CASE DÉPART
Antillais de métropole, Joël et Régis sont
demi-frères et aussi différents que possible. Régis (Fabrice Éboué) est intégré au point de se prétendre normand, tandis que Joël (Thomas Ngijol), qui sort de prison, utilise le racisme comme
alibi à sa paresse.
Retournant aux Antilles à l'occasion du décès de leur père, ils sont furieux de découvrir que celui-ci ne leur a légué que l'acte
d'affranchissement de leurs ancêtres esclaves. Une tante un peu sorcière les plonge en plein XVIIIe siècle, histoire de leur faire découvrir ce qu'est vraiment le racisme
Transposition qui donne lieu à quelques gags savoureux, distillés au long d'un récit bien mené et sans temps morts.
Et pourtant, on rit peu, et encore moins cependant, en découvrant, sans surprise tant cette pratique masochiste est
courante chez les Français, à quel point le film applique aux Blancs des clichés aussi imbéciles que ceux qu'il leur reproche d'adresser aux Noirs; banal somme
toute.
Ces deux frustrés se découvrent demi-frères et
partent aux Antilles, terre de leurs ancêtres, toucher un héritage. L'un, à gauche, se juge victime du racisme; l'autre, bien intégré, renie sa négritude. Ils sont ramenés par magie (un peu
comme dans Les Visiteurs) dans le passé, au milieu du XVIIIème siècle...
Cette comédie, capable d'auto dérision, est touchante par sa dénonciation juste de l'esclavage, qu'elle sait rendre odieux et honteux sans
avoir à forcer le trait. Mais malgré un ou deux sourires arrachés, elle manque presque entièrement de faire rire...
Case Départ
Les ports de Nantes et de Bordeaux mais aussi La Rochelle, St
Malo, s'enrichirent au 18ème siècle grâce, en partie seulement, au commerce des esclaves.
Le port de Bordeaux, gravure de Monsieur Joseph
Vernet.
Carte du commerce triangulaire entre l'Europe, l'Afrique et les Amériques
au milieu du 18éme siècle: contrairement à ce que l'on a voulu faire croire, ce sont les Africains eux-mêmes qui pratiquaient l'esclavage, et depuis fort longtemps en fournissant
abondamment les Musulmans puis les Européens.
Navire négrier: l'esclave est une marchandise.
L'esclavage a été pratiqué durant toute l'histoire. Il fut aboli
par les Européens au 19ème siècle; curieusement, ce sont eux seuls que l'on accuse...
Pourtant, toutes les plus grandes civilisations pratiquèrent tout au long de l'histoire l'esclavage: en Asie, en Afrique, en
Europe et dans l'Amérique précolombienne. Mais la palme de la durée revient aux Arabes. Ils furent les principaux acteurs de la traite africaine, mais, à la différence des Européens, ils ne
tenaient pas de registres, aussi les chiffres précis font-ils défaut.
Pour des raisons philosophiques et religieuses, ce sont les Européens qui ont pris l'initiative d'abolir
et de combattre l'esclavage au 19ème siècle. Par un curieux retournement, ce sont cependant les seuls Européens que l'on place sur les bancs des accusés, alors que l'on devrait, au
contraire, en toute bonne logique, leur rendre justice et même leur tresser des couronnes de lauriers, pour l'abolition.
État des
connaissances:
Depuis moins de quinze ans, plusieurs publications de grande importance ont révolutionné ce que nous savions jusque-là de
la question de la traite atlantique.
Après les travaux pionniers de Philipp Curtin aux États-Unis ou ceux de Serge Daget et de François Renault en France,
l'historien anglais Hugh Thomas publia en 1997 un livre qui fut la référence en la matière. L'historiographie a ensuite été
renouvelée en profondeur par la publication de The Oxford History of the British Empire, suivie de la somme d'Olivier Pétré-Grenouilleau, à la fois synthèse et mise en
perspective de toute la littérature anglaise, française et portugaise consacrée à la question.
Les pirates musulmans pillaient les côtes de l'Europe afin d'enlever des femmes blondes à la peau laiteuse qu'ils revendaient à prix d'or; ces malheureuses étaient
ensuite placées dans les harems.De nos jours, la traite des "blanches" seraient à l'origine" de milliers de disparitions d'Européennes, souvent mineures; sur ce sujet, les
autorités et les médias restent étrangement silencieux...
