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2 février 2008 6 02 /02 /février /2008 16:48



Juin 1946. Union Soviétique.

Staline (ce fou paranoïaque auprès de qui Hitler est un enfant de chœur!) décide d'amnistier les Russes qui ont émigré à l'Ouest, fuyant la révolution et la dictature bolchévique.






Alexandre Golovine (Oleg Menchikov), jeune médecin installé en France, décide de rejoindre sa patrie, avec son épouse française .









Mais le couple comprend trop tard, dés son arrivée qu'il est, comme des milliers qui y ont cru, pris au piège... Ils seront tous assassinés après avoir été torturés...



Photo clandestine d'un goulag



En fait, Staline a déjà éliminé tous ses collaborateurs sous le prétexte qu'ils sont des comploteurs dangereux "contre le Peuple"; traduisez par:" contre son maintien au pouvoir"  (procés de Moscou en 1938; assassinat de Trotsky en 1940), il est persuadé que les Russes de l'étranger trament des complots contre lui, avec la complicité des opposants de l'intérieur.


Un goulag aujourd'hui pour ne pas oublier...


Un des passages du film le plus poignant se situe au moment où Marie, l'épouse d'Alexeï, réussit in extremis à se réfugier dans l'Ambassade de France avec son fils...Ouf!



Photo clandestine d'un goulag


Ce film de Régis Warnier (le réalisateur d'Indochine) aborde courageusement un sujet d'histoire peu connu parce-que volontairement poussé dans les oubliettes de l'Histoire "correcte" parce-que dérangeant; dérangeant parce-que les nombreux intellectuels français qui ont collaboré à l'idéologie communiste ont tout fait pour occulter les réalités du régime soviétique.
Ils pouvaient le faire aisément puisqu'à partir de 1945 et jusqu'aux années 90, ils se font passer pour les seuls résistants au Nazisme; tous les autres étant bien sûr des "fachos".

Soulignons au passage ce fait historique ahurissant: à Paris, à l'Assemblée Nationale,les députés se levèrent et observèrent une minute de silence, lors de la mort de Staline en 1953...


Sandrine Bonnaire et Catherine Deneuve. UFD


L'actrice Sandrine Bonnaire est bouleversante.





 






Le très talentueux Oleg Menchikov.

( à suivre...)


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30 janvier 2008 3 30 /01 /janvier /2008 13:39
Au commencement était l'Histoire.
 
Charlton Heston. Collection Christophe L.
 
Tout comme l'imprimerie au 15 ème siècle avec les premières bibles imprimées en série,quand le cinématographe, à ses tous débuts, voulut traiter un grand sujet, ce fut La Passion (1902), un sujet fondateur de la civilisation judéo-chrétienne à laquelle nous appartenons. Puis,devenu le Septième Art, il produisit sa première oeuvre, intitulée L'assassinat du duc de Guise (1908), précurseur d'un genre promis à un bel avenir. C'était à Paris que cela se passait...
Il y eut ensuite des chefs d'oeuvre oubliés, mais qui eurent tous leur heure de gloire auprés d'un public enthousiaste: Les Enfants d'Edouard; Un duel sous Richelieu; Les Dragonnades sous Louis XIV; Judith et Holopherne; la Fille de Jephté; Hérodiade; Le Siège de Calais; Cadoudal; Le Mémorial de St Hélène; l'Affaire du Courrier de Lyon; Charlotte Corday; Camille Desmoulins; Quatre vingt treize, et j'en passe des dizaines d'autres, au risque de vous lasser, cher lecteur, de 1908 à la Première Guerre Mondiale. Le genre commença à s'essoufler, sans toutefois disparaître totalement .

La France.

Bien que pionnière en ce domaine, comme en tout ce qui touche au cinéma entre 1895 et 1914, la France perdit son premier rang et notre pays ne peut se vanter de ses créateurs au film historique.
Contrairement à ce que l'on pouvait prévoir, notre cinéma n'eut ni son Michelet, ni son Bainville.

Abel Gance fut à peu prés le seul cinéaste à témoigner d'un sens épique véritable: son Napoléon (1925-1927) demeure le plus grand film historique français.



Cette fresque de plus de cinq heures, pourtant prématurément interrompue, puisqu'elle s'arrête à l'entrée des troupes françaises en Italie, est portée par un souffle et témoigne d'un souci de précision historique dont on ne retrouvera jamais l'exemple chez nous.

 
Austerlitz (1960) du même cinéaste, n'égalera pas la première oeuvre historique, malgré quelques passages splendides.
La passion de Jeanne d'Arc (1928), l'autre grand film historique français du muet, est l'oeuvre d'un danois, Carl Dreyer.
Excepté à la rigueur Le miracle des loups (1924) de Raymond Bernard où Charles Dullin incarna un mémorable Louis XI; La merveilleuse vie de Jeanne d'Arc (1928) avec Simone Genevois jouant une Jeanne rayonnante et juvénile, et Le Bled (1929) où Jean Renoir fêtait le centenaire de la conquête de l'Algérie, il n'y a aucun titre à retenir pour la période muette.

Mais le bilan du parlant n'est guère meilleur...


 
Depuis soixante quinze ans, nos films historiques furent pourtant innombrables; mais aucune épopée digne de Napoléon...
Au milieu des productions françaises, une exception: Le Procés de Jeanne d'Arc (1961) de Robert Bresson.Un tel miracle est unique...

 
 
Citons Cyrano de Bergerac (1991) que j'ai vu et revu avec le même émerveillement une bonne dizaine de fois: j'y emmené tous mes amis, auxquels j'offrais la place, y compris mon camaradeThierry, sous-officier dans les paras qui n'aime que les Rambo et autres Vandamme. Il a beaucoup aimé et s'est trouvé tout retourné par la beauté des dialogues, des images et l'esprit pourtant précieux de la belle Roxanne(Anne Brochet)...

Et Christian était beau...

 
Citons
aussi...

Tous les matins du monde (1991); Saint Cyr (2000); Vent de Galerne (1988); Beaumarchais (1995) ou encore et surtout L'Allée du Roi (1995) qui aurait mérité le grand écran, dommage...
 








Isabelle Huppert. United International Pictures (UIP)
Saint Cyr

Isabelle Huppert et Jean-Pierre Kalfon. United International Pictures (UIP)

 

Heureusement, il y eut Jean renoir et Sacha Guitry que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître...
Au premier, on doit La Marseillaise (1938), un des grands films historiques français, étonnament objectif puisque tourné en plein Front Populaire ( c'était une commande officielle et donc un film de propagande).
L'année précédente, avec La Grande Illusion (1937), Renoir avait donné un film d'Histoire contemporaine sur la Grande Guerre, un chef d'oeuvre, car nourri de choses vécues par un cinéaste ancien combattant.

 



Jean Dasté, Pierre Fresnay, Marcel Dalio et Jean Gabin.


 
Avec Sacha Guitry, l'Histoire est sujette aux mots d'esprit; ceux que vous retenez toute votre vie et qui vous offrent le portrait fulgurant d'un personnage ou d'une époque...

Sacha avait une passion pour l'Histoire de France ( c'était pourtant un cancre mais façon aristocrate!) qu'il connaissait fort bien. Citons:

Les Perles de la Couronne (1937)
Remontons les Champs Elysées (1938)
Le Destin fabuleux de Désirée Clary (1941)
Le diable boîteux (1948)
Si Versailles m'était conté (1954)
Napoléon (1955)
Si Paris nous était conté (1956)

 

 
Il faudra attendre Eric Rohmer, avec L'Anglaise et le Duc (2001), pour savourer des propos aussi non conformistes sur la Révolution et la République.


