographique sur le 16ème Président des Etats-Unis écrit par Doris Kearns Goodwin. Une fois les droits acquis, le projet n'a cessé d'être repoussé depuis 2005, en raison des nombreux films du réalisateur. Le tournage devait avoir lieu début 2011, mais Spielberg a préféré se concentrer sur ses deux précédents longs métrages (Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne et Cheval de guerre) avant de s’attaquer à Lincoln.


Au départ, c’était l’acteur Liam Neeson qui était pressenti pour incarner Abraham Lincoln, un rôle qui aurait marqué sa deuxième collaboration avec Steven Spielberg après

La Liste de Schindler.

Néanmoins, le biopic fut trop long à voir le jour et l’acteur irlandais a finalement déclaré qu’il était aujourd’hui trop âgé pour jouer le 16ème président des Etats-Unis d’Amérique.


Une première version du scénario a été écrite par John Logan et Paul Webb avant que Tony Kushner ne soit engagé. Steven Spielberg a été impressionné par Kushner lors de leur collaboration sur

Munich et cela a conduit le célèbre réalisateur à travailler à nouveau avec le scénariste sur Lincoln.


 

Anecdote insolite : Daniel Day-Lewis avait campé Bill Le Boucher, un personnage totalement opposé à la politique d'Abraham Lincoln dans le film de Martin Scorsese,

Gangs of New York.


 

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  Pour certains, Abraham Lincoln fut un génie, un homme politique à la hauteur des idéaux d'une Amérique éclairant le monde; pour d'autres, surtout dans les États du Sud, il fut le Diable incarné, le responsable d'une guerre civile effroyable qui annonçait la boucherie de 14-18, le fossoyeur d'une civilisation sudiste brillante et quasi aristocratique.

Sur les ruines du Sud, s'érigea donc une Amérique industrielle, impérialiste et arrogante.


 

L'actrice Sally Field était si déterminée à jouer le rôle de Mary Todd Lincoln qu'elle a fini par convaincre Steven Spielberg de la laisser auditionner. En effet, le cinéaste trouvait que l'actrice était trop vieille pour le rôle (20 ans de plus que Mary Todd). Cependant, devant l'abnégation de l'actrice, Spielberg organisa une audition en compagnie de Daniel Day-Lewis qui est venu d'Irlande exprès pour ça. Finalement, la comédienne a réussi à convaincre le réalisateur de Jurassic Park

qu'elle était la meilleure pour le rôle :

"Daniel Day-Lewis est si gentil qu'il n'a pas hésité à prendre un vol depuis l'Irlande pour passer l'audition avec moi. Je l'aimerais toujours pour ça", s'extasie Sally Field.


La genèse de la passion de Steven Spielberg pour Abraham Lincoln a connu ses prémices lors d'une visite du fameux Lincoln Memorial à Washington :

"Je devais avoir quatre ou cinq ans lorsque j’ai vu le Lincoln Memorial pour la première fois, j’ai d’abord été effrayé par la taille de la statue sur ce fauteuil, mais à mesure que j’approchais, j’étais de plus en plus captivé par son visage. Je n’oublierai jamais cet instant, cela m’a poussé à m’interroger sur cet homme qui me surplombait, assis dans ce fauteuil", révèle le cinéaste.


 

Le long-métrage se focalise essentiellement sur les 4 derniers mois de la vie d'Abraham Lincoln et son combat pour faire adopter le 13ème amendement (abolition de l'esclavage) par la chambre des Représentants : "Nous nous sommes concentrés sur les quatre derniers mois de la vie de Lincoln, car ce qu’il a accompli au cours de cette période est véritablement prodigieux. Nous voulions cependant montrer que c’était un homme, et non un mythe. Nous nous sommes dit que notre meilleure chance d’être fidèles à cet homme exceptionnellement complexe était de le décrire en plein coeur de son combat le plus difficile : l’adoption du 13e amendement par la Chambre des Représentants", explique Steven Spielberg.


Le scénariste Tony Kushner a rendu une première version du scénario contenant pas moins de 500 pages! 

"C’était l’un des scénarios les plus brillants que j’aie jamais lus - mais il était trop foisonnant, trop long et tout simplement irréalisable du point de vue cinématographique. Cependant, en le lisant, j’ai trouvé que le plus fascinant dans le travail de Tony, c’était les 70 pages sur la lutte pour l’adoption du 13e amendement", dévoile Steven Spielberg.


Plus de 140 personnages s'entrecroisent dans ce portrait du célèbre président des USA dont d'éminentes personnalités de l'époque qu'il faut présenter aux spectateurs :

"Le processus narratif a été très difficile. Mais j’aime beaucoup écrire des scènes d’exposition car c’est comme un puzzle mental dont on assemble les pièces. Je suis convaincu que les spectateurs sont très intelligents et je savais également que mon script serait entre les mains de l’un des meilleurs réalisateurs de l’Histoire", raconte le scénariste Tony Kushner.

Lincoln-bureau.jpg

Pour se préparer à incarner Abraham Lincoln, Daniel Day-Lewis s'est plongé non seulement dans le livre qui a servi de base au scénario du film ("Team of Rivals") mais a également eu l'intelligence d'effectuer un travail de recherche gargantuesque (lectures d'articles, discours, biographies) :

"Le livre de Doris Kearns Goodwin a constitué un excellent point de départ. Mais lire des récits autobiographiques a ses limites, et à un moment donné, il est devenu encore plus intéressant à mes yeux d’évoluer vers une compréhension plus subjective de la vie personnelle de Lincoln. En cela, ce qui ressort de ses écrits a été très important. On saisit magnifiquement sa personnalité non seulement dans ses discours mais également dans les histoires qu’il racontait", commente le comédien.


Le réalisateur Steven Spielberg s'est évertué à recréer sur le plateau une ambiance d'époque afin d'immerger totalement l'équipe ; en ce sens, le chef-décorateur Rick Carter confie :

"Je me souviens d’avoir eu la sensation de remonter le temps lorsque Daniel Day-Lewis a pénétré sur le plateau pour la première fois. Je n’oublierai jamais ce moment. Ce n’était pas Daniel Day-Lewis que j’avais en face de moi. C’était le président des États-Unis de 1865, c’était Abraham Lincoln."

Au nom d'Abraham

Secret de tournage sur Lincoln

 

Bien que le film se concentre sur la vie politique d'Abraham Lincoln, Steven Spielberg n'en occulte pas pour autant sa vie familiale tumultueuse, entre une femme au caractère affirmé, la perte d'un de ses fils et la peur d'en perdre un autre à la guerre. Petite anecdote amusante, Mary Todd Lincoln avait déclaré à l'époque à propos de son mari :

"Il sera président des États-Unis un jour. Si je ne le pensais pas, je ne l’aurais jamais épousé, car vous voyez bien qu’il n’est pas beau". Vénale, vous avez dit vénale ?


 

 

Joseph Gordon-Levitt incarne Robert Lincoln, seul fils des Lincoln à avoir survécu jusqu'à l'âge adulte. Le jeune acteur donne la réplique à Daniel Day-Lewis, un de ses "maîtres" :

"C’était un peu étrange d’échanger des messages avec quelqu’un que j’avais idolâtré toute ma vie. Mais j’étais ravi. Daniel est un homme vraiment gentil et généreux. Cela m’a beaucoup touché lorsqu’il m’a dit que j’étais son premier choix, qu’il voulait faire ce film avec moi", déclare l'acteur.


Par ailleurs, on retrouve Gulliver McGrath (Dark Shadows) dans le rôle de Tad, jeune fils des Lincoln : "Même lorsqu’on ne jouait pas, il se comportait comme un père avec moi, il me serrait dans ses bras et m’ébouriffait les cheveux. Grâce à Daniel et Sally, j’ai eu l’impression de faire un bond de 150 ans en arrière et de me trouver dans la même pièce que les Lincoln – on ne se donnait pas simplement la réplique, c’était quelque chose de plus réel et de plus beau", confie le jeune comédien.

 

in Allocine.

 

USA Sécession hist us 19 civil war pic lincoln abrahamAbraham Lincoln (12 février 1809 – 15 avril 1865 à Washington) est le seizième Président des États-Unis. Il est élu pour deux mandats de quatre ans, en 1860 et 1864 sans terminer ce dernier. Il est le premier président républicain de l'histoire du pays. Son nom est associé à la guerre de Sécession et à l’abolition de l'esclavage.

Homme politique génial pour les uns, il est pour d'autres, surtout dans le Sud des États-Unis, le Diable incarné, celui qui poussa à la Guerre civile la plus impitoyable qui soit, préfigurant la boucherie de 14-18, celui qui fut le fossoyeur d'un Sud majestueux, d'une civilisation sudiste brillante, quasi aristocratique, sur les ruines duquel s'érigea une Amérique industrielle, impérialiste et arrogante, politiquement et économiquement entre les mains des Francs-maçons et de la grande finance internationale.

 

USA Etats-Unis aigle rapace

 

Pyrargue à tête blanche,  un regard perçant, un bec et des serres de prédateur redoutable:
il est l'emblème des États-Unis d'Amérique.

 

 

États-Unis 1861-1865. Figure mythique de la mémoire américaine, Lincoln a marqué de son empreinte le treizième amendement de la Constitution, qui mit fin à l’esclavage. Et qui, aussi, lui coûta la vie.

 

Les Américains se sont livrés pendant quatre ans à une atroce guerre civile : un million de victimes, un soldat tué sur quatre engagés. Cette guerre les a marqués pour toujours. Elle s’est faite autour de trois amendements, dont le treizième, sur l’abolition de l’esclavage, fut emblématique. Il fut signé par Lincoln le 1er février 1865, après qu’il eut été voté par le Sénat des États-Unis le 8 avril 1864 et par la Chambre le 31 janvier 1865. Steven Spielberg en a tiré un film, portrait d’anthologie d’Abraham Lincoln.

 

Son élection à la présidence des États-Unis en novembre 1860 fut vécue par les pratiquants de l’esclavage qui vivaient dans les États du Sud comme un traumatisme. En Caroline du Sud, l’assemblée décida la convocation d’une convention d’État, qui adopta à l’unanimité un texte stipulant que « l’union existant entre la Caroline du Sud et les autres États, sous le nom d’États-Unis d’Amérique, [était], en vertu de la présente ordonnance, dissoute ». Cette décision devait déclencher le début des hostilités entre les confédérés, au Sud, et les unionistes, au Nord.

 

Lincoln n’ignorait pas les menaces qui risquaient de compromettre l’unité du pays. « Vous pensez, vous, avait-il écrit à Alexander Stephens, homme politique influent dans le Sud, que l’esclavage est une bonne chose qui devrait être étendue, alors que je pense, moi, que c’est une chose mauvaise qu’il convient de limiter. Là, je suppose, est le hic. Là gît assurément la grande divergence qui existe entre nous. »

 

Pour les partisans de l’esclavage, « résister à Lincoln, c’[était] obéir à Dieu ». Mais lui resta inflexible. « Je suis contre tout compromis qui faciliterait ou permettrait l’extension de l’institution sur des terres appartenant à la nation », écrivit-il. La guerre civile allait prendre la forme d’une guerre de religion.

 

Encouragé par ses premières victoires face aux séparatistes, Lincoln tenta de rompre l’union des confédérés en leur proposant une abolition acceptée, volontaire, progressive et indemnisée de l’esclavage. Le 6 mars 1862, il fit parvenir un message au Congrès dans lequel il recommandait le vote d’une résolution engageant l’Union fédérale « à coopérer avec tout État prêt à faire sienne une abolition progressive de l’esclavage, en échange d’une aide pécuniaire que chaque État pourrait utiliser à sa guise afin de compenser les inconvénients, publics et privés, liés à un pareil changement de système ». Dans le Nord, l’accueil fut très favorable. Le New York Tribune se félicita que « Dieu [eût] mis un dirigeant aussi sage » à la tête du pays. Au Congrès, la résolution proposée par le président reçut à une écrasante majorité l’aval des deux Chambres. Mais cette approbation fut sans effet, aucun des États concernés n’y donnant suite.

 

Derrière ces questions se posait le problème des Noirs qui fuyaient leurs maîtres du Sud ou se retrouvaient, après une victoire nordiste, livrés à eux-mêmes. Le 17 juillet 1862, le Congrès adopta une loi autorisant à la fois le recrutement et l’“émancipation” des esclaves forcés par leurs anciens maîtres à soutenir les rebelles ou à prendre les armes contre l’Union. Le 9 décembre, la Chambre des représentants envisagea la création de cent régiments noirs. Au total, 180 000 combattants de couleur furent recrutés par les armées yankees.

 

Malgré cela, les plus fervents abolitionnistes jugèrent encore la politique de Lincoln trop influencée par « certains politiciens fossiles des États intermédiaires esclavagistes ». Pour eux, « tout ce qui renforce l’esclavage dans ces États renforce aussi la trahison et enfonce le coin au moyen duquel on cherche à diviser l’Union ».

 

Lincoln s’était rendu compte qu’il serait impossible d’obtenir une abolition “consentie” et “indemnisée” de l’esclavage en passant par les États du Sud tant leur résistance était forte. Il prit le problème autrement et envisagea une émancipation qui, cette fois, serait proclamée depuis le sommet de l’État fédéral. Une victoire spectaculaire de l’Union à Antietam, le 17 septembre 1862, l’y aida. Désormais, pour lui, cette lutte fratricide devenait une croisade pour l’abolition et la liberté.

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Les États du Nord font la guerre aux États esclavagistes du Sud et massacrent les Indiens (Minnesota, 1862)

 

 

Le 22 septembre, une Proclamation d’émancipation annonça qu’à la date du 1er janvier 1863 « toutes personnes détenues comme esclaves dans les États ou portions d’État dûment désignés, et dont la population se trouvera alors en rébellion contre les États-Unis, seront, à compter de cette date, définitivement libres ». Celle-ci était doublement habile : il devenait désormais impossible aux grandes puissances européennes de soutenir le Sud esclavagiste contre un Nord abolitionniste. Quant aux États confédérés, ils étaient prévenus : sauf à rejoindre l’Union d’ici à la fin de l’année, ils risquaient de perdre “pour toujours” le droit de posséder des esclaves.

 

Le 1er décembre 1862, lors de son discours sur l’état de l’Union, Lincoln demanda au Congrès d’adopter plusieurs amendements sur l’indemnisation des propriétaires acceptant d’affranchir leurs esclaves, l’octroi du statut d’homme libre aux esclaves séparés de leurs maîtres « par les hasards de la guerre » et l’affectation de crédits permettant aux affranchis de pouvoir s’expatrier s’ils le souhaitaient. « Nous ne pouvons nous soustraire à l’Histoire, concluait-il. En donnant la liberté aux esclaves, nous garantissons la liberté des hommes libres. C’est un chemin qui, si nous le suivons, sera à jamais applaudi par l’univers et à jamais béni par Dieu. »

 

Le Nord exulta. « Dieu bénisse Abraham Lincoln ! », pouvait-on lire dans la presse. Les sudistes crièrent au chantage. Pour certains conseillers proches du président, cette décision était « une erreur fatale ». Beaucoup de soldats de l’Union se sentirent trahis, refusant de se battre “pour les Noirs”. Deux cent mille soldats fédéraux désertèrent tandis que des milliers de recrues potentielles allèrent se cacher dans les montagnes ou au Canada.

 

Mais, à l’instant même où il avait apposé sa signature sur le document, Lincoln avait eu le sentiment que son initiative aurait une portée historique : « Si mon nom doit un jour entrer dans l’Histoire, confia-t-il à son entourage, ce sera en raison de cet acte, où j’ai mis toute mon âme. » La guerre se muait en une lutte acharnée entre deux modèles de civilisation : un Nord garant des libertés et des droits de l’homme, et un Sud fondé sur le binôme coton-esclaves et sur une pratique autonome du commerce que mettaient à mal les décisions de Lincoln. Pour le président des États-Unis, l’objectif suprême du combat demeurait la sauvegarde d’un modèle de société hérité de la révolution américaine, fondé sur la liberté d’hommes « créés égaux » et sur « le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ».

 

En novembre 1864, la réélection de Lincoln ne fut ni triomphale ni facile. Le 3 février 1865, il rencontra Jefferson Davis, qui était à la tête des onze États sécessionnistes. Le président réélu lui déclara qu’il était favorable à toute ouverture « visant à établir la paix au profit du peuple de notre seule et unique patrie commune ». Face à Davis, il énuméra une série d’exigences qu’il savait inacceptables pour son interlocuteur. Parmi elles, l’abolition volontaire de l’esclavage dans tous les États concernés. Créant la surprise, il annonça qu’il avait signé, trois jours plus tôt, le treizième amendement à la Constitution, lequel abolissait l’esclavage aux États-Unis. Des paroles que les confédérés ne pouvaient entendre.

 

Dans son discours d’investiture du 4 mars 1865, Abraham Lincoln insista sur le désaccord profond entre le Nord et le Sud sur la question de l’esclavage, lequel était, selon lui, à l’origine du conflit qui déchirait le pays. « Il peut sembler étrange, dira-t-il, que des hommes osent demander l’assistance de Dieu juste pour s’approprier leur pain à la sueur du front d’autres hommes. »

 

Tandis que les troupes nordistes l’emportaient sur les sudistes, Lincoln apprit, le 2 avril suivant, l’évacuation de Richmond par les confédérés. « Merci à Dieu de m’avoir permis de vivre assez longtemps pour voir cela. J’ai le sentiment d’avoir fait depuis quatre ans un cauchemar horrible », confiat-il à l’amiral Porter. Le 9 avril, il fut informé de la reddition du général Lee, chef des armées confédérées. Désormais, son unique objectif était le rétablissement de l’autorité nationale. Le 11, depuis le balcon de la Maison-Blanche, il loua, une fois encore, l’émancipation générale des esclaves et l’extension de certains droits pour les plus “éclairés” d’entre eux, tels l’apprentissage ou le droit de vote. Jamais il n’était allé aussi loin dans une déclaration publique en faveur des Noirs de l’Union ayant servi la cause “en tant que soldats”. Ce fut son dernier discours.

 

Dans la foule, un homme écumait de rage contre ces propos sur l’avenir des affranchis. « Cela veut dire la citoyenneté pour les Nègres », lâcha-t-il, plein de haine, à son voisin. Trois jours plus tard, le 14 avril, le même homme, John Wilkes Booth, tua froidement d’une balle dans la tête le président des États-Unis dans sa loge du théâtre Ford.

 

Vincent Freylin in Valeurs Actuelles.net; 8 Février 2013

 

Carte Sécessio civil-war-map

 

Derrière l'argument passionnel de l'esclavage, les vraies raisons du conflit, historiques, économiques, culturelles, révèlent deux mondes affrontés. La cohabitation pacifique ne fut pas permise par Lincoln, les politiciens et les banques nordistes.

Voici cent quarante ans, le 9 avril 1865, aprés quatre ans d'une guerre impitoyable où, plusieurs fois, il faillit l'emporter malgré sa grande infériorité matérielle, le général Robert E.Lee, généralissime des armées confédérées, se vit contraint de capituler.

La Guerre de Sécession ou Civil War, qui avait commencé en avril 1861 prenait fin; au moins sur le terrain militaire.

Cette guerre qu'au Nord on appelle "civil war" (guerre civile) et au Sud "war between the States" (guerre entre les Etats) avait duré quatre ans. Ce fut le conflit le plus sanglant de toute l'histoire américaine.Les pertes furent supérieures d'un tiers à celles de l'Amérique durant la Seconde Guerre mondiale, pour une population sept fois moins nombreuse.

Le Sud, moins peuplé que la Suisse d'aujourd'hui, succomba finalement sous le nombre et sous l'écrasante supériorité matérielle du Nord, aprés avoir remporté d'innombrables batailles. Sa défaite n'entraîna pas seulement la destruction de son indépendance politique et économique, mais celle aussi de sa civilisation. Dans les années qui suivirent sa reddition, le Sud fut mis au pillage, à la vindicte et à la loi martiale du Nord, jusqu'à l'extinction presque complète de son identité.

 

 

lincoln-a-cheval.jpgImage idéalisée d'un Lincoln en chef de guerre dans le film de Spielberg; le haut de forme quelque peu ridicule dans ce contexte montre que le Président des Etats-Unis, un civil, est aussi, constitutionnellement chef des Armées.

 

USA PresidentJeffersonDavis

"Le principe pour lequel nou luttons est poussé à s'affirmer de lui-même, peut-être à une autre époque, et sous une autre forme"

 

 

 

 


Jefferson Finis Davis (3 juin 1808-6 décembre 1889) est un officier et un homme politique américain, membre du parti démocrate qui fut l'unique président des États confédérés d'Amérique durant la guerre de Sécession.