Femmes blanches dans un harem: les peintres européens du 19ème siècle et la mode orientaliste ont esthétisé cette tragédie de femmes
blanches enlevées et réduites à l'esclavage pour le plus grand plaisir de princes musulmans.
Très jeune esclave circassienne: les musulmans pour beaucoup très
friands de jeune fille aux cheveux clairs et à la peau laiteuse,à peine pubère, réduisirent en esclavage des enfants originaires des territoires occupés d'Europe centrale et des
Balkans.
Ce livre n'a pas d'équivalent dans le monde anglo-saxon.
Pétré-Grenouilleau intègre avec bonheur les travaux essentiels de The Oxford History of the British Empire et consacre de percutants développements à la traite orientale ou traite
musulmane.
Tous ces travaux ont permis d'avancer sur trois points déjà connus il y a une décennie mais qui, désormais, sont confirmés,
actualisés et même amplifiés. Il s'agit du rôle des Africains dans la traite elle-même, de la véritable rentabilité de l'opération pour les négriers européens et des effets de la ponction humaine
sur la démographie africaine.
" La traite négrière n'a pas été une invention diabolique de l'Europe"
Fernand Braudel (historien)
" Les captifs qui n'apparaissaient pas par enchantement sur les sites de traite, étaient "produits",
transportés, parqués et estimés par des négriers noirs".
Olivier Pétré-Grenouilleau (op.cit., 2004,p.128).
Cela signifie que la traite des esclaves fut d'abord et depuis la nuit des temps, une opération
inter-africaine. De l'intérieur du continent jusqu'au littoral, les réseaux de distribution, les péages, les versements de taxes et les marchés continentaux faisaient qu'une partie de
l'Afrique s'enrichissait en en vendant une autre. Pétré-Grenouilleau donne même des chiffres définitifs: seulement 2% de tous les captifs furent razziés par des Européens, en l'occurrence
les Portugais, et cela uniquement au tout début de la période (15ème siècle), tandis que 98% le furent par des Africains.
Capture par des locaux.
A la fin du 15ème siècle, les Portugais échangeaient des esclaves noirs contre
l'or aux orpailleurs africains de la région d'Elmina dans l'actuel Ghana car, dit Hugh Thomas, ces derniers exigeaient de se voir payer, du moins en partie, en esclaves (op.cit., 1997,p.60).
D'ailleurs, les sociétés africaines étaient quasiment toutes esclavagistes. Exemple parlant, le califat de Sokoto, dans le nord de l'actuel Nigéria, constitua la troisième plus grande société
esclavagiste de l'histoire moderne après les États-Unis et le Brésil.
Sur les côtes d'Afrique, le rôle des Blancs était limité. Ils n'étaient d'ailleurs que quelques dizaines à vivre à
demeure dans trois ou quatre dizaines de fortins de l'intérieur. Ils y vivaient retranchés, tentant d'échapper au "vomito negro", la terrible fièvre jaune. Dans ces forts côtiers
échelonnés du Sénégal à l'Angola, ils attendaient que leurs partenaires africains vinssent leur livrer les captifs. Sur la côte ou dans l'arrière-pays, des États esclavagistes existaient en effet
et c'est eux qui étaient leurs pourvoyeurs d'esclaves.
Quatre grands royaumes côtiers ont été particulièrement bien étudiés par les historiens:
le Bénin, le Dahomey, l'Ashanti et l'Oyo, qui durent leur fortune et leur développement au commerce des esclaves. Ainsi Tegbessou, le roi du Dahomey, qui régnait vers 1750, vendait chaque
année plus de 9000 esclaves aux négriers européens, ce qui lui procurait des revenus supérieurs à ceux des plus grands armateurs de Liverpool ou de Nantes et quatre à cinq fois plus élevés
que ceux des plus riches propriétaires terriens d'Angleterre.
Carte des Empires africains en 1812
Jusqu'à ces dernières années, le postulat était que les profits
découlant de la traite des esclaves furent à l'origine de la révolution industrielle européenne et que la substance volée à l'Afrique a donc été à l'origine de la richesse de l'Europe (
Capitalism & slavery; Eric Williams; 1944; Culture & impérialisme, Edward Said; 1993). Aujourd'hui, il est possible d'affirmer que ces travaux sont peu objectifs et devenus
scientifiquement obsolètes.