 

 

 

 

Un Depardieu magistral pour un chef d'oeuvre du cinéma français

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29 janvier 2008 2 29 /01 /janvier /2008 12:38


Avec l'Anglaise et le Duc, Eric Rohmer a réalisé un incomparable chef-d'oeuvre.

Rohmer a toujours été intéressé par l'Histoire. C'est presque par hasard, dans un vieil Historia qu'il a découvert Grace Elliot. A la lecture de ses mémoires, l'idée d'en faire un film a jaillie et s'est imposée. Admirant les dialogues, il les a pratiquement recopiés, et sa description trés vivante des lieux, le Paris de la fin du 18 ème siècle, vient qu'il aime "partir des lieux".
Le récit de Grace Elliot est un témoignage subjectif mais fidèle, que les historiens peuvent exploiter. C'est un des rares ouvrages où sont rapportés les propos du duc d'Orléans.
Ce cousin de Louis XVI fut un personnage d'une perversité rare:cultivé, intelligent, franc-maçon, comploteur, jaloux, libertin, il souffla sur les braises de la Révolution,vota la mort du roi puis il fut guillotiné à son tour...





Philippe, duc d'Orléans dit "Philippe Égalité"
Franc Maçon, régicide; il s'est perdu dans les poubelles de l'Histoire...


La littérature permet de retrouver le regard des gens d'autrefois, révélant leur façon d'être.


Paris pendant la Révolution ...

Grace Elliot est une jeune aristocrate anglaise habitant la capitale au début de la Révolution dont elle sera le témoin horrifiée; c'est une femme de son siècle: intelligente et cultivée, ouverte aux idées nouvelles, mais pleine de bon sens.
Maîtresse du duc d'Orléans, elle est écartelée entre ses liens avec le duc ("Philippe Égalité") qui éspère prendre le trône de France et inaugurer une Monarchie constitutionnelle dans le style anglais, et sa fidélité au roi Louis XVI.

 

Elle incarne une destinée individuelle confrontée à des évènements qui la dépassent.
C'est l'histoire d'un drame personnel situé dans des circonstances historiques.

Pour Eric Rohmer, "la vérité historique est quelque chose que l'on recherche mais que l'on n'atteint jamais". Mais on peut viser à la précision; c'est pour cela qu'il attache une grande importance au texte.
Rohmer insiste sur un point qui me paraît primordial: quand on fait un film sur le passé, on essaie de respecter, en général, les décors et les costumes de l'époque mais, le plus souvent, on modernise à outrance les dialogues: le ton n'y est pas. Cela est trés dommageable car le langage fait partie de la précision historique; d'autant plus lorsque l'on a l'amour de la langue qui, disons-le franchement, s'appauvrit d'année en année.
Pour Rohmer, et c'est ce qui fait le talent de ce réalisateur, la littérature permet de retrouver "le regard des gens de l'époque". Elle met en évidence le fait que, quoi qu'on fasse, les représentations sont toujours quelque chose de subjectif. Elle révèle une façon d'être des hommes entre eux et par rapport aux évènements qui est spécifique et qu'il est intéressant de connaître.




La Révolution détruisit une des civilisations les plus raffinés au monde.


Aimer l'Histoire, c'est aussi admettre que la vision des hommes d'autrefois n'était pas la même que la nôtre.
Rohmer adopte un regard sur le passé qui peut être renouvelé mais est résolument contre la funeste formule: "du passé faisons table rase !".
Les Révolutionnaires qui coupérent la tête de Louis XVI puis s'envoyèrent à l'échafaud les uns aprés les autres, inaugurèrent des temps obscurs d'où, en dépit des apparences, nous ne sommes pas encore sortis...



"Une civilisation qui rompt tout lien avec l'Histoire est en danger de mort.
Or, l'ignorance dans laquelle on est actuellement des siècles passés empêche notre civilisation de se déployer..." .







Philippe d'Orléans vota la mort de son cousin Louis XVI avant d'être guillotiné lui-même .
La Révolution provoqua un régime de terreur qui débuta dès le 14 juillet 1789...
*
Petite chronologie des évènements
 


*
12 juillet :  l'insurrection.
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Le climat de Paris était déjà très lourd dans les jours précédents.
La nouvelle du renvoi de Necker et du changement de ministère parvient dans la capitale en fin de matinée et met le feu aux poudres...
*
Circonstance favorable à l'agitation et aux agitateurs: le 12 juillet est un dimanche; dans les campagnes les récoltes sont presque terminées car commencées cette année plus tôt à cause du risque d'orages...
Une population occupée à ses affaires ou souffrant de la disette eût été sans doute moins facile à manipuler: les révolutions les plus profondes n'éclatent que dans les pays riches.
*
*
L'insurrection se déclenche au début de l'aprés-midi, à l'appel de Camille Desmoulins, au Palais-Royal, résidence du cousin du roi, le duc d'Orléans (hasard?) .
Ce jeune avocat monte sur une table de café, brandit deux pistolets et s'écrie:
"Que tous les citoyens m'imitent".
Il est vite imité...Les boutiques des armuriers sont forcées, les ateliers du statuaire Curtius envahis, les bustes de necker et du duc d'Orléans saisis dans les vitrines et promenés en triomphe.
Il est 14h.
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15h: les troupes stationnées autour de Paris subissent les premières agressions de manifestants qui cherchent les provocations.
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Vue générale de la place Louis XV
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L'Américain Gouverneur Morris en est témoin; il vient de dîner chez le maréchal de Castries et rentre chez lui. Place Louis XV (actuellement place de la Concorde), il voit un groupe d'une centaine de personnes en train de ramasser des pierres que l'on taillait pour le pont en construction (qui devait s'appeler Pont Louis XVI), et de les jeter contre les soldats, lesquels gardent, pour le moment, leur sang-froid.
*
Un peu plus loin il aperçoit des Gardes françaises (crées pour le maintien de l'ordre) mêlés au "peuple"  et marchant baïonnette au canon.
Les actes d'indiscipline du mois de juin le laissaient prévoir: les soldats de ce régiment se joignent dés le début à l'insurrection.
*
Le rôle de la faction d'Orléans n'a jamais été précisé ni prouvé de manière certaine, mais on ne peut éviter de s'interroger à ce sujet. Le nom et l'image du duc d'Orléans sont acclamés par les émeutiers.
*
Mais ce prince, il faut le noter, n'est pas à Paris ce jour-là. Il est parti le matin au Raincy pour une partie de pêche en compagnie de quelques intimes, dont Mme Elliott.
De retour vers huit heures du soir, il trouve la ville en ébullition; selon Mme Elliott, il se montre fort surpris et laisse netendre qu'il n'est pour rien dans le soulèvement. Il décide de ne pas regagner sa résidence du Palais-Royal, et d'aller passer la nuit dans sa propriété de Monceaux, située hors de la ville.
*
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Vue de la place Louis XV
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Mais l'itinéraire le plus direct pour s'y rendre, celui des boulevards, est impraticable à cause de l'émeute. Pour gagner Monceaux, la voiture du prince est donc obligée de longer les Tuileries et de traverser la place Louis XV qui est couverte de troupes...
Ce spectacle martial impressionne Mme Elliott: elle est frappée par le nombre, les armes, par le silence:
" Je n'oublierai, jamais, écrira-t-elle dans ses Mémoires, l'aspect effrayant, mais superbe que présentait en ce moment la place Louis XV. Les troupes étaient sous les armes, et le silence était si complet qu'on aurait entendu tomber une épingle".
*
Le dispositif militaire
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Madame Elliott ne voit qu'une partie du dispositif.
Regardons l'ensemble.
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Le Champ de Mars est, sous la Monarchie des Bourbons, l'endroit des grandes manoeuvres et parades militaires.
*
Plusieurs troupes de cavalerie étaient postées dans les faubourgs: trois régiments de Suisses avec huit cents hommes à cheval, campaient sur le Champs de Mars.
Les Gardes françaises sont consignées dans leurs casernes...
Ajoutons à ces unités les garnisons des deux châteaux royaux de la Bastille et des Invalides, l'ensemble des troupes disponibles à proximité de la capitale,est, du moins par le nombre, impressionnant.
Mais cette force n'est pas en état d'alerte au moment de l'insurrection...Trompé par le calme de la matinée, le commandement ne se méfie pas.
Le duc du Châtelet, colonel des gardes françaises, donne quartier libre pour l'aprés-midi à sa garde personnelle...Et lorsque l'émeute se déchaîne, les chefs sont pris de court.
Le maréchal de Broglie est trop loin et surtout trop mal informé.
*
*
Garde suisse en 1789
*
Besenval, colonel des Suisses, la plus haute autorité militaire dans la capitale, essaie de parer au plus pressé.
Il fait converger le Royal-Cravates et le Royal-Allemand, ainsi que des unités de Dragons.
Ce sont ces derniers régiments que Madame Elliott voit en traversant la place vers huit heures et demie du soir et qui forment sous ses yeux, selon ses propres termes, un spectacle "effrayant et terrible".
*
Mais tout ceci n'est qu'apparence...
Le moral de ces troupes est médiocre.
Ne parlons pas des Gardes françaises venus dés le début, à l'exception de leurs officiers, rejoindre les émeutiers.
Excepté le Royal Allemand, les autres troupes ne se trouvent pas dans les dispositions nécessaires pour affronter l'émeute et rétablir le calme.
On les a travaillées. On les a endoctrinées.
Quand elles cheminaient vers Paris, on postait sur leur passage des femmes qui leur offraient des fleurs et...du vin.
Des émissaires de la faction d'Orléans étaient là aussi pour...leur distribuer de l'argent. 
Le député Coroller fera cette confidence à Malouet: "Nous étions sûrs des troupes, nous avions depuis longtemps des correspondances avec tous les régiments".
*
En fait, l'armée était, depuis longtemps, idéologiquement passée aux factions révolutionnaires.
En outre, Louis XVI avait personnellement demandé qu'on ne fasse pas versé le sang des citoyens.
*
12 juillet au soir...
*
On comprend mieux alors la montée formidable, irrésistible de l'insurrection.
Les meneurs savent à l'avance que l'armée ne réprimera pas.
Mais les troupes sont là et par leur seule présence, provoquent...
Une partie de la population, aventuriers en tête, se mobilise.
Tous les témoins soulignent le grand nombre des manifestants.
*
A quatre heures de l'aprés-midi, déjà, le marquis de Maleyssie voyait sur la place de l'Opéra "une foule immense qui courait de tous côtés".
Partout dans la soirée les troupes sont assaillies, et comme elles ne tirent pas, elles demeurent impuissantes...
*
Mais le pire est à venir...
*
(à suivre...)