 

Diplômé de West Point, colonel dans l'armée américaine et vétéran de la guerre contre le Mexique, sénateur du Mississippi, Jefferson Davis fut aussi Secrétaire à la Guerre des États-Unis de 1853 à 1857 dans le gouvernement de Franklin Pierce.

 

D'abord hostile à la sécession, il était néanmoins partisan du respect de la souveraineté des États de l'union à décider de leur avenir. Après la proclamation de la sécession du Mississippi, Davis démissionna du Sénat des États-Unis en janvier 1861. Le 18 février 1861, il fut élu président des États confédérés d'Amérique pour un mandat de 6 ans.

 

Durant sa présidence, marquée par la guerre civile entre les États du Nord et ceux du Sud sécessionnistes des États-Unis, il se fit l'avocat d'un pouvoir centralisé plus fort au sein de la confédération afin de pouvoir unifier le commandement civil et militaire face aux troupes de l'Union.

 

Après la défaite des troupes sudistes, Davis fut arrêté par les troupes nordistes en 1865 et accusé de trahison. Bien que les charges aient été finalement abandonnées, il fut cependant déclaré inéligible à toute fonction publique en vertu du XIVe amendement à la constitution des États-Unis d'Amérique. Cette incapacité fut annulée par le président Jimmy Carter en 1978, soit plus de 89 ans après la mort de Davis.

 

 

USA American civil war7

Les Sudistes se battirent avec une bravoure inouïe pour défendre leur identité, sans disposer des énormes ressources financières et industrielles du Nord.

 

 

 

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Bombardement d'Atlanta par les Nordistes dans le chef d'oeuvre cinématographique Autant en emporte le vent. (1939)

 

 


 

autant-en-emporte-le-vent.7

Tara au temps de sa splendeur...Ces demeures du Sud étaient copiées sur les modèles européens des aristocrates du  XVIIIe siècle.

 

 

 

USA Louisiana Plantation House Bainbridge family

Une demeure en Louisiane aujourd'hui...

 

autant-en-emporte-le-vent-1939 Robe

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autant en emporte Tara ruinsLe superbe domaine de Tara pillé et incendié par la soldatesque nordiste.

Ce film ne pourrait plus être tourné aujourd'hui tant les esprits actuels ont été conditionnés par une version officielle de l'Histoire. 

 

 

 

 


 

autant-en-emporte-le-vent 13

 

 

 

Pourtant, la mémoire du Sud ne s'est pas effacée. Portée par le souvenir des familles, la littérature et le cinéma, elle continue de témoigner pour un monde qui parle encore à quelques Européens. Un monde capable de concilier le raffinement et le courage, la joie de vivre et l'énergie.

Dans les cinquante années qui viennent, les Etats-Unis pourraient de nouveau se trouver divisés pour des raisons toutes différentes, peut-être plus pernicieuses et de plus longue portée. Certes, il n'appartient pas à l'histoire de prévoir l'avenir, mais d'en suggérer les possibles, de montrer à la lumière du passé que tout peut arriver, y compris et surtout, l'imprévisible...

 

 

USA Bombardment of Fort SumterBombardement de Fort Sumter.


Le fort Sumter est un fort situé près du port de Charleston en Caroline du Sud. Il doit son nom au général Thomas Sumter. Il est surtout connu pour les combats qui s'y produisirent lors de la bataille de Fort Sumter et qui déclenchèrent la guerre de Sécession.

La bataille du fort Sumter désigne le bombardement des 12 et 13 avril 1861 par l'armée des États confédérés qui visait à déloger la garnison fédérale qui occupait le Fort Sumter à l’entrée de la baie de Charleston en Caroline du Sud. Cette bataille, qui n'a pas fait de mort, déclenche la guerre de Sécession (1861-1865) aux États-Unis, conflit plus meurtrier que toutes les autres guerres américaines réunies.

 

Plus qu’une bataille militaire dont l’issue ne faisait aucun doute, les tractations politiques représentent le principal enjeu de la reddition du fort et de ses conditions. Pour les deux camps, il s’agit de galvaniser ses troupes et de rallier à sa cause les États encore indécis, le meilleur moyen étant de faire de l’adversaire un agresseur, en cas de guerre. Ce conflit oppose d’abord le gouverneur de Caroline du Sud, Francis W. Pickens, au président sortant, le démocrate James Buchanan ; puis à partir de mars, le président Abraham Lincoln au président Jefferson Davis. L'attaque du fort par les rebelles après plusieurs mois de négociation provoque la mobilisation d'une armée par Abraham Lincoln et précipite le pays dans une guerre fratricide.

 

USA Sécession 20 décembre 1860

 

  USA Guerre de Sécession Petit Tambour

 

USA Sécession

 


 

 

 

 

Le conflit avait pour cause immédiate  l'élection de Lincoln considérée comme une menace pour la survie du Sud.

Mais il était surtout la conséquence d'une rivalité beaucoup plus ancienne, dont l'origine remonte à la formation de deux sociétés devenues antagonistes.Il est admis de dire que, dominé par l'aristocratie des planteurs, le Sud possède une économie essentiellement agricole, et que le Nord repose sur une économie industrielle et financière favorisée par le protectionnisme. Mais au-delà de ces différences économiques qui pèseront lourdement dans la future  guerre de Sécession, au-delà de la question de l'esclavage qui sera le prétexte passionnel du conflit, le Sud et le Nord ont développé deux modes de vie opposés qui ont leurs sources dans l'Angleterre du XVIIe siècle et la fondation de la première colonie anglo-saxonne d'Amérique, dans la baie de Cheasapeake, Virginie, le 13 mai 1607. Ceci se passe treize ans avant l'arrivée des colons  du Mayflower. Déroutés par une tempête, ces derniers débarquent plus au Nord, sur la côte froide du cap Cod. Le hasard voulut que se développe ainsi deux colonies différentes, séparées par une véritable frontière climatique et par la frontière plus efficace encore de deux cultures distinctes.

La césure est d'abord géographique. S'y ajoute  une nette différence de peuplement: contrairement aux puritains fanatiques (protestants) du Mayflower qui viennent fonder aux Amériques la nouvelle Terre Promise de leurs rêves. De leur côté,  les colons de Virginie  se soucient moins  d'utopie religieuse et politique. Ils viennent chercher fortune et une vie plus libre  que celle de l'Angleterre surpeuplée. La culture intensive du tabac, alors très en vogue, et ses fructueux bénéfices  leur conviennent parfaitement.. Cependant, elle exige une main d'oeuvre importante. Or, les Indiens se refusent  à travailler la terre. Quant à les réduire en esclage, c'est impossible, ils préfèrent mourir. La solution, scandaleuse à nos yeux,  normale à l'époque pour l'immense majorité, est apportée en 1629. Cette  année-là, le secrétaire de l'Assemblée de Virginie note sur le journal de la colonie: " Un bâtiment hollandais (donc des Protestants) nous a livrés vingt Noirs d'Afrique". L'arrivée de ces premiers esclaves inaugure une histoire dont l'Amérique n'a pas fini de payer les funestes conséquences.

 

Carte cotton map

 


esclaves Virginie 1619 ou 1649Esclaves en Virginie, 1629

 

 

 

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L'importation du "Bois d'Ebène" (belle expression qui évite le terme "esclaves") qui fait la fortune  de Nantes  est lente jusqu'au XVIIIe siècle. Tout changera  lorsque les armateurs du Nord auront évalué  les bénéfices à tirer de cet odieux trafic: l'or étouffera les scrupules. Les négriers protestants puritains, comme les négriers en terre d'Islam, lèveront les yeux au ciel, ils oublieront leurs principes  égalitaires... En outre, le syllogisme calviniste  a réponse à tout: le Seigneur bénit la richesse! Et la traite est le moyen  le plus rapide de s'assurer la richesse; donc, Dieu bénit  la traite. Evident mon cher Watson...

En 1770, Rhode Island compte 170 bateaux négriers. Ce sont les ports de la Nouvelle-Angleterre qui assurent de loin le plus gros trafic, avec en tête Newport, Providence, New Bedford, puis New York et Boston.

 

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Deux cultures donc, deux économies et deux sociétés que tout oppose, se développent au Nord et au Sud: les émigrants de la Nouvelle-Angleterre vivent pratiquement en autarcie; à l'inverse, les planteurs de Virginie ne peuvent se passer d'échanges. Ils vendent leurs balles de tabac aux navires de Londres, puis à ceux de New York, et leur achètent  des vivres , des meubles, et des objets  manufacturés. L'exploitation du sol  est leur seule source de profit. Ainsi se confirme au Sud une culture aristocratique et agraire, en opposition au mode de vie égalitaire  et individualiste au Nord.


"Le Yankee et le Virginien sont deux êtres fort dissemblables", écrit Michel  Chevalier  dans ses lettres sur l'Amérique du Nord, publiées  par la Revue des Deux Mondes en 1836: " Ce sont les mêmes hommes qui  se sont  coupé la gorge en Angleterre, sous le nom de Cavaliers et Têtes Rondes. En Amérique où il n'existe pas de pouvoir modérateur, ils se fussent dévorés, comme jadis dans la mère patrie, si la Providence ne les eût jetés, l'un au Midi, et l'autre au Nord".

Le voyageur français n'aurait jamais pu imaginer que cette séparation pousserait le Nord à dévorer le Sud...

  USA Junius Brutus Stearns - George Washington as Farmer at

 

 

George Washington, premier Président des Etats-Unis d'Amérique, possédait de nombreux esclaves, rien de choquant à l'époque; ici représenté (peinture de Junius Brutus Stearns) inspectant les travaux sur ses immenses domaines de Virginie...

 

 

George Washington (22 février 1732 - 14 décembre 1799) est le chef d’état-major de l’Armée continentale pendant la guerre d’indépendance (1775-1783) avant d'être le premier président des États-Unis (1789-1797).

Né à Pope's Creek dans la colonie britannique de Virginie, il est l'un des planteurs les plus riches de la région avec son domaine de Mount Vernon.

Grâce à sa participation à la guerre de Sept Ans (1756-1763), il devient rapidement célèbre des deux côtés de l'Atlantique et s'intéresse aux questions politiques. Son engagement dans la Révolution américaine ainsi que sa réputation le portent au poste de commandant des troupes américaines, qu'il organise et mène à la victoire finale, avec l'aide des Français, sur la métropole britannique.

Après le conflit, il participe à la rédaction de la Constitution américaine et fait l’unanimité lors de la première élection présidentielle. Pendant ses deux mandats, George Washington montre ses qualités d'administrateur habile, malgré les difficultés internes et la guerre en Europe. Il a laissé son empreinte sur les institutions du pays et sur l’histoire nationale.

 

Considéré comme l'un des Pères fondateurs des États-Unis par les Américains, George Washington a fait l'objet de nombreux hommages depuis la fin du XVIIIe siècle : son nom a été donné à la capitale des États-Unis, à un État du nord-ouest de l'Union, ainsi qu'à de nombreux sites et monuments. Son effigie figure depuis 1932 sur la pièce de 25 cents (quarter) ainsi que sur le billet d'un dollar.

 

 

 

Esclaves US 1830

 

 

Esclave escaped Slaves mai août 1862

 

Esclaves échappés (1862)

 

Segregation 1

 

Segragation 3

 

 

Segregation 2

 

Années 40 et 50

 

USA NegroboysonEastermorningApril1941byRussellLee

 

 

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Un Noir à la Maison Blanche.

 

Barack Hussein Obama II, né le 4 août 1961 à Honolulu dans l'État d'Hawaï, est un homme d'État américain. Il est l'actuel et le 44e président des États-Unis d'Amérique, élu pour un premier mandat le 4 novembre 2008, et réélu le 6 novembre 2012.

 



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4 janvier 2013 5 04 /01 /janvier /2013 15:10

 

 

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Avec ce Renoir, l'excellent  Michel Bouquet fait un retour inespéré sur nos écrans. A l'origine, c'est le génial Jean-Pierre Marielle qui devait obtenir le rôle...Que s'est-il passé? Peu importe, le choix final est le bon.  A regretter cependant, les sentences pontifiantes sur la vie et l'art; elles sont ridicules, même quand c'est Michel Bouquet qui les profère.

 

 

 

 

1915. Reclus dans sa villa de la Côte d’Azur, perclus de rhumatismes, Auguste Renoir (1841-1919) (Michel Bouquet) mobilise ses dernières forces pour continuer à peindre.

L’arrivée d’un nouveau modèle, Andrée Heuschling (Christa Théret), lui redonne une ultime vigueur créatrice. Revenant du front où il a été blessé, son fils Jean (Vincent Rottiers) trouve aussi la jeune femme à son goût.

On sait que c’est l’ambition d’actrice d’Andrée – elle fera carrière dans le muet sous le nom de Catherine Hessling – qui décida de la vocation de cinéaste de Jean Renoir, qui, à l’époque de leur rencontre, se cherchait encore. Muse successivement du père et du fils, Andrée eut un destin qui ne pouvait qu’intéresser le cinéma.

Inspiré du livre le Tableau amoureux (Fayard), de Jacques Renoir, arrière-petit-fils d’Auguste, le film est pourtant plus le portrait d’un trio que de l’un des protagonistes. Et c’est naturellement la figure d’Auguste, avantagée par l’immense talent de son interprète comme par sa personnalité un peu écrasante, qui domine le récit, d’autant que les deux autres interprètes, sans démériter, manquent un peu de relief. Comme l’ensemble du récit, évocation agréable, supérieurement photographiée par Mark Ping Bing Lee, mais qu’on aurait souhaité relevée de davantage de passion.

 

Laurent Dandrieu in Valeurs Actuelles.

 

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Nommé

 

Prix Un Certain Regard

 

Gilles Bourdos

 

 

Nommé

 

Un Certain Regard - Prix d'interprétation féminine

 

Gilles Bourdos

 

 

 Nommé

 

Un Certain Regard - Mention spéciale du jury

 

Gilles Bourdos

 

 

Nommé

 

Prix Fipresci - Un Certain Regard

 

Gilles Bourdos

 

 

 Nommé

 

Prix Regard jeune

 

Gilles Bourdos

 

 

 Nommé

 

Un Certain Regard - Prix Spécial du Jury

 

Gilles Bourdos

 

 

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Renoir est un film sur le pouvoir de la création. Sur ce pouvoir à l’œuvre, quoiqu’il en coûte à l’artiste.

En 1915, réfugié dans son domaine des Collettes au bord de la Méditerranée, Auguste Renoir, le corps perclus par la polyarthrite qui le fait souffrir atrocement, enchaîne toile sur toile. Dans son atelier posé au milieu des oliviers, il travaille inlassablement, le pinceau attaché à sa main raidie par des bandelettes de tissu. Et ses tableaux ne sont qu’odes à la lumière blonde qui cajole les formes voluptueuses de femmes rayonnantes et sensuelles.

 

Toute la vie qui abandonne le peintre se concentre dans ces figures solaires gorgées de couleurs. Mais, dès que le soir tombe, la douleur revient, maîtresse tyrannique des nuits de Renoir où la vieillesse convoque des fantômes d’angoisse et de misère.

 

Renoir est un film sur la griserie du geste.

Gilles Bourdos a eu l’idée, excellente, de confier au faussaire Guy Ribes l’interprétation de la main du peintre incarné par Michel Bouquet. La caméra circule comme un fluide entre le visage du comédien et le geste ondoyant du vrai-faux peintre dont le douteux métier se fonde sur une connaissance intime du style et de la touche de l’artiste. Rarement on aura vu un dessin devenir esquisse avec autant de souplesse et de vérité, puis l’ébauche prendre forme et donner naissance au tableau.

 

 

Renoir est un film sur la douceur des femmes apaisant le corps des hommes. Le vieil artiste cloué dans son fauteuil roulant dont il a renoncé à s’extraire, préférant mobiliser ses ultimes forces au service de la peinture ; son fils Jean, le futur cinéaste, blessé au front et qui revient aux Collettes en claudiquant pour achever sa convalescence ; Claude enfin, dit Coco, le plus jeune des Renoir, sauvageon à la silhouette adolescente un peu malingre et empruntée…

 

Trois âges de la vie et trois corps fragiles qui s’en remettent aux soins caressants des femmes. Elles furent modèles, maîtresses souvent, et désormais servantes : tout un petit peuple féminin officie aux Collettes, cuisinant, entretenant la maison et soulageant Auguste Renoir de ses insupportables douleurs. Dans un rituel envoûtant où l’eau joue un rôle quasi mystique, elles baignent et massent les mains endolories du peintre, procèdent délicatement à sa toilette et à son coucher laborieux.

 

 

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Renoir est un film sur une femme parmi ces femmes.

Andrée, ou Dédée, jeune rousse onctueuse, débarque un beau matin. À peine a-t-elle postulé qu’Auguste l’engage comme modèle, séduit par son charme spontané. Pour le créateur, cette nouvelle muse est comme une source de jouvence, un appel inespéré de la vie. La beauté et la force d’Andrée lui attachent d’ailleurs tous les Renoir.

 

Coco devine en elle ce mystère féminin encore inaccessible tandis que Jean tombe amoureux, puisant dans cette passion la vitalité qui lui fait défaut. C’est par elle, pour elle, que le jeune soldat indécis qui ne sait de quoi l’avenir sera fait, se tournera sérieusement vers le cinéma… Ne doit-il pas immortaliser sur la pellicule sa belle amante – qu’il épousera en 1920 ?

Quelques années plus tard, Andrée Heuschling sera, sous le nom de Catherine Hessling, la vedette de son premier long métrage, La Fille de l’eau (1924), puis la courtisane Nana (1926) d’après le roman de Zola…

 

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Et Michel Bouquet est admirable...

 

Renoir est un film sur la beauté ensorcelante des paysages du Sud écrasés de soleil ou bleutés par les ombres au crépuscule, les délicieuses parties de pêche nocturne en mer, les pique-niques au bord des frais torrents de l’arrière-pays, l’eau qui file entre les doigts à l’image de la vie.

Malgré la musique insipide d’Alexandre Desplat qui affaiblit parfois l’image, Gilles Bourdos atteint un superbe équilibre entre les scènes artistiques et les séquences narratives.

 

Michel Bouquet, le visage mangé par une barbe de patriarche, joue avec les yeux. Il est tout simplement admirable face au Jean élégant et fragile de Vincent Rottiers. L’incarnation plus classique mais parfaitement convaincante de Christa Theret et son physique « renoirien » participent de la réussite de l’œuvre, sans oublier la galerie des seconds rôles, tous impeccables, à commencer par Carlo Brandt en médecin lucide et compréhensif.

 

 

EMMANUELLE GIULIANI in La Croix


 

 

 

 

 

Le tournage du film n'a pas eu lieu dans le domaine des Collettes, où Renoir a passé les dernières années de sa vie et qui est depuis devenu un musée consacré au peintre, mais dans la région du Var pour conserver la belle lumière du sud de la France.

 

 

En matière de films sur le travail de la peinture, Gilles Bourdos a pensé à la démarche de deux cinéastes : "J’avais en tête deux grandes postures opposées : celle de Maurice Pialat (Van Gogh, 1991) qui refuse totalement de filmer le peintre au travail et celle de Vincente Minnelli (La Vie passionnée de Vincent Van Gogh, 1956) qui cite frontalement les situations dépeintes dans les tableaux par la mise en scène".

Au final, le cinéaste a choisi de montrer le peintre au travail sans pour autant citer des œuvres de Renoir.

 

 

Pour le metteur en scène Gilles Bourdos, il était évident que Michel Bouquet devait interpréter Renoir, en raison des points communs entre les deux hommes : "J’ai trouvé chez Michel la même émouvante obstination au travail que chez Renoir, le même courage face à l’adversité (...) ce qui m’intéressait chez lui, outre l’immense comédien qu’il est, c’est le rapport du "vieux maître" aux jeunes acteurs", explique-t-il.

 

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Mais comment s'imprégner de la personnalité d'un artiste?

Pour comprendre qui était Pierre-Auguste Renoir, l'acteur Michel Bouquet a lu plusieurs fois le livre "Pierre-Auguste Renoir, mon père" écrit par Jean Renoir ce qui lui a donné l'impression de ne pas trahir le peintre : "Je me suis senti accompagné par l'être qu'il était", explique l'acteur. Il aussi visionné un court-métrage réalisé par Sacha Guitry, Ceux de chez nous (1914), où apparaît le peintre au travail.