En réalité, la traite ne constituait qu'une part infime du commerce atlantique des puissances européennes.
Ainsi, au 18ème siècle, époque de l'apogée du commerce atlantique des puissances européennes, en particulier du commerce colonial britannique, les navires négriers représentaient moins de 1,5% de
toute la flotte commerciale anglaise et moins de 3% de son tonnage. Hugh Thomas écrit que la rentabilité du commerce négrier est à limiter car il était aléatoire: sur 24 navires négriers partis
de Nantes entre 1783 et 1790, 16 permirent aux armateurs de faire des bénéfices tandis que 14 perdirent de l'argent. Dans le meilleur des cas, le commerce négrier français rapporta 6% aux
armateurs. Sur 100 bateaux hollandais se livrant à la traite durant la seconde moitié du 18ème siècle, 41 firent des pertes. Quant aux profits des 59 autres, ils furent en moyenne de 3%
avec un retour annuel sur investissement de 2% (op. cit., 1997, p. 463). Si le commerce colonial, au sens le plus large du terme, était rentable pour les
armateurs, il n'en allait donc pas de même du commerce négrier.
Le grand homme politique Georges
Washington,ici peint avec son régisseur, premier président des États-Unis, possédaient de vastes domaines et de nombreux esclaves.
Peinture de Junius Brutus Stearns (1810-1885); ce tableau de 1851 pudiquement intitulé "G.Washington as a
farmer", peind avant la guerre civile américaine, montre un des pères fondateurs des États-Unis, sur ces terres de Mount Vernon. Ce qui prouve que l'esclavage n'avait rien de choquant y
compris pour des démocrates.
Le quartier des dortoirs des esclaves dans la propriété de Mount Vernon de Georges
Washington.
L'histoire comparative présente le grand avantage de
mettre les phénomènes en perspective. Elle permet donc de relativiser les chiffres ou les faits nus. C'est ainsi que Pétré-Grenouilleau nous apprend qu'en 1700, le produit brut de toutes les
colonies esclavagistes britanniques étaient à peine équivalent à celui d'un petit comté anglais.
Dans "The Oxford History of the British Empire", David Richardson écrit que certaines fortunes anglaises furent certes basées
sur le commerce des esclaves, mais il démontre que l'"apport du capital négrier dans la formation du revenu national britannique dépassa rarement la barre de 1%, atteignant seulement 1,7% en 1770
et en moyenne la contribution de la traite à la formation du capital anglais se situe annuellement autour de 0,11%" (op. cit.,1998, p.339).
Si la révolution industrielle anglaise n'a donc pas été financée par l'Afrique, qu'en-est-il de la
France?
Au 18ème siècle, les esclavagistes français affirmaient que la traite était nécessaire aux Antilles, celles-ci étant
nécessaires au commerce colonial et le commerce colonial nécessaire à l'économie française: selon eux, la traite était par conséquence vitale pour la France.
C'est en se basant sur ce syllogisme que les historiens marxistes et ceux qui ont adhéré au paradigme de la
culpabilité européenne n'ont cessé d'affirmer que la France avait bâti sa richesse sur la traite des esclaves. Dans le même ordre d'idées, rappelons que le grand homme politique
français Jules Ferry, qui a donné son nom à tant de rues, avenues, places et boulevards, affirmait sans complexes que le commerce colonial étant vital pour la France, cette dernière devait
se lancer dans la course aux conquêtes coloniales; or, il a été démontré depuis, que l'Empire colonial bâti par la Troisième République avait ruiné la France. La réalité est donc souvent
différente des slogans, comme les évènements du 18ème siècle le démontrent. Olivier Pétré-Grenouilleau fait ainsi litière de l'argument selon lequel la France a bâti sa richesse sur le
commerce négrier:
"Dans le cas de la France, il suffit de constater que l'interruption de la traite entre 1792 et 1815 pour cause de
guerre maritime n'a pas provoqué, loin s'en faut, la misère et la mort de cinq à six millions de personnes comme les négriers l'avaient annoncé". (op. cit., 2004, p. 345).