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25 janvier 2008 5 25 /01 /janvier /2008 14:32
Pathé Distribution

New York; 22 janvier 2008

Heath Ledger nous a quitté...
28 ans; c'est trop jeune...

J'ai appris sa mort en rentrant du travail, mercredi soir; c'est mon épouse qui me l'a annoncée alors que nous avions regardé la veille "Chevalier" un film trés drôle où il incarne un chevalier improvisé mais réellement habité par les qualités et les valeurs chevalresques. J'ai presque vu tous ses films...

J'ai pu admirer ses talents incroyables d'acteur dans " Le secret de Brokeback Mountain". Rôle difficile et dérangeant que de nombreuses stars d'Hollywood avaient refusé...

Heath Ledger représentait une génération d'acteurs de haut niveau trés prometteuse.C'était un jeune homme "sensible,discret, charmant, et un grand comédien"...Il avait débuté à l'âge de 16 ans et s'était formé à la meilleure école, celle du théâtre.
Je pense aussi à sa fille, Matilda Rose qui a deux ans...




Heath Ledger. Buena Vista International


Il a été retrouvé mort, seul dans son appartement new yorkais, sans doute d'un accident cardiaque lié à la consommation de stupéfiants; il est mort seul...dans la nuit du 22 au 23 janvier...à 21h26 heure française.
Rest in peace...
Columbia Pictures
 


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24 janvier 2008 4 24 /01 /janvier /2008 19:19
Quand réalité et fiction semblent s'opposer.

Cela peut paraître contradictoire, ce n'est pas forcément l'exactitude des détails, décors et accessoires qui assurent la qualité d'un film historique. Ce serait trop techniquement facile!

Pour reconstituer un certain passé, le cinéma est obligé de transposer, donc de prendre certaines libertés avec l'Histoire savante et parfois même avec les faits.
Trouvez-vous celà choquant?
L'essentiel est d'exprimer la vérité d'une époque ou de personnages par une rigoureuse traduction des valeurs qui donnaient un sens à ce qu'ils étaient. Là réside la suprême difficulté, le talent réel du cinéaste.







Prenons un bon exemple de liberté prise en faveur d'une vérité, mais non de "la" vérité:  BRAVEHEART de Mel Gibson (1995).


Il a pour thème le soulèvement écossais de 1297-1314 contre
Edouard Ier d'Angleterre

Mel Gibson a cependant créé un chef-d'oeuvre!

"Tant qu'à tromper l'Histoire, il faut lui faire de beaux enfants"

Toutes les entorses à la vérité historique qui parsèment le film ont pour but de donner à la révolte des paysans écossais une consistance passionnelle que souligne un magnifique accompagnement musical lui aussi enraciné...Plusieurs batailles sont remarquablement reconstituées même si, dans le détail, on s'écarte souvent des faits historiques.

Dès les premières images sur fond envoûtant de musique gaélique, le spectateur est emporté dans le monde des passions fortes, des engagements irrémédiables, des hommes qui sont de vrais hommes.
Une voix off annonce ce que sera l'esprit film: " L'Histoire est écrite par ceux qui ont pendu les héros...".
Dans Braveheart, une fois n'est pas coutume, elle sera contée du point de vue des vaincus. C'est plaisant et instructif... Le récit s'organise autour de William Wallace (superbe Mel Gibson), robuste descendant de la petite noblesse écossaise qui prit la tête du soulèvement de 1297 contre l'envahisseur anglais. Pour les besoins du scénario et de sa dramaturgie, la biographie et les aventures du héros sont fortement arrangées. Le film nous dit que toute sa famille avait été exterminée par les occupants anglais lorsqu'il était enfant, ce que la vraie chronologie dément.
Armoiries royales d'Ecosse (avant 1300)
La conquête de l'Ecosse par Edouard Ier ne commence qu'en 1296 (bataille de Dunbar). A cette époque, Wallace avait déjà la trentaine. Contrairement à ce que montrent les premières séquences, il n'a donc pu, vers l'âge de dix ans, veiller la dépouille sanglante de son père tué par les Godons. Il s'en faut de vingt ans au moins... Inutile de protester véhémentement à cette entorse historique; il y en a beaucoup d'autres. Elle sont compensées par des scènes magnifiques par lesquelles s'ouvre le spectacle.
Sous un ciel chargé de pluie, voici la masure des Wallace dans les Lowlands. Deux cavaliers sautent à cheval, le père de William et son fils aîné, grands Ecossais taillés à la hache, portant le kilt et le tartan. Ils ont les visage marqués par une mâle dureté et les sens en alerte. De sous le chaume, ils vont extraire deux épées qui s'y trouvent cachées. A ce geste, on comprend que la liberté a déserté l'Ecosse puisqu'il faut dissimuler ses armes. On comprend en même temps que la résistance a commencé... Les scènes suivantes, horribles de réalisme, font comprendre que les anglais ne sont pas des enfants de choeur... Le petit William fait connaissance avec l'horreur et la perfidie.
Toutes les entorses à la vérité historique et les multiples exagérations qui parsèment le film ont pour effet de donner à la révolte des paysans écossais un contenu passionnel que souligne un superbe accompagnement musical tout aussi enraciné. Plusieurs batailles sont remarquablement reconstituées, même si, dans le détail, on s'écarte souvent des faits historiques.