 

 

Interpréter le rôle de Jean Renoir pouvait présenter certains pièges pour son jeune acteur, que le cinéaste cherchait à éviter : "Il y avait le risque que Vincent Rottiers s’inspire des prestations de Jean Renoir dans ses propres films, autrement dit celles d’un grand bourgeois qui aimait camper des faubouriens à la limite de la caricature. Je lui ai demandé surtout de s’approprier la situation", explique Gilles Bourdos.

 

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Il est étonnant de savoir que toutes les peintures présentes dans Renoir ont été réalisées par Guy Ribes, célèbre faussaire qui imitait le style des grands maîtres de la peinture comme Chagall, Picasso ou Matisse. Il fut condamné en 2004 à trois ans de prison et contacté par Gilles Bourdos à sa libération.

 

 

Enfin, Renoir marque la troisième collaboration entre Gilles Bourdos et le compositeur Alexandre Desplat. Auparavant, ils ont travaillé sur Et après (2007) et Inquiétudes (2004). Le réalisateur retrouve aussi le scénariste Michel Spinosa, avec qui il a écrit tous ses films.

 

 

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Il est difficile de voir dans le regard de cet artiste une quelconque insouciance, une légèreté, un esprit bucolique. C'est qu'il y a une angoisse certaine chez ce peintre  qui naît après la Révolution, c'est-à-dire aprés  l'écroulement d'un monde où la féminité est piétinée sous les bottes de la soldatesque et les sabots des fureurs populaires, sous les ricanements de petits avocats, philosophes, petits tyrans, arrivistes et opportunistes en tous genres. Ces yeux là n'ont pas vu les immenses guerres napoléoniennes, les révolutions de 1830 et 1848 mais ils en sont imprégnés. Comme du désastre de 1870 puis, Apocalypse totale, écroulement définitif de mondes impériaux et aristocratiques où les aigles les plus augustes furent foudroyés: la Grande Guerre.

Ce petit bourgeois a essayé de se protéger dans les herbes hautes de quelques campagnes silencieuses où seront quand même fauchés des millions de jeunes hommes ensevelis dans les amnésies des peuples hédonistes. Son fils sera blessé; plus profondément qu'il n'y paraît: le cinéma de Jean Renoir est imbibé de pacifisme et de rêves humanistes forcément fracassés dans des réveils haletants et sidérés...

 

Bazille plus que Renoir...

 


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Renoir peint par son ami Frédéric Bazille (1841-1870) en 1867.

Même génération que Renoir, mais Bazille est issu de la grande bourgeoisie protestante de Montpellier, autrement dit dans l'aisance...Pas seulement financière; là est la différence. Il fait poser son ami dans une attitude insolite voire scandaleuse pour l'époque; Bazille a du  s'amuser... Il s'engagera dans un régiment de zouaves et sera tué en 1870 à l'âge de 28 ans. Bazille c'est aussi l'insolence du panache. Renoir, tristement, verra tous ses amis disparaître...

 

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"Réunion de famille" peinte par Frédéric Bazille, 1867 (Musée d'Orsay): toute la bourgeoisie du Second Empire libéral se dit dans cette peinture. Ce n'est pas de l'impressionnisme à proprement dit mais l'impression qui se dégage de cette peinture est claire et nette; impressionnante. C'est de ce milieu qu'est issu Bazille. Sa rencontre avec Renoir et les autres peintres de son époque provoquera une sorte de  "melting pot" d'où la peinture européenne et même au-delà des mers, sera sensiblement transformée.

 

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Jeune femme et village de Provence (1864)

 

 

 

bazille-Fleurs.jpgDes fleurs... Le regard de Frédéric Bazille est imprégné d'élégance. Tout simplement...

A mon goût, bien plus que celui de Renoir dont l'art me paraît plus... besogneux, plus...petit-bourgeois de la IIIe République. C'est mon impression.

Est-ce pour cela que les oeuvres de Renoir conviennent parfaitement aux Almanach des PTT et aux loges des concierges?

 

 

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Robe rose...

 

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Toilette...Frédéric Bazille aime l'érotisme.

 

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Nu couché

 

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Bazille, espiègle, insolent...

 

Bazille-photo-65-Etienne-Carjat.jpgPhotographié en 1865 par Etienne Carjat. Comme un Dandy...

 

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"Pêcheur à l'épervier" peint par Frédéric Bazille en 1868. De dos et pourtant scandaleux pour l'époque...

 

 

 

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Bazille: Scène d'été, 1869. Et ce jeune homme adossé à l'arbre, tel  Saint Sébastien ...Et ce lourdeau qui a besoin d'aide pour sortir de l'eau; c'est la pesanteur et la grâce...

 

 L'oeuvre de Bazille, interrompue par sa mort prématurée à la guerre de 1870, montre des compositions nouvelles développées avec audace et diversité : portraits de plein air avec fond panoramique comme dans "La robe rose" (1864) ou "Vue de village Castelnau-le-Lez" (1868), scène de famille avec son grand tableau "Réunion de famille" (1867); (152x230), scènes de plein air avec "Scène d'été" (1869).

 

Il s'attacha en particulier à combiner la peinture de figures en plein air avec une concentration intense sur la lumière naturelle.

 

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Jeune homme nu couché sur l'herbe (1870); une des dernières oeuvres de Frédéric Bazille; presqu'un testament sur la fragilité de la beauté et de la jeunesse...

 

 

 

 

 

"Jeune homme nu couché sur l'herbe ou de la fragilité de l'enfance à la sensibilité de l'adolescence. Cette peinture permet de mieux comprendre la conception et l' utilisation de la couleur par Frédéric Bazille: ici, tons fondus et lignes évanescentes.

Bazille enrichissait tout ce qui avait été fait avant lui en y incluant ses propres recherches sur la forme et sur la couleur comme un abandon suprême à son art, avec une immense sensibilité renouvelée, une sensualité exacerbée.

Ce Jeune homme nu couché sur l'herbe nous montre à quel point Frédéric Bazille revient cent fois à l'ouvrage, retouche, détruit, reprend, transforme, travaille lentement. Bazille c'est à la fois l'exigence et l'humilité, le corps abandonné et l'esprit tourmenté, à la recherche de l'idéal au delà des apparences.

 

Frédéric Bazille s’est essayé à tous les genres: portraits, portraits de groupe, paysages, fleurs, natures mortes avec animaux. Certaines de ses œuvres ont été acceptées par les Salons officiels. D’autres, comme "Le pêcheur à l'épervier", avaient été refusées pour des raisons morales plutôt qu’esthétiques: ce tableau, un homme nu, même de dos, dans une scène contemporaine n’était pas tolérable en 1870. C'est bien la preuve de la puissance évocatrice et érotique de ce génial artiste, car des nus d'hommes ou de femmes, il y en eu des centaines peintes avant  Bazille... En fait, presque sans le vouloir vraiment, il dérange...

 

Il faut savoir que Bazille n'a pas fait beaucoup de tableaux, ce n'est pas seulement parce qu'il est mort jeune (29 ans), mais aussi parce qu'il travaillait beaucoup chaque tableau.

 

Il prépare ses toiles par de nombreux croquis, passe des jours voire des semaines sur une toile et la termine souvent en atelier, habité par l'idée "de ne pas seulement peindre l'apparence des choses" "Je fais des progrès, voila tout " écrivait-il une fois à ses parents en parlant de son séjour à Honfleur".

 

Joelle Llapasset.

 

 

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L'atelier rue de la Condamine à Paris

 

 

 

« Disons pourtant que, s'il plaît à ces messieurs de se servir de la brosse par le manche, au lieu de la retourner à l'endroit, personne n'a rien à y voir ; mais alors c'est à la condition de justifier ce mode de réalisation, et de prouver qu'on peint mieux avec un couteau à palette qu'avec les crins d'un pinceau. Cela pourra venir ; pour le moment ce n'est pas encore venu. »

 

(Marc de Montifaud, « Exposition du Boulevard des Capucines », l'Artiste, 1er mai 1874).

 

- « Il est vrai qu'il est déjà honorable de déblayer le chemin pour l'avenir, pour peu qu'on soit tombé sur la bonne voie. Aussi rien de plus caractéristique que l'influence des peintres impressionnistes – refusés chaque année par le jury – lorsqu'elle s'exerce sur les peintres aux procédés adroits qui constituent chaque année l'ornement du Salon… »

 

(Émile Zola, « Nouvelles artistiques et littéraires », le Messager de l'Europe, juillet 1879).

 

- « L'impressionnisme n'est guère que la codification de l'ébauche. Nous sommes loin de le proscrire ou du moins de le dédaigner. […] Mais élever l'ébauche à la hauteur d'un système, c'est de la théorie sans portée, si même, le plus souvent, ce n'est pas de l'impuissance et une simple forme de l'escamotage. »

 

(Henry Trianon, « Sixième exposition de peinture par un groupe d'artistes : 35, boulevard des Capucines », le Constitutionnel, 24 avril 1881).

 

- « J'ai souvent pensé avec étonnement à la trouée que les impressionnistes et que Flaubert, de Goncourt et Zola ont fait dans l'art. L'école naturaliste a été révélée au public par eux ; l'art a été bouleversé du haut en bas, affranchi du ligotage officiel des Écoles. »

 

(Joris-Karl Huysmans, « Le salon de 1879 », l'Art moderne, 1883).

 

- « Depuis des milliers d'années, tous les gens qui se mêlent de peindre empruntent leurs procédés d'éclairage aux vieux maîtres. […] C'est au petit groupe des impressionnistes que revient l'honneur d'avoir balayé tous ces préjugés, culbuté toutes ces conventions. L'École nouvelle proclamait cette vérité scientifique : que la grande lumière décolore les tons, que la silhouette, que la couleur, par exemple, d'une maison ou d'un arbre, peints dans une chambre close, diffèrent absolument de la silhouette et de la couleur de la maison ou de l'arbre, peints sous le ciel même, dans le plein air. »

 

(Joris-Karl Huysmans, « L'Exposition des indépendants en 1880 », l'Art moderne, 1883).

 

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Voici une des rares peintures de Renoir qui m'impressionne; pourquoi? Cette jeune fille qui taquine son chien? Ce jeune homme en face d'elle en maillot de corps blanc, assis, à l'aise, rêveur...; il se passe tant de choses intimes, insignifiantes, anodines et en même temps si importantes...C'est la paix, le calme avant la tempête...Avant le suicide collectif de l'Europe en 1914.

 

 


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29 novembre 2012 4 29 /11 /novembre /2012 15:54

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Danemark 1770.

 

(Encore une affaire où c'est une femme  qui met la kata! LOL ou pas)

La passion secrète que voue la reine Caroline Mathilde au médecin du roi, l’influent Struensee, va changer à jamais le destin de la nation toute entière.

Royal Affair relate une page capitale de l’histoire danoise, oubliée des manuels français. La relation amoureuse et intellectuelle entre Caroline Mathilde et Struensee, fortement influencée par les philosophes des Lumières, Rousseau et Voltaire en tête, conduira au renversement de l’ordre social établi, et annoncera les révolutions qui embraseront l’Europe vingt ans plus tard.

 

 

Le film narre un fait historique majeur de l'Histoire du Danemark.

En 1770, le jeune roi Christian VII, 21 ans, se complait dans la débauche avec ses maitresses et délaisse sa femme, la reine Caroline Mathilde. Les ministres, soucieux de sa santé physique et mentale, décident de lui adjoindre un médecin allemand, Johann Friedrich Struensee. Celui-ci a eu une influence considérable auprès du jeune roi, se faisant nommer ministre et exerçant une politique libérale et humaniste, s'attirant les foudres de la noblesse danoise de l'époque. Ainsi, les mêmes ministres qui l'avaient nommé ont décidé de l'évincer.
Ce fait historique a fait l'objet d'une quinzaine de livres, d'un opéra, un ballet et il est même enseigné à l'école.
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L'actrice Alicia Vikander est très mignonne mais aucune ressemblance avec le personnage ayant existé...
Même si le film est basé sur un fait historique existant et que le cinéaste a essayé de coller au plus près de la réalité, celui-ci confesse tout de même avoir pris quelques libertés vis-à-vis de la réalité historique :
"Compte-tenu de la popularité de ces événements dans l’Histoire danoise, nous avons respecté les faits tout en nous autorisant quelques libertés dramaturgiques", admet Nikolaj Arcel.

 

 

 

 

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Mads Mikkelsen, prix d'interprétation à Cannes 2012 pour son rôle dans La Chasse de Thomas Vinterberg, campe dans Royal Affair le médecin Johann Friedrich Struensee.

Le talentueux acteur danois, chouchou du cinéaste Nicolas Winding Refn, est devenu une star internationale depuis sa participation en tant que "bad guy" sans scrupules dans Casino Royale de Martin Campbell.

Nikolaj Arcel explique son choix :

"J’ai tout de suite pensé à Mads pour le rôle de Johann Struensee. Il était parfait pour le rôle : il est intelligent et il y a aussi quelque chose de mystérieux et de séduisant chez lui, totalement crédible dans le rôle de l’amant de la jeune reine."

 

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Pour écrire la partition de son film, Nikolaj Arcel a fait appel à un compositeur de renom en la personne de Gabriel Yared, récompensé aux Oscars 1997 pour la musique du film Le Patient anglais d'Anthony Minghella :

"A chaque fois que l’on me présentait un compositeur, je disais toujours à mes producteurs que je voulais que cela ressemble plus au travail de Gabriel Yared. C’est le compositeur du Patient anglais dont j’adore la musique, et que j’écoutais d’ailleurs lorsque j’écrivais le scénario.

Ils ont donc fini par le contacter. Je l’ai rencontré à Paris et lui ai parlé de l’histoire et de nos ambitions. Il a alors accepté d’écrire le thème principal du film. J’étais ravi! C’est un honneur d’avoir pu travailler avec lui et son co-compositeur Cyrille Aufort", proclame le réalisateur.

 

 

 

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Photo Pierre & Gilles

 

 

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Peinture de Jean-Honoré Fragonnard (1732-1806)

 

L'acteur danois Mikkel Boe Folsgaard est un talent à suivre. En effet, l'interprète du jeune roi Christian VII a reçu l'Ours d'argent du meilleur acteur à la Berlinale 2012 pour ce rôle dans Royal Affair. Nikolaj Arcel a aussi obtenu l'Ours d'argent du meilleur scénario lors de ce même festival.

 

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Le 28 avril 1772 est décapité à Copenhague le comte Johann Friedrich von Struensee. Il est précédé sur l’échafaud par son ami Enevold Brandt.

 

Singulier destin que celui de ce médecin agnostique et cultivé, fervent lecteur de Rousseau et Voltaire, né à Halle, en Allemagne, 34 ans plus tôt, le 5 août 1737, dans le ménage d’un pasteur luthérien.

 

Il crut pouvoir mettre en œuvre les idées des Lumières dans le royaume de Danemark et de Norvège en usant de ses relations très particulières avec le couple royal. Mais il paya de sa vie l'amour de la reine et sa passion pour la justice sociale.

Fabienne Manière in Hérodote.net


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L’histoire commence quelques années plus tôt, le 14 janvier 1766, avec l’avènement de Christian VII. À 17 ans, il succède à son père Frédéric V sur le trône de Danemark et de Norvège (les deux royaumes scandinaves ont été unis quatre siècles plus tôt par l’Union de Kalmar).

 

À la fin de la même année, le 8 novembre 1766, il épouse au palais de Christiansborg, à Copenhague, sa cousine Caroline-Mathilde de Hanovre. Née le 22 juillet 1751 à Londres, elle est la sœur cadette du roi d’Angleterre George III.

 

 

 

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Caroline-Mathilde de Danemark (1751-1775), château de Rosenborg, Copenhague.

 

Elle a quinze ans, elle est vive et sans façons, cultivée, pas spécialement jolie mais encore pleine de rêves d’adolescente. Son mari a tout juste deux ans de plus qu’elle mais déjà manifeste quelques signes de dérangement mental, sans doute une forme de schizophrénie.

 

Il fait un effort pour donner un premier enfant à sa femme. Ce sera le futur roi Frédéric VI.

 

 

 

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Christian VII (1749-1808)

 

Il semble avoir disposé d'une grande intelligence et de talents certains, mais son éducation, menée par un gouverneur brutal, le fit sombrer dans la folie.

 Il accéda au trône le 14 janvier 1766 mais, s'abandonnant à ses excès, il finit par sombrer dans une stupeur mentale totale, avec des crises de paranoïa, d'automutilation et d'hallucinations.


 

Là-dessus, satisfait du devoir accompli, il multiplie les virées dans les bordels de sa capitale en compagnie d’une courtisane, puis quitte le pays pour une tournée des capitales européennes. Il se fait accompagner par l’ancien ministre de son père, le comte Ernst von Bernstorff, qui dirige de fait le gouvernement avec le titre de chancelier et de ministre des affaires étrangères.

 

Le roi rentre à Copenhague en janvier 1769 avec, surprise, un médecin personnel rencontré en Allemagne : Struensee. Ce médecin se montre paternel à son égard et soigne ses troubles mentaux avec dextérité. Le roi ne jure plus que par lui et le nomme conseiller d’État à l’été 1769.

 

Struensee use de son emprise sur le souverain pour le convaincre de se raccommoder avec la reine. Celle-ci se voit derechef contaminée par la maladie vénérienne que son mari a rapportée de ses voyages.

 

Elle n’en est pas moins reconnaissante au médecin de lui avoir rendu sa place à la cour ainsi que de la soigner de sa maladie et d'avoir vacciné le petit prince Frederick contre la variole.

 

Struensee sait aussi réconforter la reine et s’immiscer dans ses rêves. Il partage avec elle une commune passion pour les «philosophes» français.

 

On est en plein siècle des Lumières et, à Copenhague comme à Paris, il n’y a de plaisir plus délicat que la conversation. Ladite conversation, de paternelle et protectrice, se fait sentimentale et amoureuse. C’est ainsi que le séduisant médecin devient à l’été 1770 l’amant de la jeune reine sans cesser d’être l’ami du roi.


 

 

 

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Struensee (1737-1772), portrait par Jens Juel (château de Rosenborg, Copenhague)

 

Dès lors, Struensee ambitionne de réformer le pays selon les préceptes du «despotisme éclairé». Il marche de la sorte sur les traces des autres gouvernants européens.

 

On est à l’époque de Catherine II de Russie, Frédéric II de Prusse et Joseph II de Habsbourg-Lorraine, plus «despotes» qu’«éclairés», mais sans doute Struensee pense-t-il plus volontiers à des hommes comme le marquis de Pombal, Premier ministre du Portugal…

 

En premier lieu, il écarte du roi son habituel compagnon de débauche, le comte Holck, et le remplace par un homme à sa main, Enevold Brandt, aristocrate falot.

Struensee peut dès lors faire signer ce qu’il veut à Christian VII.

 

Le 15 septembre 1770, avec le soutien de Caroline-Mathilde, qui ne saurait rien refuser à son bel amant, il obtient le renvoi du chancelier Bernstorff.

 

Enfin, le 8 décembre de la même année, le roi dissout le Conseil privé, un organisme consultatif composé d’aristocrates, qui s’était arrogé la réalité du pouvoir.

Struensee devient maître des requêtes, avec pour mission de soumettre au roi toutes les requêtes, faveurs et autres demandes. Il obtient un peu plus tard le titre de comte.

 

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Royaume de Danemark-Norvège & ses Possessions en 1800.

 

 

 

 

Nouvel homme fort de la cour, l'ancien médecin place ses amis au gouvernement. Il obtient même de signer des actes à la place du roi, ce qui lui permet de mettre en œuvre ses réformes avec une boulimie d’ordonnances. Deux mille en moins de deux ans.

 

Il modernise l’administration et opère les recrutements en fonction des compétences de chacun. Il impose de sévères économies dans les dépenses publiques et crée une loterie pour enrichir l’État. Il abolit la censure, le servage, la torture, la prison pour dettes…

 

Fidèle aux idées nouvelles, il abolit aussi les corporations qui entravent l’activité commerciale et artisanale.

 

Ces réformes ressemblent à celles de Turgot, en France, cinq ou six ans plus tard, mais auront un meilleur destin.


 

 

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Fort de la confiance du souverain, Struensee partage plusieurs fois par semaine le couvert royal et, bientôt, chacun se réjouit d’apprendre que Caroline-Mathilde est une nouvelle fois enceinte. Elle donne le jour à une fille, Louise Augusta, le 6 juillet 1771.

 

Tout irait pour le mieux dans ce ménage à trois si le zèle réformateur de Struensee ne heurtait trop d’intérêts.

Les aristocrates, le clergé, les marchands et l’armée lui tiennent grief qui de la suppression du Conseil privé, qui des entraves faites à l’enseignement religieux, qui de la suppression des corporations et de l’ouverture des frontières, qui de la suppression de la garde montée pour raison d’économie…

 

C'est alors que la reine douairière Juliana, deuxième épouse du précédent roi, prend les choses en main.