Peinture anonyme:Esclaves en Amérique du
nord, dans la colonie anglaise de Virginie, vers 1739-40.
Il est établi aujourd'hui, par les meilleurs historiens, que le
développement industriel est étranger à la traite. En outre, les études révélant qu'à la fin du 18ème siècle, le commerce colonial français était supérieur en volume au commerce colonial anglais,
comment expliquer que la France, à la différence de l'Angleterre, n'ait pas fait sa révolution industrielle? Faute à la révolution de 1789? Oui, mais pas seulement. Cette révolution
industrielle, s'est effectuée bien plus tard , dans la seconde partie du 19ème siècle, donc bien après l'abolition de l'esclavage et, qui plus est, dans l'Est de la France (Lorraine, région
lyonnaise, dans le Nord) et non à Bordeaux ou à la Rochelle.
Pas davantage que la révolution industrielle anglaise, la révolution industrielle française ne s'explique par la
traite.
Continuons de raisonner par l'absurde: durant la période 1701-1810, une part très importante du commerce des esclaves était
contrôlée par le Portugal. Si le développement industriel se mesurait aux profits réalisés dans ce commerce, le Portugal aurait donc dû être une des nations les mieux loties. Or, on sait que le
Portugal était, il n'y a pas longtemps, une enclave européenne de sous-développement économique, au point tel que l'Union européenne lui prêta des sommes astronomiques pour rattraper son retard,
ce qui place aujourd'hui le Portugal au bord du gouffre de la ruine financière à cause de son endettement. A contrario, l'Allemagne la Suède ou la Tchécoslovaquie, réussirent trés tôt
leur révolution industrielle sans avoir été impliquées, ou si peu, dans le commerce des esclaves...
(Gravure anglaise vers 1830: révoltes sur un navire faisant commerce d'esclaves.)
Cette réalité se retrouve aux États-Unis d'Amérique.
Si le postulat énoncé plus haut était vérifié, la révolution industrielle aurait dû se produire au Sud, région
esclavagiste et non au Nord, région abolitionniste. Or, les États du Sud sont demeurés essentiellement agricoles, et c'est précisément parce-qu'ils n'avaient pas fait leur révolution industrielle
qu'ils furent vaincus par le Nord industrialisé durant la guerre de Sécession (1861-1865). On peut même affirmer que la traite et le système esclavagiste ont enfoncé le Sud dans une forme
d'immobilisme alors que le Nord, qui ne dépendait pas d'une économie esclavagiste, s'était industrialisé.
La traite atlantique a-t-elle opéré des coupes
sombres dans la démographie africaine? Cette dépopulation expliquerait-elle une partie des problèmes actuels de l'Afrique? Absurde!
Si tel avait été le cas, l'Europe a eu l'occasion d'introduire une politique sanitaire par la médecine coloniale en vaccinant,
en soignant jusqu'au fond des villages de la brousse par des unités mobiles(qui, souvent, manquent cruellement aujourd'hui) et en faisant passer la population continentale de 100 millions en
1900 à prés d'un milliard aujourd'hui....
Mais cette question ne répond pas à la question des coupes sombres opérées en un temps dans la démographie africaine. Allons
donc au fond des choses car le sujet est important.
Une équipe de médecins de brousse au Congo
(1951)
Les premières
estimations globales du volume de la traite atlantique, donc du nombre d'Africains arrachés à l'Afrique, ont été faites Par Ph. Curtin en 1969. Elles ont été ensuite précisées notamment par
P.E Lovejoy et par D.Richardson qui ont particulièrement étudié les pertes en mer. Jusqu'au début du 18ème siècle , ces dernières sont évaluées à environ 20% du nombre des esclaves
transportés; à la fin du siècle à environ 10%, pour tomber à 5% au 19ème siècle. Pour ce qui est du seul domaine anglais, Richardson (op.cit. 1999, p. 454) écrit que la mortalité en mer des
esclaves fut forte jusque vers 1680 pour atteindre une moyenne de 10% dans la seconde moitié du 18éme siècle. Puis, elle baissa à nouveau à partir de 1788 en raison du "Dolben Act" qui imposait
des règles d'hygiène à bord des navires négriers ainsi que la diminution du nombre de captifs transportés. Au total, sur les 3,4 millions d'Africains embarqués à bord des navires anglais de 1662
à 1807, environ 450 000, soit 13,2% moururent durant le voyage.