Mais à Stirling (11 septembre 1297), contre une impressionnante charge de soldats anglais à cheval, les meilleurs de l'époque, galopant la lance basse, le chef du soulèvement écossais, Willian Wallace, notre héros, invente une arme secrète: au dernier moment, ses Ecossais relèvent à l'oblique de longs épieux sur lesquels viennent s'empaler chevaux et cavaliers.
Cet épisode est exact: les Anglais imiteront la tactique à
Azincourt contre la chevalerie française...

Un an après leur défaite de Stirling, les Anglais prendront leur revanche à Falkirk (22 juillet 1298) sous le commandement d'Edouard Ier.C'est l'occasion d'une extraordinaire reconstitution par images numériques; on assiste au tir parabolique de flèches sifflantes et meurtrières lancées par les archers gallois. Les Ecossais succomberont...
Ecrasante victoire anglaise, Falkirk brise pour un temps la résistance écossaise.
La majeure partie de la suite du film est largement inventée: le piège tendu  par Robert Bruce pour capturer Wallace, ou la scène ridicule montrant Isabelle de France Sophie marceau) déclarant à son beau-père Edouard Ier sur son lit de mort (il ne mourra que deux ans plus tard) qu'elle est enceinte des oeuvres de Wallace...
Jugé comme rebelle , torturé publiquement, celui-ci est exécuté à Edimbourg en 1305, ce qui nous vaut des flots d'hémoglobine tels que les aime Mel Gibson.
Le film se termine sur la revanche posthume de William Wallace à la bataille de Bannockburn, prés de Stirling, le 24 juin 1314. Les Anglois sont taillés en pièces. Reconquise par l'épée, la liberté de l'Ecosse se maintiendra jusqu'au XVIIIe siècle . Elle perdra définitivement son indépendance à la bataille de Culloden, le 16 avril 1746.
Parmi les paysages admirables des Highlands, le spectateur s'est laissé envahir par la grandeur sauvage de l'épopée qui lui a été contée.
Voilà un film qui ne dispense ni le pacifisme, ni l'éloge de la moindre couardise, ni l'amour de l'autre, mais la solidarité avec les siens.
Sur le mode épique, il narre la saga d'un peuple qui pratiquait avec bonheur la fraternité clanique associée à la célébration de l'individualité selon une harmonique livrée longtemps avant par le modèle homérique.
Les Ecossais servirent la France dans les Régiments dévolus à la protection du roi depuis Charles VII jusqu'à Louis XVI.

Aujourd'hui, les temps ont changé, les Ecossais sont au service de Sa Grâcieuse Majesté... 

 Il semble que le réchauffement climatique ait gagné l'Ecosse, mais la résistance continue...

Le Clan des Mc Gregor fièrement représenté par Ewan...
(à suivre...)


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24 janvier 2008 4 24 /01 /janvier /2008 19:09


17 Novembre 1558: Élisabeth 1ère, fille d'Henry VIII & Anne Boleyn, monte sur le trône .
 
 Élisabeth, l'Age d'or





Angleterre; 16ème siècle.

D'un côté les méchants Espagnols, de l'autre, les braves Anglais; l'affreux bigot Philippe II d'Espagne et la tolérante Elizabeth Ière.
Comme dans le premier film, d'un côté les méchants  fanatiques catholiques, de l'autre les Anglicans et autres protestants, plus raisonnables; féroces mais contraints.

En tant qu'historien, j'ai du mal à accepter ce parti pris qui, évidemment ne correspond pas à la réalité historique, toujours plus complexe et subtile, mais qui convient bien à un public de plus en plus enclin à se laisser subordonner par les poncifs, les préjugés et l'air du temps....






Élisabeth Ière, reine de 1558 à 1603.
Elle décida de se donner corps & âme à l'Angleterre pour en faire une puissance mondiale.

Tout d'abord, il convient de préciser qu'au XVIème siècle, où les passions religieuses sont exacerbées, la "tolérance"n'existe pas; tout du moins dans le sens actuel de ce terme. Il faut adopter un point de vue conforme aux mentalités de l'époque.
Les Catholiques ne peuvent admettre les hérésies protestantes, et les Protestants puritains sont scandalisés par certains abus de l'Église catholique qu'ils jugent comme une perversion diabolique.
Il est donc indispensable, avant de porter un regard sur le passé, de comprendre les mentalités et les systèmes de pensée, en se débarrassant du prisme de notre propre regard.

Succédant à Marie Tudor ("la Sanglante"), Élisabeth Ière ("la Bâtarde") veut certes mener une politique religieuse d'apaisement et de compromis afin de donner du repos à des populations épuisées par les guerres qui minent la cohésion d'un royaume qui cherche l'unité et la paix.
Mais le réalisateur ne montre pas assez les zones d'ombres du règne de "la Reine vierge". Les dissidents non conformistes et en particulier les Catholiques sont traqués, frappés d'amende, et s'ils répandent la doctrine romaine, déclarés coupables de haute trahison et punis comme tels.

Après la rébellion désespérée de 1569, menée par les Comtes catholiques du Nord, les Catholiques (ou Papistes) sont en effet considérés comme des traîtres en puissance et d'autant plus qu'en 1570, le pape Pie V excommunie Élisabeth et délie ses sujets de leur serment de fidélité (bulle Regnans in excelsis). La persécution des Catholiques, particulièrement atroce en Irlande et en Écosse, est donc liée à la sécurité de l'État ou plutôt à la sécurité du trône d'Élisabeth.




En 1584, un tribunal spécial, la Cour de Haute Commission, instrument de la Couronne échappant au contrôle du Parlement, est institué pour juger les dissidents: prêtres catholiques, actifs propagandistes jésuites, qui sont arrêtés et suppliciés. Tous ces actes indisposent les Parlements et empoisonnent l'atmosphère de la fin du règne, préparant les conflits entre Parlement et Couronne au XVIIème siècle.




Certes, Élisabeth fut une grande reine, le film est un hymne glorifiant cette femme qui s'était forgée un tempérament hors normes. Son règne correspond, après la destruction de l'Invincible Armada (1588) avec la montée de la Grande Bretagne en tant que puissance maritime, commerciale, industrielle et coloniale.



Philippe II d'Espagne:  selon ses convictions, partagées par l'immense majorité de ses Sujets,l'Angleterre hérétique et schismatique doit être vaincue.




L'Invincible Armada leva les voiles le 18 mai 1588.
Le 29 juillet, elle est devant les côtes anglaises, à Plymouth. La flotte anglaise est plus souple à manœuvrer. Ayant échoué dans sa tentative d'un débarquement, l'Armada s'engagea dans la Mer du Nord où les tempêtes lui causèrent ses plus lourdes pertes.







En arrière plan de ce portrait officiel d'Élisabeth Ière, des vaisseaux . Ce détail confirme que la vocation maritime de l'Angleterre est désormais une affaire d'État.