À son initiative, une troupe de militaires pénètre dans le château royal dans la nuit du 16 au 17 janvier 1772. Une partie se rend dans la chambre du roi pour éviter qu’il n'intervienne en faveur de son conseiller et lui faire signer un mandat d'arrêt. Struensee et Brandt sont quant à eux arrêtés et incarcérés dans la citadelle de Copenhague.

 

Pour légitimer la mise à l’écart de Caroline-Mathilde, on force Struensee à plus ou moins avouer ses relations avec la reine. Celle-ci s’effondre quand on lui montre sa déposition et avoue à son tour la relation coupable, espérant sauver la tête de son amant.

 

 

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Christian VII de Oldenbourg

(Copenhague, 29 janvier 1749 - Rendsburg, 13 mars 1808)

Prince de Danemark et de Norvège

Duc de Schleswig (1766), Duc de Holstein (1766)

Roi de Danemark (1766)

et Roi de Norvège (1766 - en union personnelle)

 

 

 

Struensee et Brandt sont condamnés à mort et exécutés pour crime de lèse-majesté.

Bernstorff reprend les rênes du gouvernement. Il revient sur plusieurs réformes comme l’abolition de la torture et de la censure mais se contente de modifier à la marge les réformes administratives de Struensee.

 

Après un divorce expéditif, la pauvre Caroline-Mathilde est recluse au château de Celle où elle a la consolation de retrouver son ancienne dame de compagnie Louise von Pleussen, la seule amie qu'elle ait eu à Copenhague avant l'arrivée de Struensee.

Elle meurt de la scarlatine deux ans plus tard, le 10 mai 1775, à 23 ans. De son fils comme de sa fille, très vraisemblablement née de Struensee, sont issus de nombreux rejetons des familles royales actuelles.

 

En 1783, le roi Christian VII est démis de ses fonctions pour maladie et son fils Frédéric VI le remplace avec le titre de régent. Devenu roi en 1808, il va gouverner le royaume jusqu'à sa mort, le 3 décembre 1839, en réacclimatant les réformes de Struensee.

 

Très populaire au Danemark, la tragique romance de Caroline-Mathilde et Struensee a inspiré au cinéaste Nikolaj Arcel le film Une royale affaire (2012).

 

 

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Royal Mikkelsen: il porte sur ses épaules cette "Royal Affair", passionnante fresque historique.

 

 

Des pommettes taillées à la serpe, une lippe qui exprime tantôt le mépris, tantôt la sensualité; Mads Mikkelsen est un "canon". Un de ces très beaux gars au charme scandinave, d'un cinéma mondial toujours en quête de virilité charismatique, c'est-à-dire devenu de plus plus rare.

Il doit sa consécration à un autre canon, James Bond, qu'il  attachait, déshabillait intégralement puis fouettait les parties les plus viriles (scène des plus érotique) avant de s'attirer cette réplique d'anthologie: "Vous allez mourir en me grattant les couilles".

Le Chiffre, alias  Mikkelsen, n'allait pas survivre en effet à cette partie de bondage entre hommes. Mais l'acteur, lui, explosa,consacré "méchant entre les méchants" grâce à son regard bleu acier très trempé (il ne lui manque qu'un rôle de "méchant Nazi") et à ce  "Casino Royale" qui, tant mieux pour lui,avait touché le jackpot.

Les Américains, toujours protectionnistes, tolèrent les Européens à condition  qu'ils jouent les bad boys; Mads Mikkelsen est le méchant du Nord, la réincarnation du Viking! Au secours, ils vont tous nous massacrer!

 

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Îles Feroe; Danemark.



 

 


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24 novembre 2012 6 24 /11 /novembre /2012 18:52

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la POPULAIRe

 

 

 

 

Printemps 1958.

 

Rose Pamphyle, 21 ans, vit avec son père, veuf bourru qui tient le bazar d’un petit village normand. Elle doit épouser le fils du garagiste et est promise au destin d’une femme au foyer docile et appliquée.

Mais Rose ne veut pas de cette vie. Elle part pour Lisieux où Louis Echard, 36 ans, patron charismatique d’un cabinet d’assurance, cherche une secrétaire.

L’entretien d’embauche est un fiasco. Mais Rose a un don : elle tape à la machine à écrire à une vitesse vertigineuse. La jeune femme réveille malgré elle le sportif ambitieux qui sommeille en Louis… Si elle veut le poste, elle devra participer à des concours de vitesse dactylographique.

Qu’importent les sacrifices qu’elle devra faire pour arriver au sommet, il s’improvise entraîneur et décrète qu’il fera d’elle la fille la plus rapide du pays, voire du monde ! Et l’amour du sport ne fait pas forcément bon ménage avec l’amour tout court…

 

 

 

 

 

 

 

 

Normandie, 1958.


Rose Pamphyle (Déborah François, photo) part pour Lisieux pour postuler à l’emploi de secrétaire que recherche Louis Échard (Romain Duris), patron d’un cabinet d’assurances. Secrétaire catastrophique, Rose tape en revanche à la machine à une vitesse ahurissante.

 

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Comme Louis ne veut pas s’avouer qu’il est amoureux de Rose, il va trouver un autre moyen de lui témoigner son intérêt : faire d’elle la championne de France de dactylographie…

C’est ce qui s’appelle un “ofni” – objet filmique non identifié : un metteur en scène inconnu, un sujet improbable, une comédie acidulée et résolument stylisée comme on croyait que seuls les Américains en étaient capables.

Pourtant, après OSS 117, les Émotifs anonymes et, à un moindre degré, l’Arnacoeur, Populaire, qui ne devrait pas tarder à justifier son titre, confirme avec bonheur que le cinéma français n’hésite plus à assumer une certaine frivolité élégante. Filmé avec une vivacité et un soin du détail remarquables, jouant avec brio la carte de la nostalgie fantasmée, Populaire est une petite merveille de fantaisie, de charme, de grâce drolatique. Si tout le monde y est parfait (mention spéciale à Mélanie Bernier en pestouille du clavier), il est difficile, pour un spectateur masculin, de ne pas en sortir ensorcelé par l’énergie mutine, la fragilité déterminée et la beauté éclatante de Déborah François, magnifiée par des tenues plus Audrey Hepburn les unes que les autres. Pour un peu, on se mettrait à la dactylo.

Laurent Dandrieu in Valeurs Actuelles.net

 

 


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Une Première !

 

Après avoir réalisé des publicités et des clips musicaux pour Jean-Louis Murat ou Jane Birkin, Regis Roinsard réalise avec Populaire son premier long métrage.

 

 

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Le film a couté environ 15 millions d’euros, ce qui représente un important budget pour une première réalisation. Pour convaincre les partenaires financiers, il fallait une tête d’affiche solide et "par chance, Romain Duris a adoré le scénario et s’est engagé tout de suite."

 

 

 

Le réalisateur Regis Roinsard a eu l'idée de Populaire en 2004 lorsqu'il est tombé sur un documentaire autour de l’histoire de la machine à écrire. Ce reportage "comportait une très courte séquence sur les championnats de vitesse dactylo, raconte le cinéaste. Ces trente petites secondes m’ont tellement fasciné que j’en ai tout de suite perçu le potentiel cinématographique et dramaturgique."

 

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Romain Duris s'improvise coach!

 

 

 Devenir coach à l’écran a nécessité de la part de Romain Duris une préparation particulière. Avec Régis Roinsard, le comédien est allé à la rencontre de Régis Brouard, qui était alors l’entraîneur du club de foot de Quevilly. "Il avait déjà créé l’exploit en amenant cette "petite" équipe de National jusqu’aux demi-finales de la Coupe de France", confie l'acteur, en poursuivant :

"Et il a récidivé, depuis, en atteignant la finale. J’ai donc pu observer en détails comment il parlait à son équipe, les mots qu’il choisissait de mettre en avant dans le vestiaire, son action au jour le jour. En fait, tout est question d’autorité. Il faut savoir à quel moment on peut être très froid avec ceux qu’on coache pour doper leur motivation et jusqu’où on peut aller sans briser leur confiance en eux. Comment créer une émulation sans écraser personne. C’est une mécanique de précision fascinante à observer."

 

 

Pour incarner une jeune femme des années 50, Déborah François a visionné plusieurs films avec Audrey Hepburn, dont la coiffure est inspirée, comme que Sabrina, Ariane, Drôle de frimousse ou My Fair Lady.

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Pour son rôle, Déborah François s'est énormément entraînée à la dactylographie :

 

"Je m’y suis consacrée deux à trois heures par jour pendant trois mois dans la phase de préparation, et ensuite pendant le tournage, mais pas tous les jours, confie la comédienne. Lorsque je devais taper à la machine pour une scène, je ne m’entraînais pas le soir, parce que j’avais peur de me faire mal. Au début, d’ailleurs, j’ai failli avoir un "Dactylo Elbow", car ce n’est pas une posture naturelle et les touches des machines à écrire sont difficiles à enfoncer. C’est un geste à prendre assez particulier. Le fait d’utiliser l’auriculaire était d’autant plus compliqué pour moi que je n’avais l’habitude de taper avec tous les doigts", explique la comédienne.

 

 

 


 

Pour le choix des chansons dans la B.O, l’équipe a puisé dans le répertoire du milieu des années 50 du jazz américain, avec des artistes comme Les Baxter et Jack Ary, interprète de la chanson "Le tcha-tcha de la secrétaire".

 

 

C’est Guillaume Schiffman qui assure la photographie de ce film. Il a notamment travaillé avec Michel Hazanavicius pour The Artist où il a croisé Bérénice Bejo qui tient l’un des seconds rôles de Populaire.

 


Couleurs d'inspiration

 

Pour le travail des couleurs, le réalisateur Regis Roinsard a consulté beaucoup de publicités américaines et françaises des années 50 et a visionné la plupart des films en couleurs qui avaient été tournés à l’époque en France :

"Ce n’était pas évident, car on tournait en France encore essentiellement en noir et blanc, et les rares films en couleurs étaient eux-mêmes des films d’époque réalisés en studios", raconte le cinéaste, en poursuivant : "Le Ballon rouge ou Zazie dans le métro nous ont servi de sources d’inspiration. Mais on a un peu triché puisqu’on a aussi vu les films en couleurs de la Nouvelle Vague, comme Une femme est une femme de Godard."

 

 


 

 

 

Le réalisateur voulait que son casting soit composé d’acteurs aux références diverses. Pour le rôle principal, "Romain Duris s’est imposé tout de suite car son sens du rythme et de la comédie m’impressionne", explique-t-il.

Pour celui de Rose Pamphyle, Déborah François a été choisie parmi les 150 comédiennes auditionnées. Selon Regis Roinsard :

"Elle mêle une vraie fragilité et une étourderie touchante qui peut évoluer vers quelque chose de glamour".

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Un clin d’œil à un film d’Alfred Hitchcock s’est glissé dans Populaire, avec les dominantes de rouge et de bleu. Mais également à travers la scène où Déborah François sort de la salle de bain, comme Kim Novak dans Sueurs froides.

 

 

 

Régis Roinsard revendique l’influence du réalisateur des Parapluies de Cherbourg pour l’identité visuelle de Populaire. Le scénario de Jacques Demy s'apparente pour lui à des "histoires qui semblent assez roses en apparence, mais qui ne le sont pas tant que ça au fond."

Travail de documentation

 

Pour préparer ce film, le réalisateur Régis Roinsard a enquêté sur le "sport" de la vitesse dactylographique et sur les écoles qui enseignent la sténo et la dactylo :

"C’était en 2004 et c’était un travail difficile, parce que toutes les écoles étaient en train de disparaître et que presque aucun document d’archive n’avait été conservé", explique le cinéaste. "Sur Internet, je n’ai trouvé que de courtes vidéos sur les concours de vitesse de dactylo. Parmi les documents les plus intéressants, j’ai découvert une photo d’un championnat américain qui se déroulait dans une salle semblable à un vélodrome devant des milliers de spectateurs. J’ai aussi déniché des éléments de publicité Japy – les fabricants de machines à écrire organisaient les concours de vitesse dactylo – qui recensaient des championnats régionaux et j’ai rencontré d’anciens champions et championnes de vitesse", termine-t-il.

 USA Coby Whitmore11

 

C’est Charlotte David qui était en charge des costumes de Populaire. Les années 50 est une époque qu’elle connait bien, puisqu’elle a créé les costumes des deux films OSS 117.

 

 

C'est à partir d'octobre 2011 et pendant trois mois que l'équipe a tourné Populaire, posant ses valises en Normandie, en région parisienne et en Belgique, plus précisément à Liège.

 

 

 

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Ah! les années 50 en rose, comme Rose Pamphyle! Ces années sont un remède contre la grisaille actuelle et c'est tant mieux!
Mais il y a deux grandes absentes dans cet excellent film fabriqué comme une pub. Avez-vous remarqué? Non? Mais si!

C'est un choix délibéré du réalisateur de ne rien montrer, pour qui ces deux taches indélébiles auraient gaché la drôlerie de l'histoire d'amour entre Rose et Louis.
Les guerres de décolonisation.Ben oui!
Or, en 1958,59, elles sont omniprésentes dans le paysage international et surtout  français, elles se gravent profondément dans les mémoires collectives qu'elles polluent à un point tel qu'elles provoqueront la mort programmée de la IVe République et d'une certaine France; cette République qui sentait déjà la décomposition avancée depuis la chute de Dien Bien Phù en 1954. Puis en 56 le retrait en urgence des troupes britanniques, françaises et israëliennes du Canal de Suez  face aux menaces soviétiques.
Et pendant que Rose Pamphyle tape furieusement sur sa machine, ce que l'on n'ose pas encore appeler "la guerre d'Algérie" bat son plein avec son flot de violences,d'assassinats, de mensonges, de trahisons et bientôt de désespoir.
Une sale guerre d'où ni la classe politique française ni les "rebelles" algériens ne sortiront vainqueurs...
Algérie Journal 54 terrorisme Depeche quotidienne
algerie-c-est-la-france-declare-le-ministre-mitterrandalger
de gaulle alger4juin1958
"Je vous ai compris!!!"
Algérie Pieds noirs départ

Algérie Départ Pieds noirs 1962
Algérie Journal Pieds noirs Marseille Deferre
nicole ENFANTS AMPUTES ISLY ALGER
Algérie 1957 terreur bombes
Alger bressonoran 1959Algérie Oran disparus 1962 juillet
Oran, juillet 62: regardez cette femme.
Comme des milliers d'Européens, elle va disparaître, enlevée par les Algériens de l'Algérie algérienne, malgré les Accords passés avec les autorités françaises en qui elle a cru. Voyez comme cette femme est belle, fière, hiératique, résignée. Elle sait ce qui l'attend, par quelles souffrances atroces elle devra passer avant de rendre son dernier souffle. Pourtant, elle ne veut pas montrer qu'elle a peur; elle ne regrette rien de ce qu'elle fit ou dit. En l'humiliant, en l'assassinant, c'est la belle Algérie française que l'on assassine. Mais sa dignité de Pied-Noir, personne ne lui enlèvera...
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22 novembre 2012 4 22 /11 /novembre /2012 17:13

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  La danse érigée en instrument du pouvoir monarchique, hissée au sommet des Arts par le plus grand roi et le plus grand des musiciens du roi dans un film flamboyant de Gérard Corbiau et un Benoît Magimel magnifique.

 

 Versailles entree

 

Le film retrace la rencontre entre Louis XIV, Lully et Molière.

Un monarque, jeune, beau, voulant insuffler à un royaume épuisé une énergie nouvelle et renouvelable, vitale, qui fera de la France la maîtresse des Arts... Entre autres, et bien davantage...

 

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Louis XIV (1638-1715)

 

 

 


Son règne de 54 ans marquera la France durablement à cause  d'une centralisation accrue de l'Etat, un mode de gouvernance relativement moderne pour l'époque, l'implication de l'Etat dans le développement du commerce et de l'industrie. Louis XIV modernisera la Marine, l'armée, créera une police (sans dissoudre les milices privées et municipales).  La priorité donnée au mérite plutôt qu'à la naissance  favorisera l'essor d'une bourgeoisie éduquée, vertueuse et laborieuse qui plus tard sera séduite par les idées des Lumières.

 


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Boris Terral joue le rôle de Lully avec un talent fougueux, à l'image de cet Italien, fils de meunier, qui saura par son génie marquer  à jamais la musique française.

 

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Dans le film, Louis et Lully ont parfois des relations très tendues ce qui est historiquement plausible étant donné le caractère passionné de cet Italien à qui Louis XIV doit rappeler qui est le Maître...

 

 

 

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Les moeurs "italiennes" de Lully (et d'autres) ne sont guère appréciées par le Roi et les ennemis de "l'Italien" montent des cabales pour le perdre...

 

 

 

 

Louis XIV a une passion pour la danse et c'est Lully qui lui permet de la développer. L'expression « Roi Soleil » vient en partie d'un ballet dans lequel Louis XIV était représenté tel un Soleil, source de vie, au centre de  l'Univers, entouré des ministres et de tous les membres de la Cour, symbole des planètes.

Lully est un italien né à Florence, issu d'un milieu très modeste. Il est admis à la Cour grâce au Duc de Guise qui veut un professeur d'italien pour la princesse de Montpensier.

En 1653, il devient compositeur à la Cour. Il travaille avec Corneille et Molière et crée l'opéra à la française. Il meurt à 55 ans d'un accident : sa canne servant à battre la mesure lui transperce le pied.

 

Quant à Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, il est introduit à la Cour par Monsieur (Philippe d'Orléans, frère du roi). Il monte des comédies ballets, il collabore avec Lully pour 9 comédies pendant 9 ans. La pièce Les Précieuses ridicules rend Molière très célèbre. Molière meurt le 17 février 1673 après la quatrième représentation du Malade imaginaire en jouant le rôle d'Argan.

 

 

 

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Louis XIV enfant: il se souviendra toujours des tragiques évènements provoqués par diverses rebellions de privilégiés plus connues sous le nom de la Fronde où une partie de la noblesse et de la populace parisienne obligèrent la Famille royale à fuir la capitale pour se réfugier au château de St Germain en Laye. Là, dans une nuit glaciale, apeuré, le petit Louis avait du dormir couché sur de la paille. Il n'oubliera jamais.
Trompettes

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A quatorze ans, Louis XIV sait qu'il régnera un jour mais sait aussi que l'on fera tout pour l'empêcher de gouverner. Il en est peut-être complexé mais il possède assurément  une haute idée de son métier de Roi, de la grandeur de la France et de sa place dans le concert des Nations.
A la mort de son parrain en 1661, le Cardinal de Mazarin qui fut un puissant premier ministre, Louis a 23 ans. A la surprise générale, en particulier de sa mère Anne d'Auriche et des grands seigneurs, il entreprend  un "coup d'Etat royal": il annonce que désormais, il gouvernera sans premier ministre. Concrètement, il instaure  pour la première fois en France et en Europe,un  type radicalement nouveau de monarchie: "la Monarchie absolue", c'est-à-dire,"pure", sans Corps intermédiaires assez forts pour la diluer et l'affaiblir, une Monarchie directe où le roi est totalement souverain, ne rendant des comptes qu'à Dieu et à ses Peuples.

Par les arts, et en particulier la danse, où le jeune roi excelle, et grâce à la musique qu'il compose pour lui, Lully  révèle Louis à lui-même puis au monde.
Louis devient le Roi-Soleil et son règne sera le plus long de l'Histoire de la Monarchie française. "Le Grand Siècle" marquera l'apogée de la civilisation et du génie français.

Lully et Molière sont, parmi d'autres, les grands ordonnateurs de la magie du règne de Louis dit "le Grand". Mais Lully aime le roi d'un amour fou et platonique et croit que celui-ci ne peut se passer de lui.
Son aveuglement le perdra et Lully, après Molière, basculera dans une nuit somme toute brève.
France Carrousel 1662Louis est, comme tous les Boubons, un excellent cavalier: carrousel du 5 & 6 juin 1662.

Un projet ancien, pour Gérard Corbiau :

 

"... Il y a longtemps que j'ai envie de faire un film sur Lully, mais il a fallu du temps pour trouver un chemin qui m'y conduise !

En creusant un peu, c'est-à-dire en lisant beaucoup, je me suis intéressé à l'idée du "roi danseur". On connaît mal Louis XIV sous ce visage : on oublie que le roi était un merveilleux danseur, et qu'il est directement à l'origine de la danse classique, elle-même l'un des fleurons de la culture française. Bientôt, dans toute l'Europe on dansera "à la française", avec des maîtres de ballets français. Rien de tout cela ne serait arrivé sans le ballet de cour, et sans un roi qui danse.