Ce chiffre semble énorme, mais il faut le rapporter à ce qu'étaient les
pertes de toutes les marines de l'époque. On découvre alors que, paradoxalement, les pertes des esclaves étaient voisines et parfois même inférieures à celles des équipages.
"La traite demande et consomme des marins et des capitaines: beaucoup meurent à la traite, en moyenne 20% de
l'effectif d'un équipage, statistiquement davantage que la cargaison noire".
En un temps où la mortalité infantile est parfois de 60 à 70% en Europe, le prix de la vie n'est pas évalué à
son niveau d'aujourd'hui. Tous ces correctifs ayant été intégrés, l'estimation du volume global de la traite atlantique fait aujourd'hui l'objet d'un consensus de la part des historiens. Hugh
Thomas donne le chiffre de 11 millions, plus ou moins 500 000, le débat est donc clos sur ce point.
La question des effets de la traite sur la démographie africaine est quant à elle encore ouverte, même si l'image d'une
Afrique dépeuplée au profit des colonies américaines n'est plus soutenue par aucun historien "sérieux". Hugh Thomas affirme même que la saignée provoquée par la traite atlantique n'a finalement
eu que peu d'effets sur le bilan démographique global africain. il montre en effet, que la plus grande partie du continent y a échappé et que les plantes américaines introduites par les
Portugais (maïs, manioc, patate douce, haricots, etc...) ont plus que compensé les effets négatifs de la traite, provoquant même un considérable essor démographique et cela dés les 16e et 17e
siècles, avant même l'intervention de la médecine européenne des 19e et 20e siècles.
Chef Bantou (Congo)
Cette observation lui permet d'écrire que "la population de l'Afrique
de l'Ouest était probablement de l'ordre de 25 millions au début du 17e siècle, avec un taux de croissance de 17 pour 1000. La traite qui prélevait 0,2% de la population par an n'a pu avoir pour
effet maximum que de ralentir son augmentation".
De fait, la zone des actuels Etats du Ghana, du Dahomey, du Togo et du Cameroun (Gold Coast, Côte des esclaves) englobant tout
le delta du Niger fut une des grandes zones de traite. Si la traite avait dépeuplé ces régions, nous devrions donc nous trouver face à des déserts humains; or ce n'est pas le cas puisque ces
régions ( terres Ibo, Yoruba, Akan et Ewe) sont aujourd'hui parmi les plus densément peuplées de l'Afrique littorale...
Démographie du Congo.
Ces chiffres sont d'ailleurs à comparer aux pertes
humaines subies par l'Europe lors des grandes épidémies de peste (entre 30 et 60% de la population selon les régions), durant la guerre de Trente ans (1618-1648) qui dépeupla une grande
partie de l'Europe centrale ou encore durant les guerres de religion (1530-1590). En outre, c'est quelques années à peine que ces pertes furent atteintes et non pas en quatre siècles comme dans
le cas de l'Afrique. Or, ces terribles ponctions n'ont pas bloqué le développement de l'Europe.
Entre 1595 et 1866, 27 233 expéditions esclavagistes ou "négrières" ont été
organisées par des Européens, des Américains du Nord ou des Brésiliens; la plupart d'entre elles ont été étudiées grâce à leurs archives. Les historiens sont donc bien documentés sur ce que fut
la traite atlantique ou traite européenne.
Quant à l'abolition, elle fut imposée sous la pression de l'opinion publique et des sociétés antiesclavagistes et non pas,
comme l'affirmaient certains historiens, parce-que, économiquement, les plantations ne rapportaient plus suffisamment.
La traite européenne débuta au 16e siècle pour s'achever au 19e siècle mais il faut souligner que la traite musulmane
commença au 8e siècle et ne prit fin qu'avec la colonisation de l'Afrique qui permit de contrôler les territoires livvrés aux esclavagistes musulmans. Ces derniers faisant survivre encore de nos
jours, une forme moderne d'esclavagisme en fournissant aux royaumes arabes des travailleurs d'origine chrétienne qui sont honteusement exploités,
dans l'indifférence tranquille de l'opinion publique occidentale...