L'enrichissement de la noblesse et de la bourgeoisie d'affaires est spectaculaire et ostentatoire. Son règne est aussi l'époque de la "Merry england", sportive, turbulente, haute en couleur, nouvelle enrichie avide de profits et de jouissances.







Mais les nuances à ce tableau ne manquent pas; des ombres aussi et souvent sinistres: au-dessous de cette prospérité, la misère du petit peuple est grande. La disparition, à la suite des réformes protestantes, de nombreuses fondations et ordres religieux d'assistance, que la Taxe pour les pauvres ne remplacera pas, rejette les indigents dont le nombre ne cesse d'augmenter, sous la responsabilité de l'État, qui s'en décharge hâtivement sur les paroisses et les administrateurs locaux.
De nombreuses lois sur les pauvres les cantonnent dans les asiles, imposent aux chômeurs de travailler pour des salaires dérisoires fixés par des juges de paix, lesquels, responsables de l'ordre, sont aussi des propriétaires avides de main d'œuvre à bon marché. Les vagabonds sont poursuivis, les récidivistes, souvent poussés par la misère, condamnés à mort par une justice des plus expéditives.

Bref, l'ordre social est maintenu, mais par la terreur!



Herbier de Marie Stuart


En revanche, le réalisateur a su montrer les scrupules inquiets d'Élisabeth, concernant l'exécution de l'imprudente Marie Stuart ( 8 février 1587). Malgré ses dénégations, les historiens savent aujourd'hui que la "Reine vierge" est bien l'instigatrice de l'exécution de sa rivale.
Il y a un petit passage du film qui passera inaperçu pour la plupart et qui m'a plu: c'est une brève joute oratoire entre Elizabeth et son Chancelier sur les rapports entre la royauté et les Lois. Ce débat colore toute l'histoire de la monarchie anglaise...
Concluons en rappelant que l'Angleterre connaît alors une brillante renaissance littéraire. Des poètes et des écrivains entourent la Cour et les grands seigneurs ou se rassemblent à Londres (Edmund Spenser, William Shakespeare).








C'est également une grande époque pour la musique anglaise, illustrée par une école de madrigalistes somptueux et virginalistes virtuoses qui, les premiers en Europe, trouvent pour leurs claviers un langage spécifique.
Ils ont pu, soyons en sûr, mettre un peu de baume au cœur de cette reine esseulée....


Cate Blanchett. Studio Canal

La Reine Vierge.



Ark Royal

Favorisant le caractère dynamique et batailleur de son aristocratie, le règne d'Élisabeth Ière fonde vraiment la puissance à venir.
Contrairement à ce que l'on croit souvent, la vocation maritime de l'Angleterre ne s'est manifestée que tardivement: elle ne s'est produite que sous le règne d'Élisabeth Ière ( 1558-1603).
Mais ce fut un essor très rapide, riche en succès qui ont fortement marqué aussi bien les esprits des contemporains que la conscience historique nationale anglaise, et contribué à la gloire du règne, avec comme succès emblématiques les actions des corsaires anglais et surtout l'échec de l'Invincible Armada.
A la fin du Moyen-Age, le commerce maritime anglais est encore dominé par les Génois, les Vénitiens et la Ligue Hanséatique.

L'expansion maritime de la seconde moitié du XVI° siècle a été largement préparée par Henry VIII qui a créé les arsenaux de Woolwich et de Deptford, achetant des bateaux en plus de ceux qu'il faisait construire. A la fin de son règne, en 1547, il disposait d'une flotte royale de 47 navires.
En instituant l'Amirauté, il avait en outre, doté le royaume d'une structure dont l'efficacité ne tarda pas à apparaître.



Dès le XVII° siècle, tout en développant une forte industrie textile, les Anglais se rendent maîtres des transports maritimes jusqu'en Inde.
Au XVIII° siècle, la Marine anglaise domine sur toutes les mers.
Dès lors, l'Angleterre peut se tailler un Empire colonial sur lequel le soleil ne se couche jamais...


n  constituant une marine de qualité, Henry VIII a l'intuition de la vocation maritime de l'Angleterre et que sa puissance passera par son insularité; ainsi, il transforme ce qui pourrait être un handicap, en un atout majeur de la suprématie anglaise sur les mers, en tournant son regard vers le Nouveau Monde.
Dans le même temps, son règne connut un grand dynamisme économique et social: expansion démographique, rupture de certaines structures traditionnelles avec la création de l'Église d'Angleterre, distribution de richesses, et, surtout, entrée dans le circuit économique de celles qui provenaient de la sécularisation des biens de l'Église.
Ce fut une époque de "pillards" au comportement moral fort discutable, mais au dynamisme exacerbé.
L'Angleterre  du milieu du XVI° siècle regorgeait d'énergies et de capitaux disponibles. Très nombreux sont, parmi les élites ou les classes moyennes, ceux qui veulent s'affirmer et jouer un rôle:
"c'est une société d'hyperconfiance"
( Alain Peyrefitte).




L'excellent acteur britannique, formé par le théâtre , Clive Owen joue le rôle de Sir Walter Raleigh (1552-1618).

Fastueux et beau, favori de la reine, cet homme d'action, gentilhomme & épris d'aventures, est l'archétype de ces Anglais du siècle d'Élisabeth , entreprenants et sûrs d'eux-mêmes.
 Il tenta le premier essai de colonisation anglaise en Amérique, fondant la Virginie et découvrant le tabac. Il participa à la victoire sur l'Armada (1558) et à d'innombrables aventures avant que Jacques Ier le fasse décapiter.



Le mérite d'Élisabeth est d'avoir su, en reine énergique et intelligente, moderne, réfléchie  et passionnée, contrôler ces énergies sans les brider mais en les canalisant. La continuité politique de son long règne lui permit d'être efficace, sachant que le rôle de l'État fut le plus souvent indirect. La politique navale elle-même fut, au début, surtout défensive: il s'agissait de dominer la mer du Nord et la Manche afin de protéger le Royaume.

Les débuts du processus d'expansion restent mal connus. Mais on constate, dans les régions côtières, une véritable effervescence maritime et/ou commerciale. On observe la montée des activités de pêche sur la côte orientale, autour de Hull, notamment, celle des échanges avec les Pays Bas (Londres et Norwich), les premiers grands développements du trafic charbonnier et, surtout, l'activité croissante des ports des Cornouailles et du Devon. Dans ces deux derniers comtés pauvres et rocailleux, disposant d'une activité maritime ancienne (pêche et commerce) ainsi que de nombreux ports, les élites nobiliaires et marchandes avaient du mal à trouver des débouchés alors que la paix était revenue et que la croissance démographique très rapide multipliait les jeunes générations.
Les aînés, comme les cadets, avaient besoin de construire leur avenir...





Bataille navale de Gravelines entre la Flotte espagnole et anglaise.
Cette dernière en sortit vainqueur en infligeant une défaite sévère à l'ennemi espagnol qui tentait d'envahir l'Angleterre.

( à suivre...)
 


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21 janvier 2008 1 21 /01 /janvier /2008 07:33
LE CINÉMA MUET AMÉRICAIN

"Le cinéma est la mise en œuvre du hasard"
Antonin Artaud












Soldats australiens ; Ypres 1917



En 1914, la Première Guerre Mondiale éclate, provoquant un "suicide collectif "de l'Europe.

Les différentes écoles européennes chercheront alors des voies nouvelles, en marge de la suprématie matérielle et esthétique du cinéma américain.





En deux ans, grâce à deux films réalisés par D.W Griffith, le cinéma acquiert une maturité certaine. Naissance d'uneNation ( Birth of a Nation;1915) et Intolérance (1916) rassemblent toutes les qualités du spectacle et de l'intimité, de l'épopée, de la tension dramatique et de la contemplation. Ces œuvres cinématographiques inspireront toute une génération de cinéastes.