Un scénario est un long cheminement et son écriture demanda plus de deux années. Nous nous sommes fixés quelques enjeux. Tout d'abord faire un film autour de la jeunesse du règne du roi Louis XIV, et voir comment ce roi s'empare de l'ensemble des arts, et plus spécifiquement de la danse et de la musique pour imposer l'image qu'il veut qu'on ait de lui. Ainsi, la musique est au centre du film. C'est le personnage principal et, au centre de la musique, il y a le corps du roi. Là est la trame de départ : les rapports entre le pouvoir et la musique.

En second lieu, il est alors devenu nécessaire d'imaginer cette page de l'histoire de France à travers ce prisme, de la créer telle que peut-être on ne l'a jamais racontée, sous l'angle de la musique et des autres arts : la danse, le théâtre, la sculpture, l'architecture, la peinture..."

 

France costume de prince 1680-1710 Barain

 

France, costume de prince par Barain: 1680-1710

 

 

 

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Gérard Corbiau a fait le choix d'une chorégraphie plus virile et austère que les danses de l'époque. Il réussit la prouesse de nous faire admirer des danses presque barbares sur des airs baroques: c'est époustouflant! 

 


 

Gérard Corbiau à propos de la place de la musique dans ses films :

 

"C'est une question d'esthétique cinématographique, et c'est donc fondamental.

Mon plus grand désir, c'est de promouvoir une sorte de mariage périlleux entre le cinéma et la musique. Un cinéma où la musique ne serait plus seconde ou illustrative.

Dans Le Roi Danse, comme dans Le Maître de Musique et dans Farinelli, la musique est l'élément central du film. Elle est l'un des personnages fondamentaux du récit. En interrogeant l'une des composantes du langage cinématographique, la musique, je veux la mettre en avant pour la mettre sur le même plan que la fiction, et faire en sorte que les deux éléments - musique et fiction - puissent s'interpénétrer et fusionner sans que jamais l'un ne souffre de la cohabitation avec l'autre. Ce n'est pas évident, tant la force de l'image est grande; parfois, il faut faire en sorte que l'image s'efface pour que la musique puisse être écoutée. Je cherche en fait une expression "opéradique", que les techniques du son en salles permettent aujourd'hui d'aborder avec bonheur."

Olivier Bériot, est le génial créateur des costumes.

 

Il a également créé les costumes de Serial Lover (James Huth) et du Libertin (Gabriel Aghion).

Gérard Corbiau, le réalisateur

 

Auteur d'une cinquantaine de films documentaires pour la RTBF (Télévision belge), Gérard Corbiau a réalisé en 1987, son premier long métrage de fiction pour le cinéma, Le maître de musique. En 1990, il tourne L'année de l'éveil, d'après le roman autobiographique de Charles Juliet.

Farinelli, il castrato (1994) est nominé pour l'Oscar du Meilleur Film Etranger en 1995 et reçoit les distinctions suivantes : Golden Globe du Meilleur Film Etranger, Césars du Meilleur Son et du Meilleur Décor (1995).

Le Roi danse est son quatrième long métrage, et le troisième sur un thème musical.

 

 

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Louis a le don de repèrer et de s'entourer des meilleurs, dans tous les domaines.


Dans celui de la musique, il  s'offre les services de Lully, un Italien, fils de meunier qu'il attire à la Cour, dont une partie le déteste, afin qu'il compose des ballets à sa gloire.

Les années passent, Lully, dont l'avenir reste supendu au bon vouloir du roi devient cependant l'embassadeur de l'image et de la grandeur de la France, de son roi adoré pour lequel il compose des ballets toujours plus élaborés… jusqu'au jour où le roi cesse de danser.

Avec Molière, autre "protégé" du Roi-Soleil, Lully se met alors à imaginer des spectacles toujours plus ambitieux, dotés  d'une portée politique.

Entre jalousie, compromissions, passions et fidélité aveugle envers le roi, Lully continue de composer pour conserver son statut et l'estime de ce roi qu'il aime tant.

 


Le réalisateur nous présente ces personnages comme de simples hommes avec leurs rêves, leurs espérances et leurs faiblesses, à la fois forts et fragiles. La minutie de la reconstitution, éblouissante, ne contrarie en rien la précision du récit. On découvre un Louis XIV artiste, qui a su s'entourer d'une cour d'artistes talentueux et leur insuffler une force créatrice commune, un roi sans lequel la France n'aurait peut-être pas rayonné aussi fortement. Lully devient au fur et à mesure le responsable de la "communication" et de la publicité du roi allant même jusqu'à évincer son ami Molière et ses mots au profit de la seule musique (sompteuse scène de la mort de l'acteur-écrivain au cours de laquelle les dialogues sont peu à peu supplantés par l'insistance de la musique).

 

Derrière l'évolution artistique se dessine la grande histoire, évoquée par petites touches et toujours présente en toile de fond, l'art devenant un moyen, dans l'optique de Gérard Corbiau, un moyen de réagir aux évènements de l'époque. Outre l'indéniable réussite artistique qu'il constitue, "Le Roi danse" réhabilite également la place de l'art dans l'histoire de l'époque et donne une profondeur bienvenue aux images réductrices que l'histoire a pu garder des ces trois hommes.

 

Tout ceci est, bien sûr, rendu possible grâce à l'engagement des trois interprètes principaux : Benoît Magimel étonnant en Louis XIV danseur, Tchéky Karyo très bon en Molière sobre et magnifique et Boris Terral qui confère à Lully une impressionnante rage tant extérieure qu'intérieure.

 

Un film qu'on conseillera autant aux cinéphiles qu'aux mélomanes ou à ceux qui voudraient parfaire leurs connaissances artistiques et historiques.

 

Guillaume Branquart

 

 

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Fils de meunier, Giambattista Lulli est né à Florence en 1632, décédé à Paris en 1687.

Il arrive à Paris à l’âge de quatorze ans, pour entrer au service de Mlle de Montpensier, la Grande Mademoiselle, cousine du roi, qui voulait apprendre l’italien.

 

C’est en 1653 qu’il entre officiellement à la Cour, non pas comme musicien mais comme danseur dans le Ballet de la Nuit composition à laquelle il a participé.

 

A cette époque on ignore sa maîtrise du violon, mais vers 1660, il à atteint la notoriété. Favori de Louis XIV, riche, il se fait naturaliser et francise son nom en Lully. En 1664 commence la collaboration de Lully avec Molière, qui va donner le jour à neuf comédies-ballets.

 

Depuis 1661 Lully est surintendant et compositeur de la Chambre, il épouse en 1662, Madeleine Lambert, fille du compositeur Michel Lambert.

Appuyé par le roi et Colbert, Lully va créer la tragédie lyrique, forme francisée de l’opéra italien. Il devient en 1672 le directeur de « tout le théâtre en musique », évinçant Molière, avec qui la rupture est consommée cette même année.

Il composera, de 1673 à sa mort, en 1687, pratiquement un opéra chaque année.

 

Il meurt en 1687, à la suite d’un coup de canne qu’il s’était donné sur un pied en frappant la mesure du Te Deum chanté pour la guérison du roi.

 

 


 

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Les oeuvres de cet Italien naturalisé, ont définitivement donné ses lettres de noblesse à l'art musical français.

 


 

 

Le Mariage forcé , La Princesse d’Élide (1664)

L’Amour médecin (1665)

La Pastorale comique (1667)

Le Sicilien (1667)

George Dandin (1668)

Monsieur de Pourceaugnac (1669)

Les Amants magnifiques (1670)

Le Bourgeois gentilhomme (1670)

Psyché (1671) [1]

Cadmus et Hermione (1673)

Alceste (1674)

Thésée (1675)

Atys (1676)

Isis (1677)

Psyché (1678)

Bellérophon (1678)

Proserpine (1680)

Persée (1682)

Phaéton (1683)

Amadis (1684)

Roland (1685)

Armide (1686)

 

Panier fleuri

 


 

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Le Ballet de Cour

 

Wedding ball of the Duc de Joyeuse, 1581Bal de Cour donné lors du mariage du duc de Joyeuse en 1581

 

 


 

 

Ce genre de spectacle  est né à la fin du XVIe siècle à la cour de France, le ballet de cour est à l’origine un ballet dansé par des amateurs, incluant des membres de la famille royale et le Roi, devant un public de cour.

Il conjugue poésie dite et chantée, musique vocale et instrumentale, chorégraphie et scénographie. Les spectateurs entourent et surplombent la scène afin de pouvoir observer les formes géométriques et chorégraphies formées par les danseurs.

 

Les thèmes du ballet de cour empruntent aussi bien aux thèmes antiques, aux mythes et légendes qu’aux thèmes et romans contemporains. L’ensemble de ces thèmes peut être présent dans un même ballet.

 

Le ballet de cour se compose typiquement :

- d’une ouverture, présentant le sujet.

- de plusieurs entrées : de 10 à 45 entrées, regroupées en actes (en général maximum de 5 actes).

- le ballet est clos par le "ballet général", dernière entrée dans laquelle tous les danseurs sont réunis.

 

Sous Louis XIV, le ballet gagne en importance, à la fois grâce aux progrès techniques (pièces à machines) et de l’art scénique, mais aussi grâce au rôle politique joué par le ballet (instrument de propagande).

L’apogée du ballet de cour aura lieu entre 1653 (Ballet Royal de la Nuit) et 1670 (le Roi renonce à se produire sur scène) ; Bensarade sera le poète principal des ballets à cette époque, en collaboration parfois avec Lully pour la musique.

 

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Costume d'Apollon-Soleil, porté par le roi lors du Ballet royal de la Nuit le 23 février 1653


 

 

 

 

 

Le Ballet Royal de la Nuit est le premier ballet marquant cette volonté d’utilisation du ballet comme outil politique par Louis XIV.

 

Benserade est l’auteur des vers, Torelli celui des décors. L’identité du dessinateur des costumes reste incertaine : Henry de Gissey ou Beaubrun. La composition de la musique est collective. Le ballet est joué la première fois le 23 février 1653 au Petit-Bourbon. Il commence à six heures du soir et termine à la levée du jour et suit le coucher puis le lever du Soleil.

Le Roi joue (notamment) le rôle du Soleil, disparaissant puis réapparaissant dans toute sa splendeur, symbolisant les évènements (la Fronde) ayant secoués la royauté et le retour triomphal du Roi à Paris. C’est d’ailleurs depuis le rôle du Roi dans cette pièce que le Soleil sera associé à Louis XIV. Le livret (vers, descriptions, etc) du Ballet Royal de la Nuit est joint à cet article. 

 

 

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L'Ardent, costume porté par le roy lors du Ballet royal de la Nuit .

 

Voici le compte-rendu dans la Gazette du ballet du 23 février 1653 :


"Ce jour-là, 23 (février), fut dansé dans le Petit-Bourbon, pour la première fois, en présence de la Reyne, de Son Eminence et de toute la Cour, le Grand Ballet royal de la Nuit..., composé de 43 entrées, toutes si riches, tant par la nouveauté de ce qui s’y représente que par la beauté des récits, la magnificence des machines, la pompe superbe des habits et la grace de tous les danseurs, que les spectateurs auroient difficilement discerné la plus charmante si celles où nostre jeune monarque ne se faisoit pas moins connoistre sous ses vestemens que le soleil se fait voir au travers des nuages qui voilent quelquefois sa kulière, n’en eussent receu un caractère particulier d’éclatante majesté, qui en marquoit la différence... Mais comme, sans contredit, il y surpassoit en grace tous ceux qui à l’envy y faisoient paroistre la leur, Monsieur, son frère unique, étoit aussi sans pareil en la sienne ; et cet astre naissant ostoit si aisément la peine de le découvrir, par les gentillesses et les charmes qui luy sont naturels, qu’on ne pouvoit douter de son rang... Je laisse donc à juger... le contentement que put avoir l’assemblée, nonobstant la disgrace qui sembla le vouloir troubler par le feu qui prit à une toile, dès la première entrée, et à la première heure de cette belle Nuit qui étoit représentée par le Roy, mais ne servit néanmoins qu’à faire admirer la prudence et le courage de Sa Majesté, laquelle... ne rasseura pas moins l’assistance par sa fermeté qu’autrefois César fit le nautonnier qui le conduisoit... Tellement que ce feu s’étant heureusement éteint, laissa les esprits dans leur première tranquillité et fut mesme interprété favorablement."

 

 


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L'Aventurier, costume porté par Lully.

 

France moliere portrait regard

Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière (1622-1673).

Cet auteur de comédies n'eut pas toujours la vie facile. Il regarde autourde lui la scène de théâtre de la vie avec un regard parfois plus pessimiste qu'iln'y paraît. Protégé par le roi, il put se moquer de toutes les hypocrisies de son temps, ce qui lui valut des jnimitiés redoutables...

 

 


 

 

 

France moliere main C.Antoine Corpel

 

 

France Moliere Sign

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29 octobre 2012 1 29 /10 /octobre /2012 14:00

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Qui oserait encore dire que les années 80, c’est du passé ? Qu’elles sont "has been" ? Les producteurs, eux, ont bien compris que ce n’était pas le cas.

 

 

 

 

C  hacun a des souvenirs sur une musique de cette décennie. Chacun connaît tous les refrains qui ont faits les "eighties".

Le film "Stars 80", qui est sorti le 24 octobre, surfe sur cette vague de nostalgie qui a notamment fait le succès des précédentes tournées du même nom.

 

 

 

 

Pour y avoir assisté, je me suis rendu compte de la capacité de ces chanteurs, que certains trouveraient dépassés, à déplacer les foules. Un goût de "c’était mieux avant" se dégage de cette tendance.

 

 

 

 

Après avoir vu le film en avant-première, ce jeudi au Grand Rex, qui était suivi d’un concert live, je persiste à dire que la nostalgie n’est pas un mythe. Il faut le vivre pour le croire !

 

 

 

 

 

 

 

 

Les raisons d'aller voir ce film

 

 

 

1. Avec ce film, ne vous attendez pas à rester assis, inerte, à la limite de la somnolence sur votre strapontin. Vous ne devriez pas être dérangé par votre voisin mangeant des popcorns, mais par une salle entière qui risque de se mettre à chanter, voire à danser, durant le film. C’est en quelque sorte un film dont vous êtes le héros : la bande-son, c’est vous.

 

 

 

 

2. Vous aurez l’assurance de passer un bon moment si vous allez voir ce film. Allez-y entre amis de préférence.

 

 

 

 

3. Les musiques, vous les connaissez. Les acteurs sont drôles, parfois. Et avec un casting pareil, il y a peu de chance que vous ne trouviez pas un chanteur que vous aim(i)ez, à moins d’être définitivement fâché avec les années 1980.

 

 

 

 

4. Nous aimons tous honteusement les musiques des années 1980, quoique vous en disiez. C’est notre jeunesse, notre adolescence, nos premiers amours … Ces tubes sont définitivement restés dans la mémoire collective et en chacun d’entre nous.

 

 

 

 

Osez dire que vous ne connaissez pas le refrain de "En rouge et noir", de "Boys Boys Boys", ou des "Démons de minuit" ! Tous, nous les connaissons tous. Ils animaient les boums d’autrefois comme ils animent les discothèques d’aujourd’hui.

 

 

 

 

5. N’y allez pas pour voir un film, allez-y comme à un concert. L’avantage, c’est qu’une place de cinéma coûte moins cher qu’une place dans un zénith. C’est une autre ambiance, mais c’est une alternative.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les raisons de ne pas y aller  !!!???

 

 

 

 

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Photo P&G: le Soviet

 

 

1. C’est tellement mieux en live. Allez plutôt à un de leurs concerts (quand vous pouvez). Et vous ne raterez rien du film qui, finalement, raconte la création du spectacle. L’ambiance des salles, l’émulation créée lors des lives, la présence physique des chanteurs : rien ne remplacera une prestation sur scène.

 

 

 

 

2. Avouons que le scénario n’a rien de palpitant. Il est même très light. Certains moments sont drôles, d’autres émouvants, mais je ne vois pas vraiment l’intérêt du film. Il est finalement basé sur une bande-son plus que sur un scénario.

 

 

 

 

3. Le film sonne un peu comme une promo qui va rapporter gros, et y en a marre d’être pris pour des pigeons. Ils ont inventé le moyen d’annoncer une tournée (celle de 2013) en se faisant clairement financer leur campagne de pub par les spectateurs. Et ça, ça passe mal.

 

 

 

 

Il faut dire que les places de l’avant-première au Grand Rex ont été vendues plus chères qu’une place de concert (jusqu’à 54 euros !). Même si l’équipe du film était présente pour un live (à l’exception néanmoins de Lio, Jeanne Mas et Desirless), cela s’annonçait déjà comme une sacrée machine à sous.

 

 

 

 

C’est donc vous qui voyez. En y allant vous ne regretterez pas, mais si pouvez choisir, mieux vaut aller les voir en live. Accros aux années 1980, accourez dans les salles sombres, ce film est pour vous.

 

 

 

Quoiqu'il en soit, il a tout pour accéder à la tête du box office.

 

Julien Chadeyron; Le Nouvel Obs. LE PLUS+ Le 24/10/2012

 

 

 

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21 octobre 2012 7 21 /10 /octobre /2012 12:17

 

 

 

 

 

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Le réalisateur Jean-Paul Jaud, grand défenseur d'une agriculture moins dépendante de l'industrie chimique, signe avec "Tous cobayes ?" un plaidoyer anti-OGM s'appuyant sur une étude française alarmiste qui vient de relancer le débat sur l'innocuité d'un maïs transgénique.

L'auteur de "Nos enfants nous accuseront" (2008), qui s'attaquait alors à l'usage de pesticides, a suivi mois après mois l'équipe du professeur Gilles-Éric Séralini. Ce chercheur basé à Caen, ouvertement anti-OGM, a publié mercredi une étude qui a conduit Paris et Bruxelles à saisir leurs agences sanitaires pour un avis.

Ces travaux d'une longueur inédite (deux ans) affirment que les rats nourris avec du maïs NK 603 de Monsanto - et pour certains avec de l'eau comprenant de l'herbicide Roundup auquel ce maïs transgénique résiste - développent beaucoup plus de tumeurs cancéreuses.

 

 

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Le film, en salle le 26 septembre, montre de nombreuses scènes de laboratoire où des scientifiques emmaillotés comme des chirurgiens examinent les rats. Certains rongeurs vont développer d'énormes tumeurs, allant jusqu'à 20 % de leur poids. Notamment après le 3e mois, la durée des études classiques de toxicologie, selon les chercheurs. Jean-Paul Jaud a travaillé tout en gardant le secret sur l'étude engagée par le professeur Séralini, celui-ci expliquant avoir récupéré clandestinement des semences de ce maïs NK 603 via un lycée canadien ayant requis l'anonymat. Le NK 603 n'est pas cultivé en Europe, mais est importé pour l'alimentation animale. "Les semenciers refusent de donner des semences aux chercheurs", affirme le scientifique.

 

 

 


Le choc de Fukushima

 

Corinne Lepage, députée européenne qui se bat depuis des années à Bruxelles contre les OGM, est très présente dans le documentaire. "Les premiers qui ne veulent pas de la recherche, ce sont eux, les semenciers", accuse-t-elle. "Il n'y a pas de problème, car il n'y a pas d'étude de long terme", ajoute la députée.


À l'écran, la progression de l'étude est entrecoupée de scènes de fauchage de champs d'expérimentation d'OGM en France (désormais suspendue), de procès de faucheurs qui s'ensuivent et de manifestations de soutien. Autant de moments rythmant la vie de militants écologistes. La parole est aussi donnée à plusieurs paysans bio expliquant leur choix et leurs préoccupations sur les conséquences des pesticides pour la santé des agriculteurs.

 

Parallèlement à l'argumentaire anti-OGM, le film s'attaque aussi au nucléaire, auquel le réalisateur est farouchement opposé.

En cours de tournage, "il y a eu le choc de la catastrophe de Fukushima au Japon et j'ai alors décidé de réunir dans mon film ces deux technologies mortifères contrôlées par une minorité de prédateurs", explique Jean-Paul Jaud. Du coup, le film l'a emmené au Japon, jusque dans les zones de campagne vidées de leurs habitants en raison d'une radioactivité trop élevée.

 

Mêlant OGM et nucléaire, le commentaire - dit par l'acteur Philippe Torreton - parle même d'une "troisième guerre mondiale sacrifiant l'homme, l'animal et le végétal". Selon le réalisateur, plusieurs acteurs pro-OGM ont refusé de lui répondre.