Intolérance est porteur de l'avenir du cinéma mondial.





La partie babylonienne et la Passion du Christ demeurent des modèles de composition plastique et d'exaltation de l'espace. La partie contemporaine contient en puissance tout le cinéma social à venir. La construction du suspense y est déjà très élaborée.
Paroxysme et synthèse, Intolérance de David W. Griffith demeure la suprême référence.





Naissance d'une Nation ou naissance du cinéma américain.





On trouve déjà dans ce film cette ampleur et cette fièvre de l'invention qui feront le succès universel des films
d'Hollywood.
L'Amérique a trouvé dans le cinéma son meilleur moyen d'expression, une sorte de caisse de résonances à l'échelle planétaire qui lui permettra de diffuser ses points de vue, son "way of life" et pas toujours par le "petit bout de la lorgnette"!









A "la guerre civile" fatale que se livrent les pays de la vieille Europe, la jeune Amérique affiche l'exemple de son unité cruellement gagnée à l'issue de la Guerre de Sécession.

Intervenant dans un conflit pour venir en aide à "ses cousins" européens, les Américains font figure de "grands frères protecteurs" qui ont payé l'impôt du sang. Dés lors, les États-Unis deviennent une superpuissance qui supplante les puissances coloniales européennes.



Premiers transports de troupes américaines en Europe; 1917.


La conquête de l'Ouest est à peine achevée que l'Amérique s'offre un miroir magique, précis et déformant, dans les studios d'Hollywood( le bois sâcré) bâtis hâtivement sur leur nouvelle Terre Promise, la Californie!

Là, se créent les films poursuites de Mack Sennet, qui révèlent le fabuleux besoin de dépense d'énergie de la civilisation industrielle qui s'affirme.
Le goût de l'efficacité, de la préparation méthodique,de l'expression juste et directe se retrouve dans le découpage technique des westerns de Thomas Ince: Pour sauver sa race (the Aryan, 1916), Carmen du Klondyke (1918).

Douglas Fairbanks incarne quant à lui, la magnifique santé d'un peuple jeune, sa bonne conscience et son sens de l'humour: Robin des Bois (Robin's Hood, 1922), Le signe de Zorro (The mark of Zorro,1920), Le voleur de Bagdad (The thief of Bagdad, 1924).
Que l'on ne s'y trompe pas, ses exploits acrobatiques sont aussi des figures de liberté.




Une des premières star du cinéma américain, Douglas Fairbanks est aussi un sex symbol.


AH! L'ÉPOQUE BÉNIE DE LA CENSURE A HOLLYWOOD!

Avant l'instauration, en 1934, du Code Hays encadrant la production de films, Hollywood n'hésitait pas à choquer (à des fins commerciales) en abordant les thèmes les plus sulfureux.
1921:San Francisco; la jeune actrice Virginia Rape est retrouvée morte chez Fatty Arbuckle,star du muet, accusé du meurtre avant d'être innocenté.
Un nouveau scandale à Hollywood, considéré comme un lieu de débauche.
Quelques années plus tard, en 1930, le sénateur William Hays donne son nom à un code de censure et prend la tête d'un Comité d'Autorégulation créé par les studios.
D'abord ignoré, le Code Hays est appliqué dès 1934 et prévoit quelques mesures fortes:
ne pas rendre les criminels sympathiques (anarchisme);éviter les gestes à connotation sexuelles (Puritanisme protestant).Bien sûr, la nudité est proscrite, tout comme les moqueries envers la Patrie et le religion.

Avant l'application du code, les cinéastes luttent contre la censure et n'hésitent pas à aborder les thèmes bannis.
Ainsi, dans "L'Ennemi public", le héros est un bandit, alors que dans "La Bête de la Cité", on voit des policiers mourir à l'écran; intolérable pour Hays et son comité! même des comédies musicales comme "Gold Diggers of 1933" de Mervin LeRoy, ou "Le Tourbillon de la danse", avec Clark Gable et Joan Crawford, sont jugées trop sensuelles.
Autre sujet qui fâche, la place de la femme dans la société: celle-ci doit se comporter comme une épouse modèle et non pas se laisser séduire (Puritanisme protestant, comme dans  "The Barbarian", de Sam Wood, ou dans "Vies privées", de Sidney Franklin, où deux couples se laissent aller aux joies du marivaudage.

Mentionnons aussi "La femme aux cheveux rouges", dans lequel la blonde Jean Harlow interprète une femme légère prête à tout pour réussir! Produit par la MGM, le film déclenche une tempête de protestations...sans effet puisque la Warner propose l'année suivante un film sur le même thème, "Baby Face".

Avec le temps, ce code sera de moins en moins appliqué puis deviendra obsolète pour être remplacé en 1968 par le système actuel de classification.





Jean Harlow et la naissance du mythe des Blondes.



(à suivre...)
 


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19 janvier 2008 6 19 /01 /janvier /2008 17:53
LE BARBIER
DE
SIBERIE

Armoiries impériales de Russie.

L'Aigle impérial à deux têtes qui regardent à l'est et à l'ouest, symbolisant les mouvements des conquêtes successives au cours de la longue histoire de la Russie . Il est coiffé de la Couronne impériale héritée de Byzance et de l'Empire romain d'orient. L'Aigle tient le globe surmonté de la Croix, qui symbolise le monde chrétien orthodoxe et le Sceptre du pouvoir impérial (auctoritas & potestas: autorité et puissance). Sur son flanc, les armoiries des différentes principautés et duchés unifiés sous son autorité et sa protection et qui forment l'Empire russe. 









1905, Etats-Unis.

Une femme écrit à son fils. Au fil de son récit, elle lui dévoile le secret de sa naissance...








Oleg Menchikov dans le rôle d'Andreï Tolstoï: un très grand acteur russe qui incarne un jeune cadet de l'Armée impériale russe à l'âme typiquement slave: romantique, sentimental, brave, fier, entier et terriblement attachant.




1885, Moscou, Empire de Russie.

 Jane Callahan rejoint à Moscou Douglas Mc Cracken, un inventeur excentrique qui tente de vendre aux Russes l'imposante machine à déboiser qu'il a conçue. Rien de tel qu'une présence féminine pour séduire les clients potentiels, ouvrir les portes des hauts fonctionnaires, dans un pays immense qui se modernise et s'industrialise...


La belle et séduisante Américaine arrive dans la Sainte Russie, un Empire dirigé par le Tsar Alexandre III, où tout est différent, mises à part les immensités géographiques...Elle sait qu'en Russie il y a un Tsar, de la vodka, des blinis...
Miss Callaghan (la charmante Julia Ormond) doit approcher le général Radlov ayant a la réputation d'un homme affable mais incompétent,  qui est le commandant de la nouvelle et prestigieuse Ecole impériale des Cadets de l'Armée russe et surtout, membre de la Commission technique qui pourrait faire accepter ce projet d'acquisition de la machine à déboiser monstrueuse, surnommée
"Le Barbier de Sibérie".

Jane et le brave général Radlov (l'excellent acteur Alexeï Potrenko). Sans le savoir, ignorant combien son jeu de séduction est dangereux, Jane enflammera le coeur de cet officier russe, d'origine allemande et mettra "le feu aux poudres".



Nikita Mikhalkov dans le rôle d'Alexandre III.

Ce réalisateur doté d'un talent immense, restaure, à travers ses oeuvres cinématographiques, un passé russe, en particulier la période impériale qu'il admire particulièrement et qui était occultée par la dictature communiste.
Grâce au cinéma, les Russes retrouvent enfin leurs racines avec fierté et se réconcilient avec une ére prestigieuse de l'histoire de leur grande nation.


J ane, l'aventurière américaine, la comédienne et dissimulatrice, se heurtera à une civilisation multiséculaire, à une société où l'échelle des valeurs est totalement inverse à celle des Nord Américains, à des mentalités imprégnées de valeurs morales et spirituelles qui la dépassent, à des êtres authentiques et entiers.
A la fin, elle découvrira ce qu'est l'Amour à travers un jeune élèves de la prestigieuse Ecole des Cadets, le jeune et fougueux Andreï ; mais il sera trop tard...




Nikita Mikhalov, parrain du cinéma russe renaissant, a restitué avec amour et justesse l'atmosphère qui règnait dans cette Russie au bord du gouffre , l'ambiance de ce temps de Pâques orthodoxe avec ses couleurs, sa musique et ses parfums de blinis et de vodka, cet instant de Grâce où le Ciel visite la Terre; l'état d'esprit qui règne au sein de l'Ecole des Cadets et cette petite fille qui interpelle les jeunes et beaux  futurs officiers:

"...Messieurs les Cadets, Messieurs les Cadets!...Ah! les Cadets!...(soupir)".

Tous les personnages, trés attachants, incarnent la diversité du peuple russe, avec les qualités de ses défauts, ses excés et surtout l'attachement aux valeurs traditionnelles russes et la religion orthodoxe ...Cette dernière qui fut terriblement persécutée par les communistes à partir de 1917, se reconstruit peu à peu, en essayant de conserver son indépendance vis-à-vis du pouvoir politique. Elle est un des remparts contre l'affaissement des valeurs morales face à l'émergence de toutes les corruptions institutionnalisées.



On dit du soldat russe, à propos de son endurance et de sa bravoure que c'est "un soldat qu'il faut tuer deux fois".

Jour de marché, peinture de Kustodiev; 1910



"En voyageant à travers la Sibérie, j'admirais et j'étais fasciné à chaque étape par la cordialité et l'hospitalité que je rencontrais partout. J'étais fasciné par la richesse et l'abondance, dans laquelle les gens vivaient alors (1861). L'hospitalité était particulièrement développée en Sibérie. Nous étions partout reçues comme dans des pays amis, partout nous étions bien nourris, et lorsque nous demandions ce que nous devions, ils ne voulaient rien recevoir, disant seulement de brûler une chandelle pour Dieu."

Extrait du journal souvenir d'une femme de pionnier en Sibérie.







Moscou, églises à bulbes.

C'est une épopée romantique, passionnée et cruelle, dramatique et immense comme l'âme russe et les plaines de Sibérie.
C'est un Chef d'Oeuvre, une réalisation magistrale du plus grand metteur en scène russe servie par une interprétation flamboyante!






Majestueuse Sibérie: le glacier du Beluk










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11 janvier 2008 5 11 /01 /janvier /2008 13:57

AMEN



Le Vatican; les années 40.

Le film "Amen" ( mot hébreux qui veut dire:"c'est sûr!") et son affiche insultante pour les Catholiques, dissimule un mensonge éhonté concernant une période douloureuse de l'Histoire récente.

Le talent incontestable de Costa Gavras aggrave et amplifie ce mensonge qui consiste à semer le doute.

Selon le film, le chef de l'Église catholique, le Pape Pie XII,

n'aurait (presque) rien fait pour s'opposer aux Nazis, en particulier dans leurs entreprises d'élimination des Juifs.




En tant que Nonce apostolique à Berlin (ambassadeur du Vatican), le futur Pie XII ne se faisait aucune illusion sur Adolf Hitler et le Parti nazi dont l'idéologie était incompatible avec la doctrine catholique..


Or, les faits historiques sont têtus et contredisent clairement les thèses du film de Costa Gavras:

Dès 1937, le Vatican condamne le nazisme dans l'encyclique "Mit Brenender Sorge" (version officielle en Allemand) dont le maître d'œuvre n'était autre que le Cardinal Pacelli, futur Pie XII alors Secrétaire d'État de Pie XI (Premier Ministre en quelque sorte) et ancien Nonce Apostolique à Berlin. Il faut également savoir que cette encyclique a été lue dans toutes les églises du Reich le dimanche des Rameaux 1937.

 

* Le 6 mars 1939, après l'élection de Pie XII au Souverain Pontificat, l'éditorialiste du Palestine Post (Jérusalem) écrit : "Pie XII a clairement montré qu'il avait l'intention de poursuivre la tâche de son prédécesseur en faveur de la liberté et de la paix (...) Nous nous souvenons du rôle qu'il a joué (Pacelli) dans les récentes déclarations papales contre les pernicieuses théories racistes et certains aspects des totalitarismes".

 

* Le 10 mars 1939, le Jewish Chronicle (Londres), cite le discours antinazi du Pape à Lourdes (avril 1935) et les réaction hostiles de la presse nazie en réaction à son élection. Il écrit : "Il est intéressant de se souvenir que le 22 janvier 1939, le Völkischer Beobachter a publié une photo montrant le Cardinal Pacelli et d'autres représentants de l'Eglise sous le titre :"Les agitateurs du Vatican contre le fascisme et le national-socialisme".

 

* Le 28 octobre 1939, Pie XII publie sa première encyclique "Summi Pontificatus" dans laquelle il rappelle que tous les hommes ont même origine, même nature, même fin surnaturelle, même Rédempteur, même mission. Le totalitarisme de l'État y est dénoncé sans ambages, et l'encyclique se termine sur un hommage à la Pologne, écrasée sous la botte nazie depuis le 1er septembre, et qui vit "une véritable hora tenebrarum, où l'esprit de la violence et de la discorde verse sur l'humanité la sanglante coupe de douleurs sans nom".


La chapelle Sixtine au Vatican.

Le Pape constate aussi amèrement que tous ses efforts, ses discours et ses interventions auprès des responsables politiques internationaux n'ont pas réussi à endiguer l'expansion de Hitler.

 

* Le 24 novembre 1938, le journal des S.S., "Das schwarze Korps", écrit que le cardinal Eugenio Pacelli s'est allié "à la cause de l'internationale juive et franc-maçonne" (sic).

 

* Hitler estime, quant à lui, que le Vatican est " le pire foyer de résistance " à ses plans.

 

* Pendant la guerre, Pie XII ne cesse encore de dénoncer la persécution des Juifs.

Dans son radio-message de Noël 1942, il plaide pour les "centaines de milliers de personnes innocentes qui, par le seul fait de leur nation ou de leur race, ont été vouées à la mort par une progressive extermination". Réaction des services de sécurité du Reich :

"Il [le Pape] accuse virtuellement le peuple allemand d'injustice envers les Juifs et il se fait le porte-parole des Juifs, criminels de guerre".




Derrière des termes que certains trouvent trop mesurés, la pensée est claire et la condamnation sans appel. Personne, à commencer par la communauté juive, ne pense que des déclarations plus fracassantes changeraient la situation et sauveraient des vies humaines.

A Münster, Mgr von Galen, opposant implacable au régime en place se voit supplier en 1941 par les représentants de la communauté juive de renoncer à un de ses discours dans lequel il dénonçait le racisme et le sort fait aux Juifs, et cela pour éviter que le dit discours ne se retourne contre eux:

(cf les représailles massives en Hollande après la déclaration des évêques).

 

* Des instructions ont été envoyées par le Vatican aux Églises nationales, les pressant d'intervenir pour sauver les Juifs avec tous les moyens dont elles disposaient (cf "Actes et documents du Saint-Siège relatifs à la Seconde Guerre Mondiale"), publiés entre 1965 et 1981 à la demande du Pape Paul VI.