"De toute façon, je ne suis pas un journaliste, je suis cinéaste et je revendique une subjectivité", explique Jean-Paul Jaud. Si l'homme refuse l'étiquette de militant, il revendique celle de "cinéaste citoyen".

 

 Source AFP. 21 sept.2012

 

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Des rats présentant des tumeurs de la taille de balles de ping-pong, des lésions du foie et des reins beaucoup plus nombreuses, une mortalité multipliée par deux ou par trois chez les femelles : les conclusions de la récente étude française sur la toxicité du maïs OGM NK 603 de la firme américaine Monsanto ont fait l'effet d'une bombe. Car, bien que leur culture soit interdite en France, l'importation d'OGM, pour nourrir les animaux ou bien encore incorporés dans des préparations alimentaires destinées aux consommateurs lambda - consultez la liste diffusée sur le site du ministère de l'Agriculture -, est une réalité.

 

USA Etats-Unis aigle rapace

 

 

 

 

Sans compter qu'ailleurs dans le monde, notamment aux États-Unis, ceux-ci sont encore bien plus présents dans l'alimentation... Mais alors cette étude est-elle crédible, solide ou contestable ? Faut-il prendre peur ? Difficile à dire, car une simple lecture des données diffusées cette semaine, y compris par un spécialiste, ne peut suffire à se faire une idée ferme et définitive sur la question. Il est d'ailleurs important de rappeler que, pour être probant, ce type d'enquête scientifique doit être reproductible (et donc reproduit) pour être validé.

 

 

Manque de données globales

 

Toutefois, en seulement 48 heures, un certain nombre de critiques ont déjà été émises par des spécialistes des quatre coins du monde. Certaines sont récurrentes. Outre le fait qu'une toxicité aussi spectaculaire ait pu échapper à toutes les études précédentes, la première interrogation porte sur un manque global de données permettant d'apprécier le protocole de cette étude, plus particulièrement quant à la diète suivie par les rats en dehors de l'OGM testé.

À titre d'exemple, certains champignons qui se développent sur le maïs peuvent notamment être impliqués dans le développement de tumeurs cancéreuses chez ces animaux. La seconde critique vise le type de rats sélectionnés pour ces travaux. Répondant au nom de Sprague Dowley, celui-ci aurait une prédisposition à développer des tumeurs surtout lorsque sa prise alimentaire est trop importante. D'où les questions relatives à la composition précise de la diète de ces rongeurs. De plus, si le nombre de 200 rats peut paraître à première vue satisfaisant pour ce type d'étude, dans le détail, les chercheurs ont réalisé 9 groupes de 20 individus (alimentés avec ou sans maïs OGM dans des proportions allant de 11 à 33 %, mais aussi avec ou sans herbicide Roundup) plus un groupe témoin de 20 individus également. Un nombre jugé insuffisant. Enfin, les résultats ne montrent pas de différences majeures en fonction de la dose administrée, ce qui intrigue les toxicologues.

 

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Il faudra toutefois attendre des analyses plus poussées du dossier pour y voir plus clair. Et le mérite de cette étude, publiée dans la très sérieuse revue Food and Chemical Toxicology, est peut-être justement de contraindre les autorités sanitaires à pousser plus loin les travaux sur la toxicité des OGM.

L'Agence française de sécurité sanitaire et le Haut Conseil des biotechnologies, mandaté dès ce mercredi par le gouvernement, devront rendre un avis sur ces résultats. Au plus vite, mais cela prendra sans doute du temps, n'en déplaise aux politiques... De même, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), saisie par Bruxelles, va devoir se prononcer et souhaite, dans la mesure du possible, y parvenir avant la fin de l'année.

Mais les choses commencent mal, car l'auteur principal de l'étude, le professeur de biologie moléculaire Gilles-Éric Séralini de l'université de Caen, à la fois spécialiste et détracteur des OGM, pointe des conflits d'intérêts au sein de l'institution et la juge incompétente pour mener la contre-expertise...


Par Chloé Durand-Parenti;20 sept.2012

 

 

Aux champs...

 

Je me penche attendri sur les bois et les eaux,

Rêveur, grand-père aussi des fleurs et des oiseaux ;

J’ai la pitié sacrée et profonde des choses ;

J’empêche les enfants de maltraiter les roses ;

Je dis : N’effarez point la plante et l’animal ;

Riez sans faire peur, jouez sans faire mal.

Jeanne et Georges, fronts purs, prunelles éblouies,

Rayonnent au milieu des fleurs épanouies ;

J’erre, sans le troubler, dans tout ce paradis ;

Je les entends chanter, je songe, et je me dis

Qu’ils sont inattentifs, dans leurs charmants tapages,

Au bruit sombre que font en se tournant les pages

Du mystérieux livre où le sort est écrit,

Et qu’ils sont loin du prêtre et près de Jésus-Christ.

 

Victor Hugo

 

 

France Pierre & Gilles Le jardinier

"Le Bio Jardinier"

Photo Pierre& Gilles

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16 octobre 2012 2 16 /10 /octobre /2012 14:19

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Le grand réalisateur Pierre Granier-Deferre nous fait revivre les derniers jours de l'infortunée reine de France, Marie-Antoinette (magnifiquement interprétée par Ute Lemper) qui fut guillotinée au petit matin du  16 octobre 1793, et son corps jeté à la fosse commune...

 

 

 

 

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 Marie-Antoinette de Lorraine d'Autriche, celle qui était encore un an auparavant reine de France, est enfermée à la prison de la Conciergerie, dans la plus lugubre des cellules. Nulle n'a été aussi adulée, encensée, adorée. Au Palais de Versailles, six mille personnes la servaient comme une idole. Pour la République de1793, elle n'est plus que la veuve Capet, qui vit ses derniers jours. Une agonie qui est aussi un calvaire.

 

 

Marie_Antoinette-kucharski-1792.jpgMarie-Antoinette peinte par Kucharski; 1792.

 

La reine Marie-Antoinette (1755-1793) est guillotinée le 16 octobre 1793, dix mois après son mari, Louis XVI.

 

Le procès du roi et sa condamnation à mort pouvaient se justifier par la volonté des républicains d'en finir avec le principe monarchique qu'il incarnait et de briser le lien affectif qui rattachait la masse des Français à la dynastie.

 

Le procès expéditif de la reine (38 ans) n'est quant à lui justifié par aucune raison politique mais il est provoqué par une intensification de la Terreur, sous l'effet d'attaques tant extérieures qu'intérieures contre le pouvoir parisien.

 

 

 

Une reine mal-aimée:

 

Le 1er août, Bertrand Barère, député à la Convention et porte-parole du Comité de Salut public, fait voter un décret qui met en jugement la reine déchue en même temps qu'il programme la destruction de tous les symboles de la royauté.

 

La reine Marie-Antoinette est le quinzième et avant-dernier enfant de l'impératrice d'Allemagne, Marie-Thérèse de Habsbourg, et de son mari, François de Lorraine. Elle a été mariée au Dauphin Louis à 14 ans, en 1770, le roi Louis XV ayant souhaité rapprocher les deux grandes puissances rivales du continent européen, l'Autriche et la France.

 

M.Antoinette book

 

Mais le mariage a été d'emblée critiqué par l'opinion publique. Celle-ci, sous la monarchie comme, plus tard, sous la République, a toujours rejeté la perspective d'une alliance avec Vienne, lui préférant l'amitié du roi de Prusse.

 

Pendant toute la durée de son règne, Marie-Antoinette est surnommée avec dédain l'«Autrichienne» (rien à voir avec Anne d'Autriche, épouse de Louis XIII). Elle doit faire face à l'impopularité et aux ragots. Sa réputation est atteinte par des affaires auxquelles elle n'a aucune part comme le vol d'un collier de diamants auquel Alexandre Dumas a consacré un roman célèbre : Le collier de la Reine.

 

Mal aimée de son mari, Marie-Antoinette éveille la passion d'un beau Suédois, Axel de Fersen. Celui-ci, au début de la Révolution, fait son possible pour aider le couple royal à quitter la France. Mais la fuite échoue piteusement au relais de poste de Varennes, dans l'Argonne, le 20 juin 1791.

 

M.Antoinette with 2 children

 

 

 

Infâmes accusations:

 

 Marie-Antoinette à son procès, croquis d'audience Après la chute de la monarchie, le 10 août 1792, Marie-Antoinette est jetée en prison avec son mari, sa belle-soeur, Madame Élisabeth, et ses deux enfants, le Dauphin Louis et sa jeune soeur Marie-Thérèse, surnommée «Charlotte» et plus tard «Madame Royale».

 

La famille royale est enfermée dans l'enclos du Temple, une ancienne demeure des Templiers située à l'emplacement de l'actuelle mairie du 3e arrondissement de Paris.

 

Peu après l'exécution du roi, le 21 janvier 1793, Marie-Antoinette a la douleur d'être séparée de son fils, le petit Louis XVII (8 ans), qui est confié à un cordonnier, le citoyen Simon, pour être élevé en domestique et en sans-culotte (il mourra deux ans après dans des conditions sordides).

 

Prodigue et légère du temps de sa splendeur, Marie-Antoinette témoigne de courage et de fermeté devant le Tribunal révolutionnaire de Billaud-Varenne. Elle fait face avec dignité à d'infâmes accusations d'inceste sur la personne de son fils, présentées par le substitut du procureur général, le polémiste et jacobin Jacques Hébert.

 

Robespierre lui-même déplore la tournure du procès qui affecte l'image de la Révolution...

 

 

Marie Antoinette habillée en dame paysanne2

 

Après la déposition d'Hébert, le président Hermann interpelle l'accusée : «Qu'avez-vous à répondre à la déposition du témoin ?» D'une voix tremblante, elle répond : «Je n'ai aucune connaissance des faits dont parle Hébert».

Hébert reprend la parole et accuse la reine et Madame Elisabeth d'avoir traité l'enfant en roi en lui donnant en toutes occasions la préséance. Marie-Antoinette se tourne vers Hébert et demande : «L'avez-vous vu ?»

Hébert : «Je ne l'ai point vu, mais la Municipalité le certifiera», puis il coupe court à l'aparté et, changeant de sujet, il se lance sur une autre affaire.

Un juré dont on n'a pas le nom se lève et demande : «Citoyen-Président, je vous invite à vouloir bien faire observer à l'accusée qu'elle n'a pas répondu sur le fait dont a parlé le citoyen Hébert à l'égard de ce qui s'est passé entre elle et son fils». Le président répète la question et la reine se lève - «vivement émue» affirme le procès verbal - : «Si je n'ai pas répondu, c'est que la nature se refuse à une pareille inculpation faite à une mère». Elle se tourne vers la foule : «J'en appelle à toutes celles qui peuvent se trouver ici».

 

 

 

 

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« C'est à vous, ma sœur, que j'écris pour la dernière fois ; je viens d'être condamnée non pas à une mort honteuse, elle ne l'est que pour les criminels, mais à aller rejoindre votre frère. Comme lui innocente, j'espère montrer la même fermeté que lui dans ces derniers moments. Je suis calme comme on l'est quand la conscience ne reproche rien ; j'ai un profond regret d'abandonner mes pauvres enfants ; vous savez que je n'existais que pour eux, et vous, ma bonne et tendre sœur, vous qui avez par votre amitié tout sacrifié pour être avec nous, dans quelle position je vous laisse ! J'ai appris par le plaidoyer même du procès que ma fille était séparée de vous. Hélas ! la pauvre enfant, je n'ose pas lui écrire, elle ne recevrait pas ma lettre, je ne sais même pas si celle-ci vous parviendra21, recevez pour eux deux ici ma bénédiction. J'espère qu'un jour, lorsqu'ils seront plus grands, ils pourront se réunir avec vous, et jouir en entier de vos tendres soins. »

Marie-AntoinetteSignature-copie-1.png

 

1793

 

Deux témoins, les frères Humbert, rapportent qu'un courant passe dans la foule, même les tricoteuses se sentent remuées. L'audience est suspendue quelques minutes et la reine, se penchant vers son avocat Chauveau-Lagarde, lui demande à voix basse : «N'ai-je pas mis trop de dignité dans ma réponse ?»

– Madame, soyez vous-même et vous serez toujours bien ; mais pourquoi cette question ?

– C'est que j'ai entendu une femme du peuple dire à sa voisine : vois-tu comme elle est fière !

 

La belle-soeur de la reine, Madame Élisabeth (29 ans), est à son tour guillotinée le 10 mai 1794. Marie-Thérèse («Charlotte») a plus de chance. Elle fait l'objet d'un échange contre des prisonniers français et quitte la France pour l'Autriche le 19 décembre 1795, le jour de ses 17 ans. Elle mourra en 1851 dans son pays d'adoption.

 

Le 21 janvier 1815, les restes de la reine Marie-Antoinette seront transférés avec ceux de Louis XVI dans la basilique Saint-Denis, traditionnelle nécropole des rois de France.

 

 

Fabienne Manière in Hérodote.fr

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27 septembre 2012 4 27 /09 /septembre /2012 14:07

 

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Dans le sud de la France, Marc, marié et père de famille, mène une vie confortable d'agent immobilier. Au hasard d'une vente, il rencontre une femme au charme envoûtant dont le visage lui est familier. Il pense reconnaître Cathy, l'amour de ses 12 ans dans une Algérie violente, à la fin de la guerre d'indépendance. Après une nuit d'amour, la jeune femme disparaît.

Au fil des jours un doute s'empare de Marc : qui est vraiment celle qui prétend s'appeler Cathy ? Une enquête commence.

 

 

 

 

 

 


Marc (formidable et touchant Jean Dujardin) est agent immobilier dans le sud de la France. Marié, père de famille, il travaille dans l'agence de son beau-père et pense mener une existence agréable, sans nuages.

Au hasard d'une vente, il rencontre une femme au charme envoûtant dont le visage fait ressurgir tout un pan de son passé. En elle, il croit reconnaître Cathy, le grand amour de ses 12 ans, là-bas, en Algérie.

Refoulés au plus profond de lui, ses souvenirs refont surface...

Des frôlements de mains, des rires complices et des balades sur le balcon d'un immeuble d'Oran donnant sur la mer. La violence de la fin de la guerre d'indépendance avait enterré ces instants précieux.

 

Déstabilisé, amoureux fou dont la vie bascule, Marc tente d'y voir plus clair, d'autant qu'après une nuit d'amour avec la belle inconnue, celle-ci disparaît. Quel est ce mystère ? Cathy est-elle celle qu'elle prétend être ? Les proches de Marc affirment que la petite fille est morte lors d'une explosion.

En se servant de la trame classique du thriller à la Hitchcock (on pense notamment à Vertigo pour la recherche obsessionnelle de la blonde/brune Kim Novak), Nicole Garcia orchestre un somptueux suspense romanesque, autour d'une vamp mystérieuse emportée par les événements de la guerre d'Algérie.

Finalement, le balcon sur la mer est celui qui permet à Marc d'observer son passé, le ressac d'une mémoire douloureuse et d'un amour enfoui sous l'écume des jours.

 

Olivier Lacroix, in Figaroscope du 14/12/2010.

 

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Défragmentation de la mémoire: c'est plus douloureux que sur votre PC...

 

 

 

 

 

Marc Palestro a la réputation d'être un gendre idéal. Son beau-père l'a enrôlé dans son agence immobilière, il travaille avec intégrité, les affaires marchent. Apparemment, il est heureux. Trompeuse quiétude. Passif, il est pensif. "C'est la ouate", chante Caroline Loeb à la radio. Marc Palestro a du coton dans la tête, jusqu'au jour où l'apparition d'une acheteuse, lors de la vente d'une maison, le bouleverse. Il a reconnu en elle l'amour de ses 12 ans, la jeune Cathy, voisine dont il fut arraché à la fin de la guerre d'indépendance algérienne.

 

Nicole Garcia est adepte des intrigues à plusieurs fils. Celles d'Un balcon sur la mer mixent des lieux liés à des souvenirs, convoquent des hommes mélancoliques, font surgir des petites filles détentrices de secrets. Oran, le rapatrié d'Algérie d'origine espagnole, la petite Marie-Jeanne qui s'est mise à faire du théâtre... autant de flash-backs qui viennent troubler la conscience du personnage principal, mais qui s'affichent aussi comme indices intimes d'une réalisatrice n'ayant encore jamais évoqué son enfance de l'autre côté de la Méditerranée et les blessures engrangées là-bas.

 

Ce film est un thriller sentimental, l'histoire d'un homme arraché à ses deux passions de jeunesse : un pays (l'Algérie), une gamine (Cathy). Hanté par l'atmosphère hitchcockienne qui planait déjà sur Place Vendôme (1998), le film entrelace le maelström d'émotions et la ténébreuse enquête. Par quoi ce Palestro perdu (magistral Jean Dujardin) et cette énigmatique Marie-Jeanne sont-ils enchaînés ? Nous ne le dirons pas. Mais la réussite du film tient en partie à ce dosage subtil de réminiscences et de trafics de sentiments, sur fond de magouilles, offenses, revanche, d'apparition de femme fatale.

 

Du Fils préféré (1994) à L'Adversaire (2001), on voit bien la cohérence de cette filmographie vouée à l'exhumation de fêlures, d'hommes fragiles dont le traumatisme ressurgit.

Nicole Garcia orchestre de tragiques délivrances.

 

Le goût de l'enfance, infini, reste brûlant chez lui, comme chez la jeune femme qui n'est ni tout à fait Cathy ni tout à fait une autre. Les hommes ont le dos courbé sous le poids de deuils informulés chez Garcia, les femmes sont en perdition, otages de fraudes financières, prête-noms, appâtées par l'argent facile (Nathalie Baye dans Un week-end sur deux, 1990, Catherine Deneuve dans Place Vendôme). Les premiers restent captifs de leur fantasme, les secondes trouvent leur salut dans l'imaginaire.

Jean-Luc Douin, in Le Monde; 14/12/2010.

 

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Nicole Garcia signe un film sur la quête d'identité et la quête amoureuse.

En effet, la recherche de soi et de l'autre y sont concomitantes. Marie-Jeanne renvoie à Marc des images de son passé et veut en même temps être prise pour ce qu'elle est réellement. Elle s'oublie dans le mensonge, malgré elle. C'est ainsi que la réalisatrice choisit à la fois de les réunir et de les séparer aussitôt: "C’est peut-être la première fois que je me laisse entraîner à la tentation du couple, même si l’homme et la femme ne sont pas dans le même plan durant plus de la moitié du film !

Comme si je m’étais, pour les filmer, inconsciemment fixée cette condition : les séparer à tout prix…", confie-t-elle.


Retour dans le passé...

 

 


 

 


 

 


 

Un balcon sur la mer est le premier film de Nicole Garcia à se passer, en partie, à Oran, sa ville natale. Le choix s'est donc porté assez vite sur l'Algérie, d'autant plus que le scénariste est aussi né là-bas.

La réalisatrice était pourtant réticente, avouant avoir développé un "rapport intranquille" à son enfance. Tourner dans le pays n'a donc pas été si facile. C'est cette résistance qu'elle a su mettre à profit dans le film, chaque personnage dévoilant son rapport ambigu à l'enfance et à la naissance:

"Marc Palestro a refoulé son enfance, pour des raisons personnelles et historiques. Il a oublié la fille du droguiste comme il a oublié le lynchage d’un algérien, événement que lui rappelle Marie-Jeanne au début du film." rapporte la réalisatrice.

Foulant le pavé de la ville algérienne, Jean Dujardin avoue s'être laissé emporter par l'émotion:

"J’ai éprouvé, d’un coup, le retour de l’exil, et les larmes sont venues naturellement. Ce n’était plus seulement l’enfance de Marc, de Nicole, c’était aussi la mienne, celle de tout le monde, quand on la sait à jamais perdue."


Les blessures de l'Algérie comme toile de fond:

 

Nicole Garcia explique qu'à l'origine du film, il y a une mésentente entre un homme et une femme. Marc n'a pas voulu voir Marie-Jeanne dans son enfance, elle est restée tapie dans l'ombre et voilà qu'elle réapparaît avec toute sa susceptibilité.

L'histoire politique vient corroborer la difficulté pour cet homme d'assumer son identité. La Guerre d'Algérie est donc présente mais en arrière plan. Les flashbacks permettent de re-situer l'intrigue dans ce contexte troublé, la réalisatrice explique:

"L’histoire étant vécue à hauteur d’enfants, il n’y avait pas de place pour le commentaire directement politique. L’action des factions, la guerre civile, les terroristes devaient être montrés sans analyse, dans un quotidien immédiat."

 

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Évidemment connu pour ses comédies et ses rôles humoristiques, Jean Dujardin s'oriente vers un autre registre du Convoyeur (2003) au Bruit des glaçons (Bertrand Blier), en passant par Contre-enquête de Franck Mancuso (2007) dans lequel il interprète un policier et un père à la dérive après l'assassinat de sa fille.