 

* Pie XII donne lui-même l'exemple.

En 1943, le commandant des S.S. de Rome ordonne au chef de la communauté israélite de fournir 50 kg d'or dans les 24 heures sous peine de déportation des Juifs. La collecte n'ayant réuni que 35 kg d'or, le Grand Rabbin de Rome reçoit du pape Pie XII les 15 kg manquants.

 

* Pinhas Lapid, ancien consul d'Israël à Milan, après une enquête dans toute l'Europe, écrivait : "L'Église catholique, sous le pontificat de Pie XII, fut l'instrument qui sauva au moins 700 000, mais probablement jusqu'à 860 000 Juifs d'une mort certaine de la main des nazis". Il comprend très mal qu'on s'en prenne à Pie XII en 1963 (date de la sortie de la pièce "Le Vicaire" de Hochhuth dont s'inspire le film "Amen"), alors que Pie XII avait reçu les hommages les plus significatifs du milieu juif lui-même.

En France, sous le Régime de Vichy,les premières voix à s'élever publiquement contre les lois antisémites sont des évêques et des prêtres catholiques, en particulier Mgr Saliège, évêque de Toulouse.

Mais n'oublions pas tous les Français "ordinaires" qui, en particulier dans les campagnes, cachèrent, au péril de leur vie, des familles et surtout des enfants juifs.

Ces Français étaient, dans ces années 40, pour la plupart, non pas musulmans, non pas bouddhistes, mais Chrétiens et Catholiques.

Enfin, cette réalité dérangeante pour la plupart de mes contemporains: sous l'Occupation, la grande majorité des Français se désintéressaient du sort fait aux Juifs, tout obsédés qu'ils étaient à se ravitailler, à manger au moins un repas par jour, à envoyer et recevoir des nouvelles des prisonniers, à se chauffer et, si possible, se changer les idées en allant au music-hall et surtout, surtout, aller au... cinéma.

 

* Le Grand Rabbin de Rome pendant la guerre, Israël Zolli (1881-1956), s'est converti au catholicisme après la guerre, et a choisi pour nom de baptême Eugenio, en hommage au pape Pie XII, Eugenio Pacelli?


 

*Au décès de Pie XII, le 9 Octobre 1958, Golda Meir, ministre Israëlien des Affaires Etrangères s'exprimait en ces termes : "Nous pleurons un grand serviteur de la paix et de la charité. Pendant les dix années de terreur nazie, quand notre peuple a souffert un martyre effroyable, la voix du pape s'est élevée pour condamner les bourreaux et pour exprimer sa compassion envers les victimes" ?

 

* Peu après la guerre, Albert Einstein déclare que : "l'Église catholique a été la seule à élever la voix contre l'assaut mené par Hitler contre la liberté ".

 

* Le 29 novembre 1944, une délégation de 70 rescapés vient, au nom de la United Jewish Appeal, exprimer à Pie XII la reconnaissance des Juifs pour son action en leur faveur.

 

*Il est facile de multiplier à l'envie la liste des faits plaidant en faveur de Pie XII.

Ceux qui voudraient plus de détails peuvent se reporter à l'excellent numéro de "Histoire du Christianisme Magazine" n°7 de mai 2001 (éditions CLD BP 203 - 37172 Chambray-lès-Tours cedex, le n° 13,5 ), spécialement consacré à ce dossier, ainsi qu'au n° 12 de mars 2002 qui répond directement au film.

Ceux qui veulent encore plus de détails et de faits indiscutables pourront lire le livre référence de Pierre Blet, dernier survivant de la Commission qui a épluché toutes les archives du Vatican sur la période de la guerre, intitulé "Pie XII et la Seconde Guerre Mondiale dans les archives Vaticanes" (Perrin 1999), résumé des travaux minutieux de ladite Commission, publiés en douze gros volumes entre 1965 et 1981.



En revanche, il serait intéressant de se pencher sur les connivences entre certains leaders du monde arabo musulman et le IIIème Reich, en particulier le Grand Muphti de Jérusalem. Cela ferait un beau film historico-repentant...!

Et aussi, très intéressant d'analyser les votes aux élections de 1932-33 qui ont porté le Parti National Socialiste à la victoire; en particulier d'observer et comparer les votes des régions à majorité catholiques avec celles à majorité protestante.

Qui a voté massivement pour quel Parti? Les archives existent et ont été épluchées par certains historiens courageux...

Et aussi, très intéressant d'analyser les positions du Parti Communiste français depuis les années 20 jusqu'en 1941 par rapport au Nazisme...

© Renn Productions - Mathieu Kassovitz. Pathé Distribution

Il est facile d'accuser à tort et à travers.

Mais qu'ont fait les grandes puissances avant et pendant la guerre pour sauver les Juifs d'Europe alors qu'Hitler et ses sbires avaient, dès la fin des années 20, clairement annoncé leurs criminelles intentions ?

Auraient-elles mieux fait qu'un petit État sans armées dans une Europe déchristianisée?


Quels sont les gouvernements qui ont tout mis en œuvre pour  sauver les Juifs d'Europe en 1939 alors que depuis 1933 toutes les démocraties étaient frappées de léthargies face à l'Allemagne nazie ?




Et si Costa-Gavras usait de son talent pour tourner un film sur la tragique épopée du paquebot Saint-Louis?




Le "Saint Louis" sous bonne escorte à l'entrée du port de la Havane.

(à suivre...)

 


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11 janvier 2008 5 11 /01 /janvier /2008 11:03

Collection Christophe L.

Où commence l'Histoire, où s'arrête-t-elle?

Grande fresque aventureuse et romanesque, Out of Africa n'est pas à proprement parler un film historique. Pourtant l'Histoire y est fortement présente.
Sous une forme légèrement nuancée, Sydney Pollack met en scène de façon somptueuse mais scrupuleuse les souvenirs de Karen Blixen.Avec une poignante nostalgie, il fait revivre un monde que l'on ne reverra plus, celui de la grande colonisation britannique peu avant sa disparition.
Il laisse aussi présager la fin de l'Europe aristocratique emportée par la guerre de 1914.










Out of Africa se révèle d'une authenticité plus vraie que ne pourrait l'être un documentaire qui, sur un tel sujet, n'existe d'ailleurs pas.










Qu'attend-on de l'Histoire? Beaucoup, assurément. Des connaissances d'abord et des divertissements. Car bien souvent, vous l'avez aussi remarqué, l'aventure est au rendez-vous, parce-que la réalité dépasse la fiction.

On attend aussi de l'Histoire des clefs pour comprendre le passé (un univers!) et interpréter le présent. On en attend encore la matière de réflexions illimitées. Mais on aime aussi que l'Histoire fasse rêver! C'est là qu'intervient le cinéma!
Je suis passionné par l'Histoire, cependant je ne vais pas voir un film comme je vais à un cours... Comme moi, vous en attendez autre chose qu'une leçon savante. Comme moi, vous en attendez les plaisirs procurés par un spectacle de qualité, une histoire prenante, drôle ou/et tragique, faisant sa part au romanesque et à la fiction.






Mais, la matière étant celle de l'Histoire, je suis en droit d'exiger que le film historique soit fidèle à l'esprit des personnages réels, des situations ou de l'époque. Là sont l'art et le talent!

Tel est le dilemme: doit-on filmer en historien, utiliser le cinéma comme un instrument didactique, en oubliant les lois du spectacle? Ou bien faut-il agir en cinéaste, exploiter un prétexte historique pour en tirer du spectacle, sans souci de la "vérité" historique?

Ou, pire, dévoyer un sujet historique pour en faire un instrument de propagande idéologique et partisane?






Noblesse ...

 


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