Le choix de Nicole Garcia s'est porté sur lui car elle sentait que sa personnalité sur le fil était à exploiter:

"Je le connaissais comme tout le monde le connaît, comme un acteur de comédie, mais j’ai senti qu’il y avait en lui des zones d’ombre et une mélancolie qu’il était prêt à offrir à un personnage."

 

La femme dans les films de Nicole Garcia

 

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Selon Jacques Fieschi, le scénariste d'Un balcon sur la mer:

"Dans les films de Nicole Garcia, apparaît toujours une figure de femme bousculée, en perdition (...) Nicole n’a pas de discours à proprement parler féministe, mais il y a ce désir que les femmes arrivent à vaincre les humiliations que leur ont fait subir les hommes. Les films sont là pour les délivrer."

Pourtant, dans ce film, les femmes en prennent aussi pour leur grade: Marie-Jeanne manipule Marc en se faisant passer pour Cathy, et l'entraîne ainsi dans ses troubles.


Marc Palestro par Jean Dujardin

 

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Le rôle de Marc a été une véritable révélation pour Jean Dujardin. Outre le fait qu'il ait dû composer avec un personnage faussement banal, il estime avoir appris beaucoup de choses sur la situation des français d'Algérie:

"A la fin du film, je me sentais l’un des leurs. C’est la force de l’acteur, non ? Ils m’ont aidé à mieux comprendre ce garçon à qui ses parents ont dit à 13 ans qu’il allait devoir tout quitter, et recommencer une vie bien réglée, ailleurs.".

La présence chaleureuse et empathique de Nicole Garcia n'y a pas été pour rien:

"Elle cherche la fragilité nichée au fond de l’être humain. Ce qui m’a intrigué dans notre travail, c’est que Nicole n’oublie jamais sur un plateau l’actrice qu’elle est (...) Elle vous accompagne d’une manière qui fait viscéralement corps avec le film", confie l'acteur.


Marie-Jeanne par Marie-Josée

 

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Métamorphosée en blonde platine, Marie-Josée Croze change de registre dans ce film en interprétant une femme mystérieuse et manipulatrice, un peu malgré elle, selon l'actrice:

"Marie-Jeanne a un problème avec l’estime d’elle-même (...) L’amour propre est quelque chose qui se construit depuis l’enfance, c’est un long travail. Et celui qui n’en a pas, a des comportements autodestructeurs".

Elles ont créé, à quatre mains, avec Nicole Garcia, la créature Cathy/Marie-Jeanne:

"On a créé ensemble ce blond platine, ces tailleurs ajustés, cette démarche ralentie, ce déguisement de femme de paille.".

Pour autant l'actrice considère qu'il serait faux de parler d'une femme aux visages multiples alors qu'elle est seulement perdue et se pare d'apparences au moment où elle rencontre Marc.

Finalement Marie-Jeanne se rapproche d'une actrice se jouant d'elle-même.

 

carte Algerie

 

 

 

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Alger Rade Alger 1850
Alger isly place-copie-1
L'Algérie moderne est une création de la France:
Alger, place d'Isly au début des
années 50.
Alger 1950-copie-1
Alger
Alger laferriere
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Oran, 1959: dans trois ans, ce petit bout de paradis sur la terre d'Algérie, bâti en à peine cinquante années, se transformera en enfer...
oran Hôtel de Ville construit en 1886


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Oran Bd du Lycée
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Dans les flammes, les exactions et les sangs mêlés s’achève l’aventure impériale de la France outre-mer.

 

France Exposition coloniale de Paris - 1931 1

 

Par Benjamin Stora [Le Monde, 27 août 1992]

 

Évoquant Oran dans le préambule de la Peste, Albert Camus écrivait :

" Une manière commode de faire la connaissance d’une ville est de chercher comment on y travaille, comment on y aime et comment on y meurt. Dans notre petite ville (est-ce l’effet du climat ?), tout cela se fait ensemble, du même air frénétique et absent. Mais, ce qui est original, c’est la difficulté qu’on peut y trouver à mourir ! "

 

 

 

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Oran, lundi 25 juin 1962, les réservoirs en feu de la BP (©J.P. Biot/Paris-Match)

 

 

 

 

Fin juin 1962 : Oran est devenue cette ville de la peste que Camus décrivait. Les ordures s’amoncellent au milieu de la rue. Les téléphones sont coupés. Les magasins éventrés vomissent leurs débris sur le trottoir par-dessus les chats crevés. Les petites rues en pente, vidées de leurs habitants, dégagent une puanteur sans nom.

Le lundi 25 juin, à 17 h 45, c’est l’apocalypse dans le ciel de la ville. Les réservoirs à mazout de la British Petroleum ont été plastiqués, et 50 millions de litres de carburants brûlent. Vision dantesque de flammes qui montent souvent à plus de 150 mètres. Dans certains quartiers, il fait presque nuit, et cette " éclipse " dure deux jours. Des pompiers, aidés de fusiliers marins de Mers-el-Kébir, tentent de maîtriser l’incendie, tandis que les derniers desperados de l’OAS (Organisation de l’armée secrète) essaient, en tirant à la mitrailleuse sur les réservoirs voisins, d’étendre le désastre.


Pourquoi est-ce à Oran que les derniers mois de l’Algérie française et les premiers jours de l’Algérie indépendante ont été les plus meurtriers, les plus terribles ?

 

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Oran est la première ville d’Algérie où la population européenne dépasse en nombre la population musulmane.


En 1961, les statistiques donnent, en gros, 400 000 habitants, dont 220 000 Européens et 180 000 musulmans. Cette proportion explique la particulière acuité du conflit dans cette deuxième cité de l’Algérie. Tout au long d’une histoire coloniale commencée en 1830, les mariages avaient brassé les descendants des communautés originelles métropolitaines, ibériques et italiennes ; venaient s’y ajouter quelques gouttes de sang grec ou maltais.

Mais la plupart des Européens étaient des descendants d’émigrés espagnols qui, au milieu du siècle dernier, avaient fui la misère de leur pays. La proximité de l’Espagne facilite cette arrivée massive (par temps clair, du haut de la rade de Mers-el-Kébir, il est possible d’apercevoir à l’horizon le sommet de la cordillère du cap de Gata). En 1931, on estime la population oranaise originaire d’Espagne à 65 % du total des Européens, 41 % étant déjà naturalisés. Cette influence espagnole se voit par le sens ibérique de l’hospitalité et par une religiosité puissante. Depuis 1849, l’église Notre-Dame-de-Santa-Cruz est la patronne qui veille sur la ville, le port, le rivage. Le catholicisme devient un puissant instrument de référence identitaire, face à des Algériens musulmans de plus en plus minoritaires et marginalisés.

Les juifs d’Oran, naturalisés par le décret Crémieux de 1870 et victimes de violentes campagnes antisémites dans les années 1890, se groupent sur le plateau ouest de Karguentah. Et les " Arabes ", comme on appelait à l’époque les Algériens musulmans, sont au sud de ce même plateau, dans ce qui est resté longtemps le " village nègre ", avant de devenir la " ville nouvelle ".

 

 

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Comme la guerre de conquête coloniale s'effectue toujours par des armées régulières mais en marge des Lois de la Guerre  par la pratique de méthodes terroristes, en toute logique,la guerre de décolonisation et d'indépendance applique les dures règles du terrorisme et de la responsabilité collective...

 

 


 

Dans cette guerre d’Algérie qui dure déjà depuis sept ans, il semble impensable à la majorité de la population européenne de quitter Oran, de concevoir une indépendance sous l’égide du FLN.

 

Certains hommes politiques français, au moment des négociations avec les indépendantistes algériens en 1961, avaient même envisagé la partition, avec Oran pour capitale, d’une nouvelle Algérie française... Pour les commandos de l’Organisation Armée Secrète(OAS), dirigés dans l’Oranie par le général Jouhaud (1905-1995) et par son adjoint le commandant Camelin, cette idée n’existe plus au début de l’année 1962. Le moment est à la radicalité extrême.

Avec retard sur Alger, mais avec les mêmes moyens, l’OAS d’Oran se lance aussi dans le terrorisme, les coups de main spectaculaires, les hold-up dans des banques ou dans des entreprises pour se procurer des fonds, les expéditions sanglantes contre des Algériens musulmans. Ainsi, le 13 janvier 1962, six hommes de l’OAS, déguisés en gendarmes, se présentent à la prison d’Oran, où ils se font remettre trois militants du FLN condamnés à mort. Ils les exécutent quelques instants après. Le lendemain, quatre autres prisonniers du FLN s’évadent. L’OAS leur donne la chasse, les retrouve, les exécute.

 

L’organisation activiste développe des émissions de radio pirate, publie un faux numéro de l’Echo d’Oran, le 6 février, tiré à vingt mille exemplaires, condamnant la "politique d’abandon de de Gaulle ".

 

Le 19 mars 1962, à midi, au moment où le général Ailleret, commandant en chef en Algérie, ordonne l’arrêt des combats, une émission pirate de l’OAS fait entendre la voix de Raoul Salan (1899-1984), qui, avec véhémence, condamne le cessez-le-feu et les accords d’Evian, puis donne l’ordre de " harcèlement contre les forces ennemies ".

Le 20 mars, un détachement de l’OAS tire au mortier sur la casbah d’Alger : 24 morts et 60 blessés, tous Algériens. Le même jour, fusillades à Oran : 10 morts et 16 blessés. Le 26 mars, l’armée, débordée, tire sur une foule d’Européens à Alger. On relève 46 morts et 200 blessés rue d’Isly. Pendant qu’Alger connaît ces heures sanglantes, Oran est frappée de stupeur : le général Jouhaud et son adjoint Camelin sont arrêtés.

 


 

Le 28 mars, Abderrahmane Farès (1911-1991), président de l’"exécutif provisoire" mis en place après Evian, s’installe avec son équipe à la cité administrative de Rocher-Noir. Le 8 avril, un vote massif au référendum organisé par l’Elysée (90,7 % des suffrages exprimés, 24,4 % des électeurs n’ont pas participé au vote) donne au président de la République la capacité juridique " d’établir des accords et de prendre des mesures au sujet de l’Algérie, sur la base des déclarations gouvernementales du 19 mars 1962 ".

Loin d’apaiser, les résultats de ce référendum poussent le commandement de l’OAS dans une folle escalade : la politique de la terre brûlée.

 

Le 24 avril au matin, à Oran, l’OAS s’attaque à une clinique, celle du docteur Jean-Marie Larribère, militant communiste très connu dans la ville. Deux femmes, dont l’une venait d’accoucher, échappent à la destruction complète de l’immeuble. Les plastiquages, les mitraillages, prennent une cadence infernale. Des gendarmes mobiles sont agressés, des blindés ripostent au canon de 20 mm et 37 mm. Les coups partent au hasard, contre des immeubles habités par des Européens. Des avions se mettent de la partie, avec leurs mitrailleuses lourdes.

Le 23 avril 1962, le conseil de l’ordre des avocats d’Oran publie un communiqué dénonçant " ces attaques contre une population civile qui seraient, en temps de guerre, contraires à la Convention de La Haye [...]. En temps de paix, et entre Français, elles dépassent l’imagination. "

 

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Attentat OAS; Alger, 26 avril 62.

 

 

 

 

 

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En dépit des consignes de l’OAS, qui interdit le départ des Européens (avec surveillance des agences de voyages), l’exode commence vers la métropole.

Le 15 avril, le Chanzy débarque un premier contingent de "rapatriés" venant d’Oran. Les attentats de l’OAS ne cessent pas. On pourrait même dire que le terrorisme croît en violence : assassinats individuels de musulmans, chasses à l’homme, plastiquages, tirs de mortier.

 

A la fin du mois d’avril, une voiture piégée explose dans un marché, très fréquenté par les Algériens en ce moment de ramadan. C’est une première du genre (le 2 mai, le même procédé _ une voiture piégée qui explose dans le port d’Alger _ fait 62 morts et 110 blessés, tous musulmans). En mai, à Oran, quotidiennement, de 10 à 50 Algériens sont abattus par l’OAS.

La férocité est telle que ceux qui habitent encore des quartiers européens les quittent en hâte. Chacun se barricade, se protège comme il peut. Certains musulmans quittent Oran pour rejoindre leurs familles dans les villages ou les villes n’ayant pas une forte population européenne. D’autres s’organisent en une sorte d’autonomie dans l’enclave musulmane. Des commissaires politiques du FLN font surface, une vie s’organise (approvisionnement, ramassage des ordures...). Mais, dans ce cycle infernal qui continue, avec les rafales d’armes automatiques résonnant çà et là, jour et nuit, que va-t-il advenir de la population européenne ? Surtout quand les troupes de l’ALN pénétreront dans la ville après la proclamation de l’indépendance ?

Les dirigeants du FLN ont de plus en plus de mal à retenir une population musulmane exaspérée, et qui veut riposter. Les responsables de l’OAS encore en liberté savent pourtant que la partie est perdue. L’armée française n’a pas basculé en leur faveur, le moral est au plus bas après les arrestations de Salan, Jouhaud, Degueldre et l’échec d’un maquis de l’OAS dans l’Ouarsenis. Aucun espoir, non plus, à attendre de l’étranger. Et puis il y a cet exode, cette hémorragie qui se poursuit.

Chaque jour, à partir de fin mai, ceux que l’on appellera plus tard les " pieds-noirs " sont de 8 000 à 10 000 à quitter l’Algérie, emportant hâtivement avec eux ce qu’ils ont de plus précieux.

 

Algérie Départ Pieds noirs 1962Les voilà les damnés de la terre d'Algérie qu'ils ont embellie, fait fructifier comme un jardin d'Eden.

Abandonnés et trahis par un gouvernement qui avait le devoir de les protéger, accusés de tous les maux, de tous les crimes, ils  sont devenus en quelques semaines  des parias.

Ils fuient les massacres, les enlèvements, les tortures, les viols. Ils ont tout vendu à la hâte, à vil prix,à des familles musulmanes qui "récupèrent" villas, appartements,meubles, voitures,bijoux, postes radio et télévisions.

 


 

Le 7 juin 1962 est un des points culminants de la politique de la terre brûlée. Les commandos Delta de l’OAS incendient la bibliothèque d’Alger et livrent aux flammes ses soixante mille volumes. A Oran, c’est la mairie, la bibliothèque municipale et quatre écoles qui sont détruites à l’explosif. Plus que jamais, la ville, où règne une anarchie totale, est coupée en deux : plus un Algérien ne circule dans la ville européenne. La décision de Paris d’ouvrir la frontière aux combattants de l’ALN stationnés au Maroc provoque une panique supplémentaire chez les Européens. Dans un fantastique désordre, l’Algérie se vide de ses cadres, de ses techniciens. Inquiet de la paralysie générale qui menace le pays, Abderrahmane Farès, par l’intermédiaire de Jacques Chevallier, ancien député et maire d’Alger, décide de négocier avec l’OAS.

 

L’accord signé le 18 juin par Jean-Jacques Susini, au nom de l’OAS, avec le FLN, est rejeté à Oran. Les 25 et 26 juin, dans la ville recouverte par la fumée des incendies, les commandos de l’OAS attaquent et dévalisent six banques. En fait, il s’agit de préparer la fuite, après l’annonce du colonel Dufour, ancien chef du 1 REP et responsable de l’organisation pour l’Oranie, de déposer les armes. Sur des chalutiers lourdement chargés d’armes (et d’argent), les derniers commandos de l’OAS prennent le chemin de l’exil. Pendant ce temps, le départ des Européens d’Oran a pris l’ampleur d’une marée humaine. Des milliers de personnes, désemparées, hébétées, attendent le bateau dans le plus grand dénuement. Il faut fuir au plus vite ce pays, auquel ils resteront attachés de toutes leurs fibres, transformé en enfer.

 

Le 1er juillet 1962, la population algérienne vote en masse l’indépendance de l’Algérie. Le " oui " obtient 91,23 % par rapport aux inscrits, et 99,72 % par rapport aux votants.

Le 3 juillet, jour où l’indépendance est officiellement proclamée, sept katibas de l’ALN défilent à Oran, boulevard Herriot, devant une foule énorme. Les Algériens déploient leur drapeau d’une Algérie nouvelle, vert et blanc, frappé d’un croissant rouge, manifestent leur joie avec des cortèges scandés par les youyous des femmes, des chants, des danses. Le capitaine Bakhti, chef de la zone autonome d’Oran, s’adresse aux Européens dans une allocution en français : " Vous pourrez vivre avec nous autant que vous voudrez et avec toutes les garanties accordées par le GPRA. L’ALN est présente à Oran. Il n’est pas question d’égorgements. " Est-ce, avec la fin officielle de la guerre, l’arrêt, enfin, des flots de sang ? Le 5 juillet 1962, c’est le drame. La foule des quartiers musulmans envahit la ville européenne, vers 11 heures du matin. Des coups de feu éclatent. On ignore les causes de la fusillade. Pour les reporters de Paris-Match présents sur place, " on parle, bien sûr, d’une provocation OAS, mais cela semble peu vraisemblable. Il n’y a plus de commandos, ou presque, parmi des Européens qui sont demeurés à Oran après le 1 juillet, que d’ailleurs on considérait là au moins comme une date aussi fatidique que l’an 40 ". Dans les rues, soudain vides, commence une traque aux Européens.

 

 

de-gaulle-alger4juin1958.jpgAlger, 4 juin 1958:De Gaulle fraîchement nommé président du Conseil d'une IVe République à l'agonie.

"Je vous ai compris!"

 

 

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L'Echo d'Alger; 14 octobre 1958: on abreuve encore  le peuple de grand discours.

 


 

 

 

Sur le boulevard du Front-de-Mer, on aperçoit plusieurs cadavres.

 

Vers le boulevard de l’Industrie, des coups de feu sont tirés sur des conducteurs, dont l’un, touché, s’affaisse au volant tandis que la voiture s’écrase contre un mur. Une Européenne qui sort sur son balcon du boulevard Joseph-Andrieu est abattue. Vers 15 heures, l’intensité de la fusillade augmente encore. A un croc de boucherie, près du cinéma Rex, on peut voir, pendue, une des victimes de ce massacre. Les Français, affolés, se réfugient où ils peuvent, dans les locaux de l’Echo d’Oran, ou s’enfuient vers la base de Mers-el-Kébir, tenue par l’armée française.

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« Aujourd'hui encore je suis accusé d'avoir empêché mes unités d'intervenir dans cette malheureuse affaire. Pas plus qu'après le 5 juillet 1962, Paris n'a jamais fait une mise au point pour rétablir la vérité… Je m'attendais à ce que Pierre Messmer, ministre des Armées, apporte un démenti à ces accusations dénuées de tout fondement. Il n'en fut rien…

J'ai trouvé la raison du silence du ministre des Armées et du gouvernement dans l'ouvrage d'Alain Peyrefitte : C'était de Gaulle, où il rapporte ce qu'avait déclaré le Général25 avec une sombre détermination au conseil des ministres du 24 mai 1962 : “La France ne doit avoir aucune responsabilité dans le maintien de l'ordre après l'autodétermination. Elle aura le devoir d'assister les autorités algériennes, mais ce sera de l'assistance technique. Si les gens s'entre-massacrent, ce sera l'affaire des autorités algériennes26.”

Voilà pourquoi aucun démenti ne fut fait en juillet 1962 car il aurait mis en cause le Général et son gouvernement. » 

 

Pendant ce temps, le général Katz (1907-2001), commandant de la place militaire d’Oran, déjeune à la base aérienne de La Sebia. Averti des événements, il aurait, selon l’historien Claude Paillat, répondu à un officier : " Attendons 17 heures pour aviser. "

Les troupes françaises restent l’arme au pied, le ministère des armées leur ayant interdit de sortir de leur cantonnement. Précisément, à 17 heures, la fusillade se calme. Dans les jours qui suivent, le FLN reprend la situation en main, procède à l’arrestation et à l’exécution d’émeutiers.

 

Le bilan du 5 juillet est lourd. Selon les chiffres donnés par le docteur Mostefa Naït, directeur du centre hospitalier d’Oran, 95 personnes, dont 20 Européens, ont été tuées (13 ont été abattues à coups de couteau). On compte, en outre, 161 blessés. Les Européens racontent des scènes de tortures, de pillages et surtout d’enlèvements. Le 8 mai 1963, le secrétaire d’Etat aux affaires algériennes déclare à l’Assemblée nationale qu’il y avait 3 080 personnes signalées comme enlevées ou disparues, dont 18 ont été retrouvées, 868 libérées et 257 tuées (pour l’ensemble de l’Algérie, mais surtout en Oranie). On ne parlera plus, pendant longtemps, de ces " disparus ".

 

Ici s’arrête la présence française, dans ce " joyau d’Empire " qu’était l’Algérie française.

Le 12 juillet 1962, Ahmed Ben Bella pénètre dans Oran. Une autre bataille commence, celle pour le pouvoir en Algérie. De l’autre côté de la Méditerranée les pieds-noirs n’ont plus qu’une pensée : faire revenir la " protectrice " d’Oran. Notre-Dame-de-Santa-Cruz recevra l’hospitalité dans l’humble église de Courbessac, près de Nîmes.

 

Benjamin Stora

 

 

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Oran5juillet1962.jpgOran, 5juillet 1962.L'avertissement écrit sur la banderole s'avèrera lourde de sens...

 

La version d'un Pied-Noir:

 

"Ni Mauriac, ni Sartre ne s'émurent, ni l'archevêque d'Alger... Aucune des hautes consciences qui font résonner le monde de leurs sermons et tiennent toujours prêtes des pétitions couvertes de signatures, ne vit dans ces massacres la moindre atteinte à la dignité des hommes. Il reste des chiffres partiels, mais qui, même tronqués, entrouvrent d'étranges meurtrières sur ce qui s'est passé en Algérie au cours du printemps et de l'été terribles de 1962". 

 

La nuit tomba sur Oran.


Le couvre-feu le plus pesant de toute l'histoire de cette ville s'abattit sur les Oranais encore assommés par ce qu'ils venaient de vivre. Les quartiers européens n'existaient plus, ils avaient été rayés de la carte. Oran la ville lumière, celle que l’on surnommait « l’Andalousie française », était morte...


A la radio française, le speaker annonça d'une voix calme :

« Quelques incidents se sont produits à Oran » et le journal du jour avait reproduit une déclaration de Ben Khedda (1920-2003) qui, s'adressant aux Européens avait dit : « Nous appliquerons loyalement les accords d'Evian car les Européens ont leur place ici ».


A cet instant, toutes les pensées étaient dirigées vers la ville arabe où étaient retenus des centaines -peut-être des milliers- de Français. Une étrange lueur montait du village nègre en liesse. Quels sacrifices célébrait-on?

Au même moment, un grand gala avec la participation de nombreuses vedettes avait lieu sur la Côte d'Azur. Dans la joie, au son des orchestres, on dansa tard dans la nuit... comme on avait dansé dans l'insouciance à la cour de  Versailles le 10 février 1763, pendant que la France perdait le Canada...


Le lendemain 6 Juillet, Oran se réveilla hébétée. Tous ceux qui avaient pu conserver la vie voulaient partir. Oui, fuir… quitter cette ville au plus vite et cette odeur de sang. Courir sans se retourner, et que tout cela s’efface à jamais, Seigneur Dieu…

Ce brusque retour à la sauvagerie, ces crimes d'une cruauté inconnue qui, en quelques heures, achevèrent de vider la cité, créèrent l'irréparable. Les Oranais se sentaient tellement menacés en ville qu'ils préféraient camper, entassés au port ou à la Sénia (aéroport), sous un soleil de plomb, dans des conditions absolument inhumaines. De jeunes enfants, des vieillards en moururent. Les avions étaient inexistants, les transports maritimes en grève.

Cette ultime brimade sonnait le glas des Oranais. On leur refusait les moyens de sortir de leur enfer ; on leur marchandait l'exode. Jamais! Jamais ils ne devraient oublier!...

 


Ce jour là, le journal « Le Monde » avait titré :

 

« LA CELEBRATION DE L’INDEPENDANCE DE L’ALGERIE »

 

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Une fusillade éclate à Oran au passage d’une manifestation de Musulmans. La responsabilité de ces incidents entre Européens et Algériens n'a pu être établie. Ce sera vite chose faite.

Tout comme les services officiels d'information, le général Katz laissa supposer que le massacre résultait d'une provocation attribuée à l'OAS. Pourtant un Musulman, le préfet d'Oran, M. Laouari Souiah, officiellement désigné par l'exécutif provisoire ne rejettera nullement la responsabilité sur l'OAS qui, faut-il le rappeler, n'existait plus à cette date. Il proclama à cet effet :

"Les événements de la veille sont le fait d’irresponsables qui seront sévèrement châtiés. »

 

Algérie Oran disparus 1962 juillet

"Rare photo d' Européens arrêtés et menés à l'abattoir.

Oran,5 juillet 62.

Regardez bien cette photo d'une rue d'Oran.

Un groupe d'une quinzaine d'hommes de tous âges et une seule femme. Ce groupe surveillé par un homme armé d'une mitraillette, avance,manifestement contraint. Aucun ne parle. L'angoisse transpire de leur attitude, de leur pas mal assuré, de la position de leurs épaules, de leurs regards...

La femme en robe d'été, environ 35 ans, belle, les traits fins,marche la tête droite, le regard lointain. Elle serre les mâchoires, elle serre les lèvres, elle serre les poings.

On comprend qu'elle est consciente des traitements ignomineux qui l'attendent. Elle veut cacher sa peur, elle veut garder sa dignité jusqu'au bout. Elle ne veut pas donner à ses bourreaux le plaisir de voir sa détresse, son angoisse,ses faiblesses. Elle veut rester digne, quoiqu'il arrive. Voila ce que la photographie laisse supposer de cette femme.

Son attitude incarne le stoïcisme grec, la virtus romaine, la foi des premiers chrétiens. C'est une statue du courage".

Paul G.; Marseille.

 

 

 


Cependant, beaucoup refusaient encore le départ, attendant désespérément le retour d'un mari, d'un enfant, d'un frère disparus depuis la veille. Pour eux c'était l'attente inhumaine, sans nom. L'espoir était bien maigre, mais chacun s'y accrochait. Peut-être l'armée se déciderait-elle "enfin!" à réagir et tenterait une opération de secours... une opération humanitaire pour sauver ces malheureux? Et dans toutes les administrations, aux commissariats, aux gendarmeries, à l'état-major de l'armée française, à la mairie, à la préfecture, les déclarations de disparition s'accumulaient. Des scènes déchirantes avaient lieu ; des mères terrassées par le chagrin et l'angoisse s'effondraient. En quelques heures, des milliers de noms furent enregistrées… mais le général Katz ne s'émut pas pour autant. Pire, au lieu d'ordonner une perquisition générale dans la ville arabe, alors qu'il en avait militairement les moyens, il affirmait que ces disparitions étaient l'œuvre de personnes « ayant quitté Oran dans la journée du 5 Juillet ».


Ainsi donc, des pères, des mères, des enfants s'en seraient allés, séparément, au plus fort de l'émeute, sans prévenir personne, abandonnant leurs familles? De qui se moquait le "boucher d'Oran" ?

Et pour justifier son ignominieuse conduite, il déclara haut et fort que le nombre des disparus était exagéré et que l'OAS avait provoqué les incidents en tirant sur les Arabes...

Et pourtant, il était très facile pour l'armée française de sauver tous ces malheureux. Son effectif s’élevait, pour la seule ville d’Oran, à 18000 hommes qui demeurèrent inertes face à ce massacre. Il est à noter cependant que sur le millier d’officiers présents, moins d’une dizaine (dont le lieutenant Kheliff(1933-2003), d’origine algérienne) refusèrent d’obtempérer aux ordres indignes de la hiérarchie et se portèrent, la plupart du temps avec un effectif réduit limité à une section, au secours d’Européens, leur évitant ainsi une mort atroce.

Par ailleurs, si les gendarmes mobiles -au lieu de se contenter d'investir les quartiers européens- avaient poussé leur progression vers la Ville Nouvelle (quartiers arabes), ils auraient libéré en un rien de temps les centaines, voire les milliers de pauvres gens retenus captifs. Toutes les exécutions n'avaient pas encore eu lieu et ce ne fut que les jours suivants, pour effacer toutes traces, que les victimes furent massacrées et dépecées quand elles ne furent pas acheminées dans des endroits tenus secret pour y être réduites à l'esclavage et à la prostitution.

 

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Eté 62: Tandis qu'en France, les yéyés font danser le twist à toute une jeunesse-née après 42;voici la nouvelle Vague- parisienne et insouciante...

En Algérie,une vague de folie meurtrière s'abat sur les Européens et leurs alliés les plus valeureux et les plus fidèles: les Harkis et leurs familles, lâchement abandonnés à une mort atroce par les autorités françaises qui feignent l'ignorance.

Les assassins utilisent des techniques ancestrales de tortures, resurgies du fond des âges les plus barbares au son des you-you des femmes.

 


 Dans les témoignages qui affluaient de toute part, les autorités militaires notaient qu'il était souvent question du "Petit Lac". Des exécutions en série y avaient lieu.

Le « Petit Lac », était un endroit situé à la périphérie d'Oran, en plein quartier arabe. C'était une grande étendue d'eau salée qui servait de dépotoir clandestin et aux abords duquel aucun Européen ne s'aventurait jamais depuis plus d'un an. Bientôt des camps furent dressés où furent parqués les "disparus", survolés en cela par l'aviation française, ce qui ajoutait à la torture physique des malheureux, la torture morale qui était d'espérer et d'attendre l'intervention de l'armée française.

Pourtant, ils y croyaient fermement car, comble d'ignominie, à proximité de leur univers concentrationnaire, existait un camp militaire français dont la sonnerie du clairon leur parvenait distinctement matin et soir. Que d'horribles, que d'épouvantables hurlements ces militaires français ont-ils du entendre des jours durant, eux qui étaient terrés derrière leurs remparts de barbelés, l'arme au pied, attendant la quille prochaine!...


Mais "la grandeur gaullienne" ne s'abaissa pas à donner les ordres nécessaires pour sauver ces sacrifiés et les cadres de l'armée respectèrent les ordres reçus de ne pas intervenir, abandonnant ceux qui n'étaient plus que des morts en sursis, oubliant que, pour des raisons similaires, on condamna à la fin de la seconde guerre mondiale, les officiers allemands qui ne s'étaient pas opposés aux ordres d’Hitler.

Ils sauvèrent ainsi leur carrière, certes! Plus tard, colonels et généraux, couverts de titres et de médailles usurpés, ils se prélasseront et se féliciteront de leur "bon choix". Mais, où est leur honneur? Que devient une armée sans honneur?


Le samedi 7 Juillet, le journal Le Monde annonçait :

"Une trentaine de personnes tuées au cours des incidents de jeudi". Page 2, dans son développement, l'information passait au conditionnel : « La fusillade d'Oran aurait fait plus de trente morts » et France-Soir, pour sa part, ne parlait que de « nombreux blessés » (!)...

Pourtant à trois reprises sur les ondes de la radio, M. Souiah, le Préfet d'Oran, avait déclaré :

« Nous ne pouvons tolérer de pareils actes criminels à un moment où il est demandé une mobilisation générale de toutes les énergies saines ». Comme la veille, il rejeta la responsabilité de l'émeute sur des éléments provocateurs, mais à aucun moment il ne fit allusion à la défunte OAS.

La rancœur de Katz était sans bornes. Mais le préfet n'en resta pas là. Pour mieux se faire comprendre, il donna l'ordre de désarmement aux éléments incontrôlés, annonçant des mesures très sévères à cet effet. Le coup de grâce était assené au "boucher d'Oran" qui, dit-on, faillit manger son képi.

Le préfet, lui, un chef de la rébellion venait de confirmer devant la presse internationale que les "éléments incontrôlés" n'étaient pas le fait d'irréductibles de l'OAS... alors qu'il lui aurait été facile de le laisser croire à l'opinion. De plus, si la presse française, dans son ensemble (hormis le journal L'Aurore), continuait de mentir sur les événements du 5 Juillet, les Arabes eux-mêmes, pris d'un certain sentiment de culpabilité -et peut-être de honte- se livrèrent à quelques déclarations. C'est ainsi que dans « L'Echo d'Oran » du 9 Juillet, page 6, le Docteur Mustapha Naid, directeur du Centre Hospitalier d'Oran, parlait déjà de 101 morts européens et de 145 blessés, sans compter les disparus. On était encore très loin du compte mais on y venait peu à peu...


Le mardi 10 Juillet sera un jour noir pour le « boucher d'Oran ».

Tous les journalistes présents furent conviés à une conférence de presse du capitaine Bakhti, le responsable de la zone autonome d'Oran. Il s'agissait de faire la lumière sur les récents événements.

Vers dix huit heures, au lycée Ardaillon, le capitaine annonça que tout le monde allait être conduit en un lieu où étaient détenus plus de deux cents bandits responsables des massacres. Cette nouvelle fit sensation. Katz pâlit, il était effectivement sur le point de croquer son képi. Toutefois un espoir subsistait... Bakhti avait parlé de bandits sans indiquer leurs origines. Peut-être s'agissait-il de « désespérados » de l'OAS ?... Peut-être avait-il eu "l'idée" de puiser dans la masse des "disparus" européens ces deux cents bandits que l'on aurait facilement fait passer pour des activistes?...

Quelques minutes plus tard, les journalistes prirent la direction de Pont-albin, un petit village situé à une dizaine de kilomètres d'Oran où étaient installés les détachements de l'ALN. Là, le capitaine Bakhti leur présenta les deux cents meurtriers qui, expliqua t-il, composaient un gang d'assassins de la pire espèce dans les faubourgs du Petit Lac, de Victor Hugo et de Lamur. Ce furent -aux dires de l'officier- eux qui provoquèrent le massacre.

A leur tête, se trouvait un assassin notoire -une bête sanguinaire- : Moueden, dit Attou, connu pour son caractère particulièrement violent et sauvage et sa cruauté qui lui procurait une indicible jouissance.

Bakhti expliqua que lors de son arrestation, ce bandit tenta de résister et fut abattu. De plus, deux tonnes de matériels de guerre, armes et fournitures diverses, furent récupérées ainsi que des quantités d'objets volés aux Européens le 5 Juillet et les jours précédents.

Ce fut là la version officielle reprise en toute bonne foi, sur le moment, aussi bien par les journalistes de la presse internationale, que, plus tard, par d'éminentes personnalités telles que Claude Martin, Marcel Bellier, Michel Pittard qui relatèrent cette tragédie. En outre, cette version officielle fut confirmée -trente ans après- par le général Katz, en personne, dans son recueil d'ignominies et d’infamies : « L'honneur d'un général ».


Pourtant, un premier coup de théâtre sema le trouble parmi ceux qui avaient travaillé sur le sujet.


Le 6 Juillet 1972, le journal « RIVAROL » révélait sous la plume du Docteur Jaques Couniot, que « le dit, Attou, se portait comme un charme et qu'il était même (ça ne s'inventerait pas) employé aux Abattoirs municipaux d'Oran », ajoutant même à l'adresse d'Attou :

« Un homme, vous le voyez, dont la vocation est indéracinable »...

 

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Les choses en seraient restées là s'il n'y avait pas eu, en 2002, la parution d'un ouvrage remarquable intitulé "Fors l'Honneur", qui contait la guérilla OAS à Oran en 1961/62 et dont l'auteur n'était autre que Claude Micheletti, responsable du Renseignement au sein de l'Organisation oranaise.


Second coup de théâtre : P. 215, nous apprenions avec stupéfaction que le sinistre Attou ne pouvait être, le 5 juillet, à la tête des tueurs dès lors qu'il avait été abattu quelques semaines plus tôt par un commando de l'OAS. Faisant preuve d'un scepticisme bien légitime après 40 ans de désinformation, je m’en ouvrais directement à l'auteur qui, avec compréhension, m’apporta les éléments qu'il était le seul à détenir.

De plus, à l'appui de ses explications verbales, il me fit parvenir, pour exploitation, une liasse de documents originaux « top secrets », émanant de sources officielles de l'époque, notamment du FLN/ALN et de la gendarmerie "blanche".

Concernant le triste sire Attou, sa férocité était telle qu’il répandait la terreur au sein même de sa bande de tueurs…

Pour un mot, un geste, un rien, il torturait à mort ses propres coreligionnaires, femmes et enfants inclus, trouvant dans les délices des sévices une jouissance indicible...

L'écho de ces excès ne manqua pas de parvenir aux sphères dirigeantes de la rébellion qui, à maintes reprises, "avertirent" Attou de réfréner sa frénésie hystérique sur la population musulmane. Rien n'y fit! Le sang l’enivrait et le meurtre, chez lui, était profondément enraciné.

 

Abd-El-Aziz-Meliani-Le-Drame-Des-Harkis-Livre


Les recommandations -voire, les réprimandes- adressées par la hiérarchie n'ayant aucun effet sur ce tortionnaire, en "désespoir de cause", le FLN décida de "lâcher" Attou en le livrant à la gendarmerie "blanche" française. Cependant, convaincue que ce dernier serait aussitôt libéré s'il était présenté à un juge ; las de rédiger des P.V mortuaires où les sévices du dénommé Attou gagnaient chaque jour en raffinements et ulcérée de constater les connivences dont profitaient les égorgeurs patentés, la gendarmerie informa, le 24 Avril 1962, le 2ème Bureau de l'OAS (Renseignements) dirigé par Claude Micheletti et lui livra l'intéressé. De ce jour, Mouedenne Attou, né le 17 Août 1921 à Thiersville, C.I n FU68038, n'eut jamais plus l'occasion d'exercer ses cruautés...

Par ailleurs, de Pont-Albin où avait été organisée la mascarade, aucun journaliste ne fut convié à se rendre en Ville Nouvelle et au Petit Lac, là précisément où les survivants étaient regroupés avant d'être exterminés...

Ainsi, malgré le grotesque de cette mise en scène qui consista à faire endosser à un mort la responsabilité exclusive du génocide du 5 juillet, avalisée en cela par un général Français, il fut officiellement confirmé qu'aucun Européen ne fut à l'origine de l'émeute sanglante.

Un journaliste demanda au capitaine Bakhti pourquoi le gouvernement français tenait-il tellement à faire rejeter la responsabilité du massacre sur des éléments de l'OAS qui n'existait pourtant plus. L'officier répondit dans un sourire amusé que le gouvernement et ceux qui le servaient –sous entendu, le général Katz- détenaient, seuls, la responsabilité de leurs propos... ce qui fit dire tout haut à un journaliste Pied-Noir, à rencontre de ses confrères :

« Si le 26 Mars, pour la fusillade de la rue d'Isly, vous êtes arrivés à faire croire que c'était l'OAS qui avait ouvert le feu sur la foule... cette fois-ci, c'est râpé »

D'après certaines "mauvaises langues" de l'entourage de Katz, il paraîtrait que le valeureux général n'en dormit point de la nuit...

Le 11 août 1962, l'Echo d'Oran informait ses lecteurs que la décharge du "Petit Lac" allait disparaître :

"Le gouvernement algérien a commencé son œuvre de salubrité. Cela représente quinze hectares d'immondices de cinq mètres de haut. L'odeur qui s'en échappait était devenu insoutenable."

Bien qu’une partie du « Petit Lac » subsiste encore aujourd’hui, ainsi seront murés définitivement les tombes des torturés, des lynchés, des égorgés du Village Nègre du 5 juillet et la trace de cet odieux holocauste à tout jamais effacée.

alg juillet5 1962

 


Les victimes de cette journée meurtrière avaient été évaluées officiellement à trois mille personnes, disparus inclus, et quand on sait avec quelle parcimonie le gouvernement diffusait ses informations, on tremble à l'idée de ce que pourrait être le véritable bilan de ce génocide. On ne connaîtra jamais le nombre exact des morts, des blessés et des disparus ; la France ne le dira probablement pas... en admettant qu’elle ne le connaisse jamais.

Ces morts, les Français ne les ont guère pleurés. Il est vrai qu'ils ne surent pas grand chose de leur fin tant les organes d'information, et les responsables politiques, heureux d’avoir retrouvé "enfin" la paix, se gardèrent bien d'assombrir les multiples réjouissances. Après tout, il ne s'agissait là que de victimes Pieds-Noirs, de colonialistes et de sueurs de burnous. On leur avait tant répété durant sept ans que la guerre d'Algérie n'était rien d'autre que la révolte des pauvres indigènes opprimés contre les "gros colons", qu'ils ne pouvaient éprouver la moindre compassion à l'égard de ce million de nantis européens. Ils méritaient leur sort, voilà tout!... Et la France, Patrie des droits de l'homme, ferma les yeux et tourna la page.

 

José CASTANO

 

 

Algérie Bouteflika

 

Le visage de l'Algérie algérienne: corruption, chômage, islamisme, pénuries, suicides...

 

Algérie détresse des jeunes

 

...et s'installera finalement en France...